Four five seconds ~ AILUS

Halloween est passé, une soirée passée dans un labyrinthe avec d’autres personnes, une soirée bien éprouvante, mais toi tout ce que tu avais en tête, c’était de revoir Gus. Parce que la façon dont votre soirée s’est terminée la dernière fois t’avait laissée un peu de marbre, ne comprenant pas sa réaction et pourquoi il avait décidé de couper court à la soirée.
Enfin, un jour avant la soirée d’Halloween tu t’étais décidée à envoyer quelques sms à Gus, lui demandant s’il souhaitait te revoir et de fil en aiguille vous avez finalement décidé de vous faire une virée en moto rien que tous les deux. Partir de la ville, oublier un peu vos galères et peines, continuer de vous apprivoiser, en savoir plus sur l’un comme sur l’autre. Tu lui as donné ton adresse, lui demandant de te retrouver en bas du loft que tu partages avec ta coloc, tu as quand même préparé un sac de voyage ne sachant pas quand vous reviendriez en ville. Bien sûr tu as prévenu Anna que tu ne serais pas là pendant quelques jours, mais tu ne lui as pas encore parlé de Gus, ça viendra, mais pas de suite.

Vêtue de fringues plutôt décontractés, tu es sortie du loft pour te rendre dans la rue, la moto garée juste en face du loft, impatiente de revoir Gus.

Maintenant qu'elle m'a hameçonné comme une vulgaire truite, je n'ai plus le choix. Je ne peux plus reculer, me défiler comme un vaurien. Pourquoi devrais-je cacher cette attirance palpable plus longtemps ? Les diktats de la société, je les emmerde. Seules quatre petites années nous séparent, ce n'est pas son statut d'étudiante qui va me faire peur. J'ai donc accepté de pulvériser ma routine pour la suivre au bout de la nuit, le coeur à mille à l'heure, agrippé au guidon de ma moto. Je ne veux pas savoir ce qu'il s'est passé avant mon arrivée, elle a bien pu s'amuser avec des gosses de son âge, mais ce n'est pas ce que je veux entendre. Je veux apprendre à la connaître, loin de son entourage, tant pis si cela doit paraître égoiste. Serrant ma bécane entre mes cuisses, je slalome dans les rues de la ville, cherchant approximativement là où elle pouvait bien vivre. Après avoir tourné en rond comme un poisson rouge dans son bocal, je l'avais aperçu, féline, dans la lumière d'un lampadaire. J'avais fait grondé mon moteur et j'avais foncé droit vers elle, appuyant sur les freins lorsqu'elle était à ma hauteur. Enclenchant la béquille, j'avais fini par éteindre le véhicule puis j'étais descendu du bolide pour la saluer. J'ôtais avant mon casque et le déposais sur ma selle, rien ne devait me gêner, on ne s'était pas revu depuis la dernière fois, ce n'était qu'une poignée de jours et pourtant, ils avaient été affreusement longs. Je contrôlais toutefois mon enthousiasme au risque de passer pour un fou furieux en manque. " Leen ! ouvres la bouche " dis-je tout en attrapant son menton pour sentir son haleine. Fallait bien vérifier qu'elle soit apte à conduire, avec ma malchance légendaire, elle pourrait crever ce soir. Je devais m'assurer de prendre le moins de risques. " Bien, ça va sinon ? On a un itinéraire ou on improvise ? " demandais-je en croisant mes bras sur ma poitrine. Ses yeux cerclaient de noir me détaillaient, qu'avait-elle derrière la tête au juste ? Mon coeur se tordait dans tous les sens, mon sang bouillonnait, le stress m'envahissait.  

Il commence un peu à faire nuit, mais toi ça ne te dérange pas tant que ça, tu préfères rouler de nuit, et puis en général à cette heure-ci il ne doit pas y avoir grand monde sur la route, donc c’est plutôt un point positif. Tu ne sais pas quel genre de bolide conduit Gus, mais ce n’est pas vraiment ça le plus important, tu ne saurais pas comment expliquer ce sentiment qui te motive à bouger avec lui ce soir, mais t’es plutôt impatiente de le revoir.
Pouvoir ne serait-ce que lui parler avant de prendre la route, c’est tout ce qui compte pour toi, tu lui as surtout proposé cette virée sur un coup de tête, mais parfois faire un break de tout, c’est souvent bienvenu. Surtout dans ton quotidien, dernièrement tu as beaucoup trop bossé, fait un peu la fête, tu t’es embrouillée avec un étudiant d’Harvard, alors revoir Gus sera un véritable soulagement. Tu envoies un dernier message à Anna avant d’entendre un bolide gronder dans votre rue, un sourire qui apparaît sur tes lèvres, tes yeux qui pétilleraient presque. C’est lui, tu reconnaîtrais sa silhouette parmi plusieurs autres personnes, alors tu ne bouges pas du trottoir, attendant qu’il freine et se décide à te rejoindre enfin.

Lorsqu’il retire son casque, tu ne peux t’empêcher de le trouver séduisant avec ses cheveux mal coiffés, en bataille, il a vraiment ce petit truc en plus qui te fait sourire bêtement. Hein ? Ouvrir la bouche ? Tu sors rapidement de tes pensées lorsque ses doigts soulèvent ton menton, hein, hein, quoiiii ? Tu es un peu surprise, t’attendant à autre chose, pas à ça, alors  forcément tu te mets à rire nerveusement une fois qu’il a senti ton haleine. « Idiot ! Faut pas me demander de faire ce genre de choses, j’ai cru tu allais m’emballer ! » Ta gueule Aileen.
« Mais ça va, un peu encore dans l’esprit de la fête d’Halloween, mais j’ai survécu. Et je n’ai pas prévu d’itinéraire, on fera au feeling, tout c’que je veux c’est m’éloigner de la fac pendant quelques jours… Mais d’ailleurs…bon anniversaire en retard Gus. » tu te met sur la pointe des pieds pour venir l’embrasser tendrement sur la joue. Oui, restons chaste pour le moment.

Je sais pertinemment que deux ou trois mèches de mon crâne partent en sucette mais je ne prend pas le temps de m'arranger. J'ai passé l'âge de faire attention à mon physique en permanence, je vis l'instant présent sans me soucier de mon apparence. Dans ta gueule Narcisse ! Alors que je me transformais en police de la route pour vérifier l'haleine alcoolisée ou non d'Aileen, cette dernière me rembarra avec humour. Effectivement, ma phrase pouvait porté confusion, surtout sortie de son contexte. Je n'avais pu m'empêcher de pousser un rire coincé avant de reprendre mon sérieux. Je voulais plus que tout avoir de ses nouvelles, savoir ce qu'elle avait fabriqué ce soir, mais j'étais resté sobre et maître de mes émotions. Ce qui me fit bondir intérieurement, c'est le fait qu'Aileen souhaitait s'éloigner du campus pendant PLUSIEURS jours. Ça, je ne l'avais pas entièrement pigé. Je n'avais pris aucune affaire de rechange, je me sentais con. " Aheum okay ma biche, j'ai loupé un épisode, tu veux t'enfuir combien de temps ? Parce que j'ai qu'un slip tu vois. Si on fait du naturisme c'est parfait mais je suis pas encore à l'aise avec mon outillage à l'air libre, pas en public quoi " confiais-je amusé. Au pire, nous pourrions toujours faire un arrêt à mon appartement, arracher des vêtements de ma penderie et reprendre la route. Cependant, cette option m'effrayait. Je n'avais plus l'appartement spacieux et lumineux de l'époque, je vivais dans un trois pièces exigu et sombre. Même les rats n'entraient pas là-dedans.

« J’ai pas picolé si c’est c’que tu veux savoir Gus. » Parce que ce soir en fait pile au moment où tu es entrée dans ce labyrinthe, dans ce premier couloir rempli de faux sang, tu as vomi, te foutant la honte devant deux profs et deux autres étudiants. Et tu sais que ça va te poursuivre le reste de la semaine, c’est même obligé.
Tes vêtements étaient foutus, mais en sortant enfin vivante de ce maudit labyrinthe, tu as eu le temps de prendre une douche, utiliser ton gel douche fruité, de te laver les cheveux, te brosser les dents, tout ça tout ça quoi. En quelque sorte tu t’étais préparée pour cette virée de quelques jours, mais tu avais oublié de mentionner ça au jeune homme, alors bien évidemment tu culpabilises un peu « Mince, j’suis désolée, je pensais que tu avais compris que j’voulais partir quelques jours… J’ai besoin de m’éloigner un peu de la ville… » Parce que c’est bien beau de vouloir tout le temps faire la fête, de picoler, de bosser, le corps humain a besoin de breaks aussi de temps en temps.

« Et puis j’imagine que tu habites loin, je ne veux pas t’obliger à devoir retourner chez toi pour qu’on puisse partir ensuite… » tu te sens bête quand même, t’aurais pu être plus précise aussi, bien joué Aileen, vraiment. Mais lorsqu’il te sort qu’il accepterait de faire du naturisme…ça te fait sourire alors que tes joues rougissent violemment, ça va qu’il fait nuit et qu’il ne s’en rendra peut-être pas compte. Et il n’a pas non plus relevé le fait que tu lui aies souhaité son anniversaire, ni le baiser sur la joue. Tu affiches une petite moue triste « Mais sinon on reporte ça à une prochaine fois, avec tout de prévu, un itinéraire, des lieux où dormir pour éviter de dormir à la belle étoile. C’est comme tu veux Gus. »

Je ne peux pas y résister. Je ferais le détour volontiers pour ses beaux yeux, c'est le cas de le dire. J'ai complètement zappé qu'elle m'ait souhaité mon anniversaire, qu'elle m'ait embrassé ma joue. Elle n'a pas grimacé à cause de ma barbe de trois jours, elle est parfaite. Alors qu'elle s'embarque dans un monologue d'excuses tout en parlant d'annuler la sortie je l'arrête net. Attrapant ses mains qui moulinaient l'air, j'ouvre enfin ma bouche " Non, Non... Ce n'est pas très loin, on pourra sortir de la ville après, l'autoroute n'est pas loin. Ça te dérange pas du coup de t'arrêter à l'appart ? " sondais-je en grimaçant. Et puis merde, elle n'avait pas le choix, elle en avait besoin de cette escapade. Je reculais alors d'un pas et me munissais de mon casque. " Aller, on est parti, tu me suis hein ? " m'assurais-je avant d'enfourcher ma bécane et de camoufler ma tête. J'avais attendu que la blonde en fasse de même et qu'elle démarre le moteur de son engin pour prendre la route. Après quelques virages à droite et à gauche, nous étions enfin sur une artère importante, une belle ligne droite comme je les aimais. J'avais accéléré, dépassant dangereusement la limite de vitesse. Je jetais souvent un coup d'oeil en arrière pour m'assurer qu'elle était toujours là. Bien évidemment qu'elle était là, elle avait même mis le turbo pour arriver à mes côtés. Je souriais comme un imbécile mais elle ne pouvait pas le voir. Après plusieurs minutes à user l'asphalte, nous étions arrivés devant mon bâtiment. J'avais honte, ce n'était pas le plus classe des immeubles. J'avais coupé mon moteur, grimpant sur le trottoir en poussant ma moto. Puis je l'avais garé contre le grillage avant de retirer de nouveau mon masque. " On y est ! Tu veux entrer ou tu attends ici ? " proposais-je mal à l'aise. Quand elle verrait l'univers dans lequel je vis, elle se rendrait enfin compte que je n'étais qu'un bon à rien. Alors allait-elle prendre le risque de me suivre tout là haut ? Si elle savait que ce n'était que temporaire, le temps que je me remette à flot.

C’est vrai, tu aurais pu mieux expliquer cette soudaine envie de partir loin de la fac, alors tu n’arrêtes pas de t’excuser, mais ces excuses prennent vite fin lorsque Gus te coupe plus ou moins la parole. Il te rassure, comme quoi ce n’est pas grave et que ça ne le dérange pas de devoir faire un détour à son appart, alors t’as de nouveau ce sourire idiot aux lèvres, ça te rassure. « Super alors, et non ça ne me dérange pas, puis je suis un peu fautive aussi dans cette histoire… » Et un peu que tu vas le suivre, la moto t’as toujours adoré ça, puis avec les sensations fortes, ça fait un peu partie de ton quotidien. Enfin, ça fait un moment que tu n’en as pas vraiment profité, alors même un détour jusqu’à Boston, tu sais que tu vas kiffer quand vous serez sur une ligne droite. « J’vais te suivre et même te dépasser mon grand ! »

C’est un peu stupide, parce que tu n’connais pas le chemin pour aller jusqu’à chez lui, mais au moins tu en profiteras pour essayer de le retenir, si jamais un jour tu veux aller le voir et lui faire cette surprise. Tu enfourches ta moto juste après lui, enfiles ton casque qui écrase ta tignasse blonde et allume le moteur, roulant ensuite derrière le brun, sourire aux lèvres. Rien que le démarrage tu kiffes ça, ça grogne comme tu aimes, puis roule à quelques mètres derrière Gus, histoire de retenir la route.

Roulant ensuite presque côte à côte, tu restes quand même concentrée sur la route, ça serait vraiment con d’avoir un accident juste après avoir démarré, donc tu fais gaffes, et au bout de longues minutes vous voilà en bas d’un immeuble. Les deux motos contre le grillage, il te demande si tu veux monter avec lui ou bien attendre en bas « C’est comme tu veux, si ça t’ennuie je peux attendre sagement ici. » parce que oui, le malaise s’est fait ressentir pile à ce moment. Alors tu ne veux pas t’imposer.

Sérieux Gus ? Tu l'as laisserais là se faire agresser en pleine nuit ? Tu n'as pas honte ? Eh bien si, qu'allait-elle croire si je ne la laissais pas monter ? Je ne cachais rien, juste un peu de misère d'après taule. Mais le devinerait-elle ? Ce n'est pas comme si nous allions rester à l'appartement toute la nuit, bien que l'idée fusse intéressante. " Oh non, il fait frais, à mon retour tu risques de n'être qu'un foutu iceberg, suis-moi " lui déclarais-je embarrassé. Je m'étais par la suite dirigé vers la porte d'entrée, tapant un code sur un panneau électrique pour la déverrouiller. Un son accompagna l'ouverture de la porte, hallelujah, le mécanisme avait fonctionné du premier coup. J'avais ensuite laissé entrer la jolie Leen la première puis je l'avais suivi de près. Bon, par contre, nous allions abandonné l'idée de l'ascenseur, il était plus que rouillé. Je m'étais alors dirigé vers les escaliers et nous avions démarré l'ascension essoufflante jusqu'au dernier étage. " Faut pas être cardiaque " confiais-je lorsque nous avions enfin atteint le bon pallier. J'avais fini par sortir mon trousseau de clé, faisant tinter les morceaux d'acier entre eux jusqu'à ce que je m'en serve pour entrer dans mon taudis. " Je dois te prévenir, ce n'est pas très chaleureux la-dedans, j'ai du changer d'appartement et j'ai pas trouvé mieux depuis que... que je cherche un emploi "  signalais-je confus. Puis, j'avais enfin ouvert la porte de mon palace zéro étoile, allumant rapidement la lumière de la pièce principale qui communiquait également avec la petite cuisine. " Taaadaaaam ! je fais vite, la chambre est juste là, j'en ai pas pour longtemps, si tu as envie de boire, de pisser, fais comme chez toi ! " formulais-je tout en rejoignant ma chambre. Elle pouvait aussi me rejoindre pour ne pas fouiner partout. En même temps, comme je l'avais déjà dit, je ne cachais rien, à part des millions de dossiers concernant mon procès. Mais eux, ils étaient normalement bien cachés. Après avoir éclairé le sanctuaire de mes nuits, j'avais ouvert mon placard en grand, attrapant un sac de sport assez conséquent qui se trouvait au sol. J'y avais ensuite fourré le strict nécessaire pour quelques jours. Espérons que Clay ne me collait pas aux baskets en ce moment et qu'il aille par la suite bouffonner au procureur que j'avais quitté la ville.

Bon, c’est vrai qu’il fait froid, alors le mieux ouais c’est que tu montes avec lui, mais tu ne vas pas te montrer trop intrusive ni curieuse. Vous avez le temps pour ça après tout. Et puis tu ne veux pas t’imposer avec un million de questions, surtout que ça ne te ressemble pas, tu préfères lui laisser le temps, s’il a envie de te parler de choses qu’il a sur le cœur ou non. Tu ne lui forceras pas la main en tout cas, et pas ce soir non plus. Quand vous aurez décidé chacun de votre côté si vous voulez en dire plus sur vous, alors ça sera un bon moment pour bien parler.

« Eh oh j’vais tenir le rythme en montant les escaliers, j’en ai peut-être pas l’air mais j’fais du sport de temps en temps. » tu le taquines un peu, tu as une bonne santé, tu ne fumes pas tant que ça et les dimanches tu aimes courir dans le parc pas loin de la fac. Puis pendant que vous montez les marches il te prévient de l’état de son appartement, tu sais c’que c’est, avant d’être en coloc avec Anna, tu vivais dans un appartement plutôt miteux, plus du style studio et peut-être plus petit que ce qu’il a lui. « Ce n’est certainement pas moi qui vais te juger tu sais… Avant de venir à Harvard je vivais avec ma grande sœur dans quelque chose de beaucoup plus petit. On s’est débrouillées comme on le pouvait. » Encore quelque chose sur toi, un autre élément sur ta vie d’avant Harvard, ça arrive morceau par morceau. Tu entres dans son appart, c’est un peu sombre mais la lumière allumée tu t’y sens déjà plus à l’aise.

« Je t’attends alors, reviens vite. » tu lui souris et t’installes sur le petit canapé qu’il y a dans la pièce principale, c’est étonnamment confortable, tu pourrais y prendre goût, d’être assise sur ce canapé. Mais tu t’y sens un peu seule, alors finalement tu te relèves pour aller le rejoindre dans sa chambre, restant d’abord devant la porte, ton regard qui se perd sur son dos qui te semble si rassurant. Puis tu tapes à la porte « J’peux entrer ? » tu lui demandes, les joues légèrement rosies.

Mon commentaire sur l'effort physique à fournir pour grimper mon escalier m'étais destiné, je n'avais pas voulu sous entendre qu'Aileen n'avait pas le coeur pour. J'avais simplement émis un petit rire nerveux avant de poursuivre vers mon appartement pourri. J'avais d'ailleurs tenu à préparer mon invité surprise avant qu'elle n'y entre. Sa réaction compréhensive me rassura même si je me doutais qu'elle le faisait exprès pour ne pas me blesser. Pourtant, le fait qu'elle exprime sa vie d'avant avec sa soeur... cela paraissait si sincère. Je m'étais fait avoir une fois de plus, la laissant pénétrer dans mon appartement, touché par sa confidence. Je n'avais pas pour autant voulu ressortir le sujet de sa grande soeur. Ce n'était pas le moment pour parler d'un sujet aussi lourd. J'avais donc filé dans ma chambre, laissant Aileen découvrir le reste de ma grotte. Alors que je m'étais soudain planté devant ma penderie, ne sachant plus quoi emporter, la voix douce de la blonde me fit sursauter. Je m'étais naturellement retourné, comme un réflexe. " Oui rentres, je prend un dernier sweat et on est bon " lui indiquais-je en enfonçant le pull dans mon sac à dos. J'avais ensuite bouclé mon baluchon, offrant de nouveau mon attention à la jeune femme. Personne n'était encore rentré ici, c'était bien la seule qui avait osé s'y aventurer. Ou bien j'étais enfin disposé à accueillir quelqu'un dans ma vie avec tout ce que cela comporte. Je m'étais posté devant elle, pinçant ma lèvre inférieure, heureux de passer ces prochains jours avec elle. J'aurais pu prendre racine et l'observer encore une éternité. " Allez ! C'est parti, je prend une carte on sait jamais " déclarais-je en caressant légèrement son bras de haut en bas tout en reprenant le chemin du salon. J'avais donc fouillé dans un bahut et attrapé un plan des alentours. " Je l'ai ! " m'exclamais-je en la poussant ensuite vers la sortie, excité de rouler à ses côtés.

Après avoir verrouillé ma porte, nous avions rejoint nos motos toujours garées. J'avais enfilé mon sac à dos sur mes épaules. " T'es prête ? Si jamais tu veux t'arrêter tu m'fais signe ... Genre deux appels de phares ? " proposais-je tout en enfilant mon casque. Même si nous avions dit que nous y allions au feeling, je m'étais préparé mentalement à finir la nuit dans un motel à la sortie de la ville. Après cette rapide mise au point, j'avais enfourché ma bécane, démarrant le moteur à plein tube. J'avais attendu qu'Aileen en fasse de même puis je m'étais inséré sur la route, me sentant presque dans un rêve. Tout me paraissait si irréel...