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Il n'y avait pas que des bonnes choses ? C'était carrément un euphémisme là. Si on regardait la totalité de ta vie là-bas, il y avait bien plus de négatif que de positif, c'était clair et net. Pour tout dire, la seule chose que tu pouvais décemment regretter était la ville elle-même, car tu avais aimé Londres, véritablement. C'était peut-être une ville assez pluvieuse et austère au premier regard... mais tu l'aimais. A force d'en avoir parcouru les rues, seul avec ton appareil photo, elle t'avait apporté un échappatoire bienvenue dans ta vie. Même après 7 ans loin d'elle, tu étais presque sûr de pouvoir encore t'y diriger les yeux fermés, sans te perdre. Malgré tout... Tu avais l'impression que cet amour-là était à sens unique, vu les souvenirs qu'elle t'avait laissés, c'était comme si elle t'avait rejeté, qu'elle t'avait fait comprendre qu'elle ne te voulait plus à ses côtés. Que tu trinques parce qu'il était lâche ? Pour le coup, c'était toi qui ne comprenais pas tellement : en quoi était-ce lâche de craquer face à quelqu'un d'aussi désagréable, même si c'était son frère ? C'était humain surtout. Je te l'ai dit : si je n'avais pas eu envie de venir, je ne serai pas venu. Mais j'ai envie de t'aider, pour une fois, même si cela passe par une visite de Londres. Oui, "même", parce qu'il ne fallait pas non plus exagérer : tu n'allais pas sauter de joue à l'idée de débarquer en Angleterre. Tu eus cependant un curieux rire sans aucune joie lorsqu'il précisa ne pas vouloir que tu viennes pour te faire du mal seul dans l'hôtel alors qu'il était avec sa famille. Je ne vais pas aller commander une corde ou des médocs dès que tu auras le dos tourné tu sais. Je sais me tenir convenablement. L'humour noir était sûrement ta dernière solution pour désamorcer une situation, il était donc bien temps de t'en servir. Bien sûr que tu ferais face sans faire de bêtises, tu le lui avais promis de toute façon et tu n'avais qu'une parole. En plus... Tu savais que ton supplice aurait une fin, donc ce sera moins grave que lors du Summer Camp. Non, très franchement, tu avais du mal à accepter l'inquiétude de William, même si elle n'était pas totalement infondée. Toi, tu aimais te voir un peu plus fort que tu ne l'étais véritablement, surtout maintenant que tu voulais prendre ton envol pour ne pas rester un simple petit gars renfermé. Je suis théâtreux William, ce qui signifie que je me débrouille bien en imagination. Enfermé dans une pièce, je peux facilement oublier le lieu où je me trouve. Ou pas. Comme si, à Noël, tu allais rester enfermé dans la chambre, sans mettre observer de la fenêtre la beauté de la ville sous la neige et les illuminations. Comme si ton âme de photographe n'aimerait pas immortaliser le tout. C'était bien beau de regorger d'envies et de prétentions, encore fallait-il que tout cela soit réalisable... mais si tu pouvais le faire croire au Kane, ce serait déjà un grand pas en avant. Il disait ne pas douter de ta volonté, mais y croyait-il réellement ? Ce n'est pas ce que tu montres par tes propos William. Ton ton était assez raide en prononçant ces mots, et tu t'étais levé lentement, te plaçant devant la fenêtre en observant la vue de là. Rien d'extraordinaire cela dit, mais tu ne voulais pas l'observer, histoire de tenir bon durant cette mascarade à laquelle tu t'adonnais. Mais rien, rien du tout, n'aurait pu te permettre de prédire la proposition qu'il te fit. L'accompagner à ce réveillon ? Avec ses parents et son frère ? Tu t'étais retourné de nouveau vers lui assez vite, au risque de t'en faire mal au cou, le regardant d'un air surpris. Apparemment il était totalement sérieux, vu qu'il semblait être tendu maintenant. Vraiment ? Cela fait très officiel tu sais. Bah oui, la présentation à la belle-famille, c'était quand même une sacrée chose à faire... Éprouvant était le mot, oui, mais c'était aussi terriblement tentant. Si je comprends bien ,tu juges moins risqué le fait que je sois avec toi chez tes parents n'étant pas pour l'idée que tu sortes avec un garçon et ton frère qui va être encore plus hargneux plutôt que je sois seul dans une chambre d'hôtel ? J'ignore comment je dois prendre ça. Ta colère était retombée aussi vite qu'elle était arrivée, et tu étais clairement amusé des priorités qu'il avait établies entre les deux situations. Tu as juste oublié un léger détail : tu es invité, pas moi... Et si tu dis à tes parents que tu ne viendras que si je suis invité, je le serai peut-être mais à contre coeur... M'imposer n'est peut-être pas le mieux pour toi, non ?
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Comme William s’y attendait, Devyn insista. En même temps, il savait qu’il ne lâcherait pas l’affaire aussi facilement et il le comprenait, il aurait surement fait la même chose si les rôles avaient été inversés. Mais il aurait beau insister, il ne le laisserait pas l’accompagner à Londres. Il entendait bien qu’il voulait l’aider, là n’était pas le problème. Le problème, c’était qu’il ne voulait pas le laisser seul dans une chambre d’hôtel à ressasser le passé alors qu’il ne serait pas avec lui. Alors lorsqu’il lâcha un rire amer suite à sa remarque, William leva les yeux au ciel. Il exagérait, il n’avait pas dit ça. Pourquoi penser suicide dès lors que l’on parle de se faire du mal ? Les souffrances ne sont pas seulement physiques, Devyn devrait le savoir mieux que personne. Enervé, il s’était levé d’un bond pour rejoindre la fenêtre. William resta assis, le suivant du regard. Il le corrigea ; « Tu sais très bien que ce n’est pas ce que je voulais dire, ne réagit pas comme ça. » Il avait beau connaître les problèmes qu’avait rencontré le Gale avec les anxiolytiques, il croyait en lui et doutait qu’il replonge, d’autant plus qu’il lui faudrait plus d’une soirée à ronger son frein pour craquer. Mais réagir comme ça, c’était puéril. Peut-être était-il frustré que William le repousse, lui dise non, qu’il ne veuille pas de lui pour l’accompagner à Londres. Mais étant lui aussi parfois extrémiste dans ses réactions, il n’avait, d’un certain point de vue, rien à dire. Mais ils se corrigeaient l’un l’autre, c’était aussi ça le couple, non ? Alors lorsque Devyn lui lança que, grâce à ses années de théâtre, il pourrait aisément faire abstraction de ce qui l’entourerait une fois à Londres, il serra les dents. Pourquoi lui mentait-il ? Il ne remettait pas en doute ses talents de comédien, là n’était pas le problème. Ce qui l’était en revanche, c’était qu’il lui mente sur le fait qu’être là-bas, seul, ne lui poserait aucun problème. Il lui dit donc, peu convaincu ; « Tu veux brûler les étapes. Il est hors de question que je te laisse seul avec tes souvenirs pendant toute une soirée. Moi ça ne m’a pas amusé de te voir te torturer l’esprit autrefois. » Sa voix s’était brisée sur la fin mais aucune larme ne coula, n’empêchant pas sa gorge de se serrer. Il l’avait vu au plus bas, si bas qu’il pensait qu’il ne pourrait jamais remonter. Et puis il s’était accroché de toutes ses forces, lui, le gamin fragile, avait bravé vents & marées et était remonté à la surface, bouffant l’air comme si c’était de l’or vaporeux, et il ne l’avait jamais vu aussi vivant depuis bien longtemps. Alors non, il ne tenait pas à ce qu’il brûle les étapes & se retrouve dans ce même état, ne serait-ce qu’une soirée. « S’il te plait, écoute ce que je te dis. Je crois en toi, si tu veux retourner à Londres, tu sais que je t’accompagnerais. Mais pas comme ça. Il faut que ça vienne de toi, et ne me dit pas que ça vient de toi puisque tu as proposé de m’accompagner. Tu sais ce que je veux dire. » Il ne le morigénait pas, il souhaitait simplement qu’il cesse de jouer les bornés. Et puis soudainement, son attitude changea du tout au tout, tournant vivement la tête vers le Kane. C’était sa proposition qui le mettait dans cet état ? Dans ce cas-là, qu’il parle, il lui avait fichu une sacrée frousse là, on aurait dit un automate, ce qui ne fit que le faire se crisper d’avantage. Il opina d’un signe de la tête à la question de Devyn, évidemment qu’il était sérieux. C’était la seule option qu’il accepterait pour qu'il vienne avec lui. Ses lèvres tremblèrent dans l’ébauche d’un sourire, mais ce fut vain. Il était trop stressé pour sourire. « C’est ça. Je serais plus rassuré que tu sois avec moi là-bas que seul dans un hôtel. » C’était étrange, Devyn avait laissé s’envoler sa colère, il semblait même presque joyeux à l’idée de venir chez ses parents. J’insiste sur le presque, il pointait du doigt la réalité en précisant que ses parents étaient assez conformistes & son frère égal à lui-même. Mais de toute façon, ce jour devrait bien arriver tôt ou tard, non ? Alors s’il était d’accord, il viendrait avec lui. Quoique, d’après lui, William avait négligé un détail, le fait que Devyn ne soit pas invité. Qu’importe, quand il y a manger pour quatre, il y en a pour cinq, n'est-ce pas ? « Tu ne t’impose pas, c’est moi qui t’invites. » Après tout, William était un Kane, il pouvait bien inviter quelqu’un dans son propre foyer, non ?
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Ne réagis pas ainsi. Ne fais pas ci. Ne fais pas ça. Tu avais l'impression de redevenir un gosse lorsqu'il te parlait ainsi, même si c'était ce que tu étais en ce moment même, à pester pour un rien, limite en train de piétiner sur place. Oui, tu étais puéril et, si tu avais réfléchi cinq minutes, tu aurais compris que William ne te parlait pas de solutions forcément aussi extrêmes. Il connaissait tes grandes capacités pour t'auto-torturer psychologiquement, même s'il les sous-estimait encore à ton avis, car tu avais toujours été plus doué pour culpabiliser que pour aller de l'avant. Oui, tu enrageais parce que William t'avait opposé un refus et oui, tu n'étais qu'un sale gosse quand tu avais ce genre de réaction, car même un grand dadais de 24 ans ne boudait pas, ne crisait pas pour si peu. Mais toi, tu avais tes crises de mauvaise humeur qui arrivait comme ça, pour un rien, et William en faisait assez souvent les frais. Je réagis comme je veux déjà. Il ne te manquait plus que les poings crispés et la moue boudeuse et tu retombais en enfance, c'était clair et net... sauf que tu ne jouais pas l'enfant, tu étais vraiment vexé et fâché. Vous faisiez la paire après tout, avec ton Kane qui était assez caractériel et gamin quand il s'y mettait, mais rien de méchant non plus. Toi, tu avais plus tendance à mordre volontairement lorsque tu étais fâché, sans réelle gentillesse, quitte à mentir au passage. Oui, c'était ton côté plus sombre, sans l'être cependant totalement, c'était plus un léger saupoudrage actuellement. Tapotant nerveusement sur le rebord de la fenêtre, tu écoutais toujours William parler, sous-entendre que non, tu ne pourrais pas le faire. Tu étais furieux de la manière dont il se contredisait en deux phrases. Comme si cela t'amusait de rester avec des souvenirs plein la tête pendant toute une soirée ! Ce n'était pas quelque chose qui te réjouissait, mais tu avais toujours eu le sens du sacrifice dans ta vie. Sacrifice de ta vie sociale quand d'autres se fichaient de toi et de ton allure d'intello timide et réservé. Sacrifice de nombreux petits plaisirs pour t'occuper de ta grand-mère, même si la photographie et le théâtre étaient de sacrées bouffées d'air frais. Sacrifice ici de ta santé mentale pour aider William à tenir bon. Sacrifice passé de cette même santé mentale pour tenir le cap et montrer à la face du monde que tu te fichais d'être seul alors que c'était un mensonge complet. C'est peut-être que la vie heureuse ne me convient pas tellement. Le sarcasme de ta voix voilait bien le réalisme de ce constat : à chaque fois que tu avais été heureux, tout t'avait été arraché en moins de temps qu'il t'avait fallu pour te reconstruire, et c'était cela qui t'effrayait plus que tout : que le bonheur que tu trouvais auprès de William parte aussi vite qu'il était apparu dans son intégralité. C'était pour ça que tu rageais d'entendre son refus de l'accompagner, alors que tu voulais juste être avec lui et profiter au maximum de cette bouffée d'air frais vitale pour ta stabilité. Pourtant... Quelque chose fissura légèrement tes barrières, te faisant t'arrêter tes bruitages colériques : sa propre fissure dans sa voix. William montrait rarement ses faiblesses, mais celles-ci t'atteignaient toujours, car tu t'étais promis de ne pas le blesser, comme lui l'avait fait pour toi. Tu savais qu'il avait raison pourtant, bon sang, comme toujours. Ce fut sans le couper ou même bouger que tu continuas de l'écouter. Je sais. Désolé. C'était tout ce que tu avais pu lâcher sur le coup après son petit discours, et ce ne fut qu'après un petit temps de réflexion silencieuse, seulement entrecoupée par le bruit de ta respiration, que tu repris la parole. Sinon, on en profite pour faire les deux. Toi, ton repas et moi... Cicatriser tout cela. C'est ridicule d'avoir peur de retourner dans une ville. Ce n'est pas vivant une ville, on ne devrait pas y associer des émotions. Donc oui, j'ai envie d'y aller. Pour t'accompagner premièrement, mais aussi pour moi. Tu étais loin de ressentir cette certitude, mais ton attitude bravache n'allait pas partir de sitôt à ce sujet, tu te connaissais suffisamment pour le savoir. Ta colère s'évapora cependant aussi vite qu'une bouffé de nicotine lorsqu'il parla de l'accompagner à ce fameux réveillon. C'était une idée dingue, parfaitement incongrue et saugrenue... mais elle te plaisait, mine de rien. Tu risquais de souffrir pendant ces quelques heures avec la famille Kane, mais tu avais l'habitude, avec tes tentatives d'auto-destruction mentale partielle. En plus, tu ne seras pas seul, tu tiendras plus facilement en compagne de William. Et au pire... Sa famille comprendrait bien vite que tu ne laisserais pas facilement tomber leur fils et frère. Un léger sourire sarcastique apparut sur tes lèvres durant une fraction de seconde, remplacé si vite par un sourire plus joyeux que cela aurait pu passer pour un simple jeu d'ombre. Tu sais très bien que si cela te rassure plus, je le ferai. Du moment que je ne reste pas à Cambridge seul, tout ira bien.Tout. Ira. Bien. Tu avais doucement savouré ses mots sortis de tes lèvres, et si rares venant de toi. Bien sûr, il y avait tout de même des failles dans son plan, et pas des moindres, entre les avis de la famille et le fait que tu n'étais pas franchement invité, mais il semblait s'en moquer. Tu m'imposes, si tu préfères. Et vu ce que tu m'as dit de ta famille, même si je n'étais qu'un ami, ils n'apprécieraient sans doute pas que tout ne soit pas fait dans les règles. Autant rester poli et leur demander avant, non ? Doucement le Devyn dont William avait l'habitude revenait, tranquillement, avec ses doutes permanents et son manque de confiance en soi, le top quoi.
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William ne savait plus quoi dire à Devyn qui restait muré, renfermé sur lui-même dans ses certitudes. Ne pouvait-il pas comprendre ce que disait réellement William ? A en juger par sa réponse sur un ton vexé, il y avait de quoi douter. Il n’allait pas s’en débarrasser si facilement, du Devyn têtu. Ouvre les yeux, Gale, tes oreilles surtout. Arrête d’entendre, écoute plutôt. William se passa de tout commentaire, cela ne ferait que mettre de l’eau dans le gaz, surtout qu’ils n’allaient pas se lancer dans un débat sur ce que Devyn pouvait faire ou non. Il était un adulte responsable et, aux dernières nouvelles, vacciné, mais là, William avait en face de lui un enfant de six ans en pleine crise. Mais le pire était à venir. William avait expliqué qu’il ne voulait pas faire venir Devyn à Londres pour le laisser seul à l’hôtel avec la tête grouillant de souvenirs, mais il ne voulait rien entendre. Pire que ça, au lieu de lui répondre, de dialoguer comme deux adultes, il lança la plus horrible chose qu’il pouvait imaginer entendre. La vie heureuse ne lui convenait pas. Devyn Gale, redescend tout de suite de ton nuage avant de te faire crier dessus, conseil d’ami. William écarquilla les yeux, un air complètement hagard scotché au visage. Sa mâchoire resta bloquée un instant, bouche-bée. Il cligna des yeux, se disant qu’il allait se réveiller, que ce n’était qu’un rêve dans lequel son cher & tendre perdait pieds. Réveille-toi Kane, debout, DEBOUT ! Mais non, il était bel & bien éveillé, et le Gale s’amusait à se flageller. Dépité, il articula ; « Comment peux-tu dire ça. » Comment pouvait-il oser lui sortir ça ? William n’en revenait pas. Comme si un type comme lui pouvait prétendre être plus heureux dans le malheur, justement. C’était aussi absurde que de dire que… Je ne trouve même pas de comparaison. « Tu t’es battu contre ce qui t’as fait du mal pendant des années. Je ne pense pas qu’un homme qui se donne corps & âme à ce point ai réellement envie de retourner voir ses démons. » William se doutait que le Gale disait ça sous le coup de l’émotion, énervé par ses propos. Mais quand bien même, ça le blessait. Il ne croyait pas qu’il pourrait réellement penser ses paroles, il espérait que lui non plus. Il perdit la notion du temps comme il partit dans ses pensées, ne revenant à la Lowell House qu’après que Devyn ai prononcé des excuses. William secoua négativement la tête, il n’avait pas craqué, mais parler du passé de Devyn était quelque chose qui le touchait plus que son propre passé. Sans doute parce que son histoire n’était pas aussi sombre, il avait la chance de toujours avoir sa famille, même si elle était à des milliers de kilomètres. Après ce moment dénué de la moindre parole, Devyn proposa de faire d’une pierre deux coups en allant à Londres. William irait voir sa famille & lui en profiterait pour tourner la page. Ca ne semblait pas une mauvaise idée, il fallait bien que le Gale se débarrasse de ses chaînes tôt ou tard. William ne sut trop quoi répondre, détaillant Devyn comme si cela pouvait lui permettre de cogiter plus vite, aller droit au but au lieu d’emprunter des dizaines de détours. Il voulait qu’il aille mieux, cela allait de soi. Il savait qu’il devrait faire ça seul, c’était sa vie privée, et même si William en faisait partie maintenant, il y avait une limite qu’il ne devait pas franchir, par respect. Paradoxalement, il n’était pas rassuré de le laisser faire ça seul, mais il n’avait pas le choix. Il serait toujours là le soir lorsqu’il rentrerait, s’il avait besoin de parler, de pleurer, de crier, quoique ce soit d’autre. Mais il comprenait qu’il ne pouvait pas participer à ça. Il espérait simplement que Devyn soit honnête avec lui, vu que William accumulait les remarques à ce sujet. Il n'était pas rassuré de le laisser seul une soirée, mais s'il tenait à faire ce travail sur lui-même le lendemain, par exemple... Il n'y voyait pas d'objection. Si Devyn était réellement prêt, comme il s'entêtait à le lui dire, et qu'il ne lui mentait pas... Alors il étai fier de lui & serait présent lorsqu'il en aurait besoin. Vaincu, il concéda à mi-voix ; « C’est d’accord. » Il n’avait pas eu aussi peur depuis le Summer Camp, lorsqu’il avait accepté de sortir avec Devyn sans savoir ce qui l’attendait. Il lui faisait confiance, il ne demandait que ça. Subitement, lorsque le Kane se mit à parler de sa famille, l’expression du blond changea du tout au tout. Il semblait partant pour venir, ajoutant que tout irait bien. Ca restait à voir, William connaissait sa famille sur le bout des doigts & il se doutait que ça risquait de faire des étincelles. Tant qu’il n’y aurait pas de départ de feu, tout irait bien, cela dit. « Merci. » souffla-t-il, si bas que c’en fut à peine audible. C’était fou d’être paniqué à ce point à l’idée de voir sa famille. Surtout que, si ça se trouve, ils accepteraient parfaitement Devyn & comprendraient les raisons du silence de leur fils… Non, j’idéalise un peu trop, là. Qu’importe, en quatre mois, ils pourraient se préparer un minimum. Forcément, il était rassuré que le Gale l’accompagne, mais lui allait être sujet au stress à son tour maintenant. Au moins, à deux, c’était plus simple de ne pas plier. Autant minimiser les risques au maximum, passer un coup de fil à ses parents ne serait pas de trop. Il céda donc ; « Je les préviendrait, ils ont joint leur numéro de téléphone. » Il déplia la lettre dans laquelle était glissée une petite carte de visite couleur crème. Il fit courir son pouce sur le numéro de téléphone, cinq heures de décalage flottaient entre Cambridge & Londres. Peut-être devrait-il attendre un peu avant d’appeler ?
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Majeur et vacciné ? Bien sûr que tu l'étais... quoi que l'on pouvait se demander si tu étais réellement vacciné en fait, vu ton état. Limite tu n'aurais pas été surpris de te voir dans la glace avec un filet de bave comme ceux atteints de la rage. Tu étais limite agressif envers William, même si tu n'étais pas aussi mordant que tu pouvais l'être parfois... même si c'était déjà trop envers lui. C'était la personne à laquelle tu tenais le plus, voire la seule, et c'était sûrement ce qui rendait le tout si virulent, par échange de proportions. Oui, tu n'étais qu'un gamin blessé, mais tu réagissais comme les prédateurs blessés : par l'attaque. Sortir que tu étais peut-être fait pour le malheur n'était peut-être pas la meilleure chose à faire au monde face au Kane, mais tu l'avais fait, à la fois par bravade... et par fausse certitude. Tu te disais que oui, tu semblais attirer le malheur comme un paratonnerre à emmerdes de dernière génération, et qu'il fallait bien t'y résigner. Tu étais heureux avec William, mais celui-ci voulait te repousser et t'empêcher de le suivre à Londres... et tu te disais que cela ne ferait qu'un échec de plus dans ta vie. Extrême ? Oui, en effet, fallait-il que tu t'en rendes compte en réalité, ce qui n'était pas le cas. Si William était extrême dans sa recherche de sensations, comme lors du Summer Camp... Tu étais toujours trop extrême dans tes émotions, ayant du mal à gérer le juste milieu si cela concernait des proches. Était-ce parce que cela faisait longtemps que tu en avais eu ? Possible. Toujours était-il que tu avais apparemment choqué William, vu la manière dont il se demandait comment tu pouvais dire cela. Tu aurais pu lui répondre que tu osais, tout simplement, mais tu n'avais pas lâché les chiens à ce point. Tu ne pus cependant rester plus silencieux lorsqu'il sous-entendit que tu voulais retrouver tes démons. Arrête de surinterpréter mes propos, je n'ai jamais dit ça. Tu n'avais jamais parlé d'avoir envie de les affronter de nouveau, simplement que ta vie semblait parfois être plus communément là-dedans que dans le bonheur. Qui pouvait aimer se complaire dans ses soucis ? Tu avais donc été relativement raide dans ta réplique, sans te tourner vers lui cependant, contemplant le paysage dans une vaine tentative pour te calmer. J'ai peut-être tendance à être faible dans certaines situations, mais je ne me complais pas dans le malheur. Mais le malheur semble se complaire chez moi... et tu ne peux pas le nier. Un léger rictus plus tard, et tout s'arrêta, aussi vite que cela était arrivé, par la blessure apparente de William. Tu n'étais qu'un chiot pleurnicheur, voilà tout ce que tu étais. Tu trouvais le moyen de te lamenter alors que tu avais tout pour être heureux, hormis le fait qu'il ne voulait pas que tu l'accompagnes à Londres bien sûr. Mais la seule chose que tu refusais, c'était bien de le blesser, et tu avais peur d'avoir franchi cette limite. Autant te rabattre ce que tu savais faire le mieux en cas de conflit, hormis la fuite où tu excellais : faire des compromis. Tu avais trouvé un peu de courage planqué au fin fond de ton esprit pour le fixer en retour, sans lâcher son propre regard, même si tu avais conscience que tout cela était bien fragile. Que ferais-tu s'il refusait même ce compromis qui te semblait raisonnable, vu que chacun y trouvait son compte ? Enfin, c'était plutôt à l'avantage de William pour être honnête, même si tu n'étais pas à l'aise dans ton mensonge. Et s'il s'en rendait compte, que tu étais tout sauf honnête envers lui ? Bien sûr que tu n'étais pas prêt à réaffronter Londres, tu ne l'avais jamais été et tu ne le seras sûrement jamais. Heureusement que tu savais bien te cacher derrière tes talents en théâtre, sans quoi tu serais déjà fichu. Pour toi aussi, ces 4 mois allaient te permettre de te préparer à tout cela, et ce ne serait pas rien... car oui, il avait fini par accepter ta proposition, et tu t'en sentais un peu mieux, lui lâchant même un léger sourire hésitant. Au final, en tout cas... Tu avais tout de même rassurer ton petit-ami, ce qui n'était plus si désastreux en fait. En échange de ses remerciements finalement pas si mérités vu tes mensonges, tu t'accroupis pour l'embrasser doucement, tâchant par là même de ne pas penser à tes bobards. Une fois à Londres, tout irait mieux, et il ne pourra pas revenir en arrière vu sa promesse, quelque soit ton état. Plutôt impersonnel la carte de visite. Cela t'avait échappé en voyant le petit morceau de papier sur lequel était écrit le numéro de téléphone de ses parents en belle écriture calligraphiée par ordinateur. C'était assez cruel de le lui faire remarquer, mais cette fois, ce n'était que pure maladresse. Désolé, c'est juste... très professionnel quoi. Tais-toi Devyn, tais-toi ou tu allais finir en chair à pâté dans deux secondes. Ou en tout cas, si tu voulais reparler, tâche de trouver une autre brillante idée. Il doit être 21h là-bas, ils ne devraient pas être couchés... et plus ta réponse sera rapide à venir, plus ils accepteront facilement, non ? On avait dit un autre sujet... Mais c'était tout de même déjà mieux, tu progressais. Tu t'étais même assis de nouveau à ses côtés sur le lit, ou plus exactement en tailleur derrière lui, posant ta tête sur son épaule.
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Cette conversation était stérile. William avait beau expliquer à Devyn ce qu’il avait voulu dire lorsqu’il avait dit ne pas vouloir l’emmener à Londres, mais les choses allaient de mal en pis. Devyn avait soufflé que, peut-être, la vie heureuse ne lui convenait pas vraiment. Jamais William n’avait entendu de telles conneries. Il avait vécu des choses horribles mais avait toujours eu la volonté de s’en sortir, alors entendre ça laissait penser qu’il voulait baisser les armes. C’était donc normal que le Kane y mette son grain de sel, il n’allait pas laisser Devyn débiter n’importe quoi puisqu’il était énervé. Peut-être même ne le pensait-il pas, mais quoiqu’il en soit, c’était dit & c’était blessant. Il s’apprêtait à répondre mais son petit-ami fut plus rapide. Ce qu’il dit n’était pas joyeux, soyons francs. Mais il avait raison. Il enchaînait les malheurs depuis qu’il était gamin, il y avait de quoi péter les plombs. Mais pourquoi là ? Sans doute parce qu’il supportait mal la frustration. Le refus de William avait eu un effet boule de neige et il réalisait que tout ce qu’il souhaitait c’était de ne pas le laisser seul. Pourtant, il ne l’abandonnerai pas, le simple fait de songer à envisager ça était ridicule. Pourtant plus le temps passait, et plus il se disait que c’était ça l’origine de ce bordel. La frustration du à sa peur de l’abandon. Il en avait vécu des départs, de quoi vous déglinguer complètement. Il était à vif maintenant parce qu’il l’avait repoussé. Mais il ne comptait pas l’abandonner, ça, jamais. Il secoua négativement la tête pour toute réponse, il ne pouvait pas le contredire. Même si cela l’étonna, il ne pouvait pas nier le fait d’être rassuré que Devyn retrouve son calme subitement. Il n’était pas habitué à le voir piquer une crise comme celle-ci & il perdait ses arguments au fur & à mesure que le temps passait puisque Devyn restait campé sur ses positions, ne voulant rien entendre. « C’est celles de mon père. Il les avait déjà quand j’étais gamin. » Il fronça les sourcils, se disant que là-bas, il retrouverait toutes ses affaires d’enfance. Connaissant ses parents, ils n’avaient rien du jeter de ce qui se trouvait dans sa chambre. Il n’était cependant pas contre d’y faire un petit tour, même si son frère se jouait de lui parfois, dans l’ensemble, son enfance avait été agréable. Il avait été en décalage par rapport aux autres, et alors ? Il s’en fichait d’être conventionnel ou non, il avait toujours fait ce qui lui plaisait. Enfin, dans l’ensemble. Être caissier au Sainsbury du coin n’était pas son rêve le plus fou mais il avait choisi de le faire pour se rapprocher petit à petit de son but. Aujourd’hui, il appréciait ses choix. « Non, tu as raison. Froid, austère, neutre, stérile. Un hôpital en carton quoi. » Il fit tourner le morceau de papier entre ses doigts, appuyant sa tête contre celle de Devyn lorsqu’il se posa contre lui. Il se raidit cependant lorsque le Gale proposa de les appeler, il était encore assez tôt selon lui. La carte se plia dans ses doigts, laissant une cannelure l’entrecouper. Il bredouilla ; « Ils pourraient être sortis, ils sortent souvent le soir. Ou ils pourraient dormir, ça leur arrive de se coucher tôt, et.. » Il sentait que ses arguments étaient plus mous que le morceau de carton, aussi il capitula ; « Bien. » Après tout, ça ne faisait jamais que quinze années qui s’étaient écoulées depuis la dernière fois qu’il avait entendu le son de leur voix, qu’il avait eu des nouvelles d’eux. Une broutille quoi. Il sortit son téléphone de sa poche, composant le numéro, il était fin prêt. Son pouce resta bloqué au dessus de la touche d’appel, incapable de sauter le pas. Finalement, il n’était pas si prêt que ça. « Je n’ai pas peur, hein. J’attends juste d’être vraiment prêt. » C’était un demi-mensonge, il attendait vraiment d’être prêt, par contre, il avait peur. Il savait que ce n’était pas en dix secondes qu’il pourrait abaisser son pouce sur la touche d’appel, dix mois, peut-être, mais pas moins. Mais là, il n’avait pas le choix. Il serra sa main libre pour qu’elle cesse de trembler, mais comme ça ne changea rien, il la plaque contre son torse et commença à torturer les Who. Il regarda Devyn par-dessus son épaule, il ne voulait pas le décevoir. Il retourna à son téléphone, murmurant d’une voix mal assurée ; « Bon ! J’y vais. » la fausse joie ne servait qu’à lui donner une contenance, ça ne serait pas de trop. Il appuya sur la touche après encore quelques secondes d’hésitation & il plaqua le téléphone à son oreille. Une sonnerie. Deux, trois, quatre. Je rêve ou c’est un déclic que j’entends là ?
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Peur de l'abandon ? Tu aurais lu dans la tête de William, tu aurais eu deux réactions simultanément. Oralement, tu te serais fichu de lui, en lui disant que tu lui faisais confiance et que franchement, tu n'étais pas de ce genre-là, que les attaches n'avaient jamais été pour toi vu qu'elles se défaisaient toujours trop rapidement et quand on en avait besoin. Bien sûr, cela aurait sûrement blessé William, mais vu la colère qui t'avait saisi... Cela n'aurait pas été la première fois en quelques minutes. D'un autre côté, intérieurement... Le discours aurait été inverse. Bien sûr que tu avais la trouille qu'on te laisse tomber. Même si cela avait toujours été de manière totalement involontaire et non souhaitée, tu avais tout perdu en l'espace de 18 ans, avec un pic à 10 ans : comment ne pas craindre que tout cela se reproduise plus vite que la moyenne ? William, cela faisait 8 ans que tu le connaissais, 8 longues années, et si on disait qu'après 7 ans tout était plus simple... on ne pouvait pas dire que tu correspondais vraiment aux statistiques à ce sujet. Tu avais tendance à tout raccourcir, et ce n'était pas parce que tu avais franchi un cap que tu allais être plus sûr de toi à ce sujet. Et s'il finissait par vraiment se demander ce qu'il fichait avec un gamin de 9 ans son cadet ? S'il finissait par se dire que tu étais réellement trop fragile et qu'il avait marre de te rattraper ou de te soutenir ? Tu lui avais confié toute ta confiance, tu la croyais bien placée... mais tous tes espoirs avaient toujours été déçus, pourquoi celui-ci serait l'exception ? Peut-être même que William en aurait marre un jour de tout cela, de ce manque latent de confiance en toi, en tout, et partirait pour être avec quelqu'un qui croquerait la vie à pleines dents sans autant cogiter que toi. Mais là n'était plus la question : tu étais beaucoup plus calme maintenant, à parler de cette fameuse carte de visite si professionnelle et pas si adaptée que cela pour un envoi à son propre fils. Heureusement qu'il ne prit pas cela comme une critique mais accepta ta maladresse, comme toujours, tu aurais l'air fin sinon. Si c'est la même carte... Le numéro doit être le même. Ils ont vraiment eu peur que tu aies supprimé leur numéro ? Quoique... C'était peut-être le cas, tu n'en avais absolument aucune idée. William ne te parlait que très peu d'eux, peut-être l'avait-il fait, même si tu en serais un peu déçu. Après tout, ses principaux griefs avaient été adressés à son frère, pas à eux, et tu n'aurais pas tellement compris un tel geste symbolique. S'éloigner d'eux, c'est une chose : les supprimer de sa vie, c'en était une autre. L'espace d'un instant, tu te demandas s'il ferait la même chose si vous vous sépareriez, mais effaças vite cette idée de ta tête : hors de question de t'empoisonner l'esprit avec ça alors qu'il semblait avoir besoin de ton aide. Froid comme un hôpital en carton, étrange description, même dans sa bouche. Pourquoi un hôpital ? Parce qu'il pensait que ce numéro réparait tous les maux en façade, mais qu'à l'intérieur c'était autre chose ? Possible, cela résumerait bien le ressenti qu'il t'avait fait partager auparavant. Mais tu avais oublié quelque chose : le Kane pouvait être très doué pour la fuite, quand il s'y mettait, tu en étais témoin lorsque tu proposas qu'il les appelle. Toutes ses explications étaient bancales, lui-même semblait s'en rendre compte vu qu'il s'arrêtait au milieu de ses explications. Ils pourraient aussi être partis en boîte de nuit pendant que tu y étais. Pas de moquerie dans ta voix cependant : tu comprenais son dilemme, et c'était à lui de choisir, pas à toi. Il semblait résigné cependant, et tu en eus un léger sourire intérieur. Il s fit d'autant plus amusé lorsque tu le vis rester le pouce en l'air, puis son autre main trembler. Wait... Ça par contre, ce n'était pas bon signe du tout. La saisissant puis la caressant dans un geste d'apaisement de nouveau tandis qu'il massacrait les Who à nouveau, tu eus un léger rire. Ce tee-shirt ne t'a rien fait tu sais. Détends-toi, ils ne vont pas te hurler dessus alors qu'ils ne t'ont pas entendu depuis plusieurs années et qu'ils t'ont redonné ce numéro pour être sûrs que tu les appelles. Enfin il sembla se décider, se motivant à voix haute tout en te regardant. Hochant la tête d'un air plus assuré que tu ne l'étais vraiment, tu l'embrassas sur la joue pour lui donner un peu de courage, même si tu n'en avais pas à revendre, le laissant attendre que quelqu'un décroche. Il n'avait pas mis le haut-parleur, mais tu entendis tout de même légèrement que les sonneries s'étaient arrêtés, et qu'un son plus modulé avait pris leur place : une voix apparemment. Bien sûr que tu n'allais pas demander à William de mettre le haut-parleur : c'était son moment. Tu t'écartas légèrement de lui, quittant le lit pour partir comme regarder ton meuble rempli de tes affaires. Tu ne voulais pas l'influencer, quoi qu'il fasse.
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William était sûr que la carte qu’il tenait entre les doigts était la même qu’il voyait trôner sur le bureau de son père. Il en était d’autant plus sûr qu’il connaissait le numéro de téléphone de ses parents et il correspondait. Ils lui avaient probablement joint dans le doute, car après quinze ans sans nouvelles, il y a de quoi se poser des questions. « Le numéro est le même. Tu sais, après un moment sans nouvelles, je comprends qu’ils aient renvoyé leur numéro. » Ce que Devyn ne savait pas, c’est qu’il y avait une dizaine d’autres petites cartes blanches tassées au fond du tiroir de la table de nuit. A force d’essayer d’appeler, il avait finit par connaître le numéro par cœur, mais jamais il n’était allé jusqu’au bout. Il savait que ne plus leur donner de nouvelles du jour au lendemain les blesserait, mais il savait aussi qu’ils ne cautionnaient pas son départ si soudain de la maison. Ils voyaient grands pour lui, la même chose que pour Mikey. Mais ce n’était pas ce à quoi il aspirait alors il avait coupé les ponts & plus le temps passait, plus il était dur de revenir vers eux. « Je la trouve impersonnelle. Impersonnelle & froide. » Comme un hôpital, en somme. En attendant, il allait devoir se décider à appeler. Là c’était différent, Devyn était à côté de lui, il ne voulait pas le décevoir en échouant une énième fois, bien que ce serait la première pour lui. Le Kane s’était emmêlé dans des tentatives d’excuses sans queues ni têtes, si bien qu’il avait lui-même lâché l’affaire, se résignant à composer le numéro. Le blond l’avait remarqué puisqu’il supposa que ses parents pourraient même être partis en boîte de nuit, il était imaginatif. William le poussa d’un coup d’épaule puis se concentra sur sa mission à accomplir. Le pouce flottant au dessus de la touche d’appel, il ne réussissait pas à trouver le courage nécessaire pour aller jusqu’au bout. Tout ce qu’il réussit à faire, c’était faire rire Devyn, tout ça parce qu’il passait son stress sur son tee-shirt. « Je sais, je sais. » Pourtant mieux valait qu’il torture son tee-shirt plutôt que de trembler comme une feuille, non ? A ses yeux en tout cas, la réponse était toute trouvée. Son stress n’était pas du à la peur de la réprimande, du moins, pas directement. Il se doutait que la première chose que ses parents lui diraient lorsqu’il appellerait ne serait pas Où étais-tu passé ?, non, ils attendraient qu’il soit en face d’eux pour ça. Ce qu’il craignait maintenant c’était le simple fait d’entendre leur voix après un si long blanc. Mais comme le Gale était là, il sauta le pas. Il colla le téléphone à son oreille, comptant les bips. Au cinquième, un déclic se fit entendre, juste au moment où Devyn s’éloigna. Il le suivit du regard, jusqu’à ce qu’il entende une voix grave annoncer ; « Bureau d’Arnold Kane, Trader indépendant. Que puis-je pour vous ? » Et là, blocage. Le nœud jusque là situé dans son estomac migra à la gorge, l’empêchant de parler. « Allô ? Vous m’entendez ? » Oui, je t’entends, papa. Mais je n’arrive pas à dire quoi que ce soit. « Si vous êtes en ligne, faites-vous connaître. Si ce sont encore les frères Cooper, je vous préviens que je vais appeler vos parents. » Non papa, ce ne sont pas les frères Cooper, c’est ton fils. « Bien ! Vous vous êtes bien amusés, au revoir. » William se leva d’un bond, lâchant ; « NON ! » Oops, un peu plus fort que ce qu’il avait escompté. Il s’assied lentement sur le bord du lit, s’éclaircissant la voix il demanda, d’une voix mieux maîtrisée ; « Ne raccroche pas. » A en juger par le silence au bout de la ligne, son père ne devait pas en revenir. Il demanda même, l’affublant d’un sobriquet ridicule, s’il s’agissait bien de William. Il répondit par l’affirmative, s’en suivit une longue discussion. Sa main avait même finit par abandonner les Who sans qu’il s’en aperçoive & il raccrocha lorsque son père lui dit qu’il était temps pour lui d’aller se coucher. Il reposa le téléphone sans un mot sur la couverture, fixa le vide un instant avant d’annoncer à mi-voix ; « Nous allons à Londres. » Il chercha le regard de Devyn, cette fois, c’était certain.
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C'est vrai que sans appek pendant des années, on pouvait supposer que la personne vous avait rayée totalement de sa vie et pourtant... William ne l'avait pas fait, et tu étais relativement content de cela. Non pas que tu voulais qu'ils soient blessés par eux de par le fait que tu sois avec lui, loin de là : tu savais simplement que les parents étaient irremplaçables, quels qu'ils soient, eux et leur comportement. Bien sûr, s'ils l'avaient vraiment humilié ou pire, tu n'aurais pas dit la même chose, mais ce n'était heureusement pas leur cas, contraire à son fameux frère chéri. Tu as une bonne mémoire pour te rappeler d'un numéro de téléphone des années plus tard. Toi... C'était tout juste si tu te rappelais de ton propre numéro alors... Mais tu n'utilisais pas tant que cela ton téléphone, ce n'était donc pas une grosse perte, tu étais juste un peu ridicule lorsqu'on te demandait ton numéro quoi. Mais oui sinon, cette carte était bien impersonnelle, tu étais quand même rassuré de voir William le confirmer alors que tu pensais avoir fait une bourde. Cela confirmait tes soupçons sur leurs idées en quelque sorte, même s'il ne fallait en rien faire de généralités. Enfin, de là à les imaginer en boîte de nuit, tu avais quand même bien du mal, ce qui te fut confirmé par leur fils qui te flanqua un petit coup d'épaule qui te fit lâcher un léger rire. Si cela pouvait motiver William à se détendre et à bel et bien passer ce coup de téléphone, tu n'allais absolument pas t'en priver. N'empêche qu'il avait au moins fini par y arriver, les bips résonnaient malgré le fait qu'il n'ait pas mis le haut-parleur du téléphone. Le téléphone sonnait, sonnait, sonnait... jusqu'à ce qu'une voix masculine se fasse entendre et que tu t'éloignes pour laisser un minimum d'intimité pour ce coup de téléphone. Le silence était cependant lourd et pesant, et tu sursautas lorsqu'il se mit à crier un "Non" pour le briser. C'était vachement rassurant dis donc, et tu mourrais d'envie de lui arracher ce fichu téléphone des mains pour mettre le haut-parleur... mais tu te retins. Ce serait relativement malvenu de ta part de t'incruster ainsi. Mais tu avais peur, peur que ce soit synonyme d'une bonne dispute au téléphone des deux Kane... et tu ne voulais pas que ta venue en soit responsable. Déglutissant difficilement, tu tâchas de ne pas écouter la suite de la discussion, attendant que William relâche son téléphone à la fin d'un appel. "Nous allons à Londres". Vous alliez à Londres. Bon sang... Il avait donc réussi finalement ? Tu t'étais tourné vers lui, mais il ne semblait pas lui-même convaincu par son acte. Tu esquissas un curieux sourire, à la fois amusé et hésitant, avant de retourner sur le lit, à ses côtés. Je suis fier de toi. Tu étais on ne peut plus sérieux, tandis que tu écartais doucement le téléphone pour ne pas le faire tomber. Tu n'étais même pas ironique, tu étais réellement fier que William ait appelé si rapidement. Il n'a pas mal pris le fait que tu sois avec un garçon en fait ? On ne passera peut-être pas une si mauvaise soirée après tout...
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Ca y est, le coup de téléphone était passé. Cela laissa le brun dans un drôle d’état, un mélange de soulagement, de joie & d’autres émotions contradictoires comme l’angoisse ou la tristesse. Certes, avoir appelé son père était une bonne chose pour le Kane, il allait renouer avec sa famille, il aimait vraiment ses parents & bien qu’il n’en parlait jamais, ils lui manquaient vraiment. Mais le contenu de leur conversation n’avait pas été vraiment claire, ils avaient parlés comme si de rien n'était. Ils avaient pris des nouvelles l’un de l’autre avec le plus grand naturel du monde, du moins de la part de son père. William, ça l’avait plutôt mit mal à l’aise. Il avait ainsi appris que son chat, Hercule, était toujours vivant & passait sa journée à roupiller sur son lit « qui est toujours intact, tout comme le reste de tes affaires, nous n’avons touché à rien. Tu pourras voir tout ça lorsque tu viendras, si tu veux. », que les Finn, ses voisins de toujours, avaient déménagés suite à la mutation de Monsieur pour l’Ecosse, que sa mère s’était mise à travailler peu après son départ parce que « elle se retrouvait seule à la maison, mais ce n’est pas de ta faute, Willy. Euh, pardon, William. Je sais que tu n’aimes pas ces surnoms ridicules. ». Bref, une joyeuse ribambelle de maladresses qui heureusement se sont un peu atténuées au fil de la conversation. Comme Devyn devait venir avec William à Londres, du moins, ce qu’ils souhaitaient, William en parla à son père. Enfin plus exactement, il lui parla du fait qu’il souhaiterait venir avec quelqu’un de très important pour lui, suffisamment important pour qu’il veuille partager Noël avec cette personne. Deux options sont alors envisageables ; soit son père a arrêté d’écouté lorsque William a dit qu’il viendrait pour les fêtes, soit il se fait un film & est à mille lieux d’imaginer que cette personne n’est pas une femme. Vu le ton joyeux qu’il avait soudainement prit, William ne sut trop de quel côté penchait le plus la balance. Sincèrement, il ne s’attendait pas à ce qu’il soit si démonstratif. Peut-être en oubliait-il que celui qui avait toujours eu du mal avec les démonstrations, c’était lui ? Quoiqu’il en soit, Devyn vint prendre place à ses côtés, balayant temporairement ses questions, ajoutant même qu’il était fier de lui. Il lui fit un petit sourire sincère, peu de gens auraient été si empathique alors qu’il ne s’agissait que d’un coup de téléphone. Maintenant, désolé mon grand, mais il se pourrait que le Kane ait omis de préciser la nature du lien qui vous reliait lui & toi devant son cher papa. Se rendant compte de l’ambigüité dans laquelle ils étaient maintenant, il soupira ; « Je ne pense pas qu’il ait compris. Il était survolté, je pensais que seule ma mère pouvait crier aussi aigu que ça. » un sourire déforma un coin de ses lèvres, ébauche qui s’estompa peu après. Il poursuivit ; « Il avait l’air content, vraiment. On a d’abord parlé comme si on s’était quittés la veille, mais chaque fois quelque chose venait tout plomber. Par exemple, il m’a appelé Willy, et je détestais ces surnoms quand j’étais gamin, toujours autant aujourd’hui mais… Bref, il s’en est souvenu & a aussitôt rectifié le tir. Il a aussi dit que ma mère s’était remise à travailler parce qu’elle se sentait seule après mon départ de la maison, et il m’a aussitôt déculpabilisé. » Il prit une profonde inspiration comme pour pouvoir mieux assimiler tout cela avant de dire ; « On aurait dit qu’il avait peur que je raccroche d’une seconde à l’autre. » Et ça lui fit froid dans le dos, commençant à réaliser qu’il leur avait filé entre les doigts sans leur laisser la chance de parler alors qu’au final, eux n’y étaient pour rien. Il était jeune à l’époque & s'il ne regrettait pas ses choix il regrettait sa manière de les avoir exécutés.
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