※ one day a nerdy boy will get the princess Danae

Alors on daaaaanse. Cody Astaire, Cody Dupont et Codeyonce étaient prêts à sortir leurs plus beaux sauts de biche pour épater Danae. Malheureusement, le seul réellement dans la place s'appelait Cody Bleeker et s'il était né avec des ballerines à ses pieds, ça se saurait. Il ne pouvait compter que partiellement sur l'aide de l'Eliot qui lui servait de cavalière ce soir puisqu'elle avait bâclé son initiation aux bals de promo. En effet, elle s'était arrêtée à l'apprentissage du slow. Pas grave, ils allaient vivre un remake de La Boum, au moment où Vic rencontre Mathieu, et puis c'est tout. Techniquement, y avait plus de chance de pécho avec ça plutôt qu'avec la danse des canards, même si ce n'était pas l'objectif de Cody avec la Quincy. C'était quoi l'objectif de Cody en fait ? Oh ... On va dire qu'on s'en fout. En tout cas, pas de se ridiculiser en imitant le canard qui se secoue le bas des reines et fait coin-coin. « Ben ... » Il n'en dit pas plus et suivit à la lettre les instructions de Maxym, instructions qu'il se remémorait petit à petit. Il s'approcha à pas de loup de son amie. Il prit les mains de Danae et les abandonna dans sa nuque, posant par ailleurs les siennes dans la chute de ses reins. Il fit quelques pas, ils semblaient lui venir tout naturellement comme si une force mystique le transcendait et contrôlait ses jambes. Non non, à part ça il n'était pas bourré. Il se sentait juste bizarrement plus détendu avec Danae qu'avec sa cavalière. Ils devaient être les deux seuls pèlerins de la salle à danser de manière aussi étroite mais qu'importe, y a longtemps que le Lowell ne faisait plus gaffe à comment on le voyait. « Après, faut réussir à se projeter, c'est sûr qu'avec cette musique c'est pas facile. » fit-il uniquement pour couper cours au silence.

L'award des deux plus gros paumés au bal de promo ne pouvait être décernés qu'à Cody et Danae, sous l'entreprise du jeune homme qui avait décidé que c'était la classe de danser un slow sur une musique aussi funky. C'était clair que si on remplaçait les regards des gens par les sabres laser de Star Wars, au milieu de la piste on retrouverait les corps des étudiants découpés en morceau, prêts à être emballés pesés et éparpillés on-ne-sait-où. Étrangement, Cody ne se souciait guère des gens qui l'entouraient. Il n'avait même pas l'impression que des gens l'entouraient, pour tout dire. Il y avait Danae et … Il y avait Danae. Ouais nan, n'allez pas vous imaginer des choses. Il était juste très professionnel dans sa manière de danser et se concentrait donc sur sa cavalière et uniquement sur elle. Soudain, la musique changea. Le DJ passait d'un extrême à un autre, d'un rythme endiablé à une chanson douce. « On a fait de la télépathie. » Sentant déjà son air dubitatif à cinquante kilomètres, il ajouta ; « J't'apprendrais un jour. » Peut-être que c'était un truc de Lowell, ça, de croire au pouvoir de la musique, de son interaction dans la vie de tous les jours. Toujours est-il que sitôt que les notes changèrent, sitôt que ses oreilles les captèrent, comme pris d'un automatisme digne d'une machine haute technologie, il resserra l'étreinte. Il ne se rendit pas bien compte, comme si c'était parfaitement naturel d'enlacer ses bras tout autour de son corps, laissant une distance quasi nulle entre eux. Pourtant, il n'était pas le genre de gars à avoir des élans d'affection envers ses amis. Ses amies. Mais que voulez-vous, Danae semblait lui balayer toutes ses barrières en un battement de cils.

« Tu te débrouilles pas mal non plus. » chuchota Cody, à son tour, juste pour imiter Danae. Apparemment il ne fallait pas parler trop fort, peut-être était-ce un des codes du slow, il était un peu novice en la matière. Toujours est-il qu'il se sentait relativement bien avec elle. Il ne se prenait pas la tête, le temps semblait s'être arrêté. Si ça s'trouve, sans le savoir, il était en train de la regarder niaisement, un filet de bave pendu à ses lèvres et les yeux qui louchaient sur son nez. Ou si ça s'trouve, ils avaient juste l'air d'un couple parfaitement normal. D'un couple. Ahah. Cody ne voyait qu'elle. La Quincy, elle, pensa soudainement aux bébés du Lowell abandonnés sur le bar depuis toute à l'heure. D'abord, il émit une grimace de surprise avant de rire. « Personne n'irait voler mes aw... » la rassura-t-il avant de regarder de nouveau face à lui. Danae. Il comprit à sa gueule qu'elle ne s'inquiétait pas réellement pour la sécurité des trophées de Cody mais juste qu'elle était … Mal à l'aise ? Peut-être. Il joua à l'aveugle des sentiments et fit comme s'il n'avait pas remarqué en se corrigeant lui-même ; « Si, t'as raison. On peut me les prendre, les faire fondre, les transformer en lingots d'or et les vendre à un émir du Qatar. Je ferais mieux de les récupérer. » Il n'allait pas trop loin dans la théorie du complot, ça va. Il abandonna la taille de Danae et se retrouva bras ballants face à elle. Un demi-sourire plus tard, il fit volte-face et prit le chemin du bar où il retrouva ses récompenses qui n'avaient pas bougé d'un pet. Au fond, elle avait raison de dire STOP. Danser un slow avec un pote, ahah, n'importe quoi Cody, vraiment.

Il ne lui en voulait pas d'avoir interrompu ce slow. Ce n'était qu'un slow, un bête slow. Danae était peut-être fatiguée, qui sait, avec son cavalier elle en avait peut-être enchaîné vingt d'un coup et du coup, celui avec Cody avait un goût de resucée, vous savez. Puis elle pouvait partir, elle pouvait rester … Qu'importe. Qui a besoin de Danae quand on a des trophées ? « Tu as raison. Puis j'ai promis à ma mère que je lui montrerais mes awards donc si je les perds, elle va me tuer. » Ouaip, la première personne qu'il avait appelée après avoir reçu ses distinctions était sa génitrice. Et il en parlait sans pudeur à la Quincy. Ahah, heureusement qu'il ne comptait pas la pécho ce soir. À aucun soir d'ailleurs. Vous croyez quoi. C'est sans jeter le moindre coup d'oeil derrière lui qu'il alla récupérer ces bébés. Quel mauvais papa il faisait, il y en avait déjà un cabossé à force d'être baladé de gauche à droite par le Lowell. Il les serra contre son torse, prêt à  partir quand, en se retournant, il tomba nez à nez avec Danae. Il n'avait pas capté qu'elle l'avait suivi et elle le regardait. Putain, son regard le captivait. La meuf, on aurait dit qu'elle avait deux map monde à la place des yeux et qu'elle n'observait pas les gens, non, elle faisait une véritable introspection de chaque personne qui entrait dans son champ de vision. Cody se sentait à poil face à elle et il ne savait pas s'il frissonnait car il trouvait ça carrément flippant ou parce qu'il aimait ça. « Tu ne retournes pas avec tes potes ? J'comptais sortir cinq minutes. » fit-il en pointant de son pouce, par dessus son épaule, la porte derrière lui à l'autre bout de la pièce.

Peut-être qu'il s'était fait des idées, peut-être même qu'il était complètement à côté de la plaque, mais oui, Cody s'était dit que Danae n'avait sûrement pas envie de s'éterniser avec lui. Puis ce n'était pas plus mal, il avait toute une armada de fans à combler maintenant qu'il était famous. Rêver c'est ce qu'il y a de plus beau. Sauf que non, totalement à côté de la plaque ; elle était encore là. Elle lui proposa de l'accompagner. « OK. » répondit-il finalement après un vif haussement d'épaules. Il était plutôt content que son impression soit fausse, qu'elle n'ait pas renvoyé Cody vers ses trophées comme on envoie un chien sur son os pour le calmer. À la volée, il se pencha au-dessus du bar pour récupérer une bouteille au hasard, de quoi s'occuper pendant qu'il serait dehors. Ben ouais, puisque danser était prohibé par l'article 1.1 du code Danae Olsson. On n'était qu'à l'article 1.1 pour le moment puisque Cody venait tout juste d'avoir l'idée de le mettre en place. C'était sa résolution post bal de promo puisqu'il était un peu en retard pour les résolutions du début d'année. Ou en avance. Et ouaiiiis, tout est relatif. Soit le jeune homme avait 180 wagons de retard, soit il en avait 180 d'avance, ce qui faisait de lui quelqu'un de ponctuel et d'avenant. Tout Cody Bleeker. Il poussa la porte de sortie et laissa passer l'orange devant lui. Il marcha un peu dans l'allée où, plus tôt dans la soirée, grouillaient un tas de paparazzis venus représenter le Old Hollywood tel qu'on l'imagine. « J'ai jamais vraiment eu l'occasion de te remercier pour l'autre soir. » fit-il enfin, pour briser le silence. Derechef, il parla ; « Donc merci. À ta place, j'm'aurais laissé croupir dans la rue comme le déchet que j'étais. » Pas trop français sa phrase mais il tenta d'oublier ses lacunes dans cette magnifique langue en buvant une gorgée de la fameuse bouteille. Peut-être aussi qu'il en avait juste envie, aussi.