Evening party - Jeno & Olympe

Un blouson sur les épaules, j'étais sortie de la Cabot House à 19h50 pour être à l'heure devant l'adresse que m'avait donné Jeno. J'avais fait simple dans la tenue : un haut noir, ouvert sur les flancs pour rester quand même attrayant vu ses manches longues et son col droit, assorti à une petite jupe noire et des talons bleu électrique, histoire de rompre un peu cette monochromie sombre. Cela dit, j'avais pas mal hésité : je ne voulais pas être gênée pour danser, et j'avais peur d'avoir mal aux pieds en talons, mais au pire je pourrais les enlever.. Resserrant mon écharpe autour de mon cou pour ne pas avoir froid, marchant mon ipod en marche, fredonnant une musique de Katy Perry, j'étais d'excellente humeur depuis que j'avais reçu son sms. Je n'avais pensé qu'on pourrait se voir ce soir, puisqu'en semaine généralement mes amis restaient à travailler dans leurs chambres, à part peut-être aller boire un café, et du coup j'étais contente, d'humeur légère. Je savais pas trop où on allait comme ça, à se rapprocher encore et encore, et je préférais ne pas y penser. Parce que forcément sinon je me souvenais qu'il dealait, qu'il fumait beaucoup, qu'il consommait régulièrement même si il n'est plus accro. Pinçant les lèvres, je chassais ça de mes pensées, sachant que je jugeais alors que lui même pouvait me juger pour mon argent, ou mes manières. Arrivée finalement à l'heure, je rangeais mon ipod dans mon sac, le cherchant des yeux, après avoir vérifié que j'étais bien au bon endroit.

Réalisant le froid saisissant de la soirée, je glissais mes mains dans mes poches de blouson, pour les protéger et je cherchais Jeno des yeux. Enfin, des yeux la tête à moitié cachée dans mon écharpe, et je ne sortis de cette position de protection anti-froid qu'en le voyant arriver. En skate. Il m'arracha un sourire, ce mec ne cesserait jamais de me surprendre en fait : à chaque instant j'avais l'impression qu'il me rendait un peu plus vivante. Tentant la main dès que je vis qu'il s'arrêtait carrément brusquement je ris en l'entendant me dire qu'il avait failli ne pas s'arrêter. Du coup j'allais te demander de m'apprendre un jour mais comme je tiens à mes genoux on va oublier, lançais-je en souriant, les yeux levés vers lui, dans l'attente d'un bonjour. Parce que je m'étais torturée toute seule tout le long du chemin : allait-il m'embrasser ou non? Me faire la bise comme à .. à une inconnue? Souriant en le sentant embrasser ma joue, je fermais les yeux quelques instant, profitant de son contact, de son odeur, de sa présence tout simplement. Ce mec allait me rendre folle, c'était obligé. Avant de répondre à sa question je glissais mes mains dans mes poches : Non je viens d'arriver, mais je veux bien rentrer je meurs de froid ! Je montrais le bâtiment du nez, un petit sourire aux lèvres.

Moi, une petite nature? C'était totalement faux. Je fronçais légèrement les sourcils avec un air contrarié pour monter mon mécontentement, mais toute façon.. il avait pas totalement tort, et je n'étais jamais monté sur un skate de toute façon. Frémissant en sentant sa main glisser le long de mon bras, je l'accueillais dans ma poche avec plaisir, jouant du contact avec ses doigts, détendue. Je caressais doucement sa paume du pouce lorsqu'il se dirigea vers le videur qui visiblement le connaissait ou du moins savait qui il était. Habituellement j'étais celle reconnue, et ce renversement de situation me fit sourire, et je le suivais docilement à l'intérieur, de bonne humeur définitivement. J'observais l'endroit avec des yeux curieux, mais c'était assez sombre : cependant, c'était pas trop moderne à mon goût, juste assez, et pas trop impersonnel. J'aimais bien l'endroit, en fait, et j'étais plus que ravie d'avoir proposé de le voir ce soir. Tournant la tête vers Jeno lorsqu'il me demanda ce que je voulais voir, j'hésitais quelques secondes, réfléchissant un moment avant de lui dire, voulant commencer doucement pour profiter tout simplement : une tequila sunrise pas trop forte, si c'est possible? lui dis-je en m'approchant un peu plus de lui. Puis lorsqu'il me demanda ce que je voulais manger, je fis une petite moue concentrée : je voulais pas quelque chose de lourd en fait, sinon je n'allais pas pouvoir danser. Je sais pas trop, ils font des hots dogs? lançais-je en attrapant sa main pour l'attirer vers le bar, juste après avoir posé les blouson au vestiaire.

Je n'avais pas envie de boire pour me souvenir de chaque seconde passée ici ce soir demain, parce que je regrettais de ne pas pouvoir me rappeler tout ce qu'on avait put se dire ou faire au Housing Day. J'avais des brides de souvenirs, j'avais bien comprit que mon soutiens gorge avait disparu mais c'était tout, et là, je voulais juste.. vivre le moment présent. Surprise en sentant ses doigts se glisser entre les miens, je me tournais vers lui, le dévisageant une ou deux secondes, avant de lui sourire. Puis je repris ma route vers le bar, le laissant commander et poser les questions, me contentant de l'écouter en jouant avec sa main glissée dans la mienne, savourant ce contact. Je n'avais aucune envie de le lâcher, et ça n'avait pas l'air dans son projet aussi, ce qui me satisfaisait entièrement. J'avais un peu faim et j'étais contente qu'on mange un bout avant d'aller danser, et surtout qu'on ne boive pas le ventre vide, parce que sinon j'allais sûrement finir la tête dans les toilettes. Je ris en l'entendant parler de ma tenue et je m'éloignais du bar, ne lâchant pas sa main en faisant un petit tour sur moi-même, mine de rien fière qu'il aime. On est jamais trop belle, mais merci beaucoup du compliment, lui dis-je en riant. Je ne voulais pas faire trop sage, mais je voulais pas non plus mettre des choses ne me correspondant pas. M'appuyant contre le bar, face à la salle, je me tournais vers lui en essayant de me retenir de sourire : Et quels sont les risques d'après toi, dans cette tenue?

J'étais fière comme un paon qu'il ait remarqué ma tenue, et surtout qu'il ait aimé. Ce serait me mentir que de me dire que j'avais choisi cette tenue pour moi : je voulais lui plaire, ou au moins pas être ce soir une forme insignifiante. Et du coup sa réaction m'avait carrément donné une confiance en moi que j'ignorais pouvoir avoir dans un moment comme celui-là. Je m'étais adossée au bar en affichant un léger sourire taquin. Légèrement provocante, j'avais vraiment envie de m'amuser, et en le voyant s'approcher, je sentis mon coeur s'emballer. Mon estomac se tordant immédiatement en le sentant contre moi, je levais les yeux vers lui, cette fois-ci absolument plus moqueuse, juste impatiente, parce que mon corps savait ce qu'il allait faire. Je soupirais doucement en sentant ses lèvres sur les miennes, l'embrassant avec douceur en posant mes mains sur ses avants-bras. J'étais en train d'embrasser Jeno Carpenter dans un bar rempli et je n'en avait absolument rien à faire : c'est dire le chemin parcouru depuis quelques mois, en sa présence. Venant embrasser sa joue en souriant, les yeux toujours fermés, je répondis finalement, vers son oreille pour pas avoir à parler trop fort : Je crois que moi j'ai compris qu'est-ce que c'était, les risques. Si tu veux je t’expliquerais un jour.. ajoutais-je en lui faisant un petit clin d'oeil. Puis je me retournais face au bar en récupérant sa main, comme si rien ne s'était passé, si l'on oubliait le rose de mes joues et mes jambes toutes molles. Je meurs de faim, j'espère que les hot dogs seront bons, dis-je en lui souriant, surveillais le serveur qui préparait nos affaires.