(+ Caleb) Everything was so perfect... but it's over now.

Il l’avait quittée. Thaïs touchait le fond depuis et la seule chose qu’elle avait cru bonne de faire, c’était prendre le large. Pour se faire, New York lui tendait ouvertement les bras, offrant une option salvatrice à ses pensées les plus sombres. Régulièrement, le soir, elle se produisait dans de petites boîtes de Jazz pour compenser son amertume, et essayait de gérer sa grossesse du mieux qu’elle le pouvait maintenant que la solitude l’avait entourée de ses bras. Mais autant dire que tous les hommes osant l’approcher l’exaspéraient tous de plus en plus. « Vous êtes tellement habitué à ce qu’on vous lèche les bottes que vous avez oublié ce que signifie le mot non ? NON je ne veux pas que vous m’offriez un verre ! » avait-elle lâché de manière brutale pour mieux quitter la boîte de Jazz tard dans la nuit, sans manteau sur les épaules, maudissant le fait qu’il n’y ait déjà plus de taxi dans les alentours. Tant pis, Thaïs allait marcher.

POV NICOLAÏ V.
Il était tard ce soir mais au lieu d’être dans mon manoir à écouter les pleurnicheries de mon protégé, j’avais opté pour une phase d’approche bien plus directe en amenant l’objet de son obsession directement à lui. C’est pourquoi je fis signe à mon chauffeur de rouler au pas pour baisser la vitre de la fenêtre. « Thaïs… Montez je vous prie » lui ordonnais-je en faisant signe au chauffeur de cette fois-ci, s’arrêter. « Les rues ne sont pas très sûres pour une femme enceinte, vous serez bien mieux dans ma voiture. Je vous promets de vous amener là où vous le désirez » lui fis-je la promesse bien que très certainement, ses désirs seraient plus inconscients qu’autre chose.

Thaïs avait mal au dos et aux pieds, à un point tel qu’elle n’eut aucun autre choix que celui d’ôter ses chaussures à talons, les portant à la main, pour se diriger pieds nus vers la rue suivante. Autant dire qu’elle ne s’attendait en aucune manière à entendre la voix on ne peut plus connue de Nicolaï, confortablement installé dans sa voiture avec chauffeur… le propre des milliardaires. « Vous me promettez de m’emmener à bon port ? » demanda-t-elle, voulant faire confiance avant tout à l’ami de son père plutôt qu’à celui de son ex-mari. Thaïs abdiqua rapidement cependant, ses pieds criant au supplice. « Je suis à l’hôtel Windsor sur la cinquième. Merci vous me sauvez la vie ! Surtout que j’ai un entretien d’embauche demain et il faut que mes pieds soient en forme » fit-elle d’un ton aimable mais sans sourire. L’irlandaise ne souriait plus…

J’avais promis de l’amener là où ses désirs la pousseraient à aller mais j’étais particulièrement sûr de moi en optant pour mon manoir. « Un entretien d’embauche ? Ainsi, vous avez décidé de vivre à New York ? C’est un bon choix, il y a beaucoup d’ambiance et d’agréables compagnies » lui dis-je avec sympathie alors que les lumières de la ville s’éloignaient peu à peu autour de nous. Je levais la main pour couper court à ses protestations. « Il est hors de question que je laisse la fille de mon meilleur ami dormir à l’hôtel alors que je dispose d’une chambre pour elle surtout que je vous avais promis de vous amener là où vos désirs seraient » lui expliquais-je. Le trajet ne traina pas en longueur et je l’invitais à me suivre dans le hall du manoir où Caleb arriva uniquement vêtu d’un pantalon de pyjama. Dieu du ciel avait-il au moins prit le temps de se laver ?! « Thaïs ?? »fit-il surpris avant de se ruer dans l’escalier. « J’ai toujours dit qu’il n’avait aucune manière ! » soupirais-je.

« Je pense que c’est préférable, étant donné qu’il n’y a plus grand-chose pour moi à Cambridge. J’ai eu une excellente opportunité et je l’ai saisie » lui expliqua-t-elle en toute bonne foi, n’imaginant pas une seconde le petit plan de Nicolaï. Thaïs accepta par conséquent de dormir à son manoir, pensant qu’il pourrait peut-être comprendre ce qu’elle traversait mais finalement, en voyant Caleb, autant dire qu’elle déglutit avec difficulté. « Aucune manière, c’est tout ce qui vous vient à l’esprit ? Je pense plutôt qu’il s’en moque… excusez-moi mais je n’ai ni énergie ni temps à consacrer à votre petit jeu. Laissez-moi passer je vais rentrer à ma chambre d’hôtel c’est préférable. »

POV CALEB W.
Merde. Le connard. Il ne pouvait pas me prévenir qu’il avait invité Thaïs ? Voilà des jours que je me terrais chez lui dans le but évident de trouver une manière d’aborder la jeune femme mais je n’y arrivais pas. Elle devait me haïr, ne plus vouloir avoir à faire à moi. Je le méritais mais je ne pouvais m’empêcher de vouloir la reconquérir. Cette femme était la femme de ma vie, sans elle, je ne vivais plus. Je n’avais aucun entrain. Rien. Nada. Il suffisait que je la voie pour repartir comme en quarante, me douchant à la vitesse de la lumière pour me faire beau. C’était con mais je voulais qu’elle me voie sous le meilleur jour pour qui sait, tenter de rallumer la flamme. Lorsque je retournais vers eux, Nicolai était en pourparlers pour la faire rester. « Hum. Excuse-moi d’être parti comme un voleur mais je ne voulais pas que tu me vois ainsi… Je voulais me faire « beau » pour toi »avouais-je en rougissant. Le russe m’avait dit que la meilleure des façons de la reconquérir était de me montrer honnête.

Nicolaï essayait de la retenir en l’assommant de prétextes jusqu’à ce que Caleb les honore à nouveau de sa présence. Par chance, le russe eut la bonne idée de les laisser tranquilles mais Thaïs n’en sourit pas pour autant. Elle était impassible, aussi droite qu’un menhir et bien qu’elle tente de contrôler sa froideur, la folle envie de le massacrer restait présente. « Beau pour moi ? » s’étonna-t-elle en levant un sourcil. « Je ne suis plus ta femme, ce n’est pas pour moi que tu devrais te faire beau. »

Elle me détestait. Je pouvais lire dans son regard toute sa colère et sa douleur. Une partie de moi, la moins égoïste, me pria de la laisser en paix, de lui permettre de se reconstruire loin de moi mais une autre n’arrêtait pas de me dire que nous étions des âmes sœurs quoiqu’il arrive. « Pour qui d’autres voudrais-je être beau ? » fis-je en haussant les épaules. « Tu joues toujours aussi bien du piano »avouais-je montrant clairement que je l’avais déjà entendu. En réalité, je m’étais grimé tous les soirs pour l’écouter jouer, regardant ces hommes lui tourner autour sans pouvoir rien y faire. « Tu dois être affamé. Je peux te cuisiner quelque chose »

« Je ne sais pas pour qui d’autre, après tout cela te regarde désormais non ? » Thaïs restait étonnement maîtresse d’elle-même bien que ce genre de constat soit toujours aussi douloureux à encaisser. Ma foi, il allait falloir qu’elle s’y habitue puisqu’elle avait retrouvé son nom de jeune fille. « Tu m’as suivie dans la boîte à Jazz où je me produis dois-je comprendre ? » fit-elle sans colère ni froideur, cherchant à comprendre pourquoi il s’intéressait à elle alors qu’il l’avait lourdée avec une grande cruauté. « Pourquoi pas, je partirai après, ça me permettra de soulager mes pieds. »

« Je n’ai personne dans ma vie et je ne compte pas te remplacer non plus. Tu restes la femme de ma vie » lui confiais-je avec tendresse. Je ne savais pas comment lui dire que je voulais revenir auprès d’elle, essayer de me racheter une conduite. J’avais pensé qu’en l’éloignant, je pourrais la préserver de ce monstre mais en réalité, j’étais devenu ce même monstre que je combattais. « En fait, je suis venu à chaque fois que tu te produisais » lui dis-je avant de me diriger vers la cuisine pour lui préparer un festin de reine. « Tu n’es pas obligée de repartir… Tu seras mieux là… Si tu préfères, je peux aller dans un hôtel si ma présence t’indispose »