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J'avais le sang qui me montait à la tête, et c'était plutôt désagréable. J'avais pas à m'énerver comme ça, putain, du moins pas à ce point, parce que je montais en intensité à chaque parole que je prononçais. Et bordel, et s'était mise à pleurer, et ça, ça me fendait le cœur en deux. Enfin, mon cœur, il était déjà en mille morceaux, mais le peu qui restait, ça le bouffait encore plus. Je devais me calmer, je devais, mais j'y arrivais pas. Bizarrement, y'avait que contre Athina que je m'énervais. Devant personne d'autre, jamais. C'était là tout notre paradoxe ; j'crois qu'on s'aimait, mais on se faisait morfler. Je peux pas dire pourquoi, je peux pas. Je lui en voulais comme je n'en avais jamais voulu à qui que ce soit, et pourtant, j'avais ce truc en moi qui me criait, qui me hurlait que j'étais trop con parce que je l'aimais trop et que les choses n'auraient jamais du se passer ainsi. Mais là, tout de suite, je la détestais, je la détestais du fond de mes tripes. Du coup, j'étais travaillé par plein de sentiments contradictoires, j'avais une folle envie d'essuyer ses larmes, mais comme j'étais en train de craquer, j'avais encore plus envie de hurler, de lui faire ressentir la détresse dans laquelle j'étais. Ah d'accord. Parce que tu considères que tu peux te taper deux personnes à la fois ? Tu te prends pour qui, au juste ? Tu crois que c'est possible entre nous alors que tu sors avec ce connard ? Tu crois que c'est si simple, que tu peux claquer des doigts et que j'tombe à tes pieds ? Nan nan, c'est pas comme ça que je vois les choses, alors c'est simple, tu vois. C'est lui ou moi. C'est pas nous. Pigé ? Non, même si ça m'faisait mal, j'voulais pas être le second sur la liste. J'voulais pas passer derrière son Ruben de merde quand elle avait besoin de moi. C'était exclu, complètement. Alors je m'étais passé une main sur le visage, j'avais besoin de me faire physiquement du mal, mais là, j'pouvais pas. J'étais coincé, coincé entre ces murs et Athina, entre mes sentiments et ma raison. Putain, j'ai compris, merde, j'suis pas débile ! Tu veux pas le quitter, bah parfait, le quitte pas, mais n'attend RIEN de moi, parce que j'suis pas ton chien, et ça a visiblement du mal à rentrer. JE SUIS PAS A TES PIEDS. Ouais, ça, j'essayais de m'en convaincre, mais bien sûr que si, je l'étais. Je luttais en moi pour ne pas l'être, je faisais ce que je pouvais, mais si elle m'avait demandé de faire quoi que ce soit, je crois que je l'aurais fait. Parce que tout était flou, à nouveau, je savais plus rien. J'étais perdu. Elle arrivait à me perdre et j'étais incapable de trouver une échappatoire. Arrête, arrête tes conneries, putain. J'peux plus entendre de tels trucs, parce que si c'était vrai, on n'aurait JAMAIS eu cette discussion. Discussion, joli euphémisme pour dire qu'on se bouffait et que ce n'était pas prêt de s'arrêter. Bah me pardonne pas, écoute, j'm'en fous, j'peux rien faire de plus. Là, tu vois, j'peux pas changer les choses, alors si tu tiens à me rappeler ça tout le temps, lâche l'affaire, sinon je t'assure que je vais vraiment m'énerver. Tu veux que j'y fasse quoi, là, tout de suite ? Tu crois que j'vais me contenter de subir ça à chaque fois que t'as envie de m'en foutre dans la gueule ? J'veux dire, je m'en étais tellement bouffé les doigts, je m'en bouffais encore les doigts aujourd'hui, alors c'était bon, j'avais eu ma dose ! Pendant trois ans, trois ans j'avais essayé sans succès de ne plus penser à ça, j'avais essayé d'oublier, j'avais fait mon possible, et tout bonnement, j'pouvais pas supporter le fait qu'elle songe à potentiellement me le refoutre dans la gueule. D'accord, j'avais agi comme le pire des bâtards, mais sérieux, est-ce que ça devait nécessairement me suivre toute la vie ? Ouais, bah dis-moi ça, ouais, parce que c'est ce qui s'passe, là, tu vois, t'agis pas autrement. Alors ton mal tu te le causes toute seule. Là, par contre, je m'en voulais vraiment. Mais vraiment beaucoup. J'avais pas prononcé le mot "salope", mais ça voulait tout dire. Oh putain. En plus, elle commençait à sortir des bouteilles. Qu'elle se saoule, tiens, j'avais déjà vu ça chez moi. Alors comme ça, elle picolait ? Grande nouveauté. Bordel, qu'est ce que j'avais envie de la bouteille, là. Mais c'était pas correct, ni elle ni moi n'avions à fuir cette discussion. J'veux dire, on se crachait tout à la gueule, c'était les quatre vérités, on n'avait jamais été aussi sincères l'un envers l'autre. Ah ouais, tu crois que c'est le moment de picoler ? Tu tiens vraiment à finir comme chez moi ? En dehors de ça, j'avais pas fait un seul geste pour la retenir. J'voulais pas l'approcher, j'voulais pas la toucher, et en plus, je mourrais d'envie d'avoir sa bouteille dans les mains.
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