Tempête en prévision (Kyla)

Je déglutis difficilement quand il me dit qu'elle a une bague. Ok. Cette moche - parce que même s'il s'avère qu'elle ressemble à miss monde, elle est moche - a une bague autour du doigt qui prouve qu'elle va se marier dans l'année. Heureusement qu'il n'est pas face à moi parce que je crois que je scruterais le moindre millimètre de son visage pour voir ce qu'il pense réellement de tout ça. Comment on peut se laisser avoir comme ça sérieusement ? Je ne vois rien qui pourrait me faire être aussi... docile. " C'est quoi alors ? " Soupirais-je, retenant les larmes que je sens arriver. C'est quoi putain ? Et là, j'ai comme un éclair de génie. Une larme coule le long de ma joue et je prie pour qu'elle ne tombe pas sur sa main, sur son poignet. Je cligne rapidement des cils, plusieurs fois d'affilés. " L'argent " Soufflais-je. Parce que si sa mère le tient de cette façon, c'est qu'il y a du pouvoir et de l'argent derrière parce que c'est tout ce qui l'intéresse. Je ne l'écoute plus. Je suis partie, je suis à des années lumières de cette pièce, de cette chambre, de cette discussion. " Quitte là alors si tu veux pas te marier avec elle " Soufflais-je, sentant une seconde larme couler le long de ma joue alors que je suppose que l'invitation dans sa chambre tombe à l'eau. Ses bras se resserrent autour de moi et je mords ma langue pour ne pas devenir complètement folle. J'entends ces cinq mots au creux de mon oreille et me fige. Mon coeur ratte un battement, peut être même deux. " Cole arrête " Soufflais-je après cet aveux. C'est moi qu'il veut.. Et bien il a une sacré manière de le montrer quand même. Je l'écoute et soupire une énième fois. Il remet tout sur la tête de son frère. Méchant Wade, tu lui as piqué son joujou quand vous étiez gosse ou quoi ? " Ça fait plus de dix jours que t'es fiancé et c'est maintenant que tu me le dis " Une fois que la guerre et fini. Je sens les larmes couler le long de mes joues et me tournent dans ses bras, me retrouvant face à lui. " Tu peux pas me dire que c'est moi que tu veux alors que tu vas sortir de cette chambre et retourner jouer au petit couple avec une autre " Qui me dit que ce petit jeu de "c'est toi que je veux" il ne l'a pas fait à une autre ? J'ai aucune preuve de rien de toute façon. Je l'embrasse, les lèvres et joues humides des larmes que je n'arrive pas à retenir. " Pourquoi tu me dis ça ? " Soupirais-je, posant mon front contre le sien, complètement déboussolée. Je crois que le stress de la non-grossesse est entrain de retomber et c'est l'hécatombe. Un vrai bébé.

Je n’étais pas sûr que de parler de la bague de ma future épouse soit une bonne idée, non ça m’enfonçait encore plus surement, de même que mes vaines tentatives pour essayer de botter en touche les explications. Ce sentiment d’être piégé, cerné, de ne pas avoir de choix, moi qui aimais tellement me pavaner, brandir chéquier et carte bancaire et faire croire au monde entier que je pouvais tout acheter… Finalement, je n’étais pas plus libre qu’un autre. Sa voix dérailla un peu lorsqu’elle me demanda ce que c’était, si ce n’était pas de la lâcheté. Et je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit que le mot magique s’échappa de ses lèvres. L’argent. Le pouvoir. L’entreprise. Ma mère était celle qui tenait les rennes, je ne pouvais pas me rebeller sans en payer lourdement les conséquences. J’affirmais malgré tout à Kyla que je voulais pas épouser Ombeline… Et elle me rétorquait de la quitter. « C’est pas aussi simple… » Il y avait beaucoup en jeu dans cette histoire… Bien plus qu’une pièce montée, une robe planche et un mensonge sous forme de –oui je le veux-. Mensonge… Parce que celle que je voulais c’était Kyla, et malgré que c’était typiquement le genre de déclaration à laquelle je me refusais habituellement, je finis par le lui souffler à l’oreille. Mais elle me stoppa tout de suite. Et j’enchainais, m’enfonçant un peu plus, tel un gosse qui rejetait la faute sur l’autre, comme si mon demi frère était forcément la cause de tous mes maux, lâchant dans un même temps la date officielle de ces fiançailles arrangées. « Je voulais pas t’ennuyer avec mes problèmes, je… » Et j’avais mes petites magouilles contre Wade à gérer oui aussi… Peut être une trouille monstre de sa réaction aussi surement. Et quand elle se tourna vers moi, je sus que j’avais eu raison de craindre cette annonce. Les joues humides, elle me regardait avec un mélange de tristesse et de déception qui me serrèrent le bide sur le champ. « Kyla… » Ses lèvres finirent sur les miennes, je prolongeai un instant ce baiser, trop bref… Car très vite, c’est de nouvelles explications qu’elle me demanda. « Je te dis ça parce que… » Je me stoppai. « Arrête de pleurer, je t’en prie… Te mets dans cet état là… Pas pour ça… Pas pour moi… » Et bordel, pourquoi je pouvais pas être indifférent ? Pourquoi ça me touchait autant ? Mes mains se glissèrent dans les siennes avec douceur…

(Invité)