(+ Bambi) Sous le soleil, y a des nanas darlidadada

Je ne savais pas comment prendre la remarque de Bambi sur mes mains. Elle n’avait été que très peu ainsi avec moi et je doutais de la marche à suivre. Dans un sens, je voulais croire que c’était peut-être son inconscient qui la travaillait mais de l’autre, je ne voulais pas nourrir mes fantasmes. « Tu sais, ce n’est pas une tare d’avoir peur de l’eau ! Pour ma part, j’ai une sainte horreur des espaces confinés » haussais-je les épaules. J’ignorais que ma peur me venait de ma plus tendre enfance quand je me cachais dans les placards pour me soustraire aux abus de mon père. Un léger rire peupla l’horizon. Bambi me faisait rire, elle me faisait me sentir bien. « J’aime bien quand on bave sur moi. J’aime plaire, pas toi ? C’est flatteur pourtant » rétorquais-je avec un air amusé tandis que je nageais vers elle. « C’est bête, on n’a pas pris de matériel pour faire un peu de plongée, cela aurait pu être marrant ! »

« Genre tu préfères prendre les escaliers que l’ascenseur ? » demanda Bambi, subitement intriguée. Il fallait dire qu’elle ne connaissait pas cette phobie chez Mina et que de son côté, plus l’espace était restreint, mieux la monténégrine s’y sentait. Les grands espaces avaient une fâcheuse tendance à lui foutre la trouille, voilà pourquoi elle stimulait sa muse en tant que peintre dans une pièce relativement petite. Histoire de ne pas s’angoisser l’existence, somme toute… « J’aime bien plaire sauf que je suis pas douée pour, me compare pas à toi t’es mille fois plus douée que je le serai jamais ! » précisa-t-elle en la montrant du doigt d’un air mi amusé mi provocateur car Mina avait définitivement beaucoup plus d’expérience en la matière. « Le jour où je mettrai des palmes et un tuba, surtout, fais-moi penser à me pendre avant parce que j’ai pas envie que mon standing meure de sa belle mort ! »

« Oui, je ne supporte pas, je m’y sens oppressé comme si un terrible danger me guette à chaque fois. Je préfère mille fois mieux la lumière. D’ailleurs, j’aime pas le noir » répondis-je et d’ailleurs, ça avait été une torture que de dormir dans le noir complet même si la présence de Bambi m’avait grandement aidée. « Sweet heart, je crois que je me suis tapée la moitié d’Harvard alors c’est clair que question expérience, j’en aurais toujours plus mais dans le fond, c’est facile de plaire à un mec si tu as un beau cul et si tu dis amen pour être sautée tout aussi rapidement » déclarais-je avec une certaine lucidité. Ainsi étaient la plupart des hommes. « Arrête, tu serais sexy même avec un sac poubelle sur la tête »éclatais-je de rire par la suite avant de l’éclabousser. J’avais envie de jouer et j’étais prête à faire la fofolle avec elle.

« Pourquoi tu dors pas avec une loupiotte si jamais ça t’angoisse tellement ? Je savais pas moi ! Tu sais, je suis pas devin, si tu me dis pas les choses, je suis la pire quiche lorraine de la terre pour les devinettes ! » précisa-t-elle en esquissant une brève moue, particulièrement désolée que les quelques fois où elles aient dormi ensemble Mina n’ait même pas donné le plus petit indice au sujet de sa peur du noir. Après tout, cela pouvait arriver à tout le monde… « Ouais enfin… on parle de séduction là non ? Pas de se faire sauter à l’arrière d’une voiture, tu sais bien que perso ça m’intéresse pas, que ce soit à l’arrière ou même sur le capot d’ailleurs ! » Ceci étant, avant même de répondre à nouveau, Bambi ne fut pas la dernière à répliquer face à l’attaque sournoise de Mina, l’éclaboussant puissance mille histoire de voir laquelle aurait le dessus sur l’autre dans cette bataille aquatique. « Bah et toi alors ? T’es créatrice, c’est encore plus confortable, t’es jamais habillée comme un sac ! »

« D’ordinaire, j’ai toujours une veilleuse mais je ne voulais pas passer pour une gamine. C’est pas quelque chose dont j’en suis fière et puis, j’ai réussis à dormir avec toi »détournais-je le regard quelques instants. Je ne pouvais quand même pas lui dire que je m’étais blottie contre elle toutes les nuits dès que je sentais qu’elle dormait profondément. Non, hors de question que de lui avouer ce petit secret, ces nuits en sa compagnie resteraient mes petits trésors. « Bah, mes rapports avec les hommes finissent toujours comme ça, je suis pas plus douée que toi pour séduire… J’ai dû avoir deux petits copains sérieux » répondis-je, autant dire que ce n’était pas grand-chose dans la masse de mes amants. Au moins, la petite bataille d’eau qui s’en suivit me fit un bien fou sur le moral qui était déjà pourtant au beau fixe. « Attends, on a la classe ou ne l’a pas ! D’ailleurs, rien ne t’interdis de piocher dans mes créations pour t’habiller, ça sera toujours avec plaisir modèle de moi »

« J’me serais pas payé ta tronche, t’es au courant ? Serait-ce que t’arrive à dormir avec moi ? » fit-elle en souriant de façon flattée et flatteuse car Bambi n’aurait pas cru une seconde que Mina puisse se sentir apaisée en sa compagnie. Cela lui faisait plaisir, sans pour autant qu’elle n’ait le réflexe de décrypter ladite émotion actuelle se jouant dans son esprit. « Bah t’en as déjà eu un de plus que moi ! J’en ai eu qu’un je te rappelle… bon d’accord ça a duré mais quand un couple dure, tu finis par ne plus séduire l’autre alors c’est une expérience sans en être une. » Même si son histoire avec Daniel marquait encore son âme et ses souvenirs, Bambi essayait de ne pas trop y penser. Inutile de pleurer dans les chaumières alors qu’elles profitaient toutes deux d’une magnifique journée ensoleillée. « Ouais enfin… j’ai pas ta plastique ! Piocher, c’est bien joli mais j’ai pas autant de goût que toi ! »

« Je sais bien…et ouais » murmurais-je en rougissant car les images de ces quelques nuits à me blottir tout contre elle me hantaient. J’avais aimé le contact de son corps chaud contre le miens même si j’avais stressé d’autant plus à l’idée qu’elle se réveille et me surprenne en plein craquage de bouillotte. Le pire, c’est que je n’arrivais même pas à m’en vouloir bien au contraire. Si je pouvais, je recommencerai chaque nuit car pour la première fois depuis bien longtemps aucun monstre n’était venu peupler mes rêves. « Oui mais tu as su ce que c’était d’être aimé et ça, ça n’a pas de prix » soupirais-je, ressentant de la jalousie face à cet homme décédé qui avait obtenu et conservé le cœur de ma jolie blonde. Je ne pourrais jamais rivaliser avec lui et ça me tuait sur place. « Tu sais que tu m’énerves quand tu mésestimes ainsi ?! Bambi, tu es magnifique, tu as un visage d’ange, des courbes divines… Tu es juste superbe et si ce n’est qu’une question de goût, je peux très facilement devenir ta styliste attitrée ! Après tout, nous serons bientôt coloc’ alors tu m’auras sous la main le matin ! » plaisantais-je tandis que je nageais vers la plage.

« Si tu veux cette nuit j’peux te servir de bouillotte, comme ça t’auras pas peur, même si techniquement parlant les étoiles peuvent faire office de veilleuse ? » Savoir ce que c’est que d’être aimée… Bambi l’avait su, effectivement, mais maladroitement. Son histoire avec Daniel n’était pas un modèle de simplicité et elle ne savait pas, avec le recul, si cette dernière aurait réellement duré pendant des années encore. Ils étaient trop différents, trop disparates aussi. « Ouais, vu de ce point de vue là effectivement je connais ce sentiment. Mais j’ai dû vivre dans le mensonge aussi, puisque c’est lui le fondateur de mon show d’illusionniste. Pas évident de construire une relation durable sur un mensonge, tu sais. Ca n’aurait pas duré, je pense » avoua-t-elle avec fatalité et vérité en même temps. Curieux et amer mélange… « Bah alors sois ma styliste ! Histoire que j’arrête de me dire que j’ai pas la classe… tu seras ma gardienne de non mésestime ! Prête à relever le défi colossal ? »

« Je préfère tes bras » répliquais-je du tac au tac avant de me mordre la lèvre et de me coller mentalement une baffe. Mon dieu mais dès fois, faites-moi taire !! Qu’est-ce que je pouvais être cruche par moment. « Malheureusement, personne ne peut prédire l’avenir sweet heart » lui répondis-je plus tard tandis que je m’asseyais sur le sable, laissant l’océan caresser mes jambes par moment en offrant le reste de mon corps au soleil. Je me sentais bien ici et la présence de Bambi n’était pas étrangère à cet état de fait. « Je crois que ce défi est tout à fait à ma portée. Dis B. et si on se faisait un jeu ? Je ne sais pas, un action/vérité ? Un qui n’a jamais ? Bref, on a l’embarras du choix. On pourrait même ouvrir la bouteille de tequila, qu’est-ce que tu en penses ? » lui proposais-je en m’allongeant sur le sable chaud, m’étirant avec sensualité sans en prendre conscience.

« Bah dis-toi qu’ils sont tiens pour la nuit ! » Bambi semblait être parfois l’innocence même en la matière, mais elle aimait bien trop Mina pour rester insensible à ses cauchemars, autant lui demander de se tirer une balle dans le pied. Elle préférait mille fois lui faire du bien que de la laisser galérer et souffrir dans son coin en sachant qu’elle pourrait lui apporter de l’aide. « Personne ne peut mais il y a des détails qui peuvent te faire dire ça… moi je sais ce que j’aurais pu ne pas supporter à la longue, par exemple, puis j’ai un caractère de merde aussi. Faut se le farcir au jour le jour ! » Bambi ne faisait pas uniquement référence à ses crises de colère mais tout de même, cela en faisait largement partie pour ainsi dire. « J’ai envie de te dire qu’un action ou vérité sera encore plus fun, surtout si ça implique la bouteille de tequila ! Je te laisse commencer avec… une vérité pour moi tiens ! »