[x Wyatt] ­─ différence de longueur d'ondes

« Faut avoir confiance en toi et tout ce passera bien » J'esquissai un sourire. « J'essaierai. » répondis-je en souriant, tandis que nous continuions de marcher. « T’es sûr ? » « Oui, t'inquiètes pas! » dis-je d'une voix motivée, reprenant un peu de ma phénoménale énergie. Allez Despe, on se motiiiive. « Je suis polonaise. » répondis-je en accentuant un peu ma phrase de cet horrible accent qui s'apparentait en quelques sortes à de l'allemand, avant de rire doucement. « Et toi, de quelle partie du globe viens-tu? » C'était quelque chose que j'adorais à Harvard, le fait de croiser des étudiants d'absolument partout. Cela diversifiait les rencontres, les cultures, c'était amusant de savoir qu'autour de nous gravitaient des gens qui auparavant avaient sûrement vécu à des milliers de kilomètres de nous. D'ailleurs, en cherchant bien, un grand nombre de mes amis viennent de pays différents, je crois que peu sont nés dans les alentours.

« J'essaierai. » Je n’étais pas vraiment convaincu, mais autant la croire. Par la suite, je lui demandais d’où est-ce qu’elle venait. « Je suis polonaise. » Ce n’était pas la porte à côté. Son pays ne lui manquait-il pas ? Mes parents vivaient à plusieurs millier de kilomètre de Cambridge et malgré cela, ma ville natale me manquait. Heureusement, j’avais pu aller les voir récemment. « Ça ne te manque pas trop ? » Je n’y avait pas fait attention, mais maintenant qu’elle me le disait, j’avais crus entendre un accent prononcé. Comme ne m’y étais-je pas rendu compte plus tôt. « Et toi, de quelle partie du globe viens-tu? » Je me passais une main dans les cheveux, avant de répondre. « Je suis américain, mais je viens du Nouveau-Mexique à Roswell » Dite la capitale des OVNIS.

« Ça ne te manque pas trop ? » « Pas tellement, j'ai rien laissé là-bas. » répondis-je seulement. C'est vrai qu'à part mon ex, je n'avais plus personne là-bas. Et encore faudrait-il qu'on soit resté en contact. Et mes parents.. non, mes parents, je ne voulais pas aller les voir. Ni même prendre contact avec eux. Même si j'avais fait exprès d'accentuer énormément ma dernière phrase, j'avais toujours un petit accent qui hachait mes mots sans que je ne m'en rende tellement compte. Ca me semblait naturel. « Je suis américain, mais je viens du Nouveau-Mexique à Roswell. » « Oh, je vois! » répondis-je, repérant à peu près la ville dans ma tête. « Tu y retournes parfois? » demandais-je également. Car je me doutais bien que si certaines personnes comme moi ne souhaitaient pas tant retourner chez eux - surtout que l'europe, c'est loin-, d'autres devaient sûrement s'y presser lors des vacances ou des week-end qu'ils avaient de libre. « Au fait, quelles études suis-tu, à Harvard? » Cela pouvait sembler assez bateau comme question, mais au vu des très nombreuses filières disponibles dans l'université, il n'y avait que l'embarras du choix, et ainsi, on croisait tout de même peu de gens faisant les mêmes études que nous, lorsqu'on y faisait attention. A part Jeanne et Justine, bon nombre de mes amis étaient dans des filières totalement éloignées de la mienne.

« Pas tellement, j'ai rien laissé là-bas. » Et sa famille ? Je ne voulais pas poser la question, de peur de paraitre indiscret. Je me contentais de faire un signe de tête. « Oh, je vois! Tu y retournes parfois? » Je venais d’une famille aux revenus moyen. Aussi, je n’avais pas l’argent pour descendre souvent. « Je suis descendu cette semaine, mais généralement, je les vois durant les grandes occasions » Dont celle-ci. J’allais être père et je n’avais pas eu le choix de les mettre au courant. « Au fait, quelles études suis-tu, à Harvard? » J’étais ravie d’échanger avec une nouvelle personne et je me demandais bien ce qu’elle étudiait. « C’était ma prochaine question sur la liste »[/color] disais-je riant faiblement. « Archéologie et Histoire. Et toi ? »

« Je suis descendu cette semaine, mais généralement, je les vois durant les grandes occasions » J'esquissai un sourire plutôt doux. J'aurai aimé, moi, avoir de bonnes relations avec mes parents, aller les voir, leur raconter mes problèmes, ma vie, mes moments de joie.. mais ce n'était pas possible. Parce qu'ils ne m'adressaient pas la parole sauf pour essayer de m'acheter. Pour moi, être d'une riche famille ne m'apportait aucun avantage, et je n'en tirais aucun mérite. « C’était ma prochaine question sur la liste » dit-il avec un léger rire. « Désolée de t'avoir devancée, alors! » répondis-je, enjouée. « Archéologie et Histoire. Et toi ? » Oh, alors ainsi, il était dans la filière historique? « Psychologie et sociologie. » l'informai-je. J'aimais bien ce genre de conversations simples, les rencontres, en elles-même. Découvrir de nouvelles personnes, c'était devenu quelque chose de commun pour moi, mais je parlais rarement plus de deux minutes avec ces personnes. Alors qu'avoir des discussions avec quelqu'un de "nouveau", c'était bien plus intéressant, bien plus agréable.

« Désolée de t'avoir devancée, alors! » J’esquissais un sourire, avant de continuer en lui donnant les réponses qu’elle voulait. « Psychologie et sociologie. » Intéressant comme choix de filière. « Et c’est pour faire quoi comme métier ? » Il y avait pas mal de possibilité comme être psychologue. Quant à moi, je voulais être archéologue, mais avec cette grossesse imprévue, j’avais signé un contrat avec l’équipe professionnelle de natation à Boston. Dans les deux cas, j’avais deux solutions pour mon avenir. Après tout, Harvard m’avait donné une bourse grâce à la natation. J’adorais se sport, mais je préférais être archéologue. C’était un métier qui me convenait parfaitement. Néanmoins, je risquais d’être souvent absent et je me demandais comment est-ce que j’allais faire avec un enfant. Torrey le garderait avec elle, mais n’en souffrira-t-il pas ?

« Et c’est pour faire quoi comme métier ? » « C'est parti pour être psychologue, en tout cas. » souriais-je. Cette décision, c'était mon ex qui m'avait aidée à la faire, et j'avoue que c'est un peu sur un coup de tête que j'avais commencé à étudier la psychologie, surtout pour aller contre mes parents, mais finalement, ça m'avait plu. Alors que nous continuions de marcher, un silence prit place et je remarquais que Wyatt semblait un peu perdu dans ses pensées. « Quelque chose te préoccupe? Enfin, sans vouloir être indiscrète, hein.. » dis-je, avant d'esquisser un léger sourire. Je ne forcerai jamais personne à me répondre, après tout. Mais c'était dans ma nature, de le demander. Dans cette université, tous avaient, ou commençaient à avoir, un certain nombre de problèmes, qu'ils soient d'ordres familiaux, amicaux, même amoureux. Et c'était dans l'ordre des choses, car personne ne vit une vie sans embûches. Personnellement, je m'en tirai plutôt bien, si on oubliait ma famille et les différends que j'avais eu à cause de mon caractère -qui n'étaient pas uniquement avec Théophyl, bien évidemment-. J'étais plutôt sage, comme fille. Sage, mais qui prend parfois des décisions un peu à l'arrache, si on repense à un certain épisode il y a un bon moment, avec un certain Mather. Mais bon, on fait avec, c'est pas comme si j'avais le choix, d'assumer ces actes.

« C'est parti pour être psychologue, en tout cas. » Ce n’était pas un métier facile, du moins, selon la filière choisi. Puis, il fallait avoir le don pour bien conseiller les autres. « Tu te spécialise dans quel domaine ? » J’étais curieux de nature. C’était un trait de ma personnalité qui ne changerait jamais. C’est pour ça, que j’étais fait pour l’archéologie. « Quelque chose te préoccupe? Enfin, sans vouloir être indiscrète, hein.. » Apparemment, elle avait vraiment l’intuition pour ce métier. Comment avait-elle vu que ça n’allait pas ? Certes, ma vie était un bordel monstre depuis plusieurs semaines. Chose dont, je n’étais pas habitué. Bon, la malchance était un domaine qui me connaissait, mais dans cette situation, je ne savais même pas si on pouvait parler de malchance. Selon Torrey, c’était le destin. Je n’étais pas vraiment prêt à me confier sur ce sujet. C’était bien trop tabou. Aussi, je préférais bifurquer sur autre chose. « T’inquiète, rien de grave. Enfin, je viens de signer pour entrer dans l’équipe de natation professionnelle de Boston, mais je me demande comment je vais faire avec mes cours et le club d’Harvard »

« Tu te spécialise dans quel domaine ? » « Plutôt psychologue-clinicienne, en fait. » Il y avait des gens qui voulaient devenir psychologue pour animaux, d'autres pour conseiller uniquement sur les choix d'avenir, moi, ce qui m'intéressait surtout, c'était d'aider les autres, en général. Aussi, parce qu'en grandissant, j'avais commencé à m'attacher à un trait particulier des gens. Leur regard. Les yeux dévoilent tout, du plus infime sentiment à la plus grande des détresses. C'était dingue, et pourtant, c'était vrai. « T’inquiète, rien de grave. Enfin, je viens de signer pour entrer dans l’équipe de natation professionnelle de Boston, mais je me demande comment je vais faire avec mes cours et le club d’Harvard » C'était un peu compliqué, comme situation, effectivement. « D'un côté, je dirais que c'est vraiment génial, mais c'est vrai que de l'autre, c'est particulièrement compliqué. » Je réfléchissais. Parce que je réfléchissais sur tout, même quand je ne devais pas forcément le faire. « Et tu n'as aucun moyen de concilier les deux, j'imagine. » dis-je alors, comme si je me parlais à moi-même. Il faut absolument que j'arrête de me mêler de tout, mais en même temps, je ne le pouvais pas. J'étais comme ça.

« Plutôt psychologue-clinicienne, en fait. » Un choix intéressant. Je ne m’y connaissais pas vraiment, mais cela me parlait. C’était un peu comme le psychologue que j’avais eu, après l’attentat à la bombe. Continuant de marcher, sa question me prenait de cours. Elle avait remarqué que quelque chose n’allait pas, comme si j’étais déconnecté. Je préférais détourner le sujet sur mon entrée dans l’équipe de Boston. « D'un côté, je dirais que c'est vraiment génial, mais c'est vrai que de l'autre, c'est particulièrement compliqué. » Oui, c’était une très bonne nouvelle, mais c’était compliqué à cause des aménagements d’horaires. « Et tu n'as aucun moyen de concilier les deux, j'imagine. » J’abandonnais déjà un job pour celui-ci. Au début, je n’allais surement pas être très bien payé. Néanmoins, je savais que j’allais devoir faire des choix. « Si bien sûr, mais ça risque d’être compliqué. J’ai un job au cinéma en plus de ça, mais bon. Bref, je ne veux pas t’embêter avec ça. » Il y avait pire dans le monde que les problèmes de Wyatt Guerin.