(L&L) ✽ I had to fall, To lose it all

Il n'y avait finalement pas grand-chose à dire sur ce qui m'était arrivé. A part constater combien le système pouvait être injuste, il n'y avait pas grand-chose à faire. Il y avait toujours des aides pour les personnes en galère dans mon genre mais c'était un véritable parcours du combattant pour y parvenir. J'ai bien été forcé de faire quelques progrès, répondis-je avec un demi-sourire à mon tour. Ça me faisait du bien de la voir. Nous avions beaucoup de choses à nous dire et beaucoup de choses à mettre à plat. Je hochai la tête à sa dernière question et commençai à manger. J'connais pas mal de gens oui, je suis pas seul. Entre galériens on s'aide beaucoup puis quelques personnes m'ont hébergé quelques fois... une fille qui tient un food truck me file souvent à manger quand on se croise, ajoutai-je avec un léger sourire. Nausicaa. Y a des gens bien quand même, heureusement. En tout cas, ça me faisait du bien de manger quelque chose de chaud. Y a des gens bien à Cambridge. Des richous méprisables aussi fatalement, ajoutai-je avec un rire, mais tu dois probablement les connaître aussi. Harvard les attire comme des mouches.

C'est sûr qu'on murissait et on prenait des décisions plus rapidement lorsqu'un drame nous arrivait en pleine face. Je te regardais en souriant légèrement. Te regardant manger, je croisais mes bras sur la table en t'écoutant me dire que tu connaissais du monde, et notamment une fille qui tenait un foodtruck Nono? affichant à nouveau un autre sourire, dis donc.. Elle est adorable cette fille. je l'aimais bien, on s'était rencontré y a quelques semaines et je commençais à bien l'appréciais, encore plus si elle t'aidait. Elle avait la main sur le coeur. Des valeurs qui se perdent de nos jours. Je me mis à ricaner légèrement Ouais.. il faut de tout pour faire un monde hein. comme on dit. Tu terminais de manger et je te questionnais du regard J'habite à quelques rues d'ici, j'imagine que tu dirais pas non à une bonne douche..? puis ce serait aussi l'occasion de se retrouver et de parler, ouais, c'était surtout ça mon intention.

Je me levais, dans le cas où tu ne voudrais pas et bien, je continuais mon shopping.. moins bon programme.

Oui Nausicaa, confirmai-je avec un sourire. En tout cas, ça ne m'étonnait pas plus que ça que Loïs n'apprécie pas particulièrement ces personnes imbues d'elles-mêmes qui pouvaient peupler Harvard. Ce n'était bien évidemment pas la totalité des étudiants mais il fallait bien avouer que ça concernait une bonne partie. Je terminai de manger et quand j'eus finis, Loïs me proposa de venir chez elle en me proposant une bonne douche, ce qui m'arracha un léger rire. Quoi, se laver ? Pour quoi faire... Je ris un peu puis repris mon sérieux. Carrément, repris-je avec conviction. Une bonne putain de douche, j'pouvais bien me laver quand j'avais de quoi payer l'entrée à la piscine municipale mais c'était un tel confort que j'pouvais clairement pas refuser. Je me levai donc et entrepris de la suivre, comme elle n'habitait pas très loin, nous y allions à pieds. Hum... je voudrais pas abuser mais ça serait possible de faire aussi une lessive ? Au final je pouvais me doucher mais mes fringues ne pouvaient pas en dire autant, et elles sentaient généralement plus que moi.

Comme quoi, le monde était petit et ici, en particulier Boston et Cambridge. J'avais fais quelques bonnes rencontres même si pour le moment j'étais quand même plus concentrée sur mes cours et sur mon histoire avec Tom. Mais si j'y pensais trop, ça allait me gâcher la journée c'était certain. Je ne savais pas depuis quand tu n'avais pas pris une bonne douche et pour être totalement honnête j'avais pas envie de savoir. J'étais du genre à prendre très soin de moi, même si j'étais pas maquillée comme un camion, je sentais toujours bon, l'hygiène c'était primordial et donc il était nécessaire que je te retrouve, toi, mon ex, propre comme un sous neuf! Allez, go. sur le chemin pour rentrer chez moi, tu me demandais si tu pouvais faire une machine, ce qui m'arracha un sourire Tout ce que tu voudra, du moment que tu sens le mec viril et sexy à la fin de la journée.. fallait un peu détendre l'atmosphère, en réalité, tu devais en baver dans cette vie que tu t'étais créer..

Nous arrivions devant un immeuble en centre-ville, j'ouvrais la porte et montait dans l'ascenseur, appuyant sur le 2. Une fois devant la porte, j'allais dire un truc du style "c'est petit j'ai qu'un studio" mais.. tu n'avais rien. J'ouvrais la porte pour te laisser rentrer. https://www.location-maison-appartement.com/images/galerie-gallice/8.jpg & http://jorgesabongi.com/wp-content/uploads/2018/02/site-Web-Inspiration-Amenagement-Petite-Salle-De-Bain-2M2-Amenagement-Petite-Salle-De-Bain-2M2.jpg

Ça me va droit au cœur, mais si j'utilise ton gel douche je vais davantage sentir la cerise, répondis-je avec un demi-sourire amusé. Pas très viril. Je suivis la jeune femme sans prononcer un mot après ça. Tout silence n'est pas de trop, et cette rencontre s'était passée assez rapidement. Loïs devait avoir un million de pensées qui lui traversaient l'esprit, elle devait avoir envie de me dire un million de choses, des bonnes comme des mauvaises. Il fallait se laisser digérer ça. Si j'avais appris à ne plus trop avoir honte d'être un sans-abri, l'admettre à Loïs me mettait malgré tout une sacrée gifle. J'étais loin de faire le fier, surtout sachant que j'avais refusé son aide un peu plus de trois ans auparavant. Comment aurais-je pu deviner ?

On arriva devant son immeuble et j'entrai après elle, observant les lieux. C'était propre et calme, un bon environnement qui lui ressemblait bien. On ne tarda pas à arriver chez elle et elle ne dit pas un mot en ouvrant la porte. J'entrai, admirant la déco avant de lui adresser un sourire. C'est mignon, t'es bien installée ici. C'était pas très grand, mais si elle était seule, y avait pas besoin d'une grande surface de toute manière. Où tu préfères que j'pose mes affaires ? demandai-je en retirant la sangle de guitare de mon cou. Je constatai par ailleurs qu'il n'y avait qu'un clic-clac. Ça la gênait pas qu'on dorme ensemble ?

La cerise c'est pas mon délire, j'préfère les fruits exotiques.. encore pire pour toi, mais ça me faisait sourire. Dans ma tête, tout se bousculait. La joie de te retrouver, bien que nous étions plus ensemble, tu m'avais manqué, et tu avais fais partie de ma vie assez longtemps pour en devenir important. Puis de l'autre, j'avais envie de te gifler jusqu'à ce que tu t'excuses d'avoir refusé mon aide, mon soutien. En quel honneur quitte t'on sa petite-amie parce qu'on a des problèmes? Les sentiments n'avaient rien à voir là-dedans et pourtant tu n'as pas hésité à me quitter. J'étais de nature rancunière, en même après deux ans et demi, je t'en voulais encore, j’espérais qu'on en parle un jour, ou peut-être ce soir, mais bon.

Nous arrivions devant mon appartement et je t'y faisais rentrer. Même si c'était petit, j'avais tout le confort nécessaire pour l'instant, peut-être que j'allais m'installer à la Dunster House à la rentrée, dans ma confrérie, ou en colocation, il fallait que je vois. Oui, puis le quartier est calme.. j'aimais ma tranquillité quand même. Je posais mon sac à main sur un petit fauteuil dans l'entrée ainsi que ma veste. Ici, c'est le fauteuil porte-manteau.. je m'avançais vers le réfrigérateur pour sortir deux verres Tu veux boire quelque chose de frais..? J'ai de l'eau, du coca et.. un vin rosé. je préfèrais le vin blanc, mais pour l'heure, j'en avais pas.

J'avais toujours rêvé de sentir le fruit de la passion et la mangue voyons... J'avais ri à sa réponse, puis nous arrivions dans son appartement, calmement. J'avais pu boire et manger grâce à elle et ça m'avait fait un bien fou mine de rien. J'observais les lieux alors qu'elle me disait que c'était un quartier calme. Calme, mais très bien situé, elle avait à peu près tout ce dont elle avait besoin à proximité. Je souris et posai ma guitare contre le fameux fauteuil-porte-manteau alors que Loïs se dirigeait au frigo pour me proposer à boire. Wow, euh... ça fait un siècle que j'ai pas bu de vin rosé, je veux bien un verre. C'était pas vraiment dans mes priorités fallait avouer. Quand je buvais je privilégiais l'eau pour pas ne pas finir desséché, quand je manquais de sucre que j'arrangeais pour un soda et quand on me payait un coup à boire ou que j'me faisais un petit plaisir, j'optais généralement pour le moins cher : la bière. Du vin, quel luxe ! Je souris à la jeune femme et prix le verre qu'elle me tendait. Merci. Je trempai les lèvres dedans et pour le coup, ça me rappelait pas mal de souvenirs. Je préférais le rouge mais en été c'est moins désaltérant. Et combien d'étés avais-je passés à Washington avec Loïs et des potes à ne boire que du vin toute la journée, quand on est jeune et con, qu'on passait nos journées sur la plage à profiter et faire la fête le soir ? C'était une bonne période de ma vie, je pouvais au moins me dire que j'en avais profité. Dis-moi comment ça se passe pour toi. T'es heureuse ici ?

Une fois à l'intérieur de l'appartement, l'atmosphère avait complètement changé. Plus personne autour et on se trouvait comme avant.. J'avais l'impression de remonter le temps et de se retrouver trois ans en arrière, lorsqu'on vivait ensemble dans notre petit appartement tout cocooning. On avait peu de moyens, mais on était heureux.
J'attrapais donc la bouteille de rosé pour en servir deux verres, un que je tendais et l'autre que je gardais entre mes doigts pour en boire une gorgée. Assieds-moi si t'as envie, te gênes pas.. je venais m'asseoir sur mon canapé lit. Vu que je dormais dedans, c'était quand même de la qualité et il était grand.

Tu vins me demander comment j'allais et comment ma vie se déroulait ici. C'était assez vague donc.. Et bien ça va.. j'suppose que je suis heureuse. tu voulais peut-être savoir si j'étais en couple? Je te regardais dans les yeux, parlant plus calmement et comme si on ne s'était jamais séparé, comme si on était toujours aussi complices. J'suis en couple avec un garçon, Tom.. depuis deux ans. Mais comme tu vois, il est pas là et.. c'est pas comme si c'était la folie entre nous.. genre c'était tellement platonique que ça faisait bien 5 semaines que je l'avais pas vu, et plusieurs jours que l'on ne s'était pas parlé. Je terminais mon verre d'une traite, ça me contrariait de parler de lui. Donnes moi ce que tu veux laver.. et la salle de bain est juste ici! je te montrais une pièce tout à droite.

Rien que ce petit verre de vin rosé, ça me rappelait d'innombrables bon souvenirs. Le genre qu'on enfouit au fond de soi quand on vit dans la rue, pour plus facilement accepter notre situation. Je n'y avais pas repensé depuis longtemps, c'était littéralement ma madeleine de Proust à ce moment précis. Bien sûr, tous ces souvenirs étaient avec Loïs. Elle avait, finalement, était omniprésente dans ma vie, elle était la personne clé hormis ma mère, celle avec qui j'avais vécu le plus de choses, celle avec qui j'avais découvert véritablement la vie, les difficultés et les plaisirs qu'elle apportait. J'avais bien eu des aventures, mais aucune n'avait compté comme Loïs. Merci. J'vais rester un peu debout, je suis déjà assis toute la journée alors... Surtout avec une chaleur pareille, j'essayais de ne pas trop pousser sur mes ressources au risque de m'évanouir si j'avais pas suffisamment mangé. J'écoutai Loïs, relevant les yeux vers elle quand elle évoqua avoir un copain depuis deux ans. C'était effectivement pas ce à quoi je m'étais attendu parce que l'appartement était un peu petit pour deux... mais tout s'expliquait avec la suite de ses paroles. ... Oh. Je suis désolé. Est-ce que ça allait s'arranger ? Elle avait l'air contrariée en parlant de lui. Nous avions eu des coups durs elle et moi, on avait parfois eu des disputes telles qu'on se lançait presque des assiettes en pleine tronche, mais l'amour et la passion nous avaient toujours tenus, ramenés l'un vers l'autre comme des aimants quand on s'oubliait un peu trop. Ça semblait différent avec ce Tom... Je pinçai les lèvres sans rien ajouter, elle n'avait probablement pas envie d'en parler. J'avais pas prévu de tomber sur quelqu'un qui m'aiderait je t'avoue alors j'ai tout laissé dans ma voiture... Mais au moins ce que je porte si possible. Du coup, est-ce que t'as des vêtements de Tom ou un peignoir, le temps que ça lave ? demandai-je, peu sûr d'avoir fait le bon choix en parlant des fringues de ce fameux "Tom". S'il n'avait pas d'affaires ici, ça remuerait peut-être le couteau dans la plaie en lui rappelant qu'ils s'éloignaient... ? J'espérais pas, c'était vraiment pas mon but de la blesser. Je lui avais bien assez fait mal comme ça d'ailleurs... Je bus une gorgée dans mon verre et le reposai sur la table avant de me diriger vers la salle de bain.

De te revoir me mettait une grande gifle dans la gueule. Déjà, d'une part je te retrouvais et on pouvait se parler après tout ce qui s'était passé puis je découvrais que tu étais sdf depuis un moment maintenant.. Les choses de la vie quotidienne devait être devenu un luxe pour toi et je me sentais minable à côté, d'avoir voulu passer ma journée à faire les magasins. Je nous avais servi rapidement un verre de rosé et rien que ça, je le voyais bien dans tes yeux, te redonnait le moral. Le vin c'était la vie.

Tu ne voulais pas t'asseoir car tu étais assis toute la journée, ce qui m'arracha un fin sourire, c'était vrai et je n'avais pas pensé à ça. Tu me demandais ensuite un peu des nouvelles de ma vie, donc de Tomas et moi. Tu avais l'air désolé pour moi mais bon, ça allait. C'était pas comparable avec notre histoire à nous et peut-être qu'en temps voulu, je t'en parlerais. Peut-être même plus tard dans la soirée.. Après que tu te sois douché, je pense que tu te sentirais mieux.

Oui c'est possible.. je me relevais en allant poser mon verre dans l'évier, en allant dans ma chambre pour chercher en haussant les épaules De lui j'aurais rien mais.. tiens! je te sortais un short kipsta de foot, je m'en servais comme pyjama et il était bien large. J'ai pas de tee shirt par contre.. tu vas survivre torse nu ce soir? un nouveau sourire moqueur se logeait sur mon visage tendit que je venais avec toi dans la salle de bain pour te montrer les serviettes, gel douche, même brosse à dent que j'avais toute neuve. Voilà, en attendant je vais bouquiner un peu mes cours.. je te montrais la machine à laver dans la salle de bain Tu peux mettre tes fringues là, je les fais tourner quand t'auras terminé. à l'intérieur, d'autres vêtements à moi y étaient présents.