« Mais je ne mens pas ! » fit-elle preuve d’aplomb car ce n’était vraiment pas le moment de céder à la panique ou de lui faire peur. Il ne semblait pas s’être rendu compte de la chute, autant jouer là-dessus, surtout qu’il était en peine à chaque pas et Thaïs craignait qu’il ne finisse par s’écrouler définitivement. Elle passa donc devant, sans lui lâcher la main, l’encourageant à lui tenir encore les épaules. « On est presque à la voiture ! »
Je n’étais pas convaincu de son mensonge mais je n’avais ni le courage ni la force de me lancer dans un interrogatoire dans les règles, peinant visiblement à garder la cadence si bien que lorsqu’on arrivait à la voiture, je m’écroulais contre la portière, le souffle court. « Dis-moi que tu as mes medocs »la suppliais-je presque même si je savais qu’elle ne devait plus se souvenir de mes problèmes cardiaques et qu’il y avait peu de chance pour qu’elle ait pensé à mon traitement tout comme il y avait peu de chance qu’il soit efficace à stopper cet infarctus qui me menaçait.
Thaïs remercia le ciel que Caleb ne se lance pas dans un interrogatoire car elle n’avait aucune envie de se battre avec lui, surtout que peu de temps après, il s’écroula à moitié contre la portière. La blondinette le laissa quelques secondes pour mieux aller chercher la sacoche avec tous les médicaments qu’elle avait pu trouver dans les tiroirs de la maison. « Declan m’a dit que tu avais un souci au cœur, c’est ça qui t’arrive ? J’ai pris tout ce que j’avais sous la main au cas où mais je ne sais pas ce que tu prends, je ne m’en souviens pas ! »
« Fais-moi penser à embrasser ton cousin » marmonnais-je tandis que je fouillais la sacoche à la recherche de mon médicament mais mes mains tremblaient bien trop tout comme je ne savais pas si je pouvais le prendre à cause des drogues ingérés. « Chaton… appelle une ambulance » soufflais-je en grimaçant tandis qu’une vive douleur me couper le souffle. C’était trop tard pour le médicament, il ne pourrait jamais calmer ce qui allait se passer. [color=#495CFF] « J’attrapais la main de Thais pour la rapprocher et plonger mon regard dans le siens. « Je t’aime… quoiqu’il se passe… n’oublie jamais que je t’aime »
« Mais moi aussi je t’aime… reste avec moi Caleb !! » le supplia-t-elle avant de ne le voir sombrer dans un immense trou noir. Par chance, l’ambulance arriva très peu de temps après et manifestement, ils furent en mesure de l’amener à temps en chirurgie pour le sauver mais Thaïs… elle ne fut pas reçue autrement qu’avec froideur, mépris et méchanceté par les parents du beau brun. Les mots qu’ils prononcèrent lui brisèrent le cœur et c’est la raison pour laquelle la belle blonde fit appel à Mina pour qu’elle se rende au chevet de Caleb, où ses parents devaient se trouver aussi, pour déchirer leur fameux chèque dont elle n’avait que faire et lire la lettre qu’elle avait écrite, si possible une fois que l’allemand serait réveillé. Elle y expliquait qu’elle l’aimait de tout son cœur mais qu’être considérée comme un vulgaire parasite amateur d’argent, c’était bien trop pour elle. Parmi cette lettre se trouvait les papiers du divorce dûment signés par la demoiselle.
Par chance, elle fut accueillie quelques jours au sein de la suite de Bambi, à Los Angeles, et c’est là que ses flashes redevinrent des souvenirs, ses réflexes se réveillèrent et, fatalement, qu’elle se rendit compte du poteau rose. « Bordel de merde » furent les seuls mots qu’elle prononça en demandant à louer une voiture, pour mieux blinder en espérant bien que Caleb veuille lui pardonner. Hélas, elle ne s’attendait pas à tomber en panne au beau milieu de la route…
« Où est-elle bordel de merde ?! » jurais-je en fusillant Bambi et Mina du regard tandis que ma mère me rouspétait d’être aussi vulgaire. « Maman… je t’adore mais tu me donneras des cours de politesse plus tard… Je veux savoir où est ma femme »repris-je le souffle court tandis que j’étais blanc comme un cachet d’aspirine mais au moins la morphine m’aidait à supporter la douleur de l’opération dont je me remettais que difficilement. Huit heures plus tard, je volais les clés de la voiture de mon père pour rouler en direction de Las Vegas, bien décidé à y retrouver ma femme même si pour cela, je devais rendre l’âme en cours de route dans cette tenue de chirurgien que j’avais également volé. Des heures et des heures de route pour freiner comme un dératé en voyant une femme marcher le long de cette même route. Quelles étaient les chances pour qu’on emprunte le même itinéraire ? Pas beaucoup mais faut croire que le destin nous réunirait toujours. « Thais… » m’écriais-je avant de tomber à genoux par terre, épuisé.
Thaïs s’était mise à marcher, ses chaussures en main en désespoir de cause, espérant qu’une voiture s’arrêterait pour lui offrir ne serait-ce qu’un peu de repos mais rien, personne ne passait, à croire qu’elle ait choisi l’itinéraire le moins fréquenté de cette bonne planète. Par chance, des heures plus tard, alors que ses pieds criaient au secours, quelqu’un eut la bonne idée de s’arrêter et autant dire que son cœur manqua de s’arrêter lui aussi en voyant Caleb en sortir. « CALEB ! » s’écria-t-elle en se ruant vers lui, caressant son visage les mains tremblantes. « Je vais te massacrer parce que tu as fais toute cette route tout seul alors que tu devrais être à l’hôpital non d’un chien !!! Je ne sais pas si tu te souviens la fois où je t’ai botté le cul parce que tu m’avais emmerdé pendant tout un entraînement de danse mais compte sur moi pour recommencer ! » Preuve qu’elle avait retrouvé la mémoire…
Elle était là, sainte et sauve et je n’osais croire qu’elle avait retrouvé la mémoire. J’étais bien trop heureux de la retrouver que je l’embrassais passionnément avant de coller mon front contre le sien. « Tu… Tu vas morfler aussi pour avoir pris la fuite sans moi »soufflais-je avant de lui mettre dans la main une feuille de papier dactylographier par une infirmière où je l’engueulais mais quelque chose de bien. « Pas la force de parler alors lis »grognais-je en restant assis en plein milieu de la route, l’attirant entre mes jambes pour poser mes mains sur son ventre.
« Pas ma faute, je n’ai pas franchement choisi je te ferais remarquer » se défendit-elle non sans lui rendre son baiser, pour mieux lire les doléances écrites en majuscule qui la firent plus rire qu’autre chose car Caleb ne pouvait pas savoir à quel point elle était soulagée qu’il soit en vie… le reste n’avait aucune importance et il pouvait bien la maudire mille ans. « Déteste-moi autant que tu le veux Caleb Weyss tu es vivant et je crois que c’est tout ce qui m’importe… mais je vais te reconduire à l’hôpital et quand tu seras suffisamment en forme, tu pourras gueuler autant que tu veux, deal ? »
« C’était pas mes parents… » marmonnais-je tandis qu’elle lisait mes doléances qui la firent plus rire qu’autre chose. Ce n’était pas vraiment le résultat escompté mais dans le fond, je m’en foutais, elle allait bien. « Cela me va… Thaïs… Je t’aime comme un dingue… ne signe plus jamais les papiers du divorce… je t’interdis de divorcer sinon je te promets, je me jette du plus haut immeuble au monde » lui affirmais-je tandis que je me relevais péniblement pour retourner dans la voiture non sans la toucher pour être certain de ne pas rêver.
