(+Thais) Un Weyss peut en cacher un autre.

« Je sens que mes parents vont sauter de joie et que ma mère ne va plus te lâcher d’une semelle pour t’aider à organiser notre mariage » grimaçais-je même si, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que quelque part, peut-être qu’un couple me cherchait ou au contraire, ne pensait plus à moi. C’était difficile pour moi, lors des grandes occasions jalonnant ma vie, de me dire que fatalement, je ne serais jamais totalement complet car il y aura toujours une part de mystère entourant mes origines. Seulement, je doutais de mes propres capacités à endurer la vérité si bien que je préférais me concentrer sur le présent et sur ma femme. « Je n’ai jamais eu envie d’être méchant avec toi dès notre toute première rencontre. Tu m’intriguais, tu me captivais et puis, dès notre première danse, tu as su capturer à nouveau mon cœur. Sans m’avancer, je sais que si Mary était toujours vivante et que j’avais croisé ta route, je n’aurais pas pu m’empêcher de tomber amoureux de toi car je sais que tu es la femme de ma vie. Thaïs, tu es et tu seras mon unique amour »

Thaïs esquissa un petit rire amusé rien qu’à imaginer Anita s’éclater vis-à-vis de la préparation du mariage. « Oh mais moi je serais ravie de passer du temps avec eux ! Ça me permettra de connaître mieux ta mère, aussi… » lança-t-elle d’un ton particulièrement enjoué car après tout, vu qu’en théorie la jeune irlandaise n’était pas censée faire d’efforts inconsidérés, toute aide serait sûrement la bienvenue en la matière. « Caleb, pendant ton amnésie… tu as soumis l’idée que tes parents n’étaient pas tes parents biologiques… je ne sais pas si tu veux m’en parler, mais j’y ai repensé depuis… » fit-elle avec précaution, laissant la porte ouverte sans forcément le forcer à en parler avec elle s’il ne le souhaitait pas. « Tu… tu crois que tu serais tombé amoureux de moi-même si tu étais toujours fiancé avec Mary ? » s’étonna-t-elle en écarquillant grandement les yeux, bouche bée. Il ne pouvait pas lui faire plus beau compliment, surtout pour quelqu’un ayant aussi peu de confiance en elle que Thaïs… « Après notre rencontre je me souviens avoir attendu chacune de nos répet’ avec une impatience qui m’en faisait encore moins dormir la nuit tu sais ! Pour ça que ça m’a paniquée lorsque tu m’avais envoyé dans les gencives que tu me prenais pour une stalkeuse… j’avais vraiment peur que tu me jettes pour de bon. Je savais déjà que je n’aimerais personne d’autre et que tu étais l’homme de ma vie Caleb. »

« Oh crois-moi, tu vas en passer du temps avec elle »plaisantais-je car ma mère pouvait se montrer pire qu’une louve quand il s’agissait de ses enfants. Néanmoins, ce fut avec tristesse que j’accueillais les propos suivants de ma femme. « J’ai toujours plus ou moins su que je n’étais pas leur enfant biologique. Ils sont tous blonds, j’étais le seul brun et le prétexte fumeux que je ressemblais à mon arrière-grand-père Franz ne passait plus avec le temps. Il y a deux ans, j’ai surpris une conversation entre mon père et ma mère où mon père parlait qu’il était peut-être temps de me révéler la vérité. Je n’ai jamais osé aborder ce sujet avec eux. D’un côté, je veux savoir d’où je viens mais de l’autre, je n’ai pas envie d’apprendre que durant les premières années de ma vie, on ait cherché à se débarrasser de moi… Les Weyss sont mes parents, ils m’ont donné tout l’amour qu’un enfant est en droit de recevoir mais je me sens pas entier, comme amputé de ma véritable histoire » me confiais-je à elle en toute sincérité et simplicité. Si je pouvais faire confiance à quelqu’un, c’est bien à ma femme non ? « Je ne crois pas. J’en suis sûr. Tu es celle qu’il me faut Thaïs. Mary et moi, c’était fini depuis quelques mois mais nous préférions sauver les apparences plutôt que nous avouer la vérité, c’était bien plus confortable »avouais-je avant de l’embrasser suite à sa déclaration. Elle ne pouvait pas me faire l’aimer plus qu’à cet instant précis. « Dire que je stressais à chaque répétition à l’idée que tu comprennes dans ma manière de danser toute l’émotion que tu faisais naitre en moi »

Thaïs se contenta de sourire pour faire comprendre à Caleb qu’elle serait ravie de passer du temps avec Anita mais préféra se concentrer sur ses confessions suivantes. « Peut-être qu’ils ont simplement peur que tu ne les rejettes en en parlant avec toi ? Si ça se trouve, ils ont autant de craintes que toi, car après tout, à leurs yeux tu es leur fils… et ils t’aiment, c’est l’évidence même pour moi qui suis aveugle ! Peut-être qu’un jour tu seras prêt et à ce moment là rien ne t’empêchera d’apprendre la vérité. Laisse-toi peut-être du temps… » fit-elle non sans embrasser doucement son front pour lui assurer que dans chaque cas de figure, elle serait là pour l’encourager et le soutenir, car il n’était pas question qu’elle le laisse supporter ça tout seul. « Et tu es confortable avec moi maintenant j’espère ? » ajouta-t-elle subitement avec malice. « C’est vrai tu stressais ? Belle brochette de stressés qu’on était tous les deux franchement ! Je me félicite d’avoir forcé un peu le destin alors… ta tête commence à être soulagée ? »

Oui, peut-être avais-je simplement besoin de temps pour appréhender cette vérité. « Oui, tu as sûrement raison mais la vie est bien trop courte. Je n’ai pas envie d’avoir des regrets. Tu sais, maintenant que je vais être père, je me dis que si jamais mon fils venait à m’être arraché, je passerai tout le reste de ma vie à le rechercher. Si jamais, mes véritables parents me recherchaient actuellement ? C’est idiot mais quelque part, je me dis que j’ai passé l’âge d’avoir peur » soupirais-je avant de profiter de son baiser, fermant les yeux tout en la serrant davantage contre mon torse, caressant son dos du bout des doigts. « Plus que confortable avec toi ! Je n’ai pas besoin de sauver les apparences avec toi car je t’aime et que notre mariage est la meilleure chose qui me soit arrivée dans toute ma vie en dehors de notre rencontre et de notre fils » lui répondis-je dans un sourire avant d’hocher la tête. « Oui, tes doigts sont magiques, je n’ai plus mal… Demain, nous pourrions peut-être retourner à la clairière pour faire des repérages pour la cérémonie ? Pour le moment, il est temps d’aller se coucher »

« C’est normal d’avoir peur chéri, il n’y a aucune honte ! Si tu veux qu’on cherche tes parents amour je ferai tout ce que je peux pour t’aider avec le plus grand des plaisirs… » lui proposa-t-elle car même si Thaïs en elle-même ne lui serait pas forcément d’une grande d’aide, elle pouvait peut-être demander discrètement de l’aide à quelqu’un qui serait beaucoup plus efficace qu’elle. « Je t’avais dit que j’avais des doigts de fée ! Allez, on va se câliner au lit… » plaisanta-t-elle non sans lui faire un bisou presque frustrant pour mieux sombrer quelques instants plus tard dans les bras de Caleb, dans un sommeil du juste, le premier sommeil paisible depuis des semaines. Le lendemain, ils ne se réveillèrent pas tard, et pour cause : rendez-vous chez le gynéco oblige ! Cette fois-ci, Thaïs n’était pas vraiment stressée mais plutôt désireuse d’entendre à nouveau le cœur de son bébé, chose qui lui garantirait que tout irait bien malgré ces dernières semaines mouvementées et pénibles. « Il semblerait que votre médecin précédent ait manqué quelque chose d’important… j’entends un deuxième cœur. » « Comment ça, le bébé à DEUX CŒURS ?! » « Non madame, mais vous êtes enceinte de jumeaux ! »

« J’aimerai mais avant de commencer la moindre recherche, je dois parler à mes parents. Je veux être certain qu’ils comprennent que je ne les aime pas moins malgré que je sache la vérité » lui répondis-je avant de l’aider à se relever pour mieux la sécher et la porter jusqu’à notre lit. J’étais toujours dans mon optique de papa poule. D’ailleurs, durant plus d’une heure, je la regardais dormir, heureux tout simplement d’être de retour à ses côtés et de pouvoir les aimer tous les deux. Trois. Oh bordel ! Voilà la pensée que j’eu sur le moment en me laissant tomber sur la chaise à côté de Thais lorsque son gynéco annonça qu’il y avait pas un mais deux bébés. « Deux… Deux bébés ? » bafouillais-je, le visage pâle avant qu’un sourire des plus niais ne vienne étirer mes lèvres et que je prenne le visage de ma femme en coupe. « On va avoir deux bébés, c’est merveilleux, on est les meilleurs !! » m’exclamais-je avant de prendre le médecin dans mes bras et de lui calquer une bise sur la joue. « Désolé. Emotion » m’excusais-je tandis qu’il rigolait de mon débordement d’affection. « Ce n’est rien M. Weyss. En tous les cas, c’est une jolie petite fille qui se cachait derrière son frère » annonça-t-il tandis que je me tournais vers Thais. « Ah ah !! Tu vois que je t’avais dit que tu étais enceinte d’une fille !! »

Thaïs avait hoché vivement la tête au commentaire de Caleb, preuve qu’elle le suivrait quelque soit sa décision et qu’il n’y avait aucune mauvaise décision : il avait le droit de faire les choses dans l’ordre qu’il désirait et elle savait pertinemment qu’il aimait ses parents plus que tout… tout comme l’inverse s’avérait vrai. Mais après une nuit des plus réparatrices, ce fut une nouvelle des plus étonnantes qui leur tomba bientôt sous le coin du nez, au point que Caleb n’en vienne à serrer le doc contre lui pour mieux lui claquer une bise, chose qui fit éclater de rire Thaïs d’un même temps. « Croyez-moi docteur il n’est pas comme ça avec tout le monde mais là c’est comme si vous lui aviez fait un cadeau de Noël ! » s’exclama-t-elle pour mieux embrasser son mari la seconde qui suivit. « J’avais quand même raison pour notre p’tit garçon, AHA ! » reprit-elle en lui tirant la langue avec émotion tandis que le gynécologue reprenait. « Les deux bébés sont en pleine santé, vous beaucoup moins. Je vais vous prescrire un tensiomètre que vous allez porter tout le temps. Dès qu’il bipe, vous arrêtez TOUT. C’est primordial, et surtout, AUCUN STRESS. Si vous avez le moindre problème, n’hésitez pas à m’appeler surtout. » Bientôt, Thaïs se retrouva avec Caleb dans la salle d’examen, se redressant brusquement en oubliant quelques secondes les recommandations du médecin. « On a pas de deuxième prénom mamour !! »

Des jumeaux, elle attendait des jumeaux. J’étais aux anges comme ce n’était pas permis, comme si, après la tempête, venait le calme et le beau temps. Certes, je m’étais un peu laissé prendre par les émotions mais en même temps, ce n’était pas tous les jours qu’on devenait papa d’un petit gars et d’une petite fille. « Ne vous inquiétez pas doc’, je vais veiller sur elle, elle ne se fatiguera pas, elle ne stressera pas et je serais au garde à vous dès que ça bipera ! » répondis-je au médecin quitte à devenir envahissant avec ma femme. D’ailleurs, à peine s’était-elle redressée que je la rallongeais. « Thais, pas de stress, on a tout le temps de trouver un prénom et pour tout te dire, j’avais voulu te proposer Siloë avant qu’on apprenne que c’était un petit garçon mais on a le temps. Tu dois absolument te détendre » marmonnais-je avant de me tourner vers le médecin. « Où est-ce que je dois m’adresser pour louer un fauteuil roulant ?? C’est que je veux pas qu’elle fatigue jusqu’au jour de l’accouchement »

Pour être au garde à vous dès que cela bipera, Thaïs avait pleinement confiance en Caleb pour cela ! Il l’était déjà alors qu’il ne la pensait enceinte que d’un bébé, alors pour des jumeaux… c’est à peine s’il allait dormir de la nuit ou la laisser poser un orteil par terre. « Chéri, ça va aller rassure-toi ! Je vais faire attention, mais fais gaffe sinon c’est à toi que je vais mettre le tensiomètre, oublie pas de faire attention à ta tête ! » le sermonna-t-elle car Caleb ne devait pas pour autant s’oublier dans l’équation, hors de question ! « Siloë… c’est trop mignon j’adore !! Plus la peine de paniquer, je crois qu’on a nos deux perles rares : Raphaël et Siloë… d’où te vient ce joli prénom ? » demanda-t-elle tout sourire avant de s’indigner lorsqu’il demanda pour un fauteuil roulant. Ni une ni deux, elle se redressa aussitôt. « Tu plaisantes j’espère ?! Je suis déjà aveugle tu veux pas que je sois grabataire en prime, non mais !! »