La jalousie était là sans que je ne sache la contrôler. Gamin qui n’avait pourtant jamais aimé l’exclusivité. Gosse habitué à voir les gens défiler et à ne pas avoir son mot à dire. Cependant, lorsqu’il s’agissait de Mio Amore, tout semblait différent. Ça avait toujours été différent avec le jeune homme. Ce sentiment de jalousie existait même déjà lorsque nous n’étions que deux enfants simplement amis. Je détestais le voir jouer avec d’autres. Je haïssais le voir m’échapper, le voir s’effacer. Les années avaient filés. Les retrouvailles avaient eu lieu. Les sentiments avaient évolué. Le lien était encore plus fort qu’avant. Quant à la jalousie, elle était là. Malgré le mariage, malgré tout ce que je pouvais savoir, il y avait cette pointe de jalousie quelque part dans mon être et je ne savais pas la taire. Je ne voulais pas la taire peut-être. Comme une façon de montrer à mon amoureux que la voix dans la tête n’était pas totalement éteinte. Comme une façon de lui rappeler que le mal-être n’était jamais loin de moi. De nous. Ce soir, malgré cette jalousie pulsant quelque part dans l’être et dans le cœur, il fallait jouer le jeu. Il fallait suivre ce foutu défi un peu trop étrange. Parce que c’était pour s’amuser. Parce que tout le monde participait. Parce que, merde, c’était ça la normalité. Nous n’avions pas le temps d’en discuter plus longuement avec mon amoureux. Nous étions interrompu d’abord par Jeremy puis par un trop plein de questions. Des questions auxquelles j’offrais des réponses sagement avant de dire à @Lukas O. Spritz-Hood que nous allions jouer le jeu. Nous allions faire comme tout le monde. Ou, en tout cas, nous allions essayer de faire comme tout le monde. Mon mari gardait sa main dans mon dos et m’invitait à le suivre malgré l’arrivée de l’Ange qui me déplaisait. Je le suivais sagement heureux quelque part qu’il n’aille pas le voir. Toute mon attention se focalisaient sur mon amoureux qui soufflait quelques mots à mon égard. Des mots qui me poussaient à acquiescer comme un bienheureux parfaitement satisfait par cette situation. Dix baisers à chaque baiser que mon amoureux récupérait, c’était un bon compromis. Ses lèvres glissaient sur les miennes un trop bref instant. Son front se déposait contre le mien. Et, les mots étaient soufflés. Ces mots qui accéléraient mon cœur et qui faisaient tant de bien. Ces mots auxquels je rétorquais « Ti Amo Mio Amore… Il n’y a que tes baisers qui me rendent fou… » Et nous restions là un instant. Quelques secondes perdus dans notre bulle à oublier le monde. Quelques secondes à s’effacer de la réalité. Une réalité qui reprenait ses droits lorsque mon amoureux s’éloignait déjà en quête de quelqu’un à embrasser. D’un côté il avait raison, plus rapidement une équipe l’emporterait et plus rapidement ce serait terminé. Mon regard se détournait lorsque @R. Ryles Reimann tirait ma manche. Les mots étaient doux pour tenter de me réconforter. Les yeux rivés sur lui, je marmonnais « C’pas que c’est trop dur et tu le sais… » Il devait bien se doute de la peur qui cognait dans mon être. Embrasser d’autres personnes n’avaient jamais été compliqué pour moi, bien au contraire. Néanmoins, le faire alors que j’étais marié et censé demeurer exclusif… Ça c’était plus compliqué. J’étais effrayé à l’idée de glisser dans la spirale où l’exclusivité avec mon mari ne me suffirait plus. Mâchouillant ma lèvre, je ne soufflais pas d’autres mots laissant Ryles déposer un baiser sur ma joue avant de disparaître. Mes iris sombres se posaient un bref instant sur mon mari en train d’embrasser quelqu’un. Je fermais les yeux serrant les poings. Ne pas intervenir. Ne rien dire. Ce n’était qu’un putain de défi. Soufflant un coup, j’ouvrais de nouveau les yeux prêt à me lancer. Je m’approchais de quelqu’un pour tenter ma chance.
(Neal T. Hood-Spritz)