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Il me donnait l’impression d’être un connard suffisant et méprisant, peut-être qu’il l’était après tout. Cette façon qu’il avait de s’exprimer, d’exprimer ouvertement le fait qu’il n’en avait strictement rien à foutre de mes états d’âme, ou le fait qu’il m’analysait constamment et qu’au final, il en savait bien plus sur moi, que moi sur lui. Les gens comme moi, ceux qui se plaisent à penser que rien ne peux les atteindre, ceux qui écrasent pour se sentir vivre, ceux qui combattent le vide par la destruction … ceux-là, ils évitent de se rapprocher de leur semblable. Parce qu’ils savent de quoi ils sont capables. J’ai toujours caché ma sensibilité dans un excès de confiance et de narcissisme, même maintenant, alors que j’avais l’impression de pouvoir à peine respirer. La signification du nom qu’il m’avait alors donné me fit sourire doucement. Invincible, c’était donc ce que je lui inspirais actuellement, alors que j’étais dans mon habit le plus pathétique, je respirais le pathos, la fatigue et la douleur. Je n’étais pas invincible, mais j’avais eu le sentiment de l’être avec mon alter ego. Ou peut-être que ce connard était seulement ironique, allez savoir. Je tirai une nouvelle et dernière fois sur ma clope avant de la laisser tomber dans mon verre presque vide, reposant mes yeux sur Adesh. Je l’écoutais parler, sans rien dire, je n’avais rien d’autre à ajouter si ce n’est que je n’étais pas encore battu, je respirais encore donc cela voudrait dire que Noah lui aussi était encore là. Jamais je n’avais pensé à ce que ce serait de perdre Noah, d’une façon naïve, j’avais intégré dans mon cerveau que nous étions indissociable et que l’un ne pouvait exister sans l’autre. A y penser, j’étais stupide de contenir tout ce que je ressentais, de garder cette posture qui trahissait ma condition sociale, mon éducation et toute la pression et l’exigence de mon milieu, alors que j’avais envie de m’effondrer. Je savais qu’à force, j’allais finir par imploser et lorsque ça devrait arriver, ce sera moche et violent. Mes yeux suivirent son mouvement alors qu’il tournait la tête et sans aucune gêne je détaillais son visage, cette expression étrange qui y régnait. Un sourire vint se loger au coin de mes lèvres «c’est sucrée et certainement mauvais pour moi, je suppose que je dois aimer ». Je pris le temps ensuite de le regarder quelques secondes sans rien dire à détailler sa façon de se tenir avant de brisé le fin silence «Et toi … pourquoi as-tu atterri ici ? Toi aussi tu es épuisé de battre des ailes pour rien ? ». J’avais assez parlé de moi et il m’intriguait, je devais avouer l’idée de sortir de ce bar sans ne rien savoir sur lui, provoquais chez moi une certaine frustration. C’était intriguant, de me retrouver à coté de quelqu’un que je ne pouvais pas écraser si facilement, c’était un peu effrayant mais intriguant.
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