(laurandy) ✽ You learn to take life as it comes at you... to make each day count.

France ? Ah, Paris, ville de l'amour ! répondis-je avec un rire. Comment ça j'entretiens les clichés ? Non, c'est faux. Bon, ok, peut-être un peu vrai mais j'y avais jamais été, je pouvais pas savoir si c'était vrai. Pour ce qui était d'être sage, j'émettais un doute. Avec son caractère, elle avait dû être une sacrée chipie étant petite et même aujourd'hui elle était bien trop maligne pour être véritablement sage. Les règles sont faites pour être contournées, tout le monde le sait. J'imagine que tout dépend de ce qu'on appelle être sage... Pour moi, c'est quelqu'un d'assez intelligent pour ne pas se faire prendre, dis-je avec un regard malicieux alors qu'on entrait dans l'épicerie. Elle prit un chariot et me le refourgua sans ménagement, grimpant à l'intérieur pour que je la pousse. Bah voyons ! Et t'aurais fait comment si j'avais pas, par le plus grand des hasards, été là ? demandai-je en insistant bieeen sur le fait que ce n'était aaaabsolument pas de mon fait, si on s'était croisés dans cette rue. J'éclatai de rire et lui fis signe de se reculer avec les mains. Mets-toi au moins au bout du chariot, pour notre sécurité à tous les deux. Alors, je commençai à pousser le chariot. Doucement. Puis de moins en moins doucement. J'espère que t'es prête, parce que j'suis loin d'être un pilote. et avant qu'elle ait eu le temps de dire ouf, j'accélérai dans une allée où il n'y avait personne et grimpai sur le chariot au-dessus des roues en me penchant en avant pour trouver un équilibre, éclatant de rire. J'avais conscience que j'avais plus 5 ans non plus. Mais il paraît que grandir, c'est optionnel.

Ville de l'amour ? Ouais, on peut dire que j'l'ai entendu des centaines de fois celle-là... Et ça ne me fait plus rien à force. J'suis partie trop jeune de toute façon, alors l'amour je n'ai pas pu l'expérimenter du tout dans ma ville natale. Peut-être que j'ai envie d'me faire prendre, qui sait ? - Wait. C'est pas c'que j'voulais dire. Je te dévisage avant d'éclater de rire. Ma phrase avait un double-sens vraiment louche et j'ai d'ailleurs perdu le fil avec tout ça. On entre à l'intérieur de l'épicerie et je me suis jeté dans le caddie, en te forçant à le pousser à ma place. J'ai encore trop mal aux pieds et aux mollets, après être restée debout toute la journée hier. J'aurais trouvée un autre artiste de rue pour m'aider, contre une séance de dessin à poil. Plaisantai-je. T'inquiète pas, c'est pas mon genre de courir derrière les artistes de rue, t'es bel et bien V.I.P. Tu me fais signe de reculer alors j'obéis, en sachant déjà sans que tu me le dises pourquoi tu voulais que j'le fasse. Tu commences à pousser le chariot et nous dirige vers les rangées. J'suis... je m'apprêtais à répondre, que tu accélères immédiatement, en courant à travers les rangées. Il me semble que le caddie se pilote maintenant tout seul et... pendant qu'il se dirige vers une pyramide de boîtes de céréales, je cris en ne fermant rien qu'un œil. On va crasher !! Arrêêêêteeee ! J'éclate de rire malgré moi et malheureusement, Lauri ne réussi pas à arrêter juste à temps. Le caddie percute l'énorme pyramide et attire le regard curieux des employés et clients dans les alentours. Oups ? Je me racle la gorge, un peu gênée. Puis, je regarde l'une des nombreuses boîtes qui est tombée sur moi, dans le chariot. Hey justement j'en voulais !

What ? J'eus un court instant de Fatal Error, tout comme elle, avait d'éclater de rire. Subtil. Très subtil, la taquinai-je, mort de rire. Ça, ça la rangeait dans la catégorie des gens pas très sages, pour le coup, même si c'était loin de me déplaire. A l'intérieur, elle me taquinait sur le fait qu'elle aurait trouvé quelqu'un d'autre et je pris un air hautain et fier. T'aurais pu, oui, mais il aurait clairement pas eu autant de talent. Faut pas déconner, j'étais quand même au-dessus de ces autres pseudos artistes qui n'auraient su dessiner que cette jolie fille, alors que moi je voyais bien plus. Je ne lui laissai pas le temps d'en rajouter, commençant à conduire le cadis en lui donnant des petites instructions. Autant qu'on fasse les enfants à deux non ? J'accélérais en éclatant de rire, alors que le cadis commençait à dévier probablement parce que comme tous les cadis, il était mal foutu... et on fonça dans une pyramide de céréales, parce que je ne parvins pas à l'arrêter à temps. Tout va bien ! Pas de blessé ! m'écriai-je à l'attention des clients et du personnel qui nous regardaient avec un air renfrogné. Je contournai le cadis pour regarder la pile de boîte au-dessus d'Andy. Quelques unes étaient quand même bien amochées. Quoiqu'on a peut-être fait quelques victimes tout compte fait, repris-je en récupérant une boîte complètement pliée qui avait commencé à s'ouvrir. T'aimes vraiment ce truc ? Ça a pas de goût, rigolai-je en commençant à refaire leur superbe pyramide. Ce cadis est incontrôlable, j'allais pourtant droit, j'en suis certain. Je rigolai, bien conscient que les cadis étaient réputés pour ne pas rouler très droit. T'as besoin de quoi d'autre, milady ? Histoire de savoir quelle direction prendre dans l'épicerie, parce que là, on était en plein milieu pour le coup.

Subtil ? Non pas vraiment ! J'veux dire... mon but n'était réellement pas de dire ça comme ça. Ça t'a fait rire au moins, c'est mieux que te dégoûter parce que j'ai dis quelque chose de pas très classe. M'enfin tu me sembles pas être le genre de mec trop snob avec 25 balais dans le cul, sinon j'crois pas qu'on se parlerait en ce moment et surtout, je ne t'aurais pas rencontrée dans la rue. Ah bon ? Maintenant tu te la pètes ? Je ris même si au fond, j'suis pas mal sure que tu as raison. Généralement les artistes de rue que je rencontre, sont pauvre, puent la clope ou la bière... ou genre ils sont hyper moche, ou très peu créatif en fait. Enfin il existe sans doute d'autres exceptions, comme toi. J'les aient juste pas -encore- rencontrée. Tu accélères le caddie et embarque derrière les roues. Notre panier percute une pyramide et fait tomber une trentaine de boîtes de céréales parterre et sur moi. Certaines sont toutes écrasées, d'autres ont même fendues. Je vais très certainement devoir payer pour ce beau bordel... j'crois qu'à la base j'ai pas vraiment droit d'être assise dans le panier. Enfin bref ! Je ris à ta blague de merde et sourit aux passagers qui semblent grave nous juger du regard. Je crois qu'on s'est fait des ennemis... Je me racle la gorge et rit encore, alors que tu reprends les rennes du caddie pour continuer notre route. Les pauvres commis qui vont devoir torcher derrière deux enfants de 5 ans, quoi... Bah des céréales hyper sucrée, c'pas bon pour le cœur ! Mais bon, je bois 150 cafés par jour et ça aussi, c'est pas hyper recommandée. J'suis hypocrite, comme médecin. Bah oui t'allais tout droit vers la honte. Je pouffe de rire et te pointe au passage un pot de beurre de cacahuète. Steplaiiiit Puis pointe un pot de café, aussi. Steplaiiiiiit Et des biscuits Oréos. Faut que j'apprenne à bien manger, en fait... Je me retourne pour te faire face. On mange quoi ce soir alors ? Lui demandai-je, en l'invitant au passage à rester avec moi encore un moment.

Ouais, ça m'arrive, des fois, répondis-je avec un rire. J'pouvais pas m'la péter concernant beaucoup de choses très franchement. Par contre le dessin, je savais que c'était ma spécialité et là ouais, je ne me gênerais probablement pour clamer qu'j'étais le meilleur des artistes de rue qu'elle pourrait croiser. Puis fallait pas que j'me la laisse filer entre les doigts non plus, elle croyait vraiment pouvoir se barrer avec quelqu'un d'autre sans que je réagisse ? On fonça dans une pyramide de céréales comme des gros gamins, et Andy me signala qu'on s'était fait des ennemis. Je me retournai pour regarder les concernés et agitai une boîte de céréales devant moi. Vous devriez pas regarder ces céréales de cette manière. Vous avez entendu le docteur ? C'est pas bon pour votre cœur. Y avait que des petits vieux. Sale gosse vous avez dit ? Ouais, ma mère avait été gênée plus d'une fois avec moi dans les pattes et j'avais encore moins de raison de jouer le politiquement correct. J'vis dehors, merde. Ils tournèrent tous les talons en marmonnant dans leur barbe et je remettais la pyramide en ordre, tâchant avec tout mon talent de masquer les boîtes abîmées. J'l'avais dit, pour moi l'essentiel, c'était de savoir ne pas se faire prendre, et j'appliquais ce que je disais avec beaucoup de soins. Vers la honte, ça m'gêne pas. Vers les balais dans le cul, là ça serait un cauchemar, répondis-je avec enthousiasme. La honte, pas d'problème, tu vis quand même. Mais quand tu t'empêches de vivre pour pas avoir honte, c'est là que ça devenait problématique pour moi. On reprit notre course dans les rires et je récupérais tout ce qu'elle me pointait du doigt. Que d'la merde, pour être honnête. Comment tu fais pour pas peser vingt kilos de plus avec c'que tu bouffes ? demandai-je dans un rire, puis je m'appuyai sur le caddie en la dévisageant, amusé. Tiens, c'est nouveau dans le deal ça... ? J'eus un léger rire et me redressai. Soit tu commences à manger bien et on se fait des supeeers légumes, soit on dit qu'on s'en fout et on part sur une pizza, t'en dis quoi. Ca s'entendait à peine dans ma voix que j'étais grave partant pour la pizza. Vraiment juste à peine.

C'est bien, que tu te la pètes. Ça prouve au moins que tu reconnais ta valeur et perso j'trouve ça attirant ! Mais bon pour l'heure, tu n'as pas de quoi être fier. Tu as foncé le caddie tout droit vers la honte et maintenant, nous avons des spectateurs. Tu les envoies gentiment chier aussi, ça me fait bien rigoler ! J'hoche négativement la tête en les regardant aussi, en mode pas fière. Puis on reprend la route. J'ai toujours été petite. Par contre j'ai une peau horrible. Je te fais un sourire et hausse les épaules en t'invitant -subtilement- à manger avec moi ce soir. Bon, pas si subtilement hein, puisque tu captes assez tôt c'que j'ai essayé de faire hum. Comment ça nouveau ? T'espérais bien que j'te ramène chez moi non ? Et moi, j'ai faim. Avouai-je, en essayant de rattraper ma fierté comme je le pouvais. Une fille qui invite un mec à manger, ça se fait pas ! C'est un scandale ! - ou pas. C'est pas comme si c'était un date, non-plus. Tu te mets tout de suite à l'aise à l'idée, puis me suggère de bouffer des légumes (berk) ou alors une pizza. Je lève les sourcils avec un grand sourire. T'es un très mauvais manipulateur, tu sais ? Mais je pense que j'vais opter pour la pizza. PAS parce que je sais que c'est c'que tu veux, mais parce que mon gros cul en a envie. On aura qu'à la commander avec pleins de légumes dessus, pour culpabiliser un peu moins. Je me lève et sors du panier, puis j'attrape ma boîte de céréale. Je remplirai mon réfrigérateur plus tard. J'salive beaucoup trop maintenant pour faire les courses au calme. Je commence à marcher vers la sortie, en laissant le caddie avec toi, comme une sauvage. Au fait, c'est pas juste. Tu sais que j'aime la malbouffe et que j'suis française. Moi, j'ai dû deviner tout ce que je sais sur toi jusqu'à maintenant... sauf ton prénom. J'pense qu'il est à peu près temps que tu te dévoiles un peu, Lauri ! J'suis sage, regarde, j'te paie une bonne pizza bien grasse.

Je penchai la tête, observant sa peau. Horrible ? C'est pas exactement le mot que j'aurais utilisé... Elle me paraissait bien, en tout cas très attirante, cette fameuse peau. Mais après tout c'était pas moi qui l'entretenait, et c'était pas comme si j'y connaissais vraiment quelque chose à ces trucs de fille. Non mais j'm'en plains pas loin de là, j'adore manger, I'm in. J'eus un léger rire à ses paroles suivantes, haussant les épaules. Tant qu'on bouffait la pizza, ça m'allait complètement, j'avais vraiment pas envie de haricots pour être honnête. J'suis pas si mauvais que ça, regarde, j'me fais offrir une pizza pour te dessiner toute nue dans ta chambre, j'm'en sors pas trop mal je trouve, rétorquai-je avec le sourire. Puis elle sortit du caddie avec son paquet de céréales et se dirigea vers les caisses, me laissant là avec le bordel. Quoi, vraiment ? Elle a cru que j'allais m'emmerder avec tout ça ? C'est faux. Regarde, tu sais que j'adore bouffer, notamment des pizzas, que j'suis fier de mes dessins, et que parfois j'ai le melon quand j'en parle... Je t'avais dit que je voulais te revoir et que j'parlais pas Français, moi je trouve ça pas mal. Je me passai une main dans les cheveux, jetant un coup d'oeil aux caisses. Y avait personne. Vas-y je te rejoins, comme t'as l'air de vouloir que j'm'occupe de ça ! Grosse erreur. Elle sortit de mon champ de vision pour payer et j'attendis quelques secondes en faisant mine de ranger, puis je commençai à m'éloigner vers les caisses. Andy était passée, parfait ! En entendant un employé m'interpeller pour le caddie plein laissé en plan au beau milieu de l'aller, je me mis à courir en éclatant de rire, attrapant la main d'Andy en passant à côté d'elle pour l'embarquer dans ma course sous les protestations des employés. Après plusieurs mètres à courir, je finis par ralentir, jusqu'à marcher, sortant un paquet d'oréo de ma veste. Cadeau. Et j'viens de Washington. Toi, tu m'as toujours pas dit ton prénom, si je ne m'abuse.

Ma peau n'est pas si mal aujourd'hui, parce que j'arrive à m'en occuper plutôt bien et couvrir les défauts avec du fond de teint. Bon par contre, quand j'ai mes règles, les boutons deviennent très vite incontrôlable. T'aurais utilisé quoi ? Attend d'me voir sans maquillage, tu vas vite comprendre pourquoi faut pas faire confiance aux filles trop maquillées. Je fais danser mes sourcils, tu sais, histoire de bien te faire peur. Bon ça se voit à mon grand sourire que je ne suis pas sérieuse ! Les gens qui n'aiment pas manger... n'existent pas. Point. Manger c'est la vie ! Bref, je te traite de mauvais manipulateur et tu me réponds que tu n'es pas si mauvais que ça, puisque je t'offre une pizza et un dessin de moi toute nue. Wait what ? Toute nue ? Je pouffe de rire. Okay, tout à l'heure je l'ai mentionné... mais je parlais de convaincre un autre artiste hein, pas toi. J'suis pas sure que j'ai envie de me mettre à poil après avoir bouffé une pizza... le plus que tu auras de moi ce soir, c'est la braguette descendu et mon petit bide en liberté. Mais un autre soir, tu vois, j'n'ai aucun inconvénient. Je n'ai jamais eu peur de me mettre à poil de toute façon, j'suis le genre de meuf qui ferait bronzette sur une plage nudiste sans trouver ça bizarre. C'est pas faux... j'en sais plus sur toi que j'le pensais, finalement. Je plisse les yeux avant de me diriger vers les caisses, afin de payer les céréales. Faut quand même que je me nourrisse de quelque chose demain matin, midi et soir, non ? Après avoir terminé mon passage aux caisses, je me retourne pour voir où tu en es. T'es entrain de courir en ma direction, mort de rire et je te regarde faire avec de gros yeux. T'attrapes ma main et m'entraine avec toi dans la course. Déjà arrivé devant chez moi - puisque j'habite tout près -, tu sors un paquet d'oréo de ta veste. Tu viens de Washington. Je souris, contente d'enfin apprendre quelque chose de nouveau sur toi. Andrea. Je tend le bras vers toi comme pour te serrer la main... mais en fait, tu me la tiens déjà. Alors je la serre un peu plus et la secoue. Enchantée. Lauri de Washington. Ajoutai-je, le sourire toujours scotché aux lèvres. Je ne sais pas pourquoi, mais je me perd dans ton regard océanique et j'attends que tu sois le premier à défaire les liens.

C'est clair qu'il y avait souvent un décalage entre une fille sans maquillage et une fille maquillée, mais la différence n'était pas si énorme à moins que la personne en question ne soit du genre à en mettre des tonnes... ce qui ne semblait pas être le cas d'Andy très franchement. Et puis, à quelle occasion la verrais-je sans maquillage ? Pfff. A quel moment on a dit qu'une fille belle était une fille sans défaut de toute manière ? Ces standards de beauté, je les suivais pas vraiment. Évidemment je crachais pas sur une fille magnifique, mais disons qu'il y en avait des sublimes avec qui je ne m'engagerais pour rien au monde. Je crois que ta danse des sourcils est le truc le plus effrayant que j'ai vu depuis un moment, c'est ça qui ferait fuir plus que ta peau, répliquai-je avec un air, l'air faussement effrayé. C'est un sacré talent cela dit. Et oui, toute nue. Qu'est-ce qu'elle croyait ? C'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Attend, t'aurais proposé ça à mes concurrents mais pas moi ? Pourquoi j'suis puni ? Quelle injustice. J'suis le plus doué des artistes de rue qu'elle ait vu et j'étais celui qui aurait le droit au moins ? Je riais. C'est d'une telle classe, je crois qu'on a trouvé la représentation idéale. J'te dessinerai comme ça, deal. En mode Italienne bien repue, pas d'problème. Je lui signalai qu'elle en savait plus sur moi qu'elle ne croyait et alors qu'elle allait payer ses céréales, je glissai une boîte d'oréo sous ma veste avant de laisser le caddie en plan dans l'aller. Au moins, ils hurleraient pour le caddie mais ne capteraient pas que j'leur avais volé des biscuits, c'était tout ce qui m'importait. A la fin de notre course, Andy s'arrêta devant un immeuble qui semblait être le sien. Et surtout, elle me donna enfin son prénom. Andrea... j'étais pas si loin finalement. Putain je risquais pas de l'oublier ce prénom, quand même deux semaines pour enfin l'avoir. Qui dit mieux ? Je lui serrai la main en retour, sourire aux lèvres. Enchanté, Andrea de France. Ça fait princesse pour le coup. Mais que je sache, il n'y avait plus de princesse en France depuis bien longtemps. Tant pis. Il y eut un petit instant de silence où on se regardait. C'était très court, mais ça me sembla durer une éternité. C'était un bref instant au cours duquel je réalisais qu'elle me plaisait vraiment. Qu'au-delà de cette fascination que j'avais au début, plus je la découvrais, plus je voulais en savoir sur elle et chaque mot, chaque instant partagé me raccrochait un peu plus à cette idée. Je finis par lâcher sa main avant que ça n'en devienne trop gênant, relevant les yeux vers la bâtisse. T'habites ici ? Elle nous avait arrêtés ici, donc je supposais que oui. Un million de questions tournoyaient dans ma tête. Si ça continuait comme ça, je pourrais bien finir par m'attacher à elle. Est-ce que je devais lui dire dans quelle situation j'étais ? Fallait que j'arrête de me prendre la tête, je n'étais pas là pour ça après tout.

Tu ne pouvais pas mieux dire. Personnellement, je ne crois pas qu'il y a de belles ou de moins belles personnes... je pense que ça dépend toujours des goûts. Et jamais je ne jugerais quelqu'un par la façon qu'elle s'habille, ou par la symétrie de son visage. On m'a souvent reproché d'être trop belle pour être à Harvard, ou carrément neurochirurgienne. Certains patient ont même demandé à ce que je n'assiste pas à leur opération, parce qu'une fille "comme moi" n'a forcément pas de cerveau. Disons que je n'aime pas toujours quand on me fait des compliments, quand je suis au travail. Ton imitation de mec effrayé me fait rire. Merci merci ! J'devrais auditionner pour AHS. Tu commences alors à râler parce que je refuse de poser toute nue devant toi, alors que j'étais prête à le faire pour les autres. Parce que ! J'ai pas d'excuses en fait. En fait, si, l'excuse de la pizza qui va me donner l'impression que j'suis ballonnée. Ma réponse semble te satisfaire et tu t'en moques même un peu. J'peux même relever un peu mon chandail pour qu'on voit bien mon moumou. Mon ventre gonflé, quoi.

Tu me montres le paquet d'oréo que tu as volé et me demande comment je m'appelle. Cette fois, je te donne une réponse clair et en anglais, puis je te serre un peu plus la pince. Tu avais la bonne réponse. Tout le monde m'appelle Andy. Avouai-je finalement. Tu me serres un peu plus la main en retour et on s'échange un long regard, sans se dire un mot. Tu lâches enfin ma main et étonnamment, je me sens un peu déçue. On parle beaucoup toi et moi, alors qu'en temps normal, j'suis une fille plutôt silencieuse et très observatrice. Pendant quelque secondes, j'étais dans mon élément... et pendant quelques secondes, même si tu ne m'apprenais rien sur toi, j'avais l'impression de te connaître plus. Tes yeux parlent aussi, tu sais ? Mh ? Euh, oui. Je te fais un petit sourire gêné avant de continuer ma route vers la porte d'entrée du bâtiment. Je te montre également le chemin jusqu'à la porte de mon appartement, puis je cherche les clés dans mon sac pour nous faire entrer. J'crois qu'il y a personne à la maison... c'est rare ! Je pousse la porte et une fois entrée, j'enlève mes chaussures et marche jusqu'au salon pour voir s'il y avait quelqu'un. Allô ? Aucune réponse. On est bien seul ! Tu veux une bière ? Je dépose la boîte de céréale sur la table de cuisine et marche jusqu'au réfrigérateur. Le loft est énorme et l'entrée donne sur l'espace commune, où le salon, la cuisine et la salle a manger se regroupent. Bref, d'où tu es, tu vois absolument tout sauf les chambres et la salle de bain.