(+ Bambi) Quand les secrets séparent deux coeur amoureux.

Je vivais en plein cauchemar, cela ne pouvait pas être possible autrement. Je regardais les deux personnes en face de moi, suppliant presque du regard l’une d’entre elle car ce que j’avais entendu me brisait le cœur mais au-delà de ça, ce fut le sentiment de trahison qui dominait tout le reste. Bambi, celle en qui j’avais le plus confiance, détenait les clés de mon passé et elle me l’avait sciemment caché alors qu’elle savait combien le fait d’être une page blanche me faisait souffrir. La colère supplanta rapidement le reste et je me détournais d’eux pour mieux sortir de cette salle de boxe où mon cœur venait de se fissurer allégrement. Ce n’est qu’en sentant sa présence derrière moi que je me retournais vers elle, les larmes au bord des yeux. « Pourquoi tu m’as fait ça ?! Tu sais combien c’est important pour moi de retrouver ma vie d’avant et tu m’as rien dit !!! » l’accusais-je en dardant sur elle un regard blessé. « Dire que je m’en voulais d’avoir embrassé ta jumelle en pensant que c’était toi… » lâchais-je cette information pour faire mal car je voulais qu’elle souffre autant qu’elle venait de me faire souffrir.

Bambi s’en voulait, c’était ça le pire. Mais avouer tout ce qu’elle avait entre les mains, autant lui demander la lune ! La jolie Mather connaissait la fragilité de Mina mieux que personne pour la côtoyer au jour le jour… alors malgré tout, elle se rua à sa poursuite pour mieux demeurer un instant interdite, cherchant pour la première fois de sa vie ses mots. « Je ne savais pas comment te le dire ! Je pensais que ce serait moins violent si tu découvrais tout par toi-même, petit à petit… j’étais prête à tout pour t’aider dans ce but » avoua-t-elle avant que son visage ne se ferme brusquement, une sourde colère naissant en elle. « Bah apparemment tu ne t’en veux pas tant que ça ! Basse vengeance, je présume ? Je ne te savais pas cliente de ce genre de conneries… »

« Et si je n’avais jamais trouvé la mémoire hein ?! Tu aurais continué à me le cacher ?! Tu sais ce que ça fait d’apprendre que deux personnes connaissent ta vie sous toutes les coutures alors que toi non ?! J’ai été dépossédée de toute ma vie Bambi et je viens de revivre cela une seconde fois à cause de toi » rétorquais-je tandis que je reculais d’un pas car je ne voulais pas me laisser apitoyer et sans le vouloir réellement, mes anciens travers revinrent sur le devant de la scène. « Comme quoi, ton pote a raison, je ne suis pas un ange finalement… Je suis peut-être qu’une salope dans le fond »lâchais-je avec ironie. « C’était pas marqué dans ton dossier ? »

« Si tes séances d’hypnoses n’avaient rien donné bien sûr que je te l’aurais dit ! Tu crois quoi, que je connais toute ta vie depuis quinze ans ?! » s’emporta-t-elle avant de lâcher finalement un rire largement ironique. Finalement, Bambi s’était bien trompée. « Comme quoi les masques tombent, ça t’arrange bien, pas vrai ? La pauvre petite Mina inverse toujours les rôles comme ça l’arrange ! En attendant, moi j’ai embrassé personne d’autre, alors j’ai pas de leçon à recevoir de toi… moi, au moins, j’ai tout fait pour t’empêcher de souffrir mais semble-t-il, je suis bien trop conne ! On ne m’y reprendra pas une seconde fois, tu peux en être certaine. » Et Bambi la dépassait déjà, le regard brutal et brillant de rage.

« Tu aurais dû me le dire par toi-même au lieu d’en discuter avec ce connard » rétorquais-je car dans le fond, le problème était qu’ils se battaient au sujet de mon passé, un passé dont j’ignorais tout et qui avait été le bout de gras de leur dispute. C’était ça qui me faisait le plus mal, d’être une nouvelle fois jugée sur quelque chose que je ne maitrisais pas et dont Bambi m’avait caché sciemment les tenants et aboutissants. « C’était un accident, je pensais que c’était toi alors ne viens pas m’emmerder avec ce genre de détail ! » m’écriais-je avant d’ajouter « Et bien casse-toi puisque t’es partie » seulement Bambi était déjà loin et je m’en voulais déjà atrocement seulement, je n’arrivais pas à me sentir entièrement fautive. Elle m’avait caché mon passé alors que pas plus tard qu’il y a trois jours, je lui faisais part de mes interrogations.

Effectivement, Bambi était déjà loin. Pendant de nombreux jours, c’est à peine si elle sortit de sa chambre à la Mather House, où elle avait à nouveau élu domicile histoire de réfléchir et de pouvoir tout saccager en paix, sa colocataire n’étant pas là en ce moment. Ladite chambre ressemblait bien trop à un champ de bataille désormais, au point que la jolie blonde finisse par s’échouer dans un pub irlandais, le premier qu’elle trouvait histoire de s’enfiler scotch sur scotch, noyant son désespoir. Cette fois-ci, le choc avait été rude, bien plus qu’elle ne l’aurait cru… « Hey l’ami, je veux pas voir le fond de ce verre, capito ? »

J’étais retournée chez mes parents, avec Jack car je n’en pouvais plus de vivre toute seule dans cet appartement. Je pensais que ma mère allait me rejeter mais au contraire, elle m’avait accueilli avec effusion même si mon cœur continuait de battre pour cette femme. Bambi me manquait, elle me manquait atrocement. « Alessandra… Cette jeune femme cherchait à te protéger comme nous avons cherché à le faire. Tu ne peux pas continuer à te murer derrière tes barricades dès que quelqu’un te blesse… On fait de drôle de choses par amour ma chérie, ne l’oublie pas » m’avait poussé ma mère. Nous avions eu une grande conversation au sujet de mon passé oublié et même si désormais je savais toute la vérité, je n’arrivais pas à m’en rappeler. « Je savais que je te retrouverais ici » lâchais-je en m’installant une heure plus tard, à côté de ma jolie blonde après avoir écumé tous les bars de la ville. « Il faut que nous parlions B. »

Bambi enchaînait les verres mais se faisant, elle découvrit une vérité des plus déroutantes : sa tenue à l’alcool était légendaire. Elle ne parvenait même pas à s’embrumer l’esprit suffisamment pour en devenir totalement anesthésiée et diable qu’elle le regrettait actuellement, surtout en entendant cette voix si chérie et familière d’ordinaire. « Je dois sautiller en mode Macarena et crier « BINGO » parce que tu m’as trouvée ? » lâcha-t-elle d’un ton avoisinant les -100° Celsius. « Je vois franchement pas ce qu’on peut bien avoir à se dire, t’as parfaitement fait mouche la fois dernière. »

Je savais que je devais m’armer de patience vis-à-vis de ma petite-amie ou ex-petite-amie, je ne savais plus trop où nous en étions toutes les deux. Je le savais et pourtant, cela n’empêchait pas mon cœur de saigner pour autant. « Ce serait un bon début surtout qu’il y a quand même pas mal de bar à Cambridge »lâchais-je l’air de rien avant de faire signe au barman que je voulais une tequila. « Si tu ne veux pas parler, je peux très bien faire la conversation pour deux, cela me gêne pas le moins du monde, tu le sais. » rétorquais-je en pianotant le bar dans un geste nerveux des doigts. « Est-ce que tu m’écouteras un minimum ? »

« Bah alors BINGO » lança-t-elle sans aucune trace de plaisanterie dans le ton de sa voix, juste une ironie à lui foutre des baffes dans la tronche. Bambi était fatiguée de passer ses nuits à chialer sur un amour perdu. Surtout qu’elle avait pensé prendre la décision la plus altruiste du monde… tu parles Charles ! En tout cas, rien ne sembla l’empêcher de s’envoyer un nouveau double scotch cul sec. Belle descente que personne n’aimerait remonter à vélo ! « Puisque je ne suis pas sourde je pense que mon ouïe va capter les élucubrations de tes cordes vocales. »