(+ Caleb) Everything was so perfect... but it's over now.

Thaïs l’accompagnait, certes, mais plus il lui expliquait, plus elle se figeait à vrai dire. A la fin de ses propos, son réflexe fut de le serrer contre elle, tandis qu’elle retenait péniblement ses larmes. Que pouvait-elle faire de plus à part lui prouver qu’il n’était plus seul ? Certes, légalement ils n’étaient plus mari et femme mais leur histoire dépassait de très loin un simple papier… « Je ne peux pas te faire oublier tout le mal qu’il t’a fait mais pourquoi tu ne m’as jamais dit ça quand je te poussais à chanter ? J’aurais arrêté en sachant ça. Tu sais Caleb, tu rends un bien meilleur hommage à ton meilleur ami en donnant son prénom à ton fils plutôt qu’en ressassant de tels souvenirs… à mon sens. Je crois que j’en viens presque à jalouser Nicolaï qui doit bien mieux trouver les mots justes pour te soutenir. »

Thaïs ne comprenait pas que justement avec elle, je vivais les choses autrement. « J’aime chanter pour toi. Au contraire. En réalité, durant des années, j’ai vu la chanson comme un acte de torture car à chaque fois je voyais son regard lubrique se poser sur moi. Avec toi, c’est différent, pour la première fois après des années, je retrouvais le plaisir de chanter pour quelqu’un… Tu as redonné de la douceur et de l’amour à des choses qui me dégoutait et tu te trompes, Nicolaï n’a jamais su m’apporter le réconfort que tu me donnes » avouais-je en la serrant dans mes bras pour mieux l’embrasser avec une tendresse indicible. «Nicolai est une sorte de tonton manipulateur, un mentor. Toi, tu es l’amour de ma vie. En te quittant, je voulais t’épargner l’enfer, préserver cette innocence en toi qui m’aide tant à supporter ma noirceur. En te quittant, c’était comme une assurance vie. Je ne sais pas comment  t’expliquer mais j’avais besoin que tu restes à l’écart de ce monstre car je savais que tu étais la seule à pouvoir me sauver derrière. Tu m’as dit que je n’avais pas confiance en toi alors que c’est tout le contraire. Je savais qu’à la fin, tu serais celle qui me sauverait »

Thaïs prit le visage de Caleb en coupe d’un air nettement plus déterminé. « Sauf qu’il ne m’atteindra pas Caleb. Par contre, en me laissant derrière, tu risquais que je ne revienne jamais, que j’en reste à toutes ces horreurs que tu m’avais dites… si tu veux que je continue à veiller sur toi et à faire en sorte que tu vois la vie d’une façon positive, il faut que tu sois mon roc oui mais que tu me laisses être le tien et que tu arrêtes de me cacher des choses. Je peux encaisser, j’ai plus de force que tu ne le penses et il y a de nombreuses choses que je peux supporter surtout pour nous. Mais si tu me laisses derrière… ça ne sert à rien. »

« J’ai toujours pensé que le rôle d’un mari était de protéger sa famille… Tu es mon roc même si je ne le montre pas Thaïs. C’est vers toi que je me tourne lorsque ça ne va pas mais j’ai paniqué. Il m’avait dit tellement d’horreurs, il m’a fait subir tellement de choses… Je ne pouvais pas courir le risque qu’il puisse te toucher. Je n’aurais jamais pu vivre en sachant qu’il t’avait brisé mais je n’avais jamais songé que le danger pouvait venir de moi, que je serais celui qui te briserai et je crois que c’est d’autant plus dur pour moi de vivre avec cette responsabilité »murmurais-je en la serrant dans mes bras, blottissant ma tête au creux de son cou. « Je sais que tu aurais pu encaisser beaucoup de choses mais je n’ai pas la même force que toi Thaïs…Je ne pouvais pas te laisser te sacrifier par amour, jamais »

Thaïs ferma un instant les yeux en le serrant contre elle, le cœur battant, oubliant tout ce qu’elle avait pu penser ces dernières semaines car cela ne semblait pas être la vérité. Caleb se battait à sa façon, même s’il ne possédait pas les mêmes réflexes qu’elle. « Tu m’as poussée à encaisser beaucoup de choses pourtant, rien que ce fameux soir où tu m’as montré froidement les papiers du divorce. Je crois que l’on pourrait débattre de la chose mille ans, ça ne changerait pas le passé… tu ne peux pas revenir sur la décision que tu as prise et moins non plus, mais tu peux décider de ce qui se passera ensuite. En restant loin de moi c’est notre histoire, notre amour, notre famille que tu sacrifies et fondamentalement… tu me prives de ce qui me donne envie de vivre et ce qui m’empêche d’avoir envie de me mutiler. »

« J’ai envie de revenir à la maison Thaïs »soufflais-je contre son cou en la serrant davantage contre moi. Oui, je voulais revenir dans sa vie, dans son cœur, dans son lit. Bref, je voulais revenir tout simplement près d’elle. « Je n’ai pas envie d’être loin de toi. Je suis fatigué de me battre contre mes démons. Je veux juste pouvoir t’aimer tout simplement et vivre près de toi et de nos enfants. C’est tout ce que je désire, c’est tout ce dont j’ai besoin. Etre avec toi »murmurais-je avant de me reculer pour prendre son visage entre mes mains. « Est-ce que tu crois qu’un jour, nous pourrions être à nouveau heureux ensemble ? Au fond de ton cœur, tu crois que c’est possible ? »

« Je n’ai pas envie d’être loin de toi non plus Caleb… » articula-t-elle avec difficulté, sous le coup de l’émotion alors qu’elle le regardait droit dans les yeux sans détour aucun, tout en caressant délicatement ses deux mains enserrant son visage. « Je n’ai jamais douté que ce soit possible. Peut-être que je suis trop naïve ou que je crois trop aux contes de fées mais je n’ai jamais douté de nous. Je veux que tu reviennes à une seule condition : que tu me promettes que tu vas arrêter tes conneries parce qu’il n’y aura pas de prochaine fois… si tu oses m’abandonner à nouveau ou me sortir de telles horreurs, je peux t’assurer que je ne ferais qu’une bouchée de toi » précisa-t-elle mortellement sérieuse, afin que Caleb prenne conscience que Thaïs avait diablement morflé et qu’elle n’accepterait pas ses bonnes excuses une fois encore.

« Promis. Je préfère encore m’enfoncer un couteau dans le cœur qu’oser t’abandonner une fois de plus » avouais-je avant de tout simplement la soulever dans mes bras pour la serrer d’autant plus fort. « Je t’aime Thaïs. Si tu savais combien je t’aime, combien j’aime nos enfants et la famille que nous allons former. Je te promets de te rendre heureuse et te faire oublier les horreurs que je t’ai dite » lui dis-je avant de la reposer sur le plancher des vaches et de prendre sa main. « Viens… Y a une dernière chose que je veux te montrer » lâchais-je avec un léger sourire pour la conduire dans mon ancienne chambre totalement à la gloire de pokemon avec les peluches, les figurines etc. « J’avais ramené une petite partie de ma collection mais j’avais laissé le plus gros derrière moi. Avec du recul, je me dis que j’ai bien fait de jamais ramener une copine ici car pas certain qu’elle ne m’aurait pas pris pour un gamin attardé »

Thaïs allait lui dire « je t’aime » mais quelque chose l’en empêcha. Peut-être cette foutue prudence ayant des allures d’épée de Damoclès se trouvant au dessus de sa tête… la jolie blonde avait besoin d’encore un peu de temps avant d’être totalement à l’aise avec toute cette histoire ainsi qu’avec le retour de Caleb dans leur maison. Elle le serra néanmoins contre elle avec force, lui prouvant ses sentiments par un geste on ne peut plus vif. « Mon dieu… c’était ta chambre ?! » éclata-t-elle de rire avant de regarder toutes les figurines et autres peluches de plus près, en prenant une pour mieux la serrer contre son ventre arrondi. « Je dois être une tarée mentale vu que j’arrive à trouver ça sexy ! »

Thais ne m’avait pas encore répondu à mes nombreux je t’aime et mon cœur continuait d’en souffrir mais ma tête lui martelait que je l’avais bien mérité mais ce n’était pas pour me rassurer. Peut-être avais-je vraiment perdu l’amour de ma femme et qu’elle m’acceptait uniquement pour offrir à nos enfants un père. Le pire dans toute cette histoire, c’était que j’étais prêt à qu’elle ne voit en moi qu’un père si cela me permettait de vivre auprès d’elle. « Ouais…c’était ma chambre »souriais-je en la voyant prendre une des peluches. « Tu trouves ça sexy ? Ok, je vais chercher des cartons et on embarque ce joyeux bordel… Je veux bien me déguiser en pikachu si tu trouves ça sexy »rigolais-je l’esprit un peu moins torturé.