(+Thais) Un Weyss peut en cacher un autre.

Retrouver les gars m’avaient fait un bien fou car avec eux, je n’avais pas besoin de faire semblant, ils n’attendaient rien d’autre de moi mise à part que je me remette rapidement pour reprendre ma mission d’infiltration. Seul le capitaine Weatherfield me regardait d’un drôle d’air entre réprobation et espérance sans que je n’en comprenne réellement la cause. Nous étions en train de discuter bien sagement quand Thaïs débarqua, magnifiée dans son tailleur rouge. « Tu ne fais que passer ? » fronçais-je les sourcils. Mes doutes ne faisaient que plus vivaces, elle me fuyait. « Il s’agit de mes collègues, le capitaine Weatherfield, et les lieutenant McDouglas et McNamara » lui dis-je avant que ce dernier ne trouve bon de faire une sortie de son cru. « Au fait, Weyss, tu te l’ais finalement faite la rouquine de l’autre jour ou pas ?! » me demanda-t-il tandis que je me retournais vers lui, le fusillant du regard. Léonard lui mit une claque derrière les oreilles. Des fois, son gendre et accessoirement meilleur ami n’avait pas le moindre tact. « Occupe-toi du cul de C’ian au lieu de raconter des conneries » grognais-je à son encontre.

« Juste des papiers à signer avec ma productrice mais avec elle je sais quand je commence l’entretien mais rarement quand je le finis ! » lâcha-t-elle d’un ton aussi détendu que possible mais Thaïs avait du mal à être à l’aise, autant dire ce qui est. « Je suis vraiment enchantée ! » fit-elle mais son sourire s’effaça aussitôt face aux dires du collègue de Caleb. Elle tourna son visage vers Caleb, les yeux exorbités, avant de froncer les sourcils, mue par une vive colère. Alors celle-là, elle ne s’était clairement attendue à la recevoir en pleine poire ! « Je vais vous laisser je crois » reprit-elle d’un ton nettement plus froid, ne sachant pas comment elle était censée réagir mais l’évidence se trouvait là : elle était blessée. Elle salua les convives d’un hochement de tête avant de sortir en claquant la porte, son sac nerveusement serré dans sa main. Thaïs s’énerva à moitié lorsque l’ascenseur n’arriva pas assez vite et pris les escaliers à vive allure, bénissant le fait de respirer l’air du dehors avant de se remettre à marcher.

« Putain McNamara, quand tu t’y mets, tu es vraiment un connard fini ! » lâchais-je froidement avant de m’élancer à la poursuite de Thaïs, la retrouvant dans la rue. Je ne voulais pas qu’elle croit que je l’avais trompé car depuis que nous avions couché ensemble, je n’avais plus regardé aucune autre femme. Il était important qu’elle me croie, presque vital. « THAIS ATTENDS ! » m’écriais-je avant de lui courir après pieds nus. Je l’attrapais par le poignet pour la forcer à se retourner vers moi. « Ce n’est absolument pas ce que tu crois. Cette fille, c’était bien avant que toi et moi couchions ensembles ! Et je n’ai même pas couché avec elle. Il faut que tu me crois, je ne t’ai pas trompé » m’empressais-je de lui dire même si techniquement, des baisers sulfureux avec une inconnue lorsque nous étions mariés, relevaient de la tromperie. Or le problème, c’est que j’avais beau dire que nous étions mariés, je n’en étais toujours pas convaincu et pour cause, la place du marié était occupée par un autre Caleb Weyss. Un Caleb que je n’étais pas.

Thaïs avait beau entendre la voix de Caleb derrière elle, l’irlandaise refusa de se retourner, bien trop en colère pour réfléchir avec discernement. Rien que de l’imaginer dans les bras d’une autre femme… ça la faisait bouillir ! Comment avait-il pu faire une chose pareille en sachant qu’ils étaient mariés ? Son amnésie avait bon dos pour le coup ! Hélas, il la rattrapa rapidement, la forçant à le regarder en lui saisissant le poignet. Dans sa voix elle sentait l’envie qu’il la croie mais Thaïs n’était pas idiote : si Jeremiah en avait parlé, c’est qu’il s’était passé quelque chose. « Bien avant que nous couchions ensemble… ON ÉTAIT QUAND MÊME MARIE JE TE SIGNALE ! Et tu le savais, tu ne pouvais même pas faire l’autruche bordel ! Ne va surtout pas me prendre pour une conne parce que je suis persuadée que vous n’avez pas joué aux échecs ! »

Elle ne me croyait pas et je ne pouvais pas la blâmer avec la réputation que j’avais mais je n’avais absolument rien fait avec cette femme. Je n’avais pas pu. « Je te jure sur tout ce que j’ai de plus cher que je n’ai pas couché avec cette nana ! Putain mais j’en ai marre que tu brandisses la pancarte mariage. Quand est-ce que tu vas comprendre que je ne me sens pas marié à toi ?! Je suis désolé de te blesser en t’annonçant ça comme ça mais je ne peux pas le dire autrement. Ce mariage dont tu parles, il s’agit juste d’un bout de papier pour moi. Oui je sais que je suis marié à toi mais je ne le ressens pas en tant que tel. J’avais besoin de savoir par moi-même Thaïs. Tout le monde me dit quoi ressentir, quoi faire, comment me comporter : fais pas ça, le vrai Caleb n’agirait pas comme ça, ah tu penses comme ça ? Avant tu disais autrement. J’en ai ma claque qu’on me parle de ce Caleb comme si c’était le messie. Merde, j’existe aussi !! Cette femme, je n’ai pas pu aller plus loin parce que je n’arrivais pas à la désirer comme je te désire. J’ai besoin de toi Thaïs… Accorde moi cette chance que tu me refuses… Oublie le, laisse-moi une chance » plaidais-je ma cause comme je le pouvais.

Tout d’un coup, la colère de Thaïs se transforma en vague de tristesse qu’elle ne put décemment retenir. Elle se sentait démunie, abandonnée, plus seule qu’elle ne l’avait jamais été. Cette phrase que Caleb venait de prononcer était un pire couperet que celui s’étant abattu sur sa nuque le jour où elle avait su qu’elle perdrait définitivement la vue sous peau. Ça faisait mal… si mal qu’elle en avait les larmes aux yeux et peinait à ne pas s’effondrer. « Si tu ne te sens pas marié à moi alors je suis quoi pour toi, hein ? Un passe temps ? Un trou que tu combles pour relâcher la pression OU QUOI BORDEL DE MERDE ! Tu me demandes de te laisser une chance mais je ne te connais même pas ! Tu agis comme un séducteur et je me dis : il va s’amuser avec quoi jusqu’à ce que je ne lui suffise plus ou bien ? Et puis cette nénette… tu l’as embrassée non ? »

« C’est comme ça que tu me vois ? Comme un vulgaire séducteur qui ne pourra jamais rien t’apporter de bon ?! J’ai toujours été ainsi, tu m’as connu ainsi ! »soupirais-je sentant que j’étais condamné par avance à cause de ce foutu deuxième homme. Comment rivaliser avec cette image qui me collait au basque ?! Le Caleb qu’elle aimait, son mari, il avait eu six mois pour la séduire, pour la rendre totalement accro et moi, je n’avais même pas eu deux jours. Je me sentais impuissant, comme si quoique je dise ou fasse ne la ramènera jamais vers moi. « On s’est embrassé oui mais ça n’a pas été plus loin parce que je ne pouvais pas. Je n’avais aucun désir d’elle » lui avouais-je sans rentrer dans les détails sans dire que je l’avais suivi jusqu’à son appartement, que je l’avais caressé, que je l’avais embrassé avant de comprendre que je ne pourrais jamais la désirer. « Pourquoi tu ne veux pas comprendre que je suis en train de tomber amoureux de toi ? Tu m’enfermes dans ce mariage sans me laisser la moindre chance d’apprendre à te connaitre, sans la moindre chance de construire quelque chose à deux. J’ai l’impression que nous sommes trois lorsque je suis avec toi !! »

« Tu n’as jamais agit ainsi avec moi, jamais ! Comment tu veux que je te voie autrement alors que c’est tout ce que tu me montres ? Je suis enceinte de toi et c’est à peine si tu t’y intéresses !! » Appeler leur enfant « le gosse » ne donnait pas forcément confiance à Thaïs et ce que lui avoua Caleb ne la rassurait pas davantage. Elle connaissait ses anciennes méthodes, elle se doutait de la suite, inutile qu’il lui fasse un dessin et fatalement, elle recula d’un pas, se détachant de l’étreinte qu’il exerçait sur son poignet en ravalant ses larmes autant qu’elle le pouvait. « Et je suis censée faire quoi en sachant ça ? Craindre que tu recommences ? » Thaïs ferma les yeux quelques instants avant de baisser le regard, perdue. « Et bien considère que je ne t’y enfermes plus, puisque ça te les brise tellement ! Qu’est-ce que tu veux que je te dises ? » s'énerva-t-elle non sans tourner les talons.

« Putain Thaïs, c’est tout ce que tu retiens de mes paroles ?! Je te dis que je suis en train de tomber amoureux de toi et tout ce que tu me dis, c’est ça ?! Je crois que de nous deux, celui qui rejette l’autre, ce n’est pas forcément celui auquel on pense au départ » lâchais-je avec tristesse avant de la laisser tourner les talons. J’avais le cœur en miette et pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’espérer une chance, même infime de séduire cette femme. Lorsque je retournais à l’appartement, il ne restait plus le capitaine qui vint poser sa main sur mon épaule. « Fiston, cette femme a besoin d’un mari et d’un père, pas d’un petit-ami… Des fois, il faut savoir dire au revoir à ceux que nous aimons pour mieux les retrouver après » me dit-il avant de prendre congé à son tour. Je restais débout comme un con avant d’aller m’asseoir sur le canapé, ravagé par des maux de tête des plus virulents. Quelques heures plus tard, mon téléphone portable vibra dans la poche de mon jean. C’était l’hôpital, Thaïs avait fait un malaise. « Je suis venu aussi vite que j’ai pu ! Comment tu te sens ?? »m’inquiétais-je en prenant sa main dans les miennes pour mieux l’apporter à mes lèvres et déposer un baiser au creux de sa paume.

Thaïs n’avait même pas répondu au dernier discours de Caleb, consciente qu’elle le repoussait mais des deux, elle n’avait pas embrassé quelqu’un d’autre ! Pourtant, elle se sentait diablement coupable et n’avait eu de cesse de pleurer jusqu’à ce que la montée de stress n’ait raison d’elle. Fatalement, à peine avait-elle foulé le sol du restaurant où elle devait retrouver sa productrice qu’elle s’évanouissait déjà, pour mieux être conduite aux urgences où le médecin qu’elle vit lui fit tout un speech sur les méfaits du stress sur sa grossesse. Allez le dire à son mari amnésique ! Mari qui débarqua bientôt dans la chambre où elle avait été placée pour la nuit en observation. « Disons que j’ai connu mieux… » avoua-t-elle d’une voix fatiguée, les yeux rougis par les larmes bien qu’elle ait enfin cessé de pleurer. Une chance qu’elle ait arrêté un peu avant qu’il n’arrive… « Comment tu as su où j’étais ? »