J’allais maintenant devoir adresser quelques mots d’adieux à Leandro, putain je savais pas comment m’y prendre, ni comment je devais dire ça, je n’avais même pas entendu que Gaëtan était cerné, non, toutes mes forces devaient être utiliser pour respirer et faire circuler le peu de sang qui me restait, j’appuyais alors sur la touche dictaphone de mon téléphone avant de mettre en marche : « Salut, je suis pas douée pour les adieux, pas du tout même. Je pense particulièrement à mes amis, les plus proches et les moins proches, ceux de la lowell house, ceux que j’aurais voulu connaitre, et je sais pas pourquoi je pense surtout à toi Leandro…. ». J’essayais de reprendre ma respiration, les mots sortaient mal : « Pourquoi toi ? Je sais pas, on dit qu’avant la mort on voit les meilleurs moments de sa vie ? Tu crois qu’ensemble on a passé les meilleurs moments de ma vie et je m’en suis même pas rendu compte, ce serait incroyable ça putain… ». Je soupirais de nouveau : « Mais peut être que c’est vrai Leandro, peut être que c’était ça finalement, parce que ce que j’ai toujours voulu c’est quelqu’un qui m’aime et je ne l’ai jamais eu…C’est quand même con de mourir avant de connaitre son grand amour, c’est même débile mais je suis débile tu sais. Je suis pas parfaite comme tu l’as toujours prétendu, la preuve, aujourd’hui je mange à la cafétéria et je me fais tuer, c’est quand même pas de chance ça… Et je me dis que t’étais peut être le seul regard masculin qui me regardait pas comme une poupée gonflable, qu’arrivé à me rassurer, qu’étais gentil avec moi…». Je perdais complètement le contrôle de ce que je disais, mes yeux commençait à se fermer : « Tu crois que y a des mondes parallèles ? Des mondes où il y a des vivants qui peuvent voir des morts ? Tu sais quoi, quand je serais morte, je trouverais un de ces mondes. Un de ces mondes où les morts peuvent vivre comme des vivants…On y vivra tous les deux. On vivra dans une grande maison à New York, une maison immense, tellement grande que notre maison ce sera en réalité une villa. On sera milliardaire, toi, le peintre devenu un grand maitre à former des petits jeunes dans un atelier et moi, diva, reine de Broadway tout entier…Et un jour j’attendrais un enfant, j’aurais le ventre rond comme un ballon et le sourire jusqu’aux oreilles, et ne dis pas que c’est pas possible parce que tout est possible dans ce monde là. On aura un enfant, on aura deux enfants, on aura trois enfants, on aura des dizaines et des dizaines d’enfants brun aux yeux marrons qui seront tous si mignon…On sera tellement heureux Leandro, si tu savais la belle vie qu’on aura, si tu savais, tu me rejoindrais tout de suite ». Une larme coula sur ma joue avant que je ferme définitivement les yeux.