(+ Caleb) Everything was so perfect... but it's over now.

« Ce n’est pas l’idée que tu m’as donnée en divorçant » fit-elle, toujours sous le joug de sa propre tristesse. Thaïs n’oubliait hélas pas les propos qu’il avait tenu à son égard, à celui des enfants aussi. Et aujourd’hui, elle faisait en sorte de s’en sortir aussi bien financièrement que moralement et l’un comme l’autre demeurait difficile. « Ravie de l’apprendre même si je suis sur une autre piste de job » répondit-elle avant de secouer la tête, non sans entamer de gestes prudents le festin qu'il venait de lui préparer. « C’est ridicule. Tu es bien ici après tout, je n’ai pas à te chasser. Je me débrouille et ma chambre est très confortable. »

« Les choses étaient différentes à ce moment-là. Je voulais t’éloigner pour te protéger mais tout ce que je t’ai dit n’étaient que mensonges » murmurais-je en me massant la nuque. Je sentais que petit à petit, Thaïs s’éloignait de moi et que je ramais à contre courant. Je ne l’en blâmais pas le moins du monde mais je ne pouvais pas baisser les bras maintenant, pas sans me battre. « Tu vas bosser dans quoi ? Et tu ne me chasses pas, je suis venu ici parce que je ne savais pas où aller mais au pire, je peux aller chez mes parents donc tu es la bienvenue ici. Tu feras l’économie d’une chambre d’hôtel » fis-je pour la convaincre. « Est-ce que tu aimes ? je peux te cuisiner autre chose si tu n’aimes pas »

« Tu étais pourtant très convainquant… tu devrais penser à te lancer dans le cinéma » lui lança-t-elle en hochant la tête, refusant de se lancer dans une polémique là-dessus. Il avait divorcé, point final… et était particulièrement bien parvenu à la démolir en mille morceaux. « Quelqu'un m'a offert un travail. Pourquoi tu tiens tant à te couper en quatre Caleb ? C’est inutile. Tu n’as plus à prendre soin de moi, je peux m’en occuper. Ceci dit c’est délicieux mais je pense que je vais aller manger tout ça dans ma chambre, ça vaut mieux. » Thaïs faisait l’effort d’accepter sans pour autant le mettre à la porte – ce n’était pas son genre puis elle n’était pas chez elle. Elle prit donc le petit plateau en main avant de sortir de la cuisine, stoïque.

« Je crois que je peux dire que le club de théâtre aura au moins servi à quelque chose » marmonnais-je en baissant la tête, coupable. Je ne savais pas quoi dire pour qu’elle accepte au moins de me parler sans être aussi distante. Je ne savais pas quoi faire. « Je… cela me fait plaisir de prendre soin de toi »tentais-je mais encore une fois, je fis chou blanc et la regarda s’éloigner avec son plateau murmurant un simple « Bon appétit » une fois que je fus seul dans la cuisine. Je ne voulais pas m’avouer vaincu et je m’empressais de rejoindre Nicolaï pour mettre au point un nouveau plan. Le lendemain matin, c’était un véritable bordel dans sa chambre car il y avait des sacs de vêtements en veux-tu en voilà, des fleurs dans des vases mais aussi toutes les douceurs qu’elle adorait tant quant à moi, je baillais aux corneilles devant un bol de céréale, complétement crevé de ma nuit blanche à courir dans tous les magasins de la ville.

Thaïs n’y arrivait pas. Elle ne pouvait pas oublier ces nuits de cauchemars, de sueurs froides ou même les envies toutes plus morbides les unes que les autres lui ayant traversé l’esprit. Pourtant, elle passait une nuit presque paisible entre ces murs, ouvrant les yeux pour mieux découvrir des tonnes de sacs, de fleurs et autres douceurs qui la poussèrent à s’entourer de son drap uniquement pour mieux descendre à la cuisine, les cheveux en bataille, juste vêtue de ce fameux drap. « Tu peux m’expliquer ? » lâcha-t-elle en oubliant que son poignet gauche n’était plus couvert par une manche et laissait donc entrevoir son bandage ensanglanté. « Pourquoi il y a autant de sacs, de fleurs et je t’en passe dans ma chambre et pourquoi tu as une telle tête de zombie ? »

J’étais mort mais heureux d’avoir fait cela pour elle même si je savais qu’elle n’accepterait pas tous ses présents –et dieu seul savait combien elle les méritait. D’ailleurs, elle ne tarda pas à descendre uniquement vêtue de son drap et je ne pus m’empêcher de la trouver diablement séduisante. « Ce sont juste quelques cadeaux que je te fais pour améliorer ton quotidien… ma tête de zombie vient peut-être du fait que cela m’a pris toute la nuit » lui dis-je avant de foncer sur elle pour prendre son poignet. « Qu’est-ce que tu t’es fait au poignet ? Qui t’a fait ça ?? »lui demandais-je subitement.

Thaïs arqua un sourcil. Le fait qu’elle vienne juste de se réveiller n’arrangeait sûrement pas les choses… « Améliorer mon quotidien ? Je t’ai dis que ce n’était plus à toi de t’en préoccuper, je ne vois pas pourquoi tu as dépensé autant d’argent, flûte ! Je ne peux pas accepter, c’est beaucoup trop » lui fit-elle savoir avant qu’une légère panique ne passe dans son regard lorsqu’il se saisit de son poignet. « Mais personne rhaaa ! Puis ce ne sont pas tes oignons. Lâche mon poignet... »

« Cela me faisait plaisir et puis, tu es la seule pour qui j’ai envie de faire ce genre de choses. Accepte… Je ne sais pas, vois cela comme cela t’arrange : pension alimentaire en avance, cadeau d’un ami ou tout simplement toute ma reconnaissance pour le bonheur que tu m’as offert toutes ces années »fis-je d’un ton à la limite du désespoir. Un désespoir que j’étais loin de feindre alors que je prenais conscience que ses blessures elle se les était infligées elle-même. Je n’étais pas idiot, je savais additionner A+B. « C’est de ma faute… Tout ceci, c’est de ma faute. Je voulais te protéger et finalement je t’ai détruite bien mieux qu’il ne l’aurait fait »lâchais-je avant de tomber à genoux devant elle. « Je te demande pardon Thaïs » lui dis-je tandis que j’éclatais en sanglot.

Thaïs était toujours gênée par autant de présents mais elle n’eut pas le courage de refuser une seconde fois, pas alors qu’il additionnait a+b sur l’origine de ses blessures. Elle écarquilla grands les yeux en se raclant la gorge, ne s’attendant pas à ce qu’il tombe à genoux en pleurant. Son visage cessa subitement d’être marqué par l’impassibilité. « Je suis sûrement fautive après tout j’étais trop fragile… mais ça me fait du bien » avoua-t-elle en déglutissant avec difficulté pour mieux s’agenouiller à son tour et le serrer fortement dans ses bras. « Arrête de pleurer, je t’en prie… »

« Te faire du bien ? Bon sang Thaïs, tu te mutiles ! » m’écriais-je au travers de mes larmes, complétement dégouté d’être un véritable connard ambulant mais cela ne m’empêcha pas bien au contraire de la serrer dans mes bras. « Je suis désolé, si tu savais combien je suis désolé. Comment as-tu pu ne serait-ce que m’aimer un jour ? Je suis le pire des connards qui puissent exister. Le pire dans toute cette histoire, c’est que je voulais te reconquérir mais quand je vois le mal que je te fais, je me dis que tu serais bien mieux sans moi » continuais-je de pleurer. Je me sentais si coupable mais au-delà de ça, j’étais mort d’inquiétude pour elle.