(+ Mallory) Besoin de toi, envie de rien.

Trois semaines. Putain ça faisait trois semaines et elle ne m’en avait rien dit. « Pourquoi tu n’as rien dit ? » lui demandais-je sur un ton mortellement sérieux tandis que je la toisais avec colère. « Tu comptais continuer de te shooter sous mon nez peut-être ? Au moins je peux me féliciter que t’ais de la tune, ça t’empêchera peut-être de sucer ton dealer pour une dose » ajoutais-je avec du dégout. Je haïssais les drogués, c’était la solution de facilité à tous les problèmes. « Tu vas arrêter cette merde Mallo, tu vas l’arrêter sinon je me barre ! »

« Pourquoi ? Parce que tu crois que je suis aveugle au point de ne pas voir que c’est limite si tu couches pas à la salle de boxe, ou de la vendetta que tu mènes auprès de Mina ? » s’emporta-t-elle à son tour. Declan ne lui avait pas forcément donné envie de venir se confier là-dessus. « Comme si je ne connaissais pas ton avis sur la question en prime, tu crois que c’est facile de regarder l’homme de ta vie dans le blanc des yeux en lui avouant « je suis qu’une loque mais surtout me plante pas comme une merde » ? » s’emporta-t-elle avant de baisser le regard, tremblant face à ses paroles en ravalant ses larmes avec difficulté. « Tu m’enfonces et tu veux que j’arrête, tu m’expliques comment je fais ? »

Oui je passais le plus clair de mon temps dans la salle de boxe car j’avais besoin d’extérioriser ma colère mais aussi ma douleur. « J’ai toujours été là pour toi !! Putain, tu m’aurais dit que tu avais un problème, j’aurais rappliqué derechef la queue entre les jambes pour t’aider » rétorquais-je en y mettant un peu plus de voix. « Non c’est vrai que c’était tellement mieux de te shooter dans ton coin… C’était quoi le problème ? Que je te retrouve crevée sur le tapis de ta chambre, la gueule ouverte car tu aurais fait une overdose ? C’était ça ton plan ? » commençais-je à m’emporter car j’avais qu’une trouille, celle de la perdre à nouveau. « En te battant putain !! Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Que je te prenne par la main, que je te dise : oh ma chérie, tu vas voir, on va se battre ensemble. T’es la seule à pouvoir t’en tirer Mallo, ce combat, je peux pas le mener à ta place alors je te donne une raison de te battre : la drogue ou moi »

« J’ai pas dit que t’étais pas là mais que tu me parlais pas plus de ta peine ! » mit-elle les points sur les i car même si Declan ne se défonçait pas, il n’avait pas plus été honnête sur sa peine et sa façon de la gérer. Mallory n’était pas aussi forte que lui, loin de là, malgré les airs qu’elle voulait bien se donner. « A la base c’était pas dans mes plans de finir comme ça… j’ai eu une infection sur mes points et la douleur était insupportable, alors Cassie m’a prescrit de la morphine. Quand t’es pas là, je pète un boulon, j’arrive pas à gérer. J’ai l’impression de suffoquer, alors au moins, avec la morphine, j’étais anesthésiée quelques heures. Je sais pas comment m’en sortir. J’aimerais bien avoir ta force, Declan. Mais m’enfonce pas, c’est tout ce que je te demande… »

Je sais que j’étais en tort mais comment lui expliquer que je n’arrivais plus à gérer mes émotions, que je perdais pied en même temps qu’elle et que je craignais de finir par lui faire du mal. Je m’étais bercé d’illusion en pensant que je pourrais tourner le dos à mon ancienne vie, comme si de rien n’était mais le problème, c’est que c’était ce qui me maintenait en équilibre. Je m’approchais d’elle jusqu’à la prendre dans mes bras. « Tu vas aller en cure de désintoxication, ce n’est pas négociable. J’ai déjà réservé une place alors tu fais un sac et on y va » murmurais-je. Elle allait m’en vouloir mais je m’en foutais car il était hors de question que je la laisse s’autodétruire. « Je suis pas aussi fort que tu le penses sinon je saurais t’aider mais j’en suis incapable. A l’heure actuelle, ce n’est pas de moi dont tu as besoin mais d’un médecin »

Mallory se mit à serrer Declan dans ses bras comme si sa vie en dépendait mais face à ses paroles, elle s’écarta tout aussi vite. « Tu ne m’en as même pas parlé avant de réserver une chambre ?! Et tu me reproches d’avoir gardé le silence alors que tu fais ça dans mon dos ? » s’emporta-t-elle mollement car elle manquait cruellement de force mais la manœuvre lui déplaisait, quand bien même savait-elle qu’il le faisait pour son bien. « Tu as déjà fait le sac aussi je présume ? »

« Je ne l’ai pas fait contre toi, je prends juste les choses en main »répliquais-je calmement avant de secouer la tête de droite à gauche. « Non, tu dois faire le sac… Tu peux m’en vouloir autant que tu veux mais je l’ai fait pour ton propre bien alors peste, râle, crie mais ça ne changera rien à l’affaire, tu iras faire cette cure que tu le veuilles ou non mais l’idéal serait que tu le souhaites » soupirais-je en prenant son visage en coupe. J’étais prêt à ce qu’elle me haïsse pour son propre bien.

« Finalement ce choix que tu m’offrais, t’aurais été bien emmerdé que je te dise de te casser » fit-elle en se libérant de l’emprise douce qu’il avait contre son visage pour aller faire un sac non sans user de gestes virulents et colériques. Mallory en avait assez de n’avoir le choix de rien et que tout finisse irrémédiablement par merder alors fatalement, elle ne pouvait qu’en vouloir à Declan. Cela n’aurait pas du tout été la même chose s’il lui en avait parlé plutôt que de la mettre devant le fait accompli. « Sac prêt tu peux me déposer puisque je présume que tu me laisseras pas prendre ma bécane. »

« Je serais pas parti et tu aurais fini en cure seulement, tu serais partie avec un coup de pompe dans le derche »haussais-je les épaules, la laissant faire son sac, les bras croisés sur mon torse. Oh elle pouvait m’en vouloir, cela ne changerait en rien à la finalité du truc. « Ouais, je te dépose. Mallo, tu ne le comprends peut-être pas maintenant mais tu sais au fond de toi que j’agis pas contre toi »soupirais-je en prenant son sac pour l’amener vers ma propre bécane pour mieux la conduire devant l’institut. « Faut que tu fasses le chemin toute seule à partir de maintenant » lui dis-je une fois le moteur coupé.

« C’est sûr que là j’y pars pas du tout avec un coup de pompe métaphorique » soupira-t-elle. Mallory savait pertinemment qu’il ne faisait pas ça pour la rendre malheureuse ou la blesser mais là, tout de suite, elle n’était pas capable de l’admettre. Sans compter qu’il avait eut des mots blessants en sachant qu’il ne partirait pas… pourquoi l’avoir menacée alors ? « Ça va je suis une grande fille je sais mettre un pied devant l’autre » fit-elle en attrapant son sac pour mieux tourner les talons et rentrer dans ce putain d’institut où elle allait vivre quelques unes des pires heures de sa vie… et apprendre quelque chose de terriblement balisant.