Don't make me say it again ♡ BLARSHALL

J'avais voulu virer Marshall de mon lit mais au fond je pouvais pas faire ça. Il ne bougea pas et ça me saoulait. Qu'est-ce que j'aimerais avoir la force d'Hercule pour l'expulser à l'autre bout de la pièce, ou même le renvoyer à Cambridge, ça m'arrangerait. Le jeune homme me saisit les poignets et j'hésitais à essayer de le pousser avec mes genoux mais à quoi bon essayer, j'étais une crevette et il avait beaucoup plus de force que moi. Même avec une main blessée. Tu ne vois jamais rien, c'est bien ça le problème! il me relâcha et je sursautai presque tellement il était en colère. Je le regardais s'asseoir avec un air d'incompréhension. Il reparlait encore de Dorian. Mais qu'est-ce qu'on s'en fout! Il a vraiment merdé et en plus de ça je savais même pas où il était. Explique-moi alors. répondis-je en mode désespérée en regardant le plafond, comme si regarder cette surface m'aidera à me détendre. Inutile de revenir sur le sujet Dorian.

«Tu ne vois jamais rien, c'est bien ça le problème! » Vas-y, dit ce que tu veux Blaise. Qu’est-ce que j’en ai à faire au point où on en est. J’me tiens les genoux comme un gamin au bord de la crise. Comme un gamin qui a besoin de sa mère pour dormir et merde, c’est pratiquement ça en vrai. Parce que j’sais plus quoi faire ou quoi dire et que peu importe qui essaie de me remonter les bretelles, c’est jamais trop ça. «Explique-moi alors. » Je tourne lentement la tête vers elle et la dévisage un moment. Elle est sérieuse là? J’viens pas d’lui dire que Dorian m’a coupé l’envie? Y’avait un truc qu’était pas clair? Je serre les dents et inspire un coup. Malgré tout, j’sens que j’lui dois cette explication-là. « J’en ai marre que tu crois que j’veux te faire du mal et que j’me fou d’toi okay? Si j’suis là, c’est certainement pas parce que j’me fou d’te sentiment. Blaise, si les choses étaient si facile, j’te retournerais tes paroles. » Je la regardai un moment, prenant une pause avant de poursuivre. « Mais j’me connais, je sais qui j’suis et comment j’suis et présentement, j’peux pas. J’peux pas te promettre de t’être fidèle, okay? »

J'attendais des explications et pas des accusations et des excuses bidons comme utiliser Dorian. Je soupirais puis Marshall répondit enfin. Là je peux vous dire que mes oreilles s'étaient agrandies et que j'avais tout retenu. Le fait de savoir qu'il ne s'en foutait pas de moi me réchauffait le coeur. Mais rapidement, je sentis de nouveau la douleur. J'aurais pu encore m'énerver sur lui, le foutre dehors ou je sais pas quoi. Mais non, je restais près de lui et vu son état j'allais essayer de le rassurer. Je devais rassurer un mec qui ne voulait pas de moi car il allait me tromper? Hein? M'en fou. Je me redressais sur mes genoux pour me mettre contre son dos et je glissais mes bras sur ses épaules pour l'enlacer, ma tête nichée à côté de la sienne. On regardait dans la même direction. Je le sentais un peu tremblant, ou alors c'était moi qui le faisait tremblant parce que je tremblais. Calme-toi Marsh... je regrettais maintenant de lui avoir imposé ça. Non mais quelle conne. C'est pas grave... j'veux pas te forcer ou quoi que ce soit. Je voulais juste... laisse tomber. terminai-je en retirant une main pour venir essuyer une larme qui venait de couler. Au moins il ne me voyait pas pleurer.

Étrangement, je m’attendais à l’entendre gueuler. À ce qu’elle veuille m’arracher la tête et me dise de sortir d’ici vite fait bien fait avant d’me foutre une gifle. Mais non. Rien d’tout ça. Pas même un cri. Elle vient derrière moi et m’enlace. La tête sur mon épaule et les bras autour des miens, elle regarde juste devant et je sais qu’elle sait que je tremble et que j’suis à bout. J’ai les nerfs en boule, mes sentiments font les montagnes russes et j’ai envie de chialer. « Calme-toi Marsh... » Et étrangement, hors de toute attente, j’me calme un peu. Juste un peu. « C'est pas grave... j'veux pas te forcer ou quoi que ce soit. Je voulais juste... laisse tomber. » Elle devrait pas être celle qui me réconforte. Ce devrait être l’inverse. Mais j’avoue que pour une fois, j’me sens plutôt bien que ce soit comme ça. J’m’empêche pas d’lui dire quand même. « T’aurais voulu qu’on soit ensemble. Que j’t’avoue enfin que j’t’aime. » Oh merde. J’me tais, ferme les yeux très fort et me crispe en espérant qu’elle n’a rien entendu.

Marshall n'allait pas bien et je le voyais seulement maintenant. Je l'avais engueulé comme de la merde sans savoir que ça pouvait l'atteindre. C'était pas sensé être un mec insensible? Maintenant j'allais arrêter de penser ça. Il est quand même venu me voir à Paris et je peux pas dire que ça ne signifie rien pour moi. Je souris doucement à sa révélation alors que je ferais bien de pleurer. Je l'aurais jamais à moi toute seule. Mais je comprenais quand même pas. Je me détachais de lui pour venir lui faire face en s'asseyant en face de lui. Il restait toujours dans cette même position flippante. Si tu m'aimes, pourquoi tu continues à vivre ta vie de coureur de jupons? T'as pas envie d'un peu de changement? mon regard chercha le sien. Moi je serais prête à tout pour qu'on essaye quelque chose. On s'aime merde! Quitte à souffrir après, au moins j'aurais pas de regret d'avoir essayé de le changer. Je tirais sur sa main qui était crispée dans sa jambe et je glissais mes doigts dans les siens. Je sais que tu ne me tromperas pas. j'étais beaucoup trop optimiste là je pense.

Blaise me contourna, venant face à moi alors que j’aurais largement préféré qu’elle reste derrière. Comme ça au moins, je n’avais pas à la regarder. Même si je ne la voyais pratiquement pas. Même si elle ne pouvait pas vraiment discerner mon visage dans la pénombre. «Si tu m'aimes, pourquoi tu continues à vivre ta vie de coureur de jupons? T'as pas envie d'un peu de changement? » Je secouai négativement la tête. Bien sûr que j’aurais voulu du changement. Mais chassez le naturel et il revient au galop. J’avais bien test deux fois, je savais comment ça allait finir. Et je ne voulais pas faire la même erreur qu’avec Leyna. Doucement, elle prit ma main, décrispa mes doigts et y mêla les siens. Je les regardai en silence toujours avec le poids de mes révélations sur les épaules. « Je sais que tu ne me tromperas pas. » J’eu un rire bref, las, totalement fatigué. « Tu t’trompes… » et ce n’était même pas méchamment que j’disais ça. Je le savais et c’est tout. Parce que c’est le genre de chose qui allait arriver à coup sûr. Parce que j’pouvais pas m’empêcher de baiser ou même de flirter avec d’autre… Pas encore en tout cas.

Mais pourquoi il est si défaitiste? Dire qu'avant il était venu me voir car il voulait redevenir le Marshall d'avant et maintenant il en avait plus rien à foutre. Je m'en voulais de l'avoir remballé à ce moment là, quand il avait besoin de moi. Tant pis, c'est trop tard Blaise, c'est toujours trop tard. Il répondis d'une façon que j'appréciais pas mais je pris sur moi. Alors c'est tout? Tu aurais pu t'abstenir de venir si c'est pour entendre ça. c'était méchant et c'était comme ça que j'étais quand on me foutait les nerfs. Je pensais pas dire ça un jour mais... ça semblait être la meilleure chose à lui dire en fait. Je relâchais sa main et je regardais partout sauf lui. Je vais t'oublier non je veux t'oublier, j'ai l'impression d'aimer un fantôme. j'avais le coeur serré, l'estomac noué, bref chaque partie de mon corps souffrait.

Contrairement à ce qu’elle pourrait croire, j’étais loin d’avoir changé d’avis. Je voulais toujours redevenir le mec d’avant. Le truc, c’était que même à cette époque j’faisais que coucher à droite à gauche. C’est pas d’hier que j’suis incapable d’me poser. Et c’est pas pour rien que j’ai pas eu de p’tite amie avant mes 23 ans merde! Si j’ai voulu changer, c’était pour arrêter d’être un connard. Arrêter d’me foutre de tout. Et pour ça, j’crois que j’ai fait pas mal de chemin. Sinon quoi? J’serais pas ici. Encore moins à deux doigts de chialer. «Alors c'est tout? Tu aurais pu t'abstenir de venir si c'est pour entendre ça. » Je fermai les yeux en me collant la langue au palais, ravalant les paroles acerbes qui me venaient à l’esprit. Une seconde elle me poussait en bas du lit, l’autre elle me réconfortait et voilà qu’elle ressortait les dents. Faut savoir là! Elle lâcha ma main et se détourna. «Je vais t'oublier non je veux t'oublier, j'ai l'impression d'aimer un fantôme. » Je secouai la tête. « Là aussi tut t’trompes. » Parce que j’étais loin d’être un fantôme et surtout parce qu’elle n’allait pas m’oublier. Elle ne le voulait pas et ne le pouvait pas. Je me retournai vers elle et prit son menton entre mon pouce et mon index. « Tu m’as obligé à l’dire, maintenant va falloir que t’assume. Et si t’es pas capable d’attendre eh bah c’parce que tu m’aimes pas vraiment. » J’avais parlé d’un ton dur, sans équivoque. Mais j’avais les nerfs à fleur de peau et j’en pouvais plus de jouer au chat et à la souris avec elle.

Je regardais la pluie qui s'abattait toujours contre la fenêtre et le ciel devenait peu à peu clair. Cela faisait combien de temps qu'on se prenait la tête? Et Dorian? J'étais qu'une égoïste et une idiote par la même occasion. Je me trompais? Il me disait clairement qu'il voulait pas de moi, c'est la première fois qu'on me dit non, j'ai le droit de décider d'abandonner ou pas. Marshall attrapa mon menton pour m'obliger à la regarder. Moi aussi je pouvais serrer les dents. Ce qu'il me dit, ça c'était pas cool. J'avais trouvé plus égoïste que moi. Je fronçais les sourcils. Tu crois que je vais t'attendre pendant que tu sautes tes plans culs? Tu crois que je passe pas assez pour une conne dans l'histoire? Je chassais sa main et je me levais du lit pour me mettre devant la fenêtre en mettant mes mains dans les poches de mon pull. On dirait qu'on joue dans une émission de mtv. Ma preuve d'amour serait de l'attendre? Je pourrais pas l'oublier c'est ça qui me tue. Je soupirais. D'accord. je repensais à ce que m'avait dit Skylar et j'allais pas me gêner pour essayer d'accélérer le processus.

«Tu crois que je vais t'attendre pendant que tu sautes tes plans culs? Tu crois que je passe pas assez pour une conne dans l'histoire? » Je ne relevai pas, sachant qu’elle disait ça plus par frustration de ne pas avoir ce qu’elle voulait que parce qu’elle le pensait vraiment. Je n’ai pas vraiment de plan cul comme elle le dit si bien, mais bon, au point où on en est, j’suppose que ça change rien. Elle se leva, chassant ma main et se plantant devant la fenêtre. Je la suivis du regard avant de me lever lentement à mon tour. Je la rejoins sans grande conviction alors qu’elle murmurait presque. «D'accord. » D’accord? Je me plantai derrière elle et, faisant comme elle un peu plus tôt, passai les bras autour de ses épaules en posant ma tête près de la sienne. Je n’osais pas poser de question, présumant que c’était sa façon de me dire qu’elle attendrait.