(+Thais) Un Weyss peut en cacher un autre.

« Je ne comptais pas m’arrêter, tu es à moi et je compte bien faire en sorte que cela continue. Tu es ma vie mon amour » soufflais-je contre ses lèvres avant de les capturer dans un tendre baiser, la serrant dans mes bras pour mieux plonger dans les affres de la sensualité. Bien plus tard, l’étreinte se fit bien plus tendre que passionnée tandis que je reprenais peu à peu mon souffle tout en lui caressant le dos du bout des doigts. « Promis, plus jamais mais il faudra quand même faire attention hein » lui répondis-je en fronçant les sourcils avant de soupirer d’aise lorsqu’elle déposa un baiser sur mon torse. « La tête va bien mon cœur, tout va même très bien » murmurais-je tandis que je la berçais dans mes bras, profitant simplement de l’instant présent aux côtés de ma femme. Quelques jours plus tard, une nouvelle épreuve nous attendait, du moins attendait Thais. En effet, ses anciens parents adoptifs décidèrent de lui rendre visite.

« Je te promets de faire attention… je suis tellement soulagée que toi tu ailles mieux ! » avoua-t-elle avant de profiter d’un moment de tendresse des plus délectables, qui tranchait très agréablement avec la nouvelle épreuve à venir pour le jeune couple Weyss, à savoir la visite des parents adoptifs de Thaïs. Au départ, la jeune irlandaise pensait profiter d’un dîner en compagnie de ses beaux parents, en toute simplicité, mais elle avait vite déchanté en entendant la voix de l’un des bourreaux de son enfance. Elle refusa dès lors de s’asseoir, les fusillant du regard, la respiration qu’elle avait grande peine à apaiser tant son trouble était puissant. « Thaïs chérie, assieds-toi tu vas te fatiguer… » « Je ne suis pas votre chérie et je n’ai aucune envie de partager une tablée avec vous » lâcha-t-elle froidement, le visage si fermé que l’on ne pouvait que peiner à la reconnaître. Lorsque sa « mère » demanda pourquoi, la blonde éclata d’un rire des plus cruels. « Je vous fait la liste par ordre alphabétique ou chronologique ? Des jours à me priver de manger, le fait que vous m’ayez battue, privée d’éducation pendant de nombreuses années, envoyée à l’hôpital pour UN MOIS tellement j’étais carencée et anémiée ! Sans oublier que l’homme qui se prétendait mon père a voulu abuser de mois avant que je ne l’assomme avec une clef à molette, et vous vous étonnez encore que je ne vous imagine qu’en train de bouffer les pissenlits par la racine parce que c’est tout ce que vous méritez ?! » « Menteuse ! » Thaïs n’hésita pas à dégrafer sa robe dans le dos pour montrer l’étendue de ses cicatrices à l’assemblée. Elle, mentir ? Elle n’en n’avait jamais été capable… « Et ça, je me le suis fait toute seule peut-être ? »

J’ignorais à quoi nous nous exposions en acceptant l’invitation à dîner de mes parents. J’ignorais réellement que les parents adoptifs de ma femme y seraient sans quoi, jamais ô grand jamais, je ne les aurais gratifié de notre présence. Le visage aussi froid que celui de ma femme, je les écoutais, attendant le bon pour intervenir mais Thais me devança, déversant sa colère sur eux tandis que je m’approchais d’elle pour l’aider à remettre sa robe correctement. « Maman, papa, ces personnes ne sont pas les bienvenues ici et je pense qu’il serait bon grès de leur montrer la sortie sinon je m’en charge et je risque de rencontrer beaucoup de murs »déclarais-je tandis que mon père hochait la tête et demandait à un domestique de faire reconduire ses personnes à la porte. « Thais, ma petite, nous ignorions tout de leur comportement sans quoi jamais nous les aurions invité pour dîner. Est-ce que cela va aller ? » s’enquit aussitôt ma mère tandis que je gardais ma femme dans mes bras comme si, j’étais prêt à la défendre de tout et de n’importe quoi. « Je vais veiller personnellement à ce qu’ils soient renvoyés à la frontière allemande aussi vite qu’ils n’en faut pour dire à Caleb, tango » surenchérit mon père avant qu’une autre voix masculine ne se fasse entendre. « Est-ce moi où j’ai entendu la douce voix de ma pupuce d’amour ?? » C’était Samuel, mon beau-père. « Pitié pas lui ! » marmonnais-je sur un ton amusé.

Si cela irait ? Difficile à dire. Thaïs venait de replonger malgré elle dans les années les plus sombres et douloureuses de son existence et fatalement, son esprit restait rivé sur ses souvenirs les plus inavouables. A se demander comment elle s’était débrouillée, au juste, pour ne pas avoir envie de sauter du haut d’un pont à plusieurs reprises. « Cela va aller » tenta-t-elle d’assurer à Anita mais son corps encore tremblant de colère en disait long sur ce qu’elle pensait actuellement. Elle rêvait de s’enfermer dans une pièce dans le noir, la plus exigüe possible histoire de se sentir protégée et de ne plus jamais être atteintes par ces deux abjects personnages. « N’aie crainte papa, la fierté irlandaise a déjà vaincu avec l’aide de la fierté allemande » tenta-t-elle d’ironiser avant de serrer doucement son père dans ses bras, peut-être plus fortement qu’elle ne l’aurait voulu d’ailleurs mais elle en avait besoin. « Chéri, tu leur annonces la bonne nouvelle ou je le fais ? » changea-t-elle immédiatement de sujet avec habileté, bien qu’à l’intérieur de son esprit, ce soit un capharnaüm insupportable.

Je savais bien que ma femme n’allait pas bien mais elle tâchait de faire bonne figure. Dans ces moments-là, je n’avais qu’une seule envie, c’était celle de la soustraire au monde pour mieux la protéger, la garder dans mes bras. « Ne les laisse pas t’atteindre ma pupuce, tu sais ce que tu vaux et surtout, regarde où tu en es maintenant. Tu es ma fierté ma chérie d’amour » la serra-t-il contre lui et je pouvais sentir combien elle lui manquait depuis qu’il avait du partir pour Paris. « Euh ok »bafouillais-je un peu pris de court avant de regarder mes parents ainsi que Samuel rapidement suivi par une Anna qui semblait sur le point d’exploser. « Thais et moi attendons des jumeaux et nous avons décidé de nous marier ici en Allemagne d’où ta présence vieux débris » plaisantais-je avant d’aller chercher MA femme et la garder jalousement dans mes bras. Oui, j’avais toujours du mal à la partager. « Oh mon dieu, félicitation mes chéris !! Je suis trop contente pour vous deux » nous félicita ma mère avant que mon père ne se joigne à eux ainsi que Samuel et Anna. « Aussi forte que son père, on est trop les meilleurs chez les O’Donoghue… Et bien j’en profite aussi pour vous annoncer qu’Anna et moi allons-nous marier fin août »

Quoi de mieux pour retrouver véritablement le sourire que de partager un vrai évènement familial, comme l’annonce au sujet des jumeaux… mais aussi de leur plan de mariage en Allemagne. Caleb avait eu l’idée du siècle en la matière et dieu sait combien il tardait à Thaïs de lui dire une nouvelle fois « oui » devant leurs proches. Elle frissonna bientôt en sentant Caleb la reprendre dans les bras, comme s’il était même jaloux de ses propres parents ou même de Samuel et d’Anna… « Un petit garçon et une petite fille, qui vont très bien d’après le doc ! » précisa-t-elle car c’était tout de même LE plus important. « AAAAAH mais c’est super !!! Vous comptez le faire où le mariage ? Non parce que fin août j’aurais accouché à priori mais je veux à tout prix être la demoiselle d’honneur de mon Anna adorée ! » fit-elle avant de serrer autant son père que la jolie russe dans ses bras, pour mieux retourner auprès de Caleb dont elle embrassa chastement la joue. « Nous n’avons pas encore vraiment décidé de la date pour notre mariage mais ce sera très bientôt, et dans la clairière qui borde votre maison de campagne Monsieur et Madame Weyss… »

Ainsi, Anna avait réussi à arracher le mariage à Samuel et à voir son sourire débile lorsqu’il nous l’annonça, je ne pouvais me dire qu’une seule chose : il était heureux d’avoir cédé bien au contraire. « On pensait le faire dans le Connecticut car après tout, c’est là-bas que nous nous sommes rencontrés et puis, les jumeaux seront assez vieux pour voyager en avion » nous annonça Samuel tandis qu’il serrait à nouveau fortement sa fille dans ses bras. J’étais réellement heureux pour lui car avec Nicolai, nous l’avions vu se perdre durant trop d’années. « Voyons Thaïs, appelle nous Anita et Franck, tu es de notre famille » protesta ma mère avec un doux sourire. « Je suis certaine qu’avec Anna, nous allons pouvoir faire des miracles quel que soit la date que vous choisirez » poursuivit-elle. « Cela ne sera pas avant le 23 mars car nos amis ne seront pas encore rentré de leur spring break » éclairais-je leur lanterne tandis que j’embrassais ma femme.

Anna avait dû le travailler au corps pendant un certain nombre de semaines pour obtenir une fameuse date de mariage mais Thaïs ne pouvait pas être plus heureuse pour eux car ils méritaient d’être une famille unie. Ils s’étaient bien trouvés ces deux là, c’était une certitude ! « Je suis trop contente pour vous ! On s’arrangera pour venir dans le Connecticut alors… hein chéri ? » proposa la jeune irlandaise, à la limite de sautiller de joie après l’épisode navrant d’avec ses parents adoptifs. Cela contrastait agréablement, c’était le moins que l’on puisse dire. « D’accord, Anita et Franck… j’ai hâte de pouvoir partager ce moment avec vous tous en tout cas ! » précisa-t-elle alors que Caleb énonçait que le mariage ne serait pas avant le vingt-trois mars au mieux. Cela n’importait que peu vu qu’il leur fallait quand même un peu de temps pour mener à bien tous les préparatifs ! « Chéri est-ce que tu peux m’aider à m’asseoir ? J’ai un peu la tête qui tourne, je suis restée trop longtemps debout. »

« Oui, nous viendrons. On pourra confier les jumeaux à Bambi et Wilhelmina » même si, ils ne seraient pas nés depuis longtemps et que je doutais pour ma part, d’arriver à m’en séparer même le temps d’un week-end quoiqu’il en soit, je préférais de loin voir Thais dans un état euphorique comme celui-ci plutôt que triste et froide. Elle était si belle lorsqu’elle rayonnait. « Bien sûr ! Tu n’as encore rien mangé ! Ce n’est pas raisonnable » paniquais-je aussitôt en l’aidant à s’asseoir, l’éventant avec ce que je trouvais sous la main sous le regard moqueur de mon beau-père à qui je fis un splendide doigt d’honneur. « Cela va un peu mieux princesse ? » lui demandais-je en m’accroupissant près d’elle, passant une main sur sa joue puis dans ses cheveux. J’étais toujours aussi paniqué dès que je voyais le moindre signe de faiblesse en elle. C’était plus fort que moi.

« Je suis sûre que Mina et Bambi signeront directement pour venir jouer les baby sitters ! » Même si Thaïs en premier lieu aurait sûrement beaucoup de mal à laisser ses deux trésors derrière elle ne serait-ce que le temps d’un weekend… possible qu’elle soit littéralement pendue à son téléphone pour s’assurer que tout allait bien, quitte à revenir en quatrième vitesse à Cambridge au moindre pépin. Mais en l’occurrence, c’est elle qui faisait preuve d’une petite faiblesse passagère, tout à fait logique étant donné le choc émotionnel qu’elle venait de se prendre en pleine face ainsi que le fait qu’elle n’ait effectivement rien mangé. « Ça va un peu mieux… je crois que j’ai du mal désormais avec le trop plein d’émotions » avoua-t-elle dans un sourire, plaçant sa main contre celle de Caleb pour mieux en caresser le dos. « Ne sois pas si inquiet amour, ce n’est qu’une petite faiblesse passagère, ça va aller ne t’en fais pas… »