i just want drink like if this is the last day of my life. (haytam)

Poppy n'avait jamais fais de crises dans le genre. Enfin si, ça lui était arrivée une seule fois et il avait des années de cela. Elle n'était qu'une adolescente qui rentrait à peine dans la puberté. Elle avait perdu sa cousine, la femme qui l'avait élevée et s'était retrouvée seule à New-York. Ca avait été beaucoup trop dur pour elle et elle n'avait pas supporté. Mais aujourd'hui, ça faisait des années qu'elle avait su se remettre sur les rails et aller au mieux. Mais elle sentait qu'elle dépérissait de plus en plus dans les délires pervers dans lesquels elle avait été plus jeune. Et d'une certaine manière qui n'était visiblement pas évidente à ses yeux, ça la rendait malade. Aussi le fait de voir qu'une personne qui lui était cher puisse assister à ce spectacle macabre, la faisait tout simplement frissonner. Comment pouvez t-on prendre soin d'elle alors qu'elle ne pouvait même pas prendre soin d'elle ? Arrivant alors à sa chambre d'hôtel, elle s'aventura dans celle-ci tout en observant autour d'elle. Inspirant profondément, elle détourna son regard noisette vers Haytam et d'une voix brisé elle lui demanda « Tu veux entrer ? » Le regardant un instant, elle détacha une mèche mouillé qui s'était collé sur sa joue puis elle prit place sur son lit en frictionnant ses bras. Bien sur qu'elle n'obligeait pas Haytam à rester, d'ailleurs elle se demandait si sa question n'était pas rhétorique. Elle ne voulait pas qu'il la voit dans cet état mais il avait prit tellement soin d'elle depuis cette fameuse fête Mather qu'une part d'elle, voulait qu'il reste.

Je l’avais porté durant toute la soirée, je l’avais soulevé, je l’avais retenu avant qu’elle ne sombre définitivement, et je n’étais pas fier, j’avais juste fait ce que je pensais juste et bon. Devant sa porte, j’ignorais ce que je devais faire. Je m’inquiétais pour elle, je ne voulais pas la laisser seule dans son état, j’étais prêt à la surveiller, quitte à la veiller toute la nuit, de toute manière j’étais insomniaque, ce n’est pas comme si cela allait me gâcher ma nuit. Je soufflais alors longuement et la regardais hésiter, elle semblait perdue dans sa chambre et je regrettais un instant de ne pas être à Harvard, dans un endroit connu. J’avalais alors ma salive et enfouissais mes mains dans mes poches, me mordant légèrement la lèvre inférieure, hésitant à mon tour. « Je reste seulement si tu le veux. » Pas de réponse durant un petit moment, puis un petit hochement de tête. J’attends alors quelques secondes avant de franchir le seuil de sa chambre et de fermer la porte derrière moi, puis je m’avance vers elle et la regarde se frictionner les bras. « Tu devrais prendre une douche chaude, tu irais mieux après. Je m’occupe de commander quelque chose si tu veux ? Tu as faim ? Ou envie de dormir peut être... mater un film ? »

Poppy n'était pas dans son état normal et c'était particulièrement compréhensible d'ailleurs. Aussi alors qu'elle était assise sur son lit à se frictionner les bras, elle orienta son regard noisette vers Haytam qui avait finalement accepté de lui tenir compagnie. Esquissant un vague sourire, perdue dans ses pensées, elle hocha positivement la tête « Oui je vais aller prendre une douche chaude. » Répondant de manière incertaine, la Cabot ne répondit pas aux restes des questions du jeune homme. Elle se leva nonchalamment puis elle se dirigea dans la salle de bain. Fermant la porte derrière elle, elle ouvrit les robinets d'eau froide puis elle entra habillé dans la cabine de douche. Elle s'assit au sol de la cabine et ramena à elle ses jambes. Posant par la suite son menton sur ses genoux, elle laissa son regard se perdre dans le vague. Elle ressemblait aisément à un mort-vivant dans cette position, mais elle s'en fichait, elle ne bougeait pas.

Je voulais m’occuper au mieux d’elle, lui faire comprendre qu’elle n’était pas seule et surtout, veiller à ce qu’elle passe le reste de la soirée bien vivante. J’avais été angoissé à cause de sa petite blague foireuse derrière les rochers, et je m’en voulais encore d’avoir réagi ainsi. Je soufflais alors longuement en lui proposant tout un tas de trucs, j’étais paumé, je ne savais pas comment agir dans des circonstances pareilles. J’avalais alors ma salive avec difficulté pendant qu’elle se levait et marchait vers la salle de bain. « Si tu as besoin de quoi que ce soit tu… » La porte se referma alors que je n’avais pas eu le temps de finir ma phrase. Les bras ballants, je continuais sur ma lancée « m’appelles. » En même temps, elle allait prendre sa douche, pourquoi m’appeler ? Je tournais alors en rond comme un lion en cage pendant quelques minutes avant de me décider à m’asseoir au pied de son lit, à même le sol, ramenant un genou contre mon poitrail, laissant mon regard se perdre sur les dessins du sol.

Poppy n'était pas fière de plusieurs choses qu'elle avait pu faire dans le passé. Un comportement trop futile, des mots mal placés, pas assez de sourires cachés. Mais tout ce qu'elle avait fait depuis qu'elle était un simple bébé, avait à ses yeux, un sens primordiale. Peut-être appelerez-vous ça le destin, où le karma. Mais la jeune Silver n'avait pas fait tout ce qu'elle avait fait en vain. Tout avait un sens, même si elle n'en voyait pas toujours la lumière. Aussi, alors qu'elle était assise dans la douche à laisser de l'eau glaciale lui parcourir l'échine, elle resta dans la salle de bain pendant de longues minutes. Ne voyant pas le temps passé, elle demeurait immobile à attendre quelque chose qui n'arriverait jamais. L'espoir, la guérison, l'amitié. Elle semblait coincé entre ses pensées et son corps. Et bien que le corps veuille réellement bouger, il ne le faisait pas pour la bonne volonté de ses pensées qui lui interdisaient tout mouvement. Cela faisait déjà plus de quarante-cinq minutes que Poppy était sous la douche, et elle n'avait pas bougé d'un pouce. Elle demeurait toujours dans la même position, immobile dans la pénombre.

J’étais assis là, sur le sol de la chambre de mon amie à regarder le mur, à attendre que le temps passe. Mon esprit se concentrait au rythme de l’eau crachée par le pommeau de douche, du moins ce que j’en entendais. J’étais fatigué par les émotions, par Punta Cana également, mais surtout par mes nombreux fantômes et par mon manque terrible de sommeil. Pendant plus d’une demi-heure, je me concentrais uniquement sur le bruit de l’eau, et je fixais le mur en face de moi, blanc, laissant mes penser diverger. Je relevais alors à un moment la tête, la secouant histoire de sortir de mes songes, puis je toisais l’horloge. Cela faisait plus de quarante-cinq minutes que Poppy était sous la douce, c’était tout bonnement impossible ou encore une fois, le temps avait filé entre mes doigts. Inquiet, je me levais alors et allais frapper tout doucement à la porte de la salle de bain. Après aucune réponse, j’hésitais mais entrais facilement, baissant la tête pour ne pas la voir en petite tenue. La lumière était éteinte, et je pouvais apercevoir Poppy dans le coin de la douche, totalement immobile. Sans un mot, j’évacuais l’air de mes poumons avec un léger sourire triste sur le visage, puis je refermais la porte derrière moi. Je me dirigeais alors vers la douche et passais ma main sous l’eau glacée. Je frissonnais à son contact et décidais de mettre de l’eau chaude, c’est ce qui lui fallait. J’allais alors m’asseoir avec elle, proche d’elle, puis sans un mot, je défaisais délicatement sa position. J’attrapais ses deux bras et les décroisais, puis j’attrapais son épaule et l’attirais contre moi pour qu’elle se blottisse. Je posais alors un instant mon front sur ses cheveux puis je relevais la tête, la calant contre la paroi de la douche.

Poppy ressemblait de plus en plus à un fantôme. Elle avait des cernes sous les yeux, et avait cet air constant d'épuisement placardé au visage. On voyait qu'elle était au bout du rouleau et on pouvait même se demander si elle ne pensait pas au suicide de temps en temps. Aussi alors qu'elle restait immobile dans la cabine de douche, elle laissa les minutes s'écouler comme si elles étaient de vulgaires secondes. Elle ne voyait pas le temps passer et elle restait dans cette manière position sous un jet d'eau glacial. Ca ne pouvait pas lui être bénéfique, surtout après la petite baignade qu'elle avait eu quelques minutes plus tôt à la plage. Alors qu'elle restait silencieuse et immobile à fixer un point vide et inexistant face à elle, elle ne se rendit pas compte qu'Haytam venait d'entrer dans la pièce. Reniflant par moment à cause du glacé de sa peau et de ses lèvres légèrement violettes, elle ne bougea pas plus lorsque Haytam s'installa à côté d'elle après avoir changé la température du jet d'eau. Elle le laissa cependant faire afin que la jeune Silver change enfin de position. Puis lorsqu'il passa un bras derrière elle, la jeune Cabot laissa sa tête tomber sur son épaule tout en continuant à fixer face à elle, l'oeil vitreux. Elle ne savait pas comment elle pourrait remercier Haytam de se montrer si présent et d'être un véritable soutient pour elle, spécialement lorsqu'elle n'avait personnes à qui elle pouvait parler. Mais le jeune Dunster comprenait, il était là au moment où Poppy avait commencé à perdre pieds. Gardant alors sa tête sur l'épaule du jeune homme, la peau de la Silver commençait peu à peu à se réchauffer grâce à l'eau chaude qui lui glissait sur le corps. Elle resta encore dans cette position pendant une période qui lui sembla être une éternité. Sachant que plus de trente minutes passèrent à nouveau où elle n'avait pas bougé d'un pouce, si ce n'était pour poser sa tête sur l'épaule du jeune homme. Aussitôt Poppy se demandait comment Haytam pouvait la supporter. Elle était insupportable, égoïste, froide, manipulatrice et en réalité, elle estimait qu'elle possédait tout les défauts du monde. Alors pourquoi tenait-il autant à elle alors qu'elle était une réplique bien cruelle de Satan ?

Je voulais être là pour elle, prendre soin d’elle car sa vie m’important plus que la sienne. Je savais à quel point Poppy pouvait être destructrice pour elle, et je ne voulais pas la laisser s’enfoncer dans les limbes, j’avais tout simplement peur de ne plus la revoir, de la perdre, appelez ça de l’égoïsme mais sur le coup je ne pensais pas à moi, mais bien à elle. C’est sans doute pour ça qu’en silence, j’étais venu m’installer à ses côtés, la prenant dans mes bras alors que l’eau brûlant nous réchauffait. J’avais pris fois à m’endormir vaguement dans sa chambre et celle-ci ne me faisait pas de mal, elle réchauffait petit à petit mes muscles endormis. Je fermais alors un instant les yeux, levant mon visage vers le pommeau de douche pour sentir l’eau se fracasser sur mon teint blafard. Après quelques minutes, je baissais à nouveau la tête puis resserrais un peu mon éteinte autour de Poppy. J’étais là pour elle, je voulais qu’elle le sache, que je ne la laisserais jamais et qu’elle pouvait tout me dire, ce genre de choses banales que je n’arrivais pas à dire avec de simples mots. Je pourrais rester des heures sous cette foutue douche rien que pour elle, et j’avais simplement peur qu’elle en doute. Je venais alors poser mes lèvres sur ses cheveux mouillés, fixant un point quelconque en face de moi.

Poppy s'était toujours dit, et ce, depuis qu'elle était toute petite. Qu'elle ne méritait pas l'intention des personnes de son entourage. Elle avait d'abord été abandonnée à la naissance, du moins c'est comme-ça qu'elle le voyait, puis elle avait été adopté mais la vieille femme qui voulait prendre en charge la jeune Cabot, était bien rapidement tombé malade et avait bien trop tôt rendu l'âme. Toutes ces personnes qui mourraient à petit feu ou qui finissaient par partir et qui faisaient partit de la famille de Poppy. Toutes ces personnes partaient à cause d'elle, du moins c'est comme-ça qu'elle l'avait toujours perçu. Aussi c'est pourquoi elle ne comprenait pas pourquoi Haytam lui montrait autant d'attention. Il finirait bien par fuir à un moment donné, lui aussi. Cependant la jeune Silver n'avait pas la force de repousser Haytam, du moins pas ce soir, car d'une manière ou d'une autre et même si elle ne voulait pas l'avouer, elle avait besoin de lui et de sa présence. Aussi alors qu'elle laissait son regard se perdre dans la vide, lorsque le Dunster vint à lui embrasser le dessus du crâne, elle esquissa malgré elle un faible sourire, presque inexistant mais il était tout de même bien présent. Elle restait contre lui, elle commençait à se réchauffer et voyait ses lèvres reprendre une couleur normale. Elle aurait pu rester sous cette douche des heures entières mais elle savait qu'elle devrait en sortir tôt ou tard, elle n'avait juste pas la force de prendre l'initiative de se lever car elle ne se sentait tout bonnement pas capable de tenir sur ses deux jambes.

Je ne comptais pas abandonner Poppy, car je savais à quel point ce genre de chose pouvait faire mal. Cela ne m’était jamais vraiment arrivé, après tout, qui aurait voulu être proche de moi avant cette histoire d’amnésie ? Personne, et je n'étais bien malheureux de constater qu’une année entière n’avait pas suffi à me refaire une vie. Je me reconstruisais à une allure trop lente à mon goût, beaucoup trop lente. M’occuper de Poppy n’avait rien à voir avec une quelconque croyance par rapport au Karma, non, je voulais simplement être là pour elle, et puis lui apporter un peu de réconfort ne me coutait rien, au contraire, il m’apportait beaucoup, au moins je ne pensais pas à mon cas et surtout, je pouvais me démontrer que j’étais autre chose qu’un connard. Une demi-heure était passée depuis que j’étais arrivé, et j’avais beau aimer l’eau, il fallait qu’on sorte, qu’elle bouge, c’était donc avec regret que je la redressais lentement avant de me lever, faisant attention à mes jambes engourdies. Je lui tendais alors la main une fois levée et l’aider à son tour car je la savais chancelante. L’éloignant un peu de la douche, je l’entourais d’une grosse serviette chaude, puis je m’approchais d’elle et la portais dans mes bras pour venir la déposer dans son lit quelques secondes après. Les draps allaient être mouillés mais peu importe, c’était juste le temps qu’elle reprenne des forces, et puis on était dans un hôtel luxueux non ? Ils allaient pouvoir être changer à n’importe quelle heure.