(+ Mallory) Besoin de toi, envie de rien.

Je le regardais partir vers cet institut, le cœur au bord des lèvres et l’envie de me défoncer dans un combat. J’étais accro à la violence que je le veuille ou non et j’avais beau jouer les fiers à bras, je n’en menais pas large car je venais d’éloigner la seule personne capable de m’apaiser concrètement. Toutefois, il fallait que Mallory se soigne et je ne pouvais pas l’aider aussi, j’avais préféré consentir à ce sacrifice quitte à m’introduire chaque nuit dans cet institut pour suivre ses soins de près jusqu’à tomber sur une information qui me laissa sur le cul. « Un bébé »murmurais-je totalement paumé et heureux à la fois si bien que je ne résistais pas à la retrouver dans sa chambre plongée dans l’obscurité. « Bébé, réveille-toi bébé ! »

Cela faisait quelques jours déjà que Mallory était dans cet asile de fous et même si elle avait passé le passage le plus difficile et douloureux de manque, elle se trouvait encore dans une certaine période de fragilité. Surtout avec ce qu’elle avait appris… bordel, mais comment elle allait faire au juste ? Surtout que Declan était toujours marié à sa petite sœur ! Bonjour le karma pourri… en tout cas, elle dormait presque du sommeil du juste au moment où elle se fit réveiller à moitié en sursaut par… nul autre que Declan, à vrai dire. « Putain de merde mais qu’est-ce que tu fiches ici en pleine nuit ?! »

Le besoin de parler, de m’assurer qu’elle allait bien fut plus fort que moi et je me précipitais le plus discrètement possible dans sa chambre avant de la secouer ni plus ni moins comme un prunier –en douceur quand même ; « T’es enceinte ! » lâchais-je pour seule explication tandis qu’un sourire des plus ravis trônait sur mes lèvres. « J’ai réussi ! J’ai réussi ! » murmurais-je frénétiquement car j’avais réussi à lui offrir ce bonheur à nouveau alors que je n’y croyais plus.

Mallory demeura interdite quelques secondes avant de reprendre la parole : « tu peux me dire comment t’es au courant au juste ? Puis quand bien même, tu réveilles en sursaut une femme enceinte qui en chie en ce moment, c’est pas sport du tout ! » maugréa-t-elle avant de passer ses mains contre son visage encore ensommeillé. « Tu as réussi… tu veux dire que… c’était planifié ? Bordel de merde… j’aurais dû me douter que tes attentions concernant mes orgasmes et tes questions sur mes règles étaient louches ! »

« Tu croyais vraiment que je te foutais en cure de désintox sans garder un œil sur toi ? » balayais-je ainsi sa question avant de marmonner quelque chose qui ressemblait à des excuses concernant ce fameux réveil en sursaut. « Ben quoi ?! Je te signale que tu m’as pas facilité la tâche… Par contre je me demande si c’est l’action du marabout ou la statuette de fertilité que je t’ai offerte qui ont permis ce miracle »marmonnais-je en pleine réflexion avec moi-même.

« Bah je sais pas, j’avoue m’être posé la question ! » marmonna-t-elle car on ne pouvait pas dire qu’il ait fait preuve de douceur dans tous les sens du terme avec elle. A un point tel que Mallory lui tapa l’arrière de la tête histoire de faire bonne mesure. « Ouais ben tu peux toujours me reprocher de pas parler monsieur je suis le pro des trucs en douce ! N’empêche au lieu de te glorifier, tu ferais bien de me dire ce que t’en penses et ce qu’on va faire puisque t’es tellement pro ès plans ! »

« Je surveillais ta progression chaque soir » lui expliquais-je tout en grognant quand elle me tapa l’arrière du crâne. « Hey ! Mon brushing » protestais-je avant de lever les yeux au ciel. « Je fais tout pour que tu tombes enceinte et tu ne te doutes pas que je suis le plus heureux des hommes de voir que ça a fonctionné ? » râlais-je avant de la regarder sérieusement. « Je vais prendre le premier avion pour l’Irlande et aller parler à ton père pour qu’il revienne sur cette histoire de mariage à la con qui m’emmerde royalement »

« Bah première nouvelle ! » maugréa-t-elle car si en théorie Mallory n’avait pas le droit aux visites, il aurait au moins pu l’appeler pour demander de ses nouvelles, quelque chose. « Bah je sais pas, pour l’instant à part me secouer comme un prunier et me faire comprendre que t’as utilisé du vaudou sur moi, j’ai pas vraiment matière à jugement… » leva-t-elle les yeux au ciel parce qu’ils étaient à quelque chose comme vingt centimètres l’un de l’autre, au bas mot. « Tu plaisantes ? Tu penses vraiment que tu vas pouvoir aller en territoire de l’IRA et parler au chef comme ça, d’un claquement de doigt ? »

« Bah, je crains un peu de m’en prendre une si jamais je t’embrasse… C’est qu’un homme averti en vaut deux » plaisantais-je légèrement avant de retrouver tout mon sérieux car j’étais prêt à toutes les conneries pour elle quitte à réaliser cette mission commando. « Ouais ! Tu ne comprends pas que j’en ai ras le cul de te voir à la sauvette, de te faire rapidement ton affaire avant de rentrer chez l’autre dingue qui se prend pour ma femme ?! Je veux qu’on vive ensemble, je veux qu’on se marie et qu’on élève notre bébé ensemble et le premier qui se mettra en travers de ma route sera le plus grand suicidaire de tous les temps. Je veux cette famille Mallory ! »

« Disons plutôt que je te massacre si tu m’embrasses pas dans les dix secondes, ça te vas comme réponse ? » le défit-elle en se rapprochant tout en arquant un sourcil. Mallory avait l’impression qu’un gouffre les séparaient et cette sensation cessait maintenant ou elle allait devenir folle. « Tu veux qu’on prenne un appart’ dois-je comprendre ? Moi aussi j’en ai plein le dos de te voir à la sauvette et de me dire que ma sœur peut tout mettre en œuvre pour t’arracher à moi, c’est ça qui me rend marteau aussi ! Mais je ne veux pas que tu y ailles tout seul. Si je te dis que j’ai peut-être la preuve que Kerriane est la fille de Hale ? Laisse-moi juste le temps de finir cette saloperie de cure et on s’en occupera. Au pire, si tu pètes un boulon, tu peux venir ici le soir ! » s’exclama-t-elle avant de prendre sa main pour la placer sur son ventre plat. « Je t’aime. Je vous aime tous les deux, me laisse pas à l’écart. »