(+ Caleb) A new time is coming...

Très étonnement, Thaïs n’était pas en mode fragile mais bien en mode « je me défends toute seule comme une grande après avoir bouffé du lion ». Autant dire qu’elle fusillait l’homme du regard, maintenant qu’elle le pouvait, et qu’il déglutit avec difficulté. « Pfeuh, votre nénette sait même pas se défendre toute seule ! » s’exclama-t-il, faisant ricaner la blondinette qui se dégagea sans violence de Caleb, contourna paisiblement la table pour mieux se planter devant l’importun. « Dans un autre siècle je vous aurais provoqué en duel et mis la culottée de votre vie pour mieux vous éventrer sur nombril jusqu’au nez, mais à notre époque, je vais me contenter de faire ceci… » Thaïs lui mit une droite d’anthologie et le fit par conséquent vaciller pour mieux tomber lourdement à terre. « Non sans une large délectation… monseigneur » fit-elle en esquissant une révérence des plus réussies.

Pour le coup, j’étais choqué. Jamais au grand jamais, je n’avais vu Thaïs se comporter ainsi. D’ordinaire, j’étais celui qui la protégeait et ce rôle m’allait à merveille mais là, bah… je n’avais rien à faire et je restais les bras ballants. Cette prise de conscience acheva de me convaincre que Thais amnésie et Thais Weyss étaient deux personnes différentes un peu comme Mina avait changé après son amnésie. J’étais un peu perdu pour le coup tandis que mon père se relevait. « Ma foi, je crois que nous avons un bel aperçu du caractère irlandais grâce à vous Thaïs » tenta-t-il de sauver les meubles tandis que l’homme se tenait le nez. « Belle droite » me contentais-je pour ma part de dire, les mains enfonçaient dans les poches de mon pantalon. Pour le coup, ma femme me manquait.

Thaïs avait mal à la main pour le coup et ne savait même pas pourquoi elle était aussi énervée pour pas grand-chose mais cela faisait un bien fou. Ce qui la choqua davantage, ce fut la réaction de Caleb. « Je t’ai choqué ? » lui demanda-t-elle avant de l’emmener sur un balcon à part, pendant que papa Weyss sauvait habilement les meubles. « Je suis désolée. Je ne sais pas ce qui m’a pris… en plus ça fait un mal de chien à la mimine ! Tu m'en veux beaucoup beaucoup ? »

« Un peu oui… La Thaïs que je connais n’était pas du genre à aligner un mec en pleine soirée chez mes parents »soupirais-je avant de prendre délicatement sa main dans la mienne. Il faut mettre de la glace dessus, suis moi »[/color] lui dis-je en la prenant par le poignet pour l’amener dans la cuisine tandis que je lui répondais. « Pourquoi t’en voudrais-je ? Tu n’as fait que te défendre, c’est tout » haussais-je les épaules avant de lui indiquer un des tabourets pour mieux préparer une poche de glace.

Thaïs se laissa guider jusqu’à la cuisine tout en le sentant soudainement lointain, si lointain… « Mais je ne suis pas la Thaïs que tu connais » reprit-elle avec une sincérité presque tranchante, sans savoir quoi répliquer d’autre. « Qu’est-ce que je peux dire ? J’essaye de démêler tout ça mais j’ai beaucoup de mal… tout le monde me connaît, tout le monde me dis quoi faire mais et moi dans tout ça, hein ? Je dois faire semblant que tout va bien, de ne pas être morte de trouille mais je vais t’en apprendre une bonne : JE SUIS MORTE DE TROUILLE ! Je suis enceinte je ne sais pas de qui, j’éprouve des sentiments très forts pour toi mais j’ai l’impression que ta femme peut réapparaître d’un instant à l’autre… » Thaïs baissa la tête, de longues larmes s’écoulant contre ses joues, démontrant que la blondinette fragile et perdue n’était hélas jamais très loin.

« Non ne pleure pas » m’exclamais-je aussitôt avant de prendre son visage en coupe entre mes mains. Je n’aurais jamais dû réagir de la sorte surtout que j’étais bien placé pour savoir que c’était frustrant de combattre une image que les autres ont de vous. « Je suis désolé, c’est juste que j’aime te protéger… » avouais-je avant d’envoyer paitre Anna et ses grandes résolutions. « Thaïs… Je suis le père de tes enfants… On m’a demandé de ne rien te dire pour te préserver mais je peux pas… Tu es ma femme et la mère de mes enfants et je t’aime comme un dingue »

Thaïs essayait de jouer les fortes mais sa perte de mémoire l’anéantissait littéralement. Rien ne venait, aucun flash, aucune impression de déjà vu, rien du tout. Juste l’impression d’être chez elle entre les bras de Caleb et de pouvoir lui faire une confiance complète et aveugle. « Mais ça n’a rien à voir, tu peux me protéger, j’ai juste envoyé bouler quelqu’un qui me manquait de respect… » se défendit-elle en baissant le regard pour mieux écarquiller les yeux, sous le choc, face à l’aveu de Caleb. « Nous… nous sommes mariés ?! Mais pourquoi tu t’es fait passer pour un ami alors ! Et puis tu ne portes pas ton alliance… » La blondinette s’emportait crescendo avant de finalement s’emparer furieusement de ses lèvres, n’estimant plus avoir aucun compte à rendre à quiconque.

« Je sais mais c’est juste que j’aime jouer les protecteurs… tu as toujours trouvé ça sexy » marmonnais-je gêné avant de rompre la promesse que j’avais faite à Anna. Je ne pouvais plus me taire et jouer les amis tendres et câlins. Je voulais retrouver ma femme, pouvoir toucher son ventre et gagatiser sur nos jumeaux, je voulais la retrouver elle. « Oui, nous sommes mariés et bientôt les heureux parents de deux adorables enfants. Je voulais tout te dire mais ta belle-mère m’a demandé de me taire, que cela pourrait être dangereux pour toi mais j’y arrive pas.. C’est comme nier toute notre histoire, je t’aime trop » murmurais-je après son baiser avant de reprendre ses lèvres avec la même fureur. « Je porte mon alliance à mon cou, elle ne me quitte jamais.. comme la tienne »avouais-je en tirant sur ma chaine pour lui montrer les trois bagues : mon alliance, sa bague de fiançailles et sa propre alliance.

« C’est sexy… » avoua-t-elle en rougissant légèrement tandis qu’un fin sourire étirait désormais ses lèvres. « C’est complètement crétin, je ne vois pas en quoi c’est dangereux, surtout pas alors que je sais maintenant où je dois être, et plus paumée… je sais que j’ai une famille, que quelqu’un tient réellement à moi, qui est le père de mes enfants même si… même si ça me tue de ne pas me souvenir de ce qu’on a vécu ensemble » avoua-t-elle le regard encore légèrement embrumé par les larmes. « Ne t’éloigne plus jamais de moi… et ne me demande plus de faire chambre à part. Tu veux bien me remettre mon alliance ? »

« J’ai jamais dit que c’était intelligent hein » protestais-je car si cela n’avait tenu qu’à moi, cela ferait longtemps qu’elle saurait la vérité. « Plus jamais… et compte sur moi pour revenir dans notre chambre…. Tu n’as peut-être plus tes souvenirs mais nous pouvons en inventer des nouveaux, nous avons encore la vie devant nous » la rassurais-je avant de la bercer entre mes bras. « Ta main va mieux chaton ? » lui demandais-je après coup en déposant un baiser sur son front.