CAMBRIDGE COMMON ►

Ce sont des bruits de plus en plus proches qui réveillèrent la jeune fille. Elle sentait des présences à côté d'elle mais était tout à fait incapable de dire de qui il s'agissait. Pourtant ce n'était pas ce qui la préoccupait le plus en ce moment, elle luttait tant bien que mal pour ne pas ressombrer en se concentrant sur les voix qu'elle percevait à peine. Le bruit strident avec lequel elle avait plongé dans l'inconscience était toujours bien présent et lui explosait encore davantage les tympans. Tous les autres bruits étaient quand à eux très sourds mais pourtant une des voix ressortit plus que les autres. Cette voix, elle aurait pu la reconnaitre entre milles sans jamais se tromper. Cette voix, c'était celle de Keyla, sa meilleure amie, sa jumelle, sa Keyla. Alors qu'elle essaya de bouger, elle sentit une douleur lancinante traverser son abdomen. Sa respiration était difficile, à chaque inspiration et expiration, la douleur était un peu plus intense. Elle était encore dans les vapes mais malgré tout, elle pouvait ressentir l'inquiétude de Keyla qui devait se trouver à côté d'elle. Elle bougea sa main avant de murmurer un vague « Ça va Key'. » C'étaient les seules choses dont elle était capable pour le moment.

Je n'étais presque pas blessé malgré la bombe qui venait d'exploser non loin de moi. Ma cuisse me faisait atrocement mal, mais mes jours n'étaient pas en danger comme la personne à laquelle j'étais en train de porter secours. J'en était presque sûre à présent, une bonne étoile veillait sur moi depuis ma plus tendre enfance et je ne pourrais jamais autant la remercier que de me protéger comme elle venait de le faire. Durant un très court instant, je levais les yeux vers le ciel adressant un sourire au nuage. Le soleil brillait. Tout semblait laisser présager une journée radieuse et pourtant il suffisait de baisser la tête pour se rendre compte qu'un homme avait eu le pouvoir de tout réduire à néant en un seul instant. « J'espère que la personne qui a fait ça est morte car croyez moi si je me retrouve en face de ce fou je l'égorge, je l'éventre, je lui plante mes ongles dans les yeux ou je le torture sans jamais le laisser mourir pour qu'il souffre jusqu'à la fin. » Je ne pouvais m'empêcher de pester contre le malade qui avait eu la bonne idée de vouloir faire exploser le campus. Je ne savais pas comment Harvard allait se relever de ce drame, mais j'étais certaine que cette attaque allait créer des liens, peut-être même apaiser les conflits durant quelques temps. Garett s'occupait de surélever le jeune homme blessé alors que je terminais d'humidifier le linge que j'avais entre les mains avant de le porter près de la bouche de la victime afin qu'elle puisse s'hydrater. Je levais les yeux vers le garçon blond pour lui adresser un mince sourire. « Je suis certaine que sans moi tu te serais laissé dépasser par les évènements. » J'étais d'une grande modestie, pas besoin de me le rappeler. Mon regard se portait à nouveau sur le blessé. « Dis nous comment tu t'appelles et surtout si tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas à la demander. Je doute que tu ai faim, mais si c'est le cas je dois avoir un fruit ou une barre de céréale dans mon sac. »

Le temps passait et toujours aucun signe des pompiers, pas de bruits, pas de présence, rien du tout. Pourtant leur présence était vraiment urgente, mais tant pis il fallait faire sans et ne surtout pas lâcher prise. Ocyllie commença à laisser sortir sa haine vis à vis du malade mental qui a posé les bombes, j'avais cruellement aussi envie de laisser échapper ma rage mais, je préférais la maintenir dans mes pensées afin de ne pas perturber le blesser. Elle avait raison. Cet assassin méritait les pires choses qu'il existent dans ce monde, voilà une raison concrète pour laquelle je trouve que la peine de mort est utile. Enfin bref, cela ne servait à rien de rager sur l’assassin, il fallait s'occuper de la victime.

C'est pas toi qui a soulevé l'arbre de ce que je sache, dis-je à Ocyllie.

Parce qu'elle lui avait donner à boire, ne signifiait en rien qu'elle lui avait sauvé la vie même si elle était d'une certaine aide. Je regardais le garçon puis me demandais si il était lui aussi à Harvard, son visage m'était un peu familier c'est pourquoi quand Ocyllie lui demanda son nom, cela m’intéressa à moi aussi.

C'était étrange. Par moment, je ressentais énormément d'affection à l'égard de Garett et l'instant d'après je n'avais qu'une envie, celle de l'étrangler tellement le son de sa voix me donnait envie de vomir. Autant je pouvais approuver entièrement certaines de ses idées, autant par moment j'avais envie de le traiter d'idiot, d'inculte devant la totalité des personnes qui gisait tout autour de nous. D'ailleurs je ne pouvais m'empêcher de regarder tout autour de nous. Il n'y avait presque personne d'épargner par la catastrophe. C'était un petit peu comme si nous étions les deux sauveurs de l'humanité sauf que nous étions tellement mal organisés qu'il nous était totalement impossible de nous occuper de tout le monde. Les mots qu'il venait de m'adresser me donner envie de l’assommer d'un coup de bouteille en plastique, mais je n'en faisais rien, me contentant de rétorquer sur un ton plutôt sec, mais enfantin: « Je n'ai peut-être pas soulever un arbre pour sauver la vie de quelqu'un et de ce fait je m'excuse de ne pas être monsieur muscle, mais sans ma culture télévisuelle tu aurais briser les os de ce pauvre garçon uniquement en voulant le déplacer pour endosser le rôle de Superman et je suis certaine que tu n'aurais même pas pensé une seule seconde à lui donner rien qu'une goutte d'eau. » Je levais les yeux au ciel tout en poussant un soupir d'exaspération. « Comme si de nos jours il fallait à tout prix avoir des muscles en béton pour avoir le droit de sauver la vie de pauvres malheureux. » Parce que oui monsieur avait des muscles et je ne pouvais m'empêcher de ne fonder mes propos que sur sa silhouette étant donné que je ne le connaissais pas personnellement.

Ses pensées allaient pour toutes les personnes qu'elle connaissait et qui se trouvaient dans la même situation qu'elle. Elle pensa même à Victoria, brunette qu'elle avait détestée durant de nombreuses années, elle espérait de tout coeur qu'elle ne soit pas blessée. Elle pensa également à Keyla et Kol qui allaient bientôt se marier et voulait à tout prix être présente pour ce grand moment.

Terence avait l'air amoché, il avait décidé de ne plus bouger pour atténuer la souffrance. Dakota continua donc à ramper en direction de son meilleur ami, elle se rapprocha de lui et déposa sa main doucement sur son torse. Elle sentit ses respirations ce qui la rassurait. "Mon pauvre chéri, j'espère que ça n'est pas trop grave" Quant à la jeune femme, elle se forçait à ne pas penser à sa jambe, mais la douleur était telle qu'elle ne pouvait s'empêcher de grimacer. "J'ai une entaille assez profonde dans la jambe, ça n'arrête pas de saigner." Sa blessure saignait en effet abondamment et elle sentait ses forces la quitter peu à peu. "Je vais fermer les yeux maintenant, parce que je suis vraiment fatiguer, mais promets-moi de rester là." Dakota ferma délicatement ses yeux, sa respiration commença à ralentir, mais elle faisait tout son possible pour ne pas perdre connaissance.

Il avait mal à la tête. L'orage faisait fureur dans ses pensées, détruisant tout sentiment de sécurité en lui. Et bien que les voix d'Ocyllie et de Garett servaient d'une ancre parfaite pour rester accroché à ce monde, il se sentait absorbé ... Ailleurs. Étais-ce son heure ? Bentley n'en savait rien. Il espérait de tout coeur que cela n'était pas le cas, persuadé qu'il devrait d'abord être heureux, avant de périr. N'étais-ce pas la moindre des choses ? Son ange et la fée bienveillante se penchaient au dessus de lui tandis que les étoiles scintillaient telles des perles précieuses dans l'abîme des cieux. Il crut un instant voir ... Quelque chose bouger dans la mappemonde céleste. Mais ce n'était qu'une impression. Les sirènes d'ambulances se firent de plus en plus stridentes tandis qu'une harmonie de sirènes se bousculaient dans sa psyché, lui chantant l'oraison funèbre qu'il méritait. Il avait froid. Bentley avec froid. Il se mit à grelotter. Le ciel était noir, mais il n'avait pas peur, il n'avait plus peur, il ... Il fut ramené brusquement à la réalité :

- Bé ... Bent-ley ... prononça-t-il alors de façon inaudible. Le brave homme était épuisé.

S'assoupissant, ses paupières lourdes s'abattirent sur ses cornées. Et comme ça, il s'éteignit au reste du monde. Personne ne savait s'il se réveillerait un jour, ni quand, et encore moins comment ... Et pourtant, il avait choisi ce jour, cette heure et ce moment pour s'assoupir et reprendre autant de forces que possible. Ce n'était pas un choix, réellement, mais plutôt une conséquence directe de la fatigue et de la frayeur. Un sommeil artificiel. Les secours arrivèrent. Mais il était au repos. Et miraculeusement, il n'avait plus mal.

Spoiler:

Je regardais la fille en face de moi, elle était définitivement immature et insupportable, je n'avais absolument pas envie de faire preuve d'une répartie à sa valeur, à savoir digne d'un adolescent de 15 ans. Inutile d'entrainer un affront dispensable quand une personne est présente parmi nous avec des jambes ensanglantées.. D'ailleurs, le garçon prononça, quelque chose "Bentley", c'était ainsi comme ça qu'il s’appelait. Mais quelques secondes après avoir prononcé son prénom, il ferma les yeux et sembla plonger dans un sommeil qui ne le ramènerait pas de si tôt parmi nous. Mon corps se mit à trembler, je touchais son poux afin de voir s'il respirait toujours et au même moment les sirènes de pompiers se faisaient entendre. J'étais à la fois anxieux, et rassuré. Anxieux car Bentley était inconscient, et rassuré car les urgences faisaient enfin grâce de leur présence.

Ya un blessé ici, il est inconscient vite! Criais-je au pompiers qui venait de sortir des camions.

Spoiler:

Bentley. Ainsi, le blessé s'appelait Bentley. Sa voix était frêle et touchante. Mon regard se posait sur lui en même temps que je lui adressais un sourire et que je serrais sa main dans l'une des miennes. Garett ne répondait plus et pour être franche cela m'allait très bien. Les sirènes se faisaient de plus en plus bruyantes. Elles étaient en train d'approcher. En voyant un camion de pompier je me levais, faisant deux ou trois pas en arrière pour laisser la place aux sauveteurs. J'observais la scène ne sachant que faire. Je ne voulais pas l'abandonner maintenant. Je ne voulais pas l'abandonner tout court. Les pompiers l'emportaient. Garett à mes côtés, j'attrapais son bras sans pour autant avancer en une direction bien précise. « Tu as une voiture ? » Oui j'avais envie de partir à l'hôpital afin de veiller encore un peu sur Bentley.

J'observais avec Ocyllie et l'autre blonde qui avait été jusqu'à présent d'une aide plus qu'inexistante; les pompiers transporter Bentley dans le camion. Je ressentais de nouveau une contradiction émotionnelle, j'étais content que les pompiers soient enfin là pour l'escorter, mais je ne voulais pas le laisser partir, comme ça. Le fait d'avoir participer à son sauvetage, de l'avoir guider jusqu'à l'arrivée des urgences avait crée comme un petit lien entre lui et moi. Il en était de même avec Ocyllie, même si cette dernière pouvait être agaçante. Elle me pris légèrement par le bras et me demanda si j'avais une voiture. Je lui répondis alors simplement:

Je ne sais pas conduire

Je ne ressentais ni malaise, gêne en lui avouant ceci. Je n'eus aucun temps dans mon adolescence pour apprendre à conduire, ma vie se concentrant autour des études, et de suivre mes parents dans tous leur voyage. Je lui répondais alors:

On pourrait demander à ce qu'on monte avec lui dans le camion ?

Ce type était complètement fou, j'en étais certaine. Ma tête pivotait très légèrement en direction du jeune homme. On pouvait lire de la détresse dans mon regard. Au secours. Il fallait faire quelque chose et vite où j'allais le buter sur place. Je fermais les yeux quelques instants pour essayer de me calmer. Ma main ne quittait pas son bras. « Ils ne nous laisseront jamais monter avec lui étant donné que nous ne sommes pas de sa famille et je me vois mal entrain d'essayer de me faire passer pour sa copine ou inversement toi pour son copain. » J'observais le camion des pompiers s'en aller avant de tirer le blondinet pour l’entraîner avec moi. Mes pas étaient rapide. J'avais hâte de retrouver Bentley et de savoir comment il allait, ce que les secours avaient fait pour le soulager. Le silence était tellement pesant. Seul les larmes et les cris de la population en détresse résonnaient dans les rues. Par moment je me tournais légèrement pour vérifier si Garett était toujours là. Chose stupide étant donné que je ne l'avais pas lâché un seul instant depuis que Bentley avait été transporté en urgence. « Hé taxi ! » Un signe de la main pour appeler une voiture qui traîner par là avant d'en ouvrir la portière et de me glisser sur la banquette arrière, obligeant Garett à faire de même. « Direction l’hôpital s'il vous plait. » J'en devenais même aimable. Autant dire que tout cela commençait à me faire peur. Sans réellement savoir pourquoi, comme si j'étais épuisé par tous ces efforts fait pour tenter de garder Bentley en vie, je venais poser ma tête contre l'épaule de Garett, fermant les yeux jusqu'à notre destination.