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C’était ce que j’étais, une coquille vide et le vide me faisait si mal que le seul moyen que j’avais trouvé pour calmer cette douleur était de faire mal aux autres. Je n’étais pas vertueuse, certains me qualifiais même de salope sans cœur, s’ils savaient à quel point ces mots étaient en réalité rassurants pour moi. Cela voulait dire que, aussi vide que je pouvais être, j’existais encore, j’arrivais à user d’un certains pouvoir sur les autres. J’avais trouvé un moyen d’exister dans la destruction et non seulement j’y excellais mais j’adorais ça. Seulement depuis quelques temps, je n’avais plus mon partenaire de crime et le vide m’avait submergé à nouveau et ça me terrifiais, si bien que je n’arrivais à penser correctement et que j’avais l’impression de suffoquer tout le temps. Je regardai Adesh du coin de l’œil alors qu’il avait les yeux baissés et à ses mots, un sourire mélancolique vint se loger au coin de mes lèvres. Il y pensait à quitter tout ça, en même qui n’y avait pas pensé au moins une fois, qui ne c’était pas posé la question de la finalité de ce qu’on endurait. Lui et moi n’étions pas différents et notre similitude, m’inquiétais et me rassurait à la fois. Je savais que dans d’autres circonstances, nous nous serions appliquées à enterrer l’autre sous une masse de propos piquants, d’attitudes fourbes et d’humiliations, cependant, là alors qu’il sentait que j’étais au bord du gouffre il avait décidé comme moi de ne pas s’adonner à cette guerre qui aurait sans doutes fini par nous abimer tous les deux. Ma main vint se poser la sienne, j’ai toujours été tactile, toujours un peu trop et je ne savais pas si au fond c’était pour compléter quelque chose qu’il me manquait à l’intérieur de moi. C’était comme si mon corps était en permanence demandeur de chaleur. « N’y va pas … sur cette autre planète … » je finis par retirer ma main expressément, me souvenant de la difficulté qu’il avait avec le contact et ne voulant pas en jouer ce soir « … la connasse égoïste que je suis est rassurée de savoir qu’elle n’est pas seule à ressentir tout ça ». Je faisais honneur à mon égoïsme, je ne lui demandais pas de ne pas quitter ce monde pour lui, ou encore pour ce qu’il pourrait y vivre mais parce que moi, j’avais besoin de croire que les gens comme nous pouvaient finir autrement que comme ça. Je tirer une nouvelle fois sur ma clope avant de murmurer « Tu peux rester … » un silence qui marquait que je ne savais pas si je devais continuer ma phrase « J’ai besoin que tu restes », dans un murmure presque honteux.
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