(+Thais) Un Weyss peut en cacher un autre.

Je sentais poindre le mal de crâne, les crises de Mary ayant toujours eu cet effet-là sur moi. C’est fou, il y a encore moins d’un an, je me serais senti heureux de la retrouver comme un rêve éveillé. Là, j’avais plutôt l’impression de nager en plein cauchemar. « Va-t-en Mary. Tu n’es plus la bienvenue dans cette maison et encore moins dans ma vie mais tu te trompes. Tôt ou tard, Thais et moi nous nous serions rencontrés et tu n’aurais jamais fait le poids contre elle. C’est elle que j’aime et c’est elle que j’ai épousé maintenant va-t-en ou c’est moi qui te dégage et tu me connais suffisamment pour savoir que je ne ferais pas dans la dentelle » parlais-je sur un ton froid digne de mes plus glorieuses heures avant que Mary n’abandonne –pour cette fois ; et s’en aille. « Je suis désolé mon cœur, je… je sais pas quoi dire d’autre » lui dis-je en me laissant tomber sur le canapé. J’étais totalement retourné.

« Pourquoi tu t’excuses ? Tu n’y es pour rien ! Tu sais, j’en ai entendu bien d’autres… d’habitude on dit que je ne sers à rien, là, elle a juste dit que j’étais moche, je considère presque ça comme une promotion » chercha-t-elle à dédramatiser la situation en s’asseyant sur la table basse juste en face du canapé, plaçant ses mains contre les genoux de Caleb. « Ce qui m’importe là tout de suite, c’est comment tu te sens toi. Le reste n’a aucune importance. »

« Tu n’es pas moche et tu ne sers pas à rien » protestais-je en posant mes mains sur les siennes pour mieux l’attirer dans mes bras, la laissant prendre place sur mes genoux. J’avais besoin de sa chaleur, de la sentir tout contre moi. « Je suis totalement paumé. Je la croyais morte et voilà qu’elle débarque à nouveau dans ma vie comme si rien ne s’était passé pour elle… Thais, je sais que ça va pas être plaisant à entendre mais elle m’a embrassé.. je l’ai repoussé de suite mais je ne veux pas de secret entre nous »

« Je sais mais c’était pour te dire que ce genre d’attaque glisse sur moi, ça ne m’atteins plus depuis le temps ! » lui avoua-t-elle avant de se blottir dans ses bras de Caleb, caressant son torse d’une main et la nuque de ce dernier de l’autre pour mieux se tendre à son aveu. Là, par contre, ses mots avaient l’effet d’un véritable uppercut en plein visage, et dieu sait combien ce sentiment n’était pas agréable. « Heum… je ne sais pas très bien ce que je suis censée dire… tu as ressenti… quelque chose ? » fit-elle non sans se dégager pour mieux demeurer debout, sans s’en empêcher.

« Je n’aime pas quand on te manque de respect, c’est plus fort que moi »râlais-je avant de lui avouer le baiser de Mary. Je partais du principe que je ne souhaitais plus rien lui cacher ; je prônais la transparence mais la sentir me quitter fut comme un déchirement si bien que je me relevais à mon tour pour la prendre dans mes bras. « Rien si ce n’est du dégout. Tu es la seule femme qui compte dans ma vie Thais. Tu es mon épouse et à ce titre, tu resteras celle que je désirerai toute ma vie »

« Tu n’empêcheras pas les gens de penser qu’un aveugle est un boulet et un assisté en règle générale… mais vraiment je m’en fous parce que j’ai toutes les raisons du monde pour être heureuse. » Thaïs faisait passer une incroyable sincérité dans son regard pourtant si vide d’ordinaire, de même que par son sourire, avant de se tendre et se de relever brusquement. Cela avait été plus fort qu’elle. « Si j’avais su je lui aurais effectivement fait un ravalement de façade… ça me tue qu’elle ait pu te toucher cette folle ! Désolée pour ma réaction mais c’était plus fort que moi… »

« Les gens sont cons » marmonnais-je. Je me fichais bien que ma femme soit aveugle, elle restait ma femme. D’ailleurs, cela faisait longtemps que je ne prenais même plus en compte sans handicap même si des fois, j’aimerai qu’elle puisse me voir. Je pense que c’est une demande naturelle… « Ne sois pas désolé, j’aurais réagi de la même façon » soufflais-je avant de tout simplement prendre ses lèvres pour un baiser afin qu’elle soit toujours mon dernier quoiqu’il arrive. « J’ai un cadeau pour toi »

« Ça aussi, ce n’est pas un scoop ! » rigola-t-elle bien volontiers, preuve que ce genre de remarque ne la blessait vraiment plus depuis le temps. « Qu’est-ce que tu vas faire, maintenant ? Je sais pas, je la sens pas cette fille… elle est venue jusqu’ici pour te trouver quand même, quelle personne normalement constituée ferait ça ? » demanda-t-elle avant que son visage de s’adoucisse subitement. « Un cadeau pour moi ? Je peux l’avoiiir ? »

« Je n’en sais rien, aucune loi n’interdit à un individu de se balader en ville..Tant qu’elle ne commet aucun délit, je ne peux que supporter sa présence mais je ne compte ni reprendre mon histoire avec elle ni la laisser entrer dans notre vie » lui affirmais-je avant de sourire devant son enthousiasme. Je fouillais alors dans ma poche de jean pour en sortir la bague que je déposais dans sa main. « Elle aura mis longtemps à te revenir mais vaut mieux tard que jamais non ? » plaisantais-je.

La bague

« Je sais bien qu’elle ne commet aucun délit mais je ne sais pas… elle me fout un peu les jetons j’avoue. Quelqu’un qui est capable de mentir sur sa mort… » En bref, Thaïs craignait le pire pour les jumeaux et à raison. A croire qu’ils soient surtout entourés de déséquilibrés mentaux ces temps-ci ! « Elle est magnifique ! Tu peux me la mettre à mon annulaire droit ? Comme ça je porte tout : mon alliance, ma bague de fiançailles numéro un et ma bague de fiançailles numéro deux à l’autre main ! »