If we hold on together ▬ Apple

Je cessai de faire tourner mon portable entre mes doigts, appuyant mes lèvres dessus alors que soudainement, je me faisais envahir par toutes sortes de pensées qui n'avaient rien d'heureux. Encore une fois je la faisais souffrir en lui refusant ce qu'elle voulait, et le plus ironique dans tout ça, c'était que j'en souffrais aussi. Mais j'étais déprimé, je ne pouvais décemment pas la laisser revenir vers moi alors que j'étais dans cet état plus que lamentable, n'est-ce pas ? Elle ne semblait pas le voir, ou en tout cas elle ne me demandait rien là-dessus. Apple que faut-il que je fasse ? Dis-moi de me jeter tout de suite dans la rivière, je le fais. J'avais peur, j'étais triste, fatigué, lassé par ces batailles constantes contre les défis de la vie. Et pourtant, même si l'idée d'abandonner m'était venue plusieurs fois à l'esprit, je ne cédais pas, je me disais qu'il y avait forcément encore un peu d'espoir pour sauver mon cas. J'avais vraiment fui Apple suffisamment pour qu'elle ne se doute de rien ? A cette pensée, je réalisai que je voulais qu'elle m'aide et soit à mes côtés, c'était ce que je voulais, oui. Mais je ne pouvais pas le lui imposer et c'était un lourd fardeau, une inquiétude constante. A l'heure actuelle j'étais prêt à parier que Keanu et Anya retournaient Harvard pour vérifier que je n'étais pas en train de mettre fin à mes jours quelque part. Je sentis mes yeux s'humidifier alors que je ne bougeais toujours pas, m'efforcer de ne pas laisser les larmes couler. Je ne bronchai pas en entendant Apple se lever et me rejoindre, me tendant le bijou que je lui avais offert en Thaïlande. C'était le bracelet que Damian m'avait donné à mon anniversaire en me disant de l'offrir à celle que j'aimais. Je relevai les yeux vers la jeune femme avant de détourner vivement le regard, le cœur battant et retrouvant finalement les yeux secs.

« Non, je te l'ai offert. Garde-le. »

(Invité)

À quoi est-ce que j’étais entrain de penser ? J’avais froid, peur mais j’en avais marre. Je n’avais plus rien à perdre puisque j’avais déjà tout perdu. Je retirais ce bracelet qu’il m’avait offert, après tout ça lui appartenait et je n’avais pas à posséder un cadeau de sa part. Et puis de toute façon, que je le garde ne me ferait qu’encore plus souffrir. À tous les jours je me rappelais de Thaïlande qu’à regarder ce bijou, alors continuer de le voir pour me rappeler toute ma vie de comment j’ai été stupide ? Non merci. J’avais déjà la certitude qu’on ne se reparlerait plus jamais désormais. Il ne me voyait comme plus rien du tout, il ne voulait même plus qu’on soit amis.

Je lui tendais le bracelet en attendant qu’il réagisse. Il releva les yeux vers moi, sans bouger. Puis son regard retomba, j’étais redevenue invisible. Non, je te l'ai offert. Garde-le. de mon côté je continuais de le fixer, sans cligner des yeux… J’hallucinais ? Je n’étais pas une amie, puis maintenant il voulait que je garde son bracelet. Je soupirais et fermais les yeux. Tout ça me mêlait tellement… À quoi il pensait ? Si seulement je pouvais le savoir, peut-être que je pourrais l’aider. Je l’ai pris par le poignet et lui déposais le bracelet dans la paume de sa main. J'insiste.

J’avais le cœur à la gorge, l’envie de pleurer était revenue et cette fois je ne me sentais pas capable de retenir mes larmes. Je me redressais ensuite d’un coup, levant les yeux pour tenter de tenir un peu plus longtemps. Au fait, félicitations, pour le mariage... je parlais évidemment de la rupture. Voyant qu’il réagissait à peine je me retournais et commençait à marcher pour rentrer chez moi, les larmes coulant à flot sur mes joues.

(Invité)

Je voulais qu'elle le garde, ce bracelet. Damian me l'avait donné en me disant de l'offrir à celle que j'aimerais toujours, et Apple était mon premier amour, je savais qu'elle ne quitterait jamais mon coeur. Aussi douloureuse soit cette pensée. Parce qu'elle était le mien, mais je n'étais pas son premier. Elle en aimerait d'autres après moi et garderait de bons souvenirs, mais sans plus. J'étais vraiment égoïste de vouloir qu'elle n'aime que moi, pas vrai ? Même si je la rejetais, je voulais pouvoir dicter sa vie. Sauf que ça ne fonctionne pas ainsi... Elle ne m'appartenait tout simplement plus, je n'avais plus mon mot à dire. Quel échec cuisant que de réaliser que l'argent ne peut pas tout acheter. Elle me prit la main et y mit le bracelet de force. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Elle voulait tout oublier, faire comme si nous n'avions jamais été ensemble ? Se débarrasser de tout ce qui se rattachait à moi ? Je sentis ma gorge se nouer alors que mes doigts se refermaient sur le bracelet et que je ne l'entendais pas me féliciter pour avoir brisé les fiançailles avec Elysia. Me féliciter pour quoi de toute manière ? Je m'étais débarrassé d'un mariage et désormais, j'étais plus seul que jamais. Personne n'arrivait à me comprendre, et pour tout avouer, je ne me comprenais pas toujours moi-même. Alors comment les autres le pourraient-ils ?

« Apple ! »

Je relevai lentement les yeux vers elle et la dévisageai, elle n'était plus à côté mais était encore assez proche pour pouvoir m'entendre normalement. Je détournai les yeux pour fixer à nouveau la rivière et mon poing se resserrant sur le bracelet.

« Tu avais dit que tu n'abandonnerais pas. »

(Invité)

De quelle humeur étais-je ? Je ressentais la lassitude, la tristesse et la frustration, mais aussi la colère. J’étais en colère contre moi-même, car j’aurais pu, de toute évidence, éviter notre rupture. Peut-être qu’au fond, tout est de ma faute. Je n’ai pas utilisé les bons mots pour le retenir et le tatouage n’a pas aidé du tout. D’ailleurs, est-ce que l’autre jour sous la douche, c’était la première fois qu’il le voyait ? Je n’en savais rien du tout, mais ça n’avait plus d’importance maintenant.

Je marchais du sens opposé d’Andy mais mes pas étaient loin d’être rapides. Je me laissais trainer les pieds, en fait. Je ne voulais pas le quitter, c’est lui qui m’obligeait à le faire. Et désormais, je n’étais plus sienne, je n’étais même plus une amie. Andy et Apple, deux personnes qui n’ont absolument rien à voir… Ça me faisait encore plus pleurer, rien qu’à y penser. Je devrai le croiser dans les couloirs et le voir avec d’autres personnes que moi… ça me dégoûtais.

- Apple ! je m’arrêtais, sans me retourner pour autant. J’avais le cœur à la gorge, j’hésitais à me retourner. Tu avais dit que tu n'abandonnerais pas. je fixais le sol et essuyai mes larmes en reniflant. Finalement je me retournai : J’suis désolée Andy… j’essuyais mes yeux mouillés et le sourit, j’étais vraiment très mal à l’aise… à quoi il jouait ? Je ne voulais pas... j't'ai dans la peau. je déglutis péniblement.

(Invité)

Qu'est-ce que j'attendais d'elle ? Je ne le savais pas moi-même. Je ne voulais pas qu'elle parte, mais avais-je pour autant envie qu'elle reste ? Je voulais tellement tout lui dire, mais j'avais aussi tellement peur d'être un fardeau pour elle. Je ne voulais pas qu'elle passe son temps à s'inquiéter pour moi, qu'à chaque fois qu'on se dirait au revoir, elle se demanderait si je ne suis pas en train de faire une connerie. A chacun ses problèmes, n'est-ce pas ? Je posai à nouveau les yeux sur elle en entendant sa réponse, la fixant sans broncher. Je l'avais retenue mais je ne savais plus quoi lui dire. je ne pouvais pas lui dire que c'était réciproque, ça lui donnerait sans doute envie de rester. Et elle ne savait pas ce que j'avais, ça se voyait. Je ne pouvais pas la retenir sans qu'elle sache ce qu'elle aurait à affronter, un nouvel obstacle et pas des moindres. Je finis par détourner les yeux à nouveau, regardant mes pieds et reprenant la parole, incertain.

« Apple, si... si j'allais très mal, tu resterais quand même ? »

Je pinçai les lèvres et ne bougeai plus. J'avais la sensation d'être complètement brisé et pour une raison qui m'échappait, je voyais déjà Apple me piétiner pour me rendre encore plus mal que je ne l'étais. Pourquoi est-ce que j'imaginais ça ? Apple ne voulait pas me faire de mal et je le savais, c'était absurde. Et pourtant cette crainte, cette incertitude, refusait de me quitter ; c'était comme si désormais elle ne faisait plus qu'un avec moi-même et qu'elle ne cesserait pas de m'influencer, toujours.

(Invité)

Il m’avait empêché de partir, bien que je n’en aie pas envie de toute manière. Mais je ressentais l’envie de pleurer revenir me chercher en courant, heureusement qu’il me parlait cette fois. Les paroles me gardaient occupée, tant dis que le silence était dévastateur. Il m’avait dit que je l’abandonnais et c’était peut-être vrai… J’abandonnais l’idée de le rendre heureux, car il me repousse et ne semble pas en vouloir. J’étais déçue, parce que j’étais prête à tout… Trop c’est comme pas assez.

- Apple, si... si j'allais très mal, tu resterais quand même ? je le dévisageais quelques secondes en repassant cette phrase plusieurs autres fois dans ma tête. S’il allait mal, si je resterais. Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’il voulait me dire… il allait mal ? Mais pourquoi ? Il avait mis fin à l’alliance, quel autre problème avait-il ? Je me pinçais les lèvres et croisait les bras, prenant quelques temps pour réfléchir… Rien ne me venait à l’esprit, du moins rien que je me rappelle. Évidemment. lançais-je. Je devais prendre une chance. Qu’est-ce qui me ferait partir de toute manière ? La seule chose qui pouvais nous séparer, selon-moi, c’est s’il me repousse sans cesse comme il le fait… s’il dit qu’il ne veut plus de moi. En fait, quand j'y pense... il n'y a pas grand-chose qui me ferait partir à part si tu m'le demande. je déglutis. C’était une bonne, ou une mauvaise réponse ? ... tu... tu vas mal ? Qu’est-ce que tu as ?

(Invité)

Les secondes qu'Apple prit pour réfléchir me parurent sans doute être les plus longues de toute mon existence. Allait-elle fuir, finalement ? Ou allait-elle rester ? Pourquoi était-elle si longue à répondre ? Peut-être réfléchissait-elle aux mots qui me feraient le moins mal pour me dire que je serais trop un poids pour elle. Je sentis ma gorge se nouer et même si je ne parlais pas, je savais qu'il était peine perdue d'essayer, aucun son ne sortirait de ma gorge. Et puis la réponse tomba, elle resterait. Je sentis mon cœur louper un battement mais je ne bronchai pas, restant immobile alors que la jeune femme reprenait la parole, développant sa réponse puis semblant s'inquiéter de ma question. Qu'est-ce que j'ai ? Les derniers mots que j'ai dit à Cora étaient ignobles. J'ai poussé Elysia à faire une tentative de suicide et le destin me punit en me rappelant toutes les nuits l'état dans lequel je l'ai trouvée. Je ne cesse de me rappeler à quel point je suis indigne de ma famille à chaque fois que je croise Rose et que je me rappelle de la chaleur de sa peau. Je fais souffrir mon entourage et chaque erreur que je commets me hante et m'obsède, ne me lâche plus. J'ai énormément de démons, voilà ce que j'ai... Mais je ne pouvais pas tout lui dire ainsi. Je sentis ma gorge se serrer et j'enfouis mon visage dans mes mains en soupirant, luttant contre ma respiration qui s'écourtait et m'annonçait l'arrivée des larmes. Je ne voulais pas pleurer, je ne le voulais plus, j'en avais assez de ne faire que ça depuis déjà trop longtemps. Je finis par relever la tête vers Apple, ouvrant la bouche puis la refermant. Je n'arrivais pas à le lui dire. Avouer son problème c'est admettre qu'on en a un. Je fuyais encore ? Apparemment. Je baissai de nouveau les yeux, fixant le bracelet que je tenais toujours en main.

« Viens contre moi... s'il te plaît. »

(Invité)

Si je prenais autant de temps à répondre, c’est parce que j’essayais de me mettre à sa place. Si pendant deux secondes, j’y arrivais, alors peut-être que j’arriverais à comprendre ce qu’il a. À chaque fois que je me sentais un peu plus près de la réponse il m’avoua qu’il n’y avait pas que ça. Mais bordel, notre relation était donc plus compliquée qu’elle en avait l’air ?

Si seulement je savais, pour la dépression. Je n’aurais jamais cru qu’il en faisait une, parce qu’à mes yeux Andy est la personne la plus forte que je connaisse. Me voir moi, à sa place, je serais probablement déjà en burn out depuis très longtemps. Tant de haine, de fierté gravite autour de lui… Et je n’ai pas la moindre idée de comment il fait pour vivre comme ça, à détester constamment le trois-quarts du monde. Le pire, c’est que ce n’est même pas ça le problème.

Après lui avoir dit que je ne l’abandonnerais pas, lui avoir demandé ce qui n’allait pas, je le sentais totalement… ramolli. Comme s’il avait été rassuré. Je fronçais les sourcils, cherchant toujours à comprendre. Est-ce qu’on parlait de notre « couple », là ? Ou on parlait en tant qu’amis ? J’eus ma réponse, du moins j’ai pu en déduire, une fois qu’il leva la tête pour me regarder un moment, avant de rebaisser les yeux vers ce bracelet que je portais quelques minutes plus tôt. Viens contre moi... s'il te plaît.

J’avais envie. Terriblement envie. Mais à la fois je ne voulais pas me relaisser tomber dans ses bras et qu’il me repousse de nouveau comme il l’avait fait sous la douche… J’étais peut-être trop naïve, perdu, mais j’en avais tout autant besoin que lui. Sans me poser trop de question je redéposais mes choses sur le sol et m’approchai de lui afin de m’asseoir juste à côté, toujours hésitante.

- Tu t'rappelles, une fois je t'ai fait part en SMS que j'avais peur, pour le mariage... je pris mon portable en tentant de retrouver les SMS, elles datent du 21 Mars. "J'ai peur qu'il n'y ai aucune excuse suffisante qui pourrait stopper le mariage..." commençais-je. Je levais les yeux pour le regarder, avant de poursuivre la lecture. "Lâche pas l'affaire, j'vais forcément trouver quelque chose.", "J'lâcherai pas aussi facilement. Tu m'as pendant des années, j'espère que t'es prêt muahah !" je déglutis. "Au même titre que j'espère que tu es prête à me supporter ahah." je m’arrêtais à ma réponse et pris une grande inspiration. "Je guérirai toutes tes grippes d'homme, c'est promis mon cœur, haha.", "C'est la première fois que tu m'appelles comme ça, j'aime."

Je levais les yeux à nouveau vers Andy en souriant. C'était une promesse.

(Invité)

Tout s'écroulait. C'était ça, mon monde entier perdait tout son éclat pour ne pas dire qu'il s'écroulait littéralement. Je ne me voyais plus comme digne de quoique ce soit et même mon trio avec Keanu et Anya, je ne voyais pas pourquoi j'en faisais partie. Pourquoi s'attachaient-ils à moi ? J'avais commis tellement d'erreurs et Anastasiya me l'avait bien fait comprendre quand je lui avais tout raconté pour Apple. J'étais arrivé à un stade où je n'estimais plus pouvoir avoir le pardon de qui que ce soit, je n'estimais même pas en avoir le droit, j'avais fait tellement de mal que je ne méritais pas qu'on allège ma souffrance. Et comme si ça ne suffisait pas, j'étais en train de demander de l'aide à Apple. Pourquoi ? Je n'en savais rien, je voulais être seul et c'était pour ça que je l'avais rejetée, mais je voulais qu'elle soit avec moi et c'était pour ça que je revenais toujours vers elle pour finalement la rejeter encore et encore... Je lui faisais tellement de mal en agissant ainsi, et je me faisais aussi tellement souffrir. C'était ça ? Je devais saigner pour purger ma peine ? La souffrance, je l'avais fui tellement souvent, limitant mon cercle d'amis par peur d'être trahi, enfermant mon cœur et ne l'ouvrant que difficilement à Apple par peur qu'il ne finisse en miettes, acceptant mon mariage avec Elysia pendant deux ans par peur des représailles de mes parents. Représailles que j'avais d'ailleurs failli subir. Elysia avait sauvé mon nom, sauvé mon avenir alors que j'avais failli détruire le sien. J'étais définitivement pitoyable.

Je rangeai mon portable dans ma poche lorsqu'Apple s'approcha pour s'asseoir près de moi, évitant pourtant tout contact. J'étais soulagé autant que j'en souffrais et je ne pus m'empêcher de soupirer, lassé de ces éternels sentiments contradictoires qui m'envahissaient à chaque fois qu'un mouvement était fait autour de moi. Tout me paraissait tellement fade depuis quelques temps, j'étais fatigué, épuisé. Plus rien n'attisait ma curiosité ou mon attention et j'avais abandonné mon rêve de partir dans l'espace. J'avais touché le fond ? Oui, c'est ça. J'étais fini, fait comme un rat, piégé par mon propre complot contre le monde que j'avais voulu maîtriser, et j'avais lamentablement échoué.

Les sms qu'Apple lut me rappelèrent plein de souvenirs, c'était juste avant la Thaïlande, juste avant la descente aux Enfers de notre couple que j'avais détruit et enterré dans l'espoir que lui ne revienne pas me hanter. Pourtant c'était le cas, tous les jours je me demandais si ça aurait été différent, si j'aurais pu tenir, si Apple aurait surmonté l'épreuve de ma dépression et qu'actuellement j'aurais son soutien. Je mis les mains devant mon visage, masquant ma bouche et mon nez, expirant profondément et espérant tenir le coup, mais ce ne fut pas le cas, les mots d'Apple me firent trop de mal et de bien à la fois. Je fermai les yeux et sentis les larmes couler le long de mes joues alors que j'oubliais l'extérieur, contenant le sanglot qui menaçait d'éclater et me faire franchir la limite que je m'autorisais. Si tu ressens l'envie de pleurer tu dois te laisser aller, m'avait dit le thérapeute. Ça limitera le sentiment de frustration que tu ressens, avait-il ajouté. Mais je m'y refusais, j'étais déjà pitoyable, alors fondre en larmes devant Apple ? J'attrapai la main libre de la jeune femme et la portai à mes lèvres, ayant désormais rouvert les yeux et fixant la rivière, les larmes coulant toujours sur mes joues. J'entrouvris la bouche dès que j'eus réussi à maîtriser un peu mieux ma respiration et qu'un mot daigna bien se faire entendre.

« Merci. »

(Invité)

Rien. Je n’avais besoin de rien… Avant cette nuit-là, je n’étais pas dépendante du tout. En fait, je n’ai jamais été dépendante à Ocean, je passais beaucoup plus de temps avec mes amis qu’avec lui. En quoi étions-nous un couple ? Ça n’a jamais paru mis à part le dernier mois. J’étais prête à me donner à lui mais la vérité m’a rattrapée. Il me trompait et j’ai même eu droit à un léger avant-goût.

Torrey n’appréciait pas tellement Ocean. Elle avait l’impression qu’il était mal honnête et je ne parlerai même pas de Damian. À chaque fois que je parlais de lui il grinçait des dents, ça se voyait qu’il ne l’appréciait pas bien qu’il ne m’a jamais avoué quoi que ce soit. J’étais « heureuse »… mais le mot ne sera jamais aussi fort que ce que lorsqu’Andy et moi étions ensemble. Cette impression de retourner à l’adolescence, de faire des folies, se laisser aller. La moi d’il y a quelques mois n’aurait jamais cru qu’elle aimerait lui faire l’amour jusqu’aux petites heures du matin, passer quelques heures l’avant-midi allongée toute nue dans ses bras. C’est quelque chose que je découvrais avec lui et j’adorais ça. Quelque chose que je n’aurais probablement pas autant appréciée avec Ocean.

Une fois les SMS lu, je rangeais mon portable. Andy était silencieux, la main posé devant sa bouche et son nez. Je tournais les yeux et constatai qu’une larme roulait sur sa joue. Je me pinçais les lèvres et déviais le regard pour fixer le sol, ne voulant pas perturber son intimité. Qu’est-ce qu’il se passait ? Il allait vraiment mal, alors ? Je me sentais vraiment chamboulée, le voir pleurer m’avait fait un sale choc. Pendant tout ce temps, que je me plaignais, je n’avais même pas vue que quelque chose clochait chez lui.

Sa main attrapa la mienne par surprise, je levais donc les yeux pour voir ce qu’il en est. Il caressait mes doigts avec ses lèvres et je le dévisageais quelques secondes avant de sentir mon cœur se retourner. C’est que je n’aimais pas le voir dans cet état… et ça m’avait convaincu que désormais, je ne l’abandonnerais pas. Même s’il m’en supplie.

- Merci.

Je restais encore là, un moment à le regarder. Le temps s’était arrêté et c’était le silence à Charles River. « Merci », mais pourquoi ? Je n’avais absolument rien fait d’extraordinaire… Je craquais un sourire en coin avant de reprendre ma main, pour m’aider à me glisser face à lui, à genou. J’essuyais mes mains moites sur mon pantalon avant d’essuyer ses larmes, puis d’encadrer son visage.

- C’est correct de ne pas être correcte parfois, tu sais… je lui souris et sentis mes yeux s’humidifier. J’avais appris ça ces derniers temps… grâce à lui. Il m’avait laissé et j’ai cru que la terre s’écroulait. Je n’ai jamais été aussi triste de toute ma vie. Mais je serai là. Même si tu ne veux plus de moi, c'est correcte... Je t'attendrai. J’ai toujours ma promesse à tenir. J’ essuyais mes larmes avant de m’asseoir devant lui, le regardant droit dans les yeux. Je t'aime.

(Invité)

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