(+ Caleb) A new time is coming...

« Ne t’en fais pas chéri, j’attrape un taxi illico presto et je te rejoins à ton fameux local ! A tout de suite ! Je t’aime ! » s’était exclamé Thaïs dans le téléphone pour mieux raccrocher de son appel avec Caleb afin d’attraper le taxi en question. Hélas, deux heures plus tard, toujours pas de trace de la belle blonde au fameux local, et pour cause, elle avait eu un accident sur la route. Il avait fallut qu’Anna soit appelée pour que le mari de la demoiselle soit prévenu et incité à venir au Cambridge Alliance Hospital. « D’après les examens que l’on vient de lui faire son trauma crânien est très sérieux, il faut que je l’opère d’urgence. Je serai assistée par un chirurgien obstétrique au cas où, cela devrait bien se passer, d’accord ? » tenta-t-elle de le rassurer tant bien que mal malgré les circonstances.

L’attente. Je crois que c’était ce qu’il y avait de plus difficile pour moi. J’avais toujours été pourtant d’une patience d’ange mais là, je n’y arrivais pas. Je restais néanmoins assis, raide comme un piquet sur ce fauteuil inconfortable de cette salle d’attente stérile et blanche. Je détestais le blanc. C’était définitif. Comment en étions-nous arrivés là ? Tout allait bien entre nous, nous étions à nouveau pleinement heureux mais il avait fallu que tout vire au tragique à croire qu’il y avait quelque part, un dieu sadique. Je ne voulais pas la perdre… Je ne pourrais pas la perdre. Tout était une nouvelle fois de ma faute. Si je n’avais pas voulu ouvrir cette foutue agence de détective consultant rien ne serait arrivé. Depuis, j’attendais encore et encore qu’on épargne la vie de ma femme et celles de nos enfants.

« Monsieur Weyss ? Je suis désolé j’ai perdu le contrôle de mon véhicule… » avait commencé un homme bedonnant à l’haleine empestant l’alcool à quinze mètres, dans la salle d’attente de cet hôpital on ne peut plus stérile. Il s’agissait du responsable de l’accident qui vint donner un peu d’animation dans ce lieu on ne peut plus silencieux.
Anna ne fut de retour que bien des heures plus tard, le visage fatigué par une intervention des plus complexes. « Elle est sortie d’affaire » furent ces premiers mots, et probablement les plus importants. « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle cependant. Je te rassure, les jumeaux vont bien, aucun problème à signaler de ce côté-là. J’ai réussi à réparer son problème de caillot l’empêchant de voir, mais le trauma crânien était trop important : elle risque d’avoir des séquelles et je ne sais pas si ces dernières sont irréversibles ou non. Pour le moment, elle a perdu la mémoire. Elle ne se souvient plus qui elle est, pourquoi elle est enceinte et encore moins ce qu’elle fait à l’hôpital. Je te demanderais de la ménager… » Et cela voulait hélas dire ne pas lui avouer tout de suite qu’il était son mari.

« Dégagez… Je vais être clair avec vous, si jamais ma femme ou un de mes enfants meurt par votre faute, je me chargerai de faire de votre vie un enfer… Vous puez l’alcool à cent mètre à la ronde alors je n’ai vraiment pas besoin de vos excuses ! » déclarais-je d’une voix froide tout en le fusillant du regard. Ce type ne méritait rien de plus que mon mépris le plus total. L’homme n’insista pas et heureusement car dans l’état actuel des choses, je risquais surtout de le démolir même si, l’espace de quelques minutes, il m’avait sorti de la torpeur liée à l’attente. Les heures s’écoulèrent à nouveau jusqu’à qu’Anna n’arrive. « Attends.. tu es en train de me dire qu’elle ne sait rien du tout et que je dois fermer ma gueule ? Bordel Anna, c’est de ma femme dont il s’agit, je dois faire quoi ? La relâcher dans la nature et attendre qu’elle recouvre la mémoire toute seule comme une grande ? » m’emportais-je avant de me calmer et de converser quelques minutes avec ma belle-mère pour mieux rejoindre ma femme. « Salut… Je…Je suis Caleb Weyss et hum je suis ton ami »marmonnais-je comme un con, les mains dans les poches, n’osant pas faire un seul geste de peur de me trahir.

« Non, pas dans la nature, reste auprès d’elle, elle va avoir grandement besoin de toi… mais pour le moment, on va différer les grandes vérités » souligna Anna avant de s’épancher davantage sur ce qu’il devrait faire, ce à quoi il devrait surtout faire attention avant de le laisser aller la voir. Thaïs était encore dans les vapes, mais elle eut le réflexe de sourire illico presto dès son entrée sans même savoir pourquoi. « Oh c’est adorable d’être venu… je me sentais seule ! Vous voulez bien me faire un câlin ?? »

Tout en rejoignant la chambre de Thais, je ne cessais de me demander comment tout cela allait se passer. Elle ne se souvenait plus de rien, pas même de son passé et je ne pouvais même pas lui dire que j’étais son mari et le père de ses enfants. Anna me demandait l’impossible, tout allait me trahir surtout que si j’avais bien compris, elle revoyait enfin. « Un câlin ? » répétais-je complétement ahuri. Elle me connaissait pas le moins du monde et elle voulait un câlin ? Hors de question que je la laisse seule une seule seconde, tous les mecs allaient en profiter ! « Euh ouais d’accord » acceptais-je néanmoins car il ne faut pas déconner… moi j’avais le droit d’en profiter. Je m’installais tout contre elle avant de glisser un bras autour de ses épaules. « Est-ce que ça va ? »

« Oui un câlin j’ai envie d’un câlin j’ai un peu froid… » avoua-t-elle d’un air adorable, pas intimidé pour trois sous, comme si elle se sentait d’entrée de jeu en confiance avec ce jeune homme dont elle semblait entendre le prénom pour la première fois. Bien étrange sensation que celle-ci… « Merci vous êtes le meilleur ! » s’exclama-t-elle ensuite, se blottissant aussitôt contre son torse en ronronnant au passage. « J’ai un peu mal à la tête… et vous ? »

« Je suis le roi pour te réchauffer… enfin pour servir de bouillotte » marmonnais-je sur la fin ayant failli me griller d’entrée de jeu. Je sentais que j’allais avoir beaucoup de mal à me contenir et le pire dans tout ça… c’était qu’elle était adorable et câline. Non, je ne pouvais pas la laisser entre les mains d’inconnus car même si elle était amnésique, j’aurais autant de mal qu’elle à passer outre si elle allait dans d’autres bras que les miens. « Je vais beaucoup mieux mais tu peux me tutoyer, on est amis tous les deux » lui dis-je en resserrant mon étreinte autour d'elle.

« Oh c’est vrai ? Tu veux bien devenir ma bouillotte personnelle ? J’adore tes bras j’ai l’impression d’être chez moi… » murmura-t-elle doucement, laissant ses doigts caresser son torse avec tendresse, comme si le corps de Thaïs n’avait rien oublié de ses réflexes à défaut du reste. « Pardon… je vais te tutoyer ! Tu allais mal de ton côté ? Tu veux un bisou magique ? » proposa-t-elle en le regardant avec intensité, tout en lui souriant de manière radieuse, chose qu’elle n’avait pas pu faire depuis sept longues années.

« Mes bras sont tous à toi » murmurais-je avec une certaine tristesse car j’avais l’impression de n’être plus qu’un étranger pour elle, de l’avoir perdu en quelque sorte. J’étais heureux qu’elle puisse me voir, qu’elle soit en vie ainsi que les jumeaux mais d’une certaine façon, la femme que je serrais dans mes bras n’était pas la mienne. Je comprenais mieux ce que Thais avait ressenti lors de mon amnésie. « Oui, je m’inquiétais énormément pour toi mais ça va mieux… Par contre, si tu veux me faire un bisou magique, je ne dis pas non. J’aime les bisous » lui souriais-je en retour.