take a break (maska)

Je n'avais pas envie que Maden prenne l'habitude de me faire passer en première face à des petites choses stupides. Il n'était pas obligé de s'occuper de moi. J'avais du mal à lâcher prise de ce côté, même si parfois, j'aimais ça. J'veux dire, c'était agréable d'avoir quelqu'un sur qui compter de cette manière, ça faisait un bien fou. Plus tôt, pendant le film, il s'était endormi plus ou moins sur moi, disons qu'il m'avait collé et que quand il m'avait dit qu'il s'endormait seulement dans les endroits confortables, je ne pus m'empêcher de blaguer. « Appelle-moi Morphée » m'exclamais-je avec un sourire, oubliant presque que je m'étais détruit le petit orteil dix minutes plus tôt. J'étais comme une enfant, j'avais la même façon de me concentrer qu'eux, vous voyez ce que je veux dire ? Puis finalement, alors que mon regard était posé sur le jeune homme, je retrouvais rapidement mon sérieux, lui demandant pourquoi il était si gentil avec moi. Surtout qu'il m'avait précisé de pas être une bonne personne. Et là, en écoutant sa réponse, mon cœur se mit à battre vitesse grand V. Pourquoi ? La panique. Ce n'était pas en adéquation avec ce que j'avais pu dire plus tôt, mais la situation commençait à m'angoisser un peu là. Je serais incapable de dire quoi que ce soit. Je ne sais pas quoi lui dire, mais bizarrement, je me redressais avant de finalement me lever pour remettre le gant de toilette dans la salle de bain. J'allais éviter le sujet. Après tout, il a dit ne pas vouloir se poser de questions, alors autant ne pas s'en poser. « Je crois que je vais avoir un bleu » m'exclamais-je pour changer de sujet. Je revenais vers le jeune homme sans pour autant m'approcher trop près. « Tu veux faire quoi ? » lui demandais-je simplement, ne sachant pas vraiment ce que nous pourrions faire pour nous occuper.

Honnêtement, j’étais quelqu’un qui se collait aux autres quand ils dorment. Mais je fais toujours attention quand je m’endors, je sais qu’Alaska n’est pas une de mes sexfriends, elle est une des personnes que j’apprécie le plus. Je faisais généralement attention à ne pas trop avoir d’attention collante surtout dans un lit. Pourtant, je m’étais collé à elle durant la nuit parce que je ne savais pas pourquoi. « Très bien, si j’ai des problèmes de sommeil, je viendrais te rejoindre. » dis-je avec un sourire au coin. Elle changea du tout au tout quand je répondis à sa question, à croire que ma réponse ne lui plaisait pas. Je souriais légèrement avant d’hausser les épaules, ne pas se poser de question. Je me sentais bien aussi avec Grace par exemple donc voilà. « Faudra sûrement que tu fasses attention quand tu marches, tu risques de te faire mal si tu t’appuies trop dessus. » dis-je en haussant les épaules. Je me lève du lit avant de m’étirer un peu parce que j’avais bien dormi pour le coup. « Eh bien, on peut penser à chercher ce qu’on va manger ce soir nan ? A moins, que tu veux que je m’en aille, ce que je peux faire aussi. » dis-je en haussant les épaules. Elle semblait mal à l’aise maintenant, elle devait sûrement s’imaginer plein de chose totalement impossible.

Je pouvais comprendre qu'il ait bien dormi. Simplement, j'aimais dormir avec quelqu'un, avoir une présence à mes côtés, c'était quelque chose de rassurant. Je ne refuserais pas sa présence s'il venait me le demander, elle me ferait du bien à moi aussi. Mais, la conversation devint plus sérieuse par ma faute. J'étais trop curieuse sur le pourquoi et sur le comment de la situation. Pourquoi Maden était si gentil ? Parce que c'était moi. Le problème, c'est que ça me faisait peur. C'était idiot, nous étions amis, nous ne nous connaissions pas vraiment. Il n'allait certainement ne rien se passer. Si Maden avait eu envie de me mettre dans son lit, il l'aurait déjà fait, vous savez, il m'aurait fait des avances... Alors à ses yeux j'étais juste Alaska, c'était certainement pour ça qu'il était gentil. Mais voilà, je sortais d'une relation chaotique et blessante, du coup, naturellement, je me retrouvais à avoir peur de tout et de n'importe quoi. J'avais aussi peur de me rendre compte que je pouvais compter un minimum aux yeux de quelqu'un. Je préférais ne pas poser de questions, ne pas m'attarder. Je me contentais simplement d'aller vers la salle de bain pour y remettre le gant de toilette humide. « Ne t'en fais pas » m'exclamais-je avec un sourire. Je ferais attention où je marche et puis bientôt, je serais les pieds dans l'eau et je pense que l'eau de mer me fera du bien. Qu'allons-nous faire désormais ? « Non, reste.. » lui glissais-je doucement avec un sourire alors que le jeune homme me disais qu'il pouvait partir si je le souhaitais. « On peut sortir s'acheter à manger si tu veux.. » Kebab ou autres nourritures à emporter par exemple. Aujourd'hui, c'était la journée "grosse bouffe" de toute façon.

Je pouvais comprendre sa réaction, ma façon d’expliquer le pourquoi faisait penser que j’avais des sentiments pour elle. Je ne pouvais pas dire que c’était le cas, je ne la connaissais pas assez pour penser avoir ce genre de sentiment. Je ne voulais pas non plus en avoir, cela venait juste naturellement. Elle s’était un peu enfuie dans la salle de bain pour ranger son gant de toilette, je voyais bien qu’elle n’était plus aussi à l’aise qu’avant. Après le petit conseil que je lui donne, je lui dis que je pouvais toujours m’en aller si elle le voulait. Après tout, on avait tout de même passé une bonne partie de l’après-midi ensemble. Sa réaction me fit sourire, j’hausse les épaules à sa proposition. « Eh bien, on peut manger sushi ou chinois, on peut aussi bien aller chercher une pizza… » dis-je en haussant les épaules. En vrai, je m’en foutais de ce qu’on pouvait manger parce que toute la bouffe me correspond parfaitement. J’attrape mon manteau et mes clés de voiture –acheté avec l’argent d’une vieille cougar amen. « On verra ce qu’on trouve sur la route au pire des cas ? » dis-je en lui faisant un sourire. Cela sera réglé au moins.

Je ne m'attardais pas sur le sujet sensible que nous avions déjà évité avant de regarder le film. Je préférais m'échapper en direction de la salle de bain, l'air de rien pour remettre le gant de toilette sur le sèche serviette. J'étais une grande rêveuse, une femme sensible et ces derniers temps, mes espoirs s'étaient un peu effacés. Du coup, j'avais souvent peur quand je sentais que l'on me portait de l’intérêt ou même que l'on pouvait m’apprécier. Je n'avais pas envie de souffrir. J'étais proche de certains hommes, comme Osean par exemple, qui était une sorte de sexfriends pour moi, mais je savais que ça s'arrêtait là, il était avant tout un très bon ami, il n'allait pas me faire souffrir. Je ne connaissais pas tellement Maden, même s'il était doux et gentil avec moi, il me disait souvent qu'il était une mauvaise personne. Qu'est-ce qui me pouvait qu'il ne me ferait jamais de mal ? Mais bon, il ne fallait pas penser à ça. Nous allions sortir un peu et nous acheter à manger pour ce soir. « J'aime manger asiatique, mais rien ne peut rivaliser à une super pizza quatre fromages avec supplément chorizo » lui confiais-je avec un large sourire. Et une bière avec ça et c'est un repas parfait pour moi. J'enfilais mon perfecto, mes converses et je mettais ma grosse écharpe autour du cou. « On est pas obligé de manger la même chose non plus... » On pouvait aussi prendre plein de trucs pour manger de tout.

J’ai pensé partir pour que la situation n’empire pas, mais elle n’avait pas voulu que cela se passe. On avait même pensé à sortir chercher de quoi manger et comme on a déjà mangé comme des porcs aujourd’hui, autant continuer dans la lancé. « On verra bien, j’avoue qu’une pizza me tente bien mais plus une pizza au saumon, ne me demande pas pourquoi, j’adore juste. » dis-je en rigolant. Je lui fais un grand sourire avant de sortir de sa chambre une fois prêt à partir. Il faisait tout de même froid et heureusement que j’avais ma voiture avec moi. Je partis en direction du parking et lui ouvre la porte avant de monter à ma place. « On verra ce que l’on trouve dans les rues du centre. Il y a toujours de quoi manger après tout. » dis-je en rigolant. Je mis un peu de chauffage et surtout de la musique, chantant à tue-tête tout au loin du trajet pour éviter le blanc parce que je ne savais pas quoi dire. Je finis par m’arrêter dans une rue rempli de malbouffe avec chinois, pizza, kebab, indien et tout ce qui va avec en fait. « Bon … On commence par quoi ? » dis-je en tournant la tête vers Alaska.

Pourquoi partir ? Nous pouvions simplement manger, tous les deux et éviter certains sujets. Il n'y avait aucun problème pour moi. Pour ce qui était de la nourriture, je n'étais pas difficile, mais là, il venait juste de prononcer le mot magique. Pizza. Je voulais manger une pizza, c'était officiel. « Ouais, pas mal » m'exclamais-je dans un haussement d'épaules. J'avoue préférer les pizzas aux fromages. C'était même ma pizza préférée. Je lui rendais son sourire, attrapant mes affaires avant de sortir après lui de ma petite chambre étudiante. Je le suivais jusque sur le parking, souriant quand il m'ouvrit la portière passagère. C'était le genre de petite attention que j'aimais bien chez les hommes. « J'veux manger une pizza » m'exclamais-je avec un large sourire digne d'une chieuse. Quand j'ai une idée, ce n'est pas facile de me l'enlever. « Ou des frites » m'exclamais-je doucement alors que le jeune homme commençait à fredonner en conduisant. Les frites sont à égalités avec les pizzas dans mon cœur. Nous arrivions finalement au paradis de la malbouffe. « LA PIZZA ! » m'exclamais-je avec un large sourire sur les lèvres avant de rire comme une débile. S'il n'avait pas compris lui aussi...

Moi et ma pizza au saumon, c’était une histoire d’amour pour le coup. Enfin, fallait que j’arrête avec cela et trouver un truc un peu plus masculin tiens. C’est comme mes figurines, personne ne savait que j’en faisais la collection et pourtant c’était le cas. Je la regardais en souriant avant de finalement partir en direction de la voiture. « Très bien ça sera pizza alors. » dis-je en rigolant en voyant sa réaction d’enfant. Elle voulait également des frites, les filles étaient chiantes je pouvais une nouvelle fois le dire. « Avec des frites alors. » dis-je amusé de la situation. Je chantonnais durant le trajet et fini par me garer dans la rue de la malbouffe. Je n’eus le temps de rien ajouté d’autre qu’elle gueule un gros Pizza, bon et bien on y va alors. « On va commander alors la quatre fromages avec suppléments chorizo et une saumon. » Ouais, je ne pouvais pas m’empêcher de la prendre à chaque fois. Je m’installe sur une chaise en mode pépère avant de finalement attendre que les pizzas arrivent. « Tu veux des frites d’où ? Ce n’est pas italien ça. » dis-je en rigolant. Ouais, on ira squatter chez un kebab pour des frites, normal.

J'avoue que j'étais chiante pour le coup. Je voulais ma pizza, j'allais l'avoir, c'était certain. Une bonne pizza quatre fromages avec un supplément chorizo, tout ça accompagné d'une barquette de frite. J'aimais manger, avec ma silhouette de brindille ça ne se voyait pas, mais pourtant, je pouvais manger autant qu'un homme. Nous nous trouvions dans la voiture et Maden avait l'air de trouver la situation amusante. J'étais une enfant dans ma tête, ça c'était parce que l'on m'avait volé mon enfance il y a quelques années, alors par tous moyens, je faisais en sorte de la vivre. C'était aussi une façon d'oublier un peu de mes récents problèmes comme la perte de mon bébé. Nous nous arrêtions finalement dans cette "rue de la malbouffe" à Cambridge. Elle était très réputée auprès des étudiants d'Harvard. Maden annonçait son plan au niveau des commandes. J'étais d'accord avec lui. Nous entrions dans une pizzeria italienne et nous commandions nos pizzas. Le jeune homme venait s'asseoir sur une chaise, me demandant d'où je voulais mes frites. En effet, ça n'allait pas être ici que j'allais en trouver. « Tu sais quoi, reste ici à attendre les pizzas, je vais chercher une barquette de frites à côté en attendant » m'exclamais-je avec un petit sourire. Je m'éclipsais donc en direction du kebab le plus proche, je demandais une barquette de frite avec un supplément ketchup et je revenais dans la pizzeria avec la nourriture quelques minutes plus tard. Je commençais déjà à piocher quelques frites avant de m'asseoir à côté du beau brun. « Mission accomplie » lui glissais-je avec un sourire, lui tendant les frites. « T'veux qu'on fasse quoi après ? T'veux qu'on retourne à la mather ? » On n'allait pas regarder un film à nouveau, il allait encore dormir.

Comme elle me l’avait demandé, je l’attendais dans la pizzeria en attendant qu’elle aille chercher une barquette de frite chez le voisin le kebab. Je me demandais encore pourquoi j’étais aussi gentil avec elle, peut-être que je la considérais comme ma sœur et qu’on entrait clairement dans la friendzone elle et moi. C’était bien la première fois que je me trouvais dans ce genre de situation pour le coup. J’avais sorti mon téléphone pour regarder les messages que j’avais reçu et comme toujours, j’avais la flemme de répondre surtout quand on sait qui les envoie. Je lève la tête quand j’entendis la voix d’Alaska qui était déjà de retour. « Good job soldat ! » dis-je en souriant avant de piocher dans la barquette à mon tour. Elles étaient putain de bonne ces frites. Je la regardais avant d’hausser les épaules suite à sa question. « On peut genre manger tranquille et aller aux arcades par la suite, ou encore allez en boîte de nuit. » dis-je avec un sourire au coin. Je n’étais pas assez bien habillé pour cela mais ça serait clairement amusant pour le coup.