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Je sentais que progressivement, la discussion dérivait. Ce n'était plus du simple flirt, je lui mettais le nez dans ce qu'on était en train de faire et je pouvais voir dans ses yeux à quel point elle était perdue, hésitante. Elle commença à me parler de Tom alors que je m'asseyais sur la table basse face à elle en récupérant le joint. Elle se confiait, me disait qu'il était avec elle pour s'afficher au bras d'une belle fille intelligente... je ne répondais rien, soufflant longuement la fumée du joint mais mon regard trahissait mes pensées. Si ce qu'elle disait était vrai, ce mec était un con. Elle méritait vraiment mieux que ça. Depuis quand ne s'étaient-ils pas envoyés en l'air ? Avec moi, ça avait presque été l'inverse. Elle était parfois obligée de me planter des stop parce qu'autrement, on aurait passé la moitié du temps à poils tous les deux. Ca fait partie intégrante d'un couple et c'était aberrant pour moi qu'il puisse négliger ce contact avec elle. Ce mec est gay, lâchai-je avec un naturel déconcertant. Non sérieux. Pour pas avoir envie de sauter sur Loïs, surtout en couple avec elle, il était forcément gay. Ou asexué, allez savoir. Je lui rendis le joint et bus une gorgée de mon verre de vin alors que la discussion se tournait vers moi. Elle ne savait vraiment plus où donner de la tête, mais finalement, tant mieux. Fallait que ça sorte, probablement. Il a jamais été question de te tromper ou de pas t'aimer assez et tu le sais très bien... Je fixai un instant mon verre, cherchant les mots justes, avant de la regarder. Tu peux pas demander à un gamin de vingt-deux ans qui perd sa seule famille, d'avoir les idées claires, la tête sur les épaules, de faire des choix rationnels... j'ai conscience que ça l'était pas, j'aurais dû accepter. Je marquai une pause le temps de boire une nouvelle gorgée. C'était bien qu'on en parle, pour tous les deux. Mais je pouvais pas. J'pense qu'une partie de moi s'est mis la pression, t'étais tout ce qu'il me restait. Alors j'ai pensé mariage, gosses, je me suis dit que j'étais pas prêt, ajoutai-je avec un petit rire jaune. C'était stupide. Mais t'imagines pas le tier des choses stupides qui me sont passées par la tête cette année-là, ajoutai-je en rebaissant les yeux vers mon verre. J'avais beau avoir fait le deuil de ma mère, ça me faisait toujours un pincement au cœur de repenser à cette période de ma vie.
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