Hello les beaux-parents
Le côté paniqué de ma mère me faisait soupirer d’exaspération. Pourquoi fallait-il qu’elle se sente agressée par cette histoire de compte commun.
« C’est qu’un compte M’man. Comme vient de te le dire Paris, c’est juste pour les dépenses communes. » « Vous êtes bien trop jeune pour ce genre d’arrangement » lançait-elle en pensant avoir la science infuse.
« De la même manière qu’on est trop jeune pour se marier aussi, c’est ça ?! » je savais que c’était moi là, qui lançais la provocation mais je voulais qu’elle dise tout haute ce que ma mère pensait tout bas. Tout en lui tournant le dos parce que je m’affairais à tourner la bouilli du petit pot d’Ashlynn, je laissais ma mère y aller de son commentaire
« Eh bien oui, vous êtes encore en études, et tu sais très bien ce qu’il est arrivé la première fois que tu as voulu te marier « trop vite » ! » Je lâchais la cuillère en la posant bruyamment sur le plan de travail à côté de la casserole et relevait la tête pour fixer la faïence en face de moi. Je luttais pour ne pas l’envoyer chier, mais heureusement mon père venait gérer la situation
« Bon ils ne sont pas encore mariés mais juste fiancés. Et comme ils l’ont dit, ils ont le temps de voir pour se fixer. Inutile d’épiloguer pour le moment. » Bon, bien que je remerciais intérieurement mon père pour son intervention, j’avoue que j’avais un peu peur quand à un possible message cachés dans ses propos : le fait qu’il affirme qu’on n’était pas encore mariés et donc que le débat ne servait à rien, cela voulait-il dire que pour le moment, il ne prenait rien de tout ça au sérieux ? Pire encore, cela voulait-il dire qu’il n’était pas non plus en accord avec notre engagement ?
Je restais sur ce questionnement interne alors que mon père reprenait au mieux le fil de la conversation, s’intéressant à nouveau à Paris et à ses projets :
« Donc vous disiez que vous étiez gérant d’une salle de boxe c’est bien ça ?! Et vous faites de l’astrophysique en cursus universitaire ? Vous comptez faire quoi exactement dans ce domaine ? » Demandait-il. Assurée d’avoir la bonne température pour le repas de la petite, je me tournais pour faire face à tout le monde et m’emparer de l’assiette avec conteneur à eau intégrer : très pratique pour garder le repas chaud en remplissant le socle de l’assiette d’eau chaude. J’ouvrais d’ailleurs l’opercule et décidais de remplir l’assiette avec l’eau du bain marie, avant de mettre la mixture de poulet et légume du soleil d’Ashlynn, dans l’assiette. Je tendais le tout à Paris, et écoutait la conversation en observant le Dunster mettre le bavoir à sa fille. Je lui tendais alors la cuillère en plastique et préparait un biberon d’eau froide pour accompagner le repas. Ma mère elle, s’en allait dans le jardin pour déposer les plats sur la table. Je profitais de ce moment pour demander à mon père
« Elle n’est pas là ?! » Le ELLE, mon père savait exactement de qui il s’agissait
« Nan…elle…elle avait quelque chose de prévu pour aujourd’hui et ne voulait pas changer ses plans sous prétexte que tu venais. » « Très bien ! » avouais-je, soulagée.
« Je…je lui ai pas dit que tu amenais ton…fiancé. ». Je tiquais sur l’hésitation de mon père et rentrais dans le vif du sujet
« Bon papa, est-ce que c’est un problème ?! Qu’on soit fiancés ? » Mon père inspirait profondément, tandis que ses yeux passait de Paris à moi, puis de Paris à la petite, avant de rester sur Paris et d’avouer simplement, sans animosité aucune
« Je ne sais pas encore…laisse-moi le temps de m’y faire. » Okay, bon ça, c’est clair : ça veut dire que tant qu’il n’a pas émis son jugement sur Paris, il n’est pas prêt à me laisser faire ma vie avec le Dunster. Et j’avoue que ça me fait peur….parce que s’il n’est pas d’accord : je vais devoir faire un choix entre Paris et mon père. Et le choix – bien que douloureux – est déjà fait dans ma tête.
« Okay… je comprends. Mais…ça changera pas grand-chose, tu le sais papa ?! » Là, c’était à moi de lui faire passer un message : qu’il soit okay ou non ne me ferait pas renoncer à Paris.
« On en reparlera plus tard. D’accord ?! » Proposait-il de manière plus enjouée
« Pour l’instant, j’aimerais profiter de la présence de mon petit rayon de soleil !! » Je souriais en coin avant d’abdiquer et de regarder Paris
« Et d’apprendre à connaitre Paris et sa petite fille » ajoutait-il en comprenant parfaitement qu’il ne devait surtout pas les mettre de côté. Faisant semblant de chuchoter à l’attention de Paris je déclarais
« il ne veut pas l’avouer mais il est déjà gaga d’Ashlynn, ça se voit sur sa tête ! » Mon père se mit à rire, et on reprenait une discussion tranquille, jusqu’à ce qu’Ashlynn ait fini de manger et qu’on puisse nous même passer à table.
Le repas se passait tranquillement : j’ignorais les remarques de ma mère sur ce que je mangeais – bien qu’elle était contradictoire avec sa manière si peu flatteuse de m’avoir dit que j’avais grossis en arrivant – en me disant que j’avais rien avaler ; et je me focalisais sur mon père, sur ses anecdotes depuis qu’il avait décidé de rester à la maison en travaillant à distance, ne se déplaçant que pour les réunions importantes de sa boite. Il avait laissé ça à son adjoint le temps que mon frère soit en mesure de reprendre les rennes et apparemment cela convenait à tout le monde. Pendant le repas, mon père avait même pu trouver un point commun avec Paris, lorsque qu’ils avaient évoqué le jardinage et la volonté de mon père de se mettre à son premier potager. Là, les deux étaient partis dans une longue discussion qui me rassurait à mesure que le déjeuner s’écoulait. La petite était resté sage, et babillait de temps en temps, Paris et moi la prenant chacun notre tour dans nos bras le temps de manger. Et Haagen ? Haagen fidèle à elle-même avait déjà inspecté tous les cm² du terrain, marquant son territoire ci et là dans l’herbe…ayant même presque l’envie d’aller faire trempette dans la piscine.
Il était temps de débarrasser, et j’aidais alors ma mère à la tâche. C’est là que mon père me fit comprendre qu’il voulait rester tranquille, entre hommes, avec Paris pour discuter. Il l’emmenait alors à la maison, pour aller s’enfermer dans son bureau.
« Bon, enfin seuls…je pense qu’il faut que l’on discute un peu toi et moi » lançait mon père, tutoyant Paris pour la première fois, le ton grave et sérieux.
« Tu te doutes bien que demander ma fille en mariage n’est pas aussi simple que ça…Il y a des choses sur lesquelles on doit s’entendre tous les deux … »