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Je sentais la résistance d’Amanda à ne pas vouloir craquer et cela me déchirait le cœur parce que j’avais l’impression qu’elle ne se sentait pas assez à l’aise avec moi pour pouvoir se lâcher en ma compagnie. Mais en même temps, je ne m’en formalisais pas : une partie de moi se doutait que ce qu’elle avait eu à dire n’était pas facile, surtout si - comme elle l’a dit elle-même – elle ne se sentait pas fière d’elle.
Je préférais me contenter de la serrer sans chercher à obtenir une réponse à mon étreinte ; je voulais simplement qu’elle sache que j’étais là maintenant et que je ne la lâcherais pas ! J’accompagnais mon étreinte de quelques baisers sur son front, mon empathie m’empêchant de prendre suffisamment de recul pour ne pas me sentir concernée par elle. Je voulais tellement la soulager de sa douleur et me sentais en même temps tellement impuissante que je ne voyais pas d’autre solution que d’agir physiquement, en la gardant contre moi.
Après m’en être explicitement voulu de ne pas avoir su voir sa détresse, mais de me rassurer en me disant qu’elle était toujours en vie, j’osais enfin lui demander ce qui lui avait donné envie d’en intenter à sa vie…Elle resta un moment silencieuse, se battant contre elle-même pour ne pas craquer. Je le ressentais : Ses muscles tendus, son corps droit mais tremblant presque trop discrètement…jusqu’à ce qu’elle se relâche, qu’elle se mette à sangloter, laissant enfin sortir des pleurs maintenant audibles. Et Bon Sang, ils me déchiraient le cœur.... Elle m’annonça la mort de son père, et je fus coupé dans ma respiration à l’entente de ce décès. Je n’étais pas très au courant de sa situation familiale, surtout que j’évitais moi-même de parler de la mienne, mais je compris très vite que la mort de son père était un vide énorme à la vie de ma meilleure amie. Et quelque part je la comprenais ; à peine avait-elle expliqué ce qu’il s’était passé que déjà, je faisais un transfert en me demandant quel vide je ressentirais si mon propre père venait à quitter ce monde.
« Je suis tellement désolée ma puce,…j’ose à peine imaginer ce que tu traverses » lui avouais-je dans un murmure. Car même si je me demandais ce que je ressentirais à la mort de mon père, ce dernier était encore en vie ! Mon appréhension était donc purement factice en moment. Rien à voir avec la véritable douleur d’Amanda en ce moment... « Il devait compter énormément pour toi pour te dire que tu ne pouvais pas lui survivre après ça… » Quelle idiote je fais : Bien sûr qu’il comptait ! C’était son père ! Bon okay, il arrivait qu’on ne s’entende pas avec certains parents – j’en faisais les frais avec ma mère par exemple – mais de là à dire qu’ils ne comptent pas notre vie, c’est ridicule. Je me mis à grogner légèrement avant de m’excuser : « Oh pardon, je dis n’importe quoi. Bien sûr qu’il a compté… » Je resserrais un peu plus mes bras autour d’Amanda la calant au mieux contre moi, et même si l’on était debout, je la berçais doucement, posant une main sur l’arrière de sa tête pour caresser ses cheveux et l’apaiser un peu. Je sentais qu’elle avait besoin de laisser aller sa peine, et je voulais d’ailleurs qu’elle prenne tout son temps. C’est pourquoi, je lui chuchotais à l’oreille « lâche-toi, laisser toi aller…Je te promets que tu ne seras même pas obligé de m’en parler après si tu ne le veux pas mais…pleure, cris, fais tout ce que tu auras envie dans mes bras, je suis là pour toi… »
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