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Je ne savais pas quelle heure il était, ou quel jour le calendrier pouvais bien pointer, en fait, je ne savais rien, je n’avais aucune certitude sauf une … je suffoquais. J’étais à l’agonie et c’était lent et douloureux. Il y a ce point de rupture, celui qui nous fait passer d’une douleur extrême à un vide sans sens. Eh bien moi, je priais pour atteindre ce point de rupture, je voulais passer de l’agonie à la mort et une seule chose m’en empêchait … cette pensée profonde qui me soufflait que si je respirais encore Noah était encore là. Il n’était peut-être pas réveillé, peut-être qu’il ne pouvait pas parler mais il était encore là. Une main froide vint se poser sur ma nuque, me faisant à peine bouger et j’entendis la voix cassée du médecin me disant que je devrais aller prendre l’air, que de rester prostré sur cette chaise ne changerais rien. Qu’est ce qu’il en savait ? Qu’il aille se faire foutre. Cependant, j’avais besoin d’un verre, j’avais besoin de n’importe quoi qui puisse ne serait-ce qu’anesthésié la douleur et faire taire les pourquoi dans ma tête. Je me redressai lentement, affichant une grimace en sentant mes muscles s’adapter à ma nouvelle position douloureusement. Posant les pieds au sol, je finis par enfiler les escarpins que j’avais laissés aux pieds du fauteuil qui m’avait massacré le dos avant de jeter un dernier coup d’œil vers la chambre de mon alter ego et de me diriger vers la sortie. C’était étrange, de voir que le monde continuait à tourner alors que le nôtre est en train de tomber en lambeau et cela me foutait hors de moi. Comment le monde pouvait-il continuer à tourner ? Comment les gens pouvaient ils se contenter de cette illusion, de cette vie à laquelle ils donnent du sens pour se rassurer. La vie n’avait aucun sens, les gens n’avaient aucun sens … tout était illusion et maintenant, j’étais coincé toute seule dans cette spirale de mensonge. Je n’avais pas fait attention au chemin que j’avais emprunté, j’étais arrivé au bar comme si j’étais sous pilote automatique. Allant m’installer au comptoir, je remarquai à peine la présence du jeune homme à côté de moi, demandant d’une voix éteinte à la barmaid « Un rouge s’il vous plait … », le vin était peut-être de mauvaise qualité, peu importe, je ne sentirais pas son gout.
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