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Capucine était assise sur les marches de l'église, le regard dans le vague. La pluie tombait abondamment dans l'Ohio ce jour là, comme si le ciel comprenait ce que Capucine pouvait ressentir. Ce n'était pas le fait qu'elle venait de se ridiculiser qui la rendait comme ça mais bien le fait que Isaiha était parti sans rien lui dire. Il y avait d'autres façons de rompre avec quelqu'un. Rien qu'en pensant à ça, la brune se mit à pleurer, entourant ses jambes de ses bras pour poser son front contre ses genoux. La vie avait été impitoyable avec elle, elle pensait que dans les bras de Isaiha tout s'arrangerait mais elle avait compris que non. Elle ne comprenait pas à quel moment elle avait fauté pour qu'il s'en aille sans rien dire. Surtout qu'ils avaient passé un super séjour en Jamaïque.
Ce matin là, Capucine avait décidé de passer une journée romantique au bras de son petit ami. Elle avait passé la nuit à travailler sur son mémoire et avait bien avancé. Il était donc temps pour elle de s'accorder du bon temps et d'en faire profiter le Lowell puisqu'il partageait sa vie désormais. Elle n'avait pas eu envie de lui sauter dessus des six heures du matin même si elle savait qu'il serait levé. Capucine avait adopté un comportement avec Isaiha qu'elle n'aurait pas soupçonné. Elle craignait de l'étouffer et ne voulait pas non plus trop s'emballer sur leur relation. Alors, elle évitait de le harceler de messages même si c'était ce qu'elle souhaitait faire des qu'elle en avait l'occasion. La Dunster voulait prendre son temps et aussi laisser le temps à Isaiha de complètement s'adapter à eux deux. Même si désormais ça faisait plus d'un mois qu'il se fréquentait. Elle avait toujours cette crainte qu'il ne juge qu'ils allaient trop vite. Le souvenir d'Amanda restait présent même si c'était lui qui l'avait quitté, Capucine n'oubliait pas que Isaiha avait été très malheureux en mettant fin à leur relation. Elle avait passé deux bonnes heures à se préparer. Ça avait été toute une aventure d'ailleurs. Rien que de se maquiller lui avait pris un temps fou et elle regrettait un peu Sofia à ce moment. Mais Capucine désirait se faire toute jolie toute seule, comme le faisait avant. Mais en évitant de se mettre la brosse du mascara dans l’œil.
Finalement, la brune avait réussi à avoir un résultat potable. Elle avait simplement ondulé ses cheveux, les laissant détachés. Et pour cette journée spéciale, elle avait enfilé un ensemble blanc et rose de sous vêtements de la marque Lise Charmel, espérant bien satisfaire les yeux de Isaiha. Bien entendu, une journée comme celle ci prêtait à porter la belle petite robe que le Lowell lui avait offert, les agrémentant d'escarpins bleu pâle à talon vertigineux. Rien n'était trop beau pour le blond. Rien. Capucine avait déambulé dans la rue où vivait Isaiha le cœur au bord des lèvres. Et même s'il faisait assez gris, pour elle le soleil brillait. Un petit sourire amoureux sur le visage, elle avait gravi les marches pour enfin sonner à l'appartement, toute impatiente qu'il la découvre. Mais personne n'était venu lui ouvrir la porte. La demoiselle sentait sa joie s'envoler peu à peu mais elle finit par se ressaisir, sortant son téléphone de la poche de sa veste en jean. Elle n'avait plus qu'à lui envoyer un sms pour savoir où il se trouvait. Mais ça, c'était avant que la petite mamie du palier d'en face ne lui annonce qu'il était parti peu de temps avant. Apparemment, il avait un avion à prendre pour se rendre dans l'Ohio. Capucine sentit son cœur tomber dans ses pieds. Pourquoi sa voisine était au courant alors que Capucine ne le savait pas ? Une angoisse la prit soudainement et la demoiselle s'empressa de rentrer chez elle à vive allure. Elle fourra quelques affaires dans un sac de voyage, balança ses escarpins pour enfiler ses converses et embarqua Rags pour se rendre à l'aéroport. Pourquoi Isaiha était il parti sans rien lui dire ? Durant le chemin vers l'aéroport, Capucine avait tenté d'appeler le Lowell, ne tombant que sur sa messagerie. Poussant un cri de rage, la Dunster avait manqué de provoquer plus d'un accident, roulant beaucoup trop vite et grillant plusieurs feu.
À l'aéroport, elle avait presque agressé la guichetière qui n'allait pas assez vite. Capucine avait du pousser son chien dans la cage en lui hurlant dessus de se dépêcher. Le pauvre animal ne comprenait rien à ce qu'il se passait. Hors de question de perdre du temps à aller voir Paris pour qu'il le garde et puis, elle n'avait pas envie d'expliquer quoi que ce soit à son meilleur ami. Dans l'avion Capucine avait demandé trois fois à l'hôtesse ce qu'il fallait faire pour que le pilote accélère. Résultat, elle s'était rongée trois ongles, avait renversé son thé sur sa cuisse et s'était brûlée et avait agressé son voisin de siège qui ne cessait de lui poser des questions quant à son impatience. Arrivé à Colombus, Capucine avait dégagé tout le monde pour descendre de l'avion et râlé contre la lenteur à récupérer ses bagages. Une fois qu'elle avait récupéré son chien, elle avait filé à la location de voiture. Cette fois encore, ça avait été trop lent pour elle et le pauvre garçon avait sûrement fini en pleure dans le placard à balais. Capucine ne se rendait pas bien compte qu'elle laissait un souvenir impérissable de sa personne. Mais elle devait se dépêcher de retrouver Isaiha. Elle n'allait pas le laisser filer de cette manière, pas sans lui avoir dit ce qu'elle pensait de lui et de sa façon de rompre leur relation qu'elle aimait tant. La colère commençait à l'envahir alors qu'elle roulait, cherchant cette communauté Amish dont il lui avait tant parlé. La pluie tombait à grosse goutte, s'écrasant sur son pare-brise. Capucine dut se faire violence pour rouler moins vite avant de finir par avoir un accident. Et surtout, elle allait devoir s'acheter un manteau et des bottes. « Pays de paysans ! »
Une heure plus tard, elle sortit d'une boutique affublée d'un affreux ciré jaune et de bottes en caoutchouc assorties. Mais peu importait sa tenue, elle avait l'adresse de la communauté. Capucine avait alors conduit jusque là bas, garant la voiture n'importe comment, glissant dans la boue jusqu'à aller percuter une cloture. Elle refusait de laisser Rags sortir du véhicule pour qu'il ne finisse pas tout dégoûtant mais le chien se jeta hors de la voiture lorsqu'elle ouvrit la portière, l’entraînant avec elle. La Dunster s'étala dans la boue en poussant un petit cri puis se redressa rapidement. « Rags putain !!! » Et voilà qu'elle était couverte de boue grâce à son crétin de chien qui, lui, était allé faire ses besoins plus loin. Soupirant doucement, Capucine dégagea une mèche de cheveux de devant son visage, observant les alentours. C'était vraiment comme d'être dans une autre dimension. Mais bon, elle n'avait pas le temps d'admirer le paysage. Elle devait retrouver Isaiha et plus vite que ça. Il allait comprendre sa douleur ce crétin ! Remarquant un couple un peu plus loin, Capucine courra vers eux. Vu l'expression presque choquée en la voyant se poster devant eux, Capucine compris rapidement qu'elle faisait tâche dans le décor. Il était amusant de voir que, si eux était dans le monde moderne, les rôles s'inverseraient. La Dunster arrivait à comprendre le malaise que Isaiha pouvait ressentir par moment. « Je cherche Isaiha ! » La jeune femme qui lui faisait face haussa légèrement les sourcils puis désigna l'église, indiquant qu'il était parti se marier. Capucine manqua de s'étrangler. « QUOI ?! Non !! » Elle sentait son rythme cardiaque affluer dans ses tempes, lui donnant un début de migraine. Sa gorge et son estomac se nouèrent alors que la jeune anglaise détalla rapidement vers l'église, Rags sur ses talons. Capucine fit irruption dans l'église telle une tornade. « Ne te marie pas !!! » Hurla t-elle avant de se figer en fixant l'homme qui aurait du être son Isaiha. Elle aurait peut être du préciser le nom de famille avant de s'emballer. Se raclant la gorge, se sentant particulièrement conne, Capucine balaya l'assemblée du regard avant de pincer les lèvres en regardant les mariés. « Hum... Tous mes vœux de bonheur ! » Un rire nerveux franchit ses lèvres alors qu'elle reculait doucement vers la porte, la refermant en soupirant.
Et ce fut de cette manière que Capucine se retrouva assise sur les marches de l'église, le regard dans le vide. Elle retira la capuche de son ciré, observant Rags. Son maquillage avait finit par s'étaler sur ses joues à cause de la pluie. La Dunster caressa doucement la tête trempée de son chien et soupira. « Bon, on a plus qu'à rentrer hein... C'est plus que toi et moi ma boule de poils... » Capucine déposa un baiser sur le museau de son chien avant de se relever, prête à retourner à la voiture pour rentrer à Boston.
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