(+ Declan) don't leave me now...

« Je ne parlais pas de notre mariage, je sais très bien que tu le veux, je l’ai bien compris ! » se défendit-elle avant de se redresser à son tour pour qu’il puisse sonder son regard et ne pas douter une seconde de sa sincérité. « Il n’y a rien qui t’oblige à fonder une famille avec moi. C’était ça que je voulais dire. Si tu veux qu’on reste que nous deux, je l’accepterai parce que tu m’importes en premier… et puis en prime la situation est un peu chiante en ce moment, c’est tout ce que je disais. »

Si seulement elle savait combien justement je voulais fonder une famille avec elle. Malheureusement, Mallory était tellement têtue qu’elle refuserait pour l’heure, de songer à cette option. « J’ai envie de t’offrir cette famille bébé pas seulement pour toi mais également pour moi. Je veux cette famille et la situation actuelle, si tu savais combien je peux l’emmerder royalement ! »marmonnais-je avant de l’embrasser légèrement. « Ne me fais jamais passer avant tes désirs bébé.. je veux que tu sois heureuse avec moi »

« Oh je sais très bien que tu l’emmerdes, au point de t’offrir royalement deux semaines de vacances ! » éclata-t-elle de rire avant d’embrasser le bout de son nez. « Mais je suis heureuse avec toi, Declan… tant que tu es avec moi qu’est-ce que je peux bien vouloir de plus ? Ah si… t’épouser, ça c’est non négociable. Mais ça viendra, je suppose qu’il faut juste qu’on soit patient ! »

« Bah si son père est pas trop con, ça ne sera que deux semaines sinon, les mexicains vont peut-être la garder plus longtemps »plaisantais-je. S’ils pouvaient la garder à vie, ce serait le pied total mais j’avais appris à rester simple dans mes désirs. « Demande moi de la tuer et je te promets que je mets fin à notre attente » repris-je avec tout le sérieux du monde tandis que je caressais son ventre plat, d’une main tendre. « Sinon, ouais, va falloir qu’on se montre patient »

« On va prier pour que ce soit plus long alors ! » plaisanta-t-elle de bon cœur avant de redevenir aussitôt sérieuse face à la proposition de Declan. « Et risquer que mon père te mette une balle dans la tête ? Tu plaisantes ! Non, je ne veux pas te perdre, tu ne peux pas me demander ça… » Mallory ne le lâchait pas du regard, sans même se rendre compte qu’elle venait de lier ses doigts aux siens contre son ventre plat. « Tu sais, te mets pas en colère, mais… quand j’étais alitée et encore blessée, je me levais souvent la nuit pour pleurer dans la baignoire. Ça me faisait un mal de chien, mais… j’extériorisais. »

« Par moment, j’ai juste envie qu’on se casse tous les deux. On prendrait la route et on vivrait une vie de nomade à ne jamais rester en place mais je ne veux pas d’une vie de fuyards pour toi-même si c’est très tentant » soupirais-je avant que je ferme les yeux face à son aveu. « A quoi bon me mettre en rogne, c’est du passé même si t’es la pire tête de mule que je connaisse bordel… J’ai tué quarante-quatre personnes depuis que tu t’es pris une balle dont une vingtaine en une nuit. J’ai pris la moto, je suis allé dans le quartier général de ces connards d’italien et j’ai flingué tout le monde… J’avais besoin que quelqu’un paie mais ça ne m’a pas soulagé pour autant… Mallory, tu vas trouver ça crétin mais j’ai enterré notre enfant même s’il n’était qu’un fœtus… La tombe est vide mais je voulais pas l’oublier alors je l’ai enterré »

« Je t’avoue qu’après m’être pris une balle, ça m’a traversé l’esprit aussi » fit-elle avant de se relever face aux révélations de Declan. La dernière la fit carrément exploser en sanglots car même si Mallory jouait les fortes, pour elle, cela avait été un traumatisme sans précédent car elle avait l’impression qu’on lui avait arraché une partie d’elle-même. « Pourquoi tu ne me l’as pas dit ?! C’est horrible, j’arrête pas de me demander si c’était une petite fille ou un petit garçon et j’ai l’impression qu’on m’a arraché une partie de moi, une partie que j’arrive pas à combler… pourquoi tu ne m’as pas parlé de tout ça… ne t’éloigne pas de moi je t’en supplie… »

Voir Mallory souffrir ainsi me donnait toujours des envies de meurtre. J’avais envie de faire payer les coupables même si ma mère se trouvait dans le lot. On nous avait arraché notre enfant et je ne pouvais punir personne si ce n’est moi de ne pas être intervenu à temps. Aussi, je la gardais dans mes bras, tentant d’apaiser ses sanglots. « Je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie, je ne voulais tant te permettre d’oublier mais on n’oublie jamais rien quand on perd un enfant… Je m’éloignerai jamais de toi, je t’aime trop pour ça mais je crois qu’il est temps pour nous d’essayer d’aller de l’avant » murmurais-je. Il fallait qu’on arrive à se détacher de tout cela mais je me promis également que rapidement, Mallory retrouverait la joie d’être enceinte.

Jusqu’ici, Mallory s’était bien gardée d’en parler à Declan car elle n’avait aucune idée de sa façon de gérer le chagrin. Maintenant qu’elle le savait, la donne n’était plus la même et l’envie de relâcher toute cette pression monstrueuse pesant sur ses épaules ne pouvait qu’être tentante, d’où le fait qu’elle laisse les vannes ouvertes pour mieux relâcher tous ses pleurs en serrant son fiancé dans ses bras. « Je ne peux pas oublier, et je ne veux pas oublier… je veux me dire qu’il a existé, même peu de temps, même si c’est crétin. Ça ne m’empêche pas de vouloir aller de l’avant mais je crois que j’avais besoin que l’on ait cette discussion. J’avais besoin de savoir ce que tu en pensais et de savoir que tu serais toujours avec moi. Je t’aime tellement Declan si tu savais… »

« Je serais toujours avec toi bébé » murmurais-je avant de me relever. « Habille toi, je crois que nous avons tous les deux besoin de ça » lui dis-je et dans mon regard, elle ne pouvait que douter de ce que je voulais faire à savoir, nous rendre sur la tombe de notre enfant. Aussi, pour lui donner du courage, je l’embrassais tendrement, essuyant les larmes de ses joues. « On doit lui dire au revoir tous les deux bébé sinon, on arrivera jamais à avancer mais ça ne veut pas dire qu’on l’oubliera »