Je rigolais très légèrement en l’écoutant et surtout en la voyant sautiller sur son siège. On aurait dit une enfant à qui l’ont venait de proposer de passer une journée dans un grand parc d’attraction. « Tu ne me feras jamais honte Elisandra ! » lui dis-je avant d’appeler les Weyss pour prendre rendez-vous à la mairie. « Tu m’en voudras pas, j’ai demandé à ton frère et à sa belle-sœur d’être nos témoins mais je peux appeler une autre personne si tu veux » lui dis-je un peu embêté d’avoir pris la décision unilatéralement.
« Vrai, je te ferais jamais honte, tu peux le certifier ? » s’amusa-t-elle à répondre tout en sentant la hâte croître au fil des secondes. « Tu plaisantes ? C’est parfait ! Je pensais pas qu’ils accepteraient aussi vite… je veux dire, avec mon jumeau c’est un peu bizarre encore mais je suis toute émue ! Xavier, vous me donnerez le bras dites ? » demanda-t-elle au passage car après tout, il avait été davantage un père pour elle que son véritable géniteur ne l’était actuellement…
« Je peux le certifier ! » lui assurais-je avec un sourire tendre, rassuré par la suite qu’elle ne m’en veuille pas. Bien sûr, j’éprouvais une pointe de tristesse à l’idée que ma petite sœur n’assisterait pas à mes noces mais dans l’état actuel des choses, elle s’était mise à l’écart toute seule. Comment accepter qu’elle puisse être témoin de mon bonheur avec Elisandra alors que manifestement, elle ne l’acceptait pas ?! On ne pouvait pas tout avoir dans la vie. « C’est la boutique dont tu parlais ? J’espère qu’ils auront une robe à ta hauteur ! »fronçais-je les sourcils.
« T’es un ange » répondit-elle en s’emparant à nouveau de ses lèvres pour mieux acquiescer au passage. « C’est bien la boutique ! Ecoute, fais-moi confiance et je vais tâcher d’être à la hauteur de Monsieur Holmes ! » reprit-elle pour mieux filer illico presto, demandant de l’aide à la vendeuse en exprimant ses souhaits au niveau de sa robe. Par chance, elle pourrait être coiffée et maquillée sur place… la classe ! C’est ainsi que quelques minutes plus tard, elle parvint belle comme un ange devant Hippolyte, le cœur battant. « Je te plaît ? »
« Je te fais confiance, c’est simplement que je veux le meilleur pour toi »me justifiais-je. J’avais toujours eu un goût prononcé pour le luxe depuis que j’y avais goûté. Je voulais le meilleur car longtemps, j’en avais été privé –même si à côté de cela, j’aimais la simplicité d’une existence lambda à une vie de riche héritier. Poussé par Xavier, je me laissais entrainer dans un shopping rapide pour me trouver un costume et j’arquais un sourcil. « Ce n’est même pas sur mesure »pestais-je mais je fis comme si de rien n’était, payant nos achats sans rechigner et j’en fus récompensé en la voyant revenir vers moi, aussi belle qu’un ange. « Tu es magnifique… Ouah »lâchais-je avant de prendre sa main pour y déposer un baise main. « Tu es prête ? »
« Je sais, c’est pour ça que je t’aime ! » avoua-t-elle avant de disparaître pour mieux revenir en grandes pompes, tournant sur elle-même pour bien se montrer à son futur époux qui sembla conquis, et la fit rougir au passage avec son baisemain. « Bah dis donc tout ça pour moi ! T’es encore plus beau qu’un prince, tu sais… moi je suis plus prête que jamais et toi, pas de doute de dernière minute ? »
« Aucun doute. Je n’ai jamais été aussi sûr de moi qu’en ce moment. Cela fait quatre ans que j’attends patiemment pour t’épouser, ce n’est pas pour reculer maintenant »avouais-je avant de poser ma veste sur ses épaules. Il faisait un peu froid ce soir et je ne voulais pas qu’elle attrape froid en traversant la rue pour se rendre au City Hall. « Ton frère et sa femme nous attendent déjà à la mairie alors allons-y »l’informais-je en lui tendant mon bras. Puis, notre petite cortège traversa la rue où nous attendait le maire de Cambridge ainsi que deux de ses adjoints. Je m'adressais d'ailleurs au premier en aparté pour lui demander une petite faveur de dernière minute qu'il accepta avant de rejoindre ma future femme.
« Ta patience va être récompensée ce soir en tout cas… je crois qu’on ne pouvait pas imaginer meilleure façon de finir la soirée ! » fit-elle valoir en souriant de plus belle une fois qu’il eut mis sa veste contre ses frêles épaules, extrêmement prévenant envers elle, comme toujours. Autant dire que c’est le cœur battant qu’Elisandra parvint en compagnie d’Hippolyte et de Xavier jusqu’au City Hall, où tout ce beau monde les attendaient de pied ferme. Elle embrassa Caleb et Thaïs avant d’accepter le bras de son majordome jusqu’à la place réservée à la mariée. « Tout va bien ? » demanda-t-elle cependant à l’attention d’Hippo, ayant parlé au Maire en aparté quelques minutes plus tôt.
« Tout va parfaitement bien »la rassurais-je sans plus m’étendre sur la question. En réalité, j’avais simplement demandé au Maire de me préparer un document pour qu’un deuxième témoin puisse signer car j’avais bonne espoir que ma sœur finisse par se ranger à mon opinion concernant Elisandra. J’avais besoin de me dire que tôt ou tard, Dina accepterait ce mariage et signerait en qualité de témoin. « Nous sommes tous prêts et réunis pour célébrer le mariage de ces deux personnes. Ah le futur marié me fait signe d’abréger, je crois qu’il est pressé d’épouser cette demoiselle. Passons à l’essentiel dans ce cas : Elisandra Sonja Haraldsen, consentez-vous à prendre pour époux Hippolyte Stavros Kostas Holmes ici présent, de le chérir dans la pauvreté comme dans la richesse, dans la santé comme dans la maladie et de lui rester fidèle jusqu’à ce que la mort vous sépare ? » demanda le Maire de manière très officielle à ma fiancée. J’attendais sa réponse, fébrile.
« Bien sûr que oui, plus que jamais » fit-elle sans attendre, d’un ton on ne peut plus assuré après le discours très solennel de Monsieur le Maire, qu’Hippolyte avait presque interrompu tant il semblait pressé. « Et vous, Hippolyte Stavros Kostas Holmes, consentez-vous à prendre pour épouse ici présente, Elisandra Sonja Haraldsen de la chérir dans la pauvreté comme dans la richesse, dans la santé comme dans la maladie et de lui rester fidèle jusqu’à ce que la mort vous sépare ? » reprit-il en se tournant désormais vers Hippolyte, l’air tout aussi solennel tandis que c’était au tour d’Elisandra d’être fébrile.