(+ Ioann) maybe I need you more than you need me...

La confiance… Bambi avait oublié le sens de ce mot il y a des lustres et ne semblait pas prête à le retrouver, pas dans l’état où elle se trouvait actuellement. Elle tâchait pourtant de reprendre le dessus, autant qu’elle le pouvait, mais la donne s’avérait plus complexe qu’il n’y paraissait de prime abord. « Tu ne sais pas les casseroles que je trimballe » avoua-t-elle d’une voix légèrement plus calme, la belle blonde faisant appel à son sempiternel masque d’impassibilité pour l’aider à reprendre le contrôle de cette foutue situation. Si elle manœuvrait bien, Ioann finirait par lui foutre la paix mais rien n’était certain : surtout pas alors qu’il venait de la faire pivoter et de placer ses mains d’homme contre ses épaules de frêle apparence en cet instant. Le discours qu’il lui offrit la toucha, bien évidemment, mais était-ce seulement suffisant ? « J’ai déjà eu des vrais potes, Io’. Et tu sais ce qu’ils ont fait quand les choses ont commencé à merder ? Ils se sont barrés comme les lâches qu’ils sont ! La confiance, c’est de la merde en boîte. Qui me dit que tu ne vas pas faire comme tous les autres et te barrer si jamais ça finit par mal tourner, hein ? »

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J'écoutai attentivement son discours, rageant intérieurement ses anciens potes de l'avoir laissé tombé de la sorte. J'ai toujours été fidèle au poste. Quand je suis considéré comme un ami, je porte le badge d'amitié fièrement. Jamais je n'ai laissé tombé une amitié, jamais je n'ai abandonné. Je baissai les yeux et me redressa lorsqu'elle me compara aux autres. J'avais la preuve irréfutable qu'on se connaissait peu au final, car si elle connaîtrait le véritable Ioann, elle serait pertinemment que pour rien au monde il la laisserait en plan. Surtout elle. « Parce que je ne suis justement pas comme les autres Bambi. Ne me met pas dans le même panier que tout ses crétins. Je vaux beaucoup plus que ça et j'espère que tu vas t'en rappeler. » Je pris une grande inspiration avant de me rapprocher d'elle. Je levai son menton avec l'aide de mon index, plongeant mes yeux dans ses prunelles.« La preuve, c'est que je suis encore ici, entêté comme jamais à te faire parler. Alors s'il te plaît, ne me repousse pas. »

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Ce n’était pas une situation confortable pour Bambi, mais ça ne l’était pas davantage pour Ioann. Difficile de se mettre à la place de quelqu’un et ni l’un ni l’autre ne semblait en mesure de le faire, hélas… Ioann ne savait pas par quoi elle était passée et d’un autre côté, Bambi ne connaissait pas son passé non plus. « Je ne te connais pas non plus alors forcément, c’est plus simple de faire des raccourcis du genre » avoua-t-elle en soupirant, admettant que ce n’était peut-être pas la meilleure chose à faire mais c’était tout de même celle lui demandant le moins d’énergie. Comment agir autrement sans qu’on lui donne les cartes en main ? « Tu marques un point… » Ioann était entêté, aussi entêté qu’elle mais justement, Bambi adorait ce trait de caractère. Et là, pour le coup, elle lui faisait suffisamment confiance pour laisser plusieurs larmes s’écouler le long de ses joues. S’il n’y voyait pas une première marque de confiance, il lui faudrait s’acheter des lunettes car jamais la blonde ne pleurait en présence de quelqu’un ! « Je ne sais pas par où commencer… si je te dis que je déteste mon père mais que je ne peux pas aller non plus contre lui parce que j’ai plus que lui, tu en dis quoi ? »

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Je restai bouche-bé lorsqu'elle m'accorda mes dires, mais encore plus lorsqu'elle laissa des gouttelettes d'eau perlés sur ses joues. Mon cœur palpita dans tout les sens. Il fallait que je m'y attende. Habituellement, quand on n'est pas d'humeur, souvent les pleures s'en suive. Seulement, j'avais forcé la touche pour en arriver là. Lorsqu'elle m'énonça le mot « père », j'eu un flashback de l'autre soir, la première fois ou nous nous étions envoyés en l'air. Je me rappelais avoir sortie dehors et elle avait parler de père et d'héritage aussi si je me souviens bien. Je ne me rappelais pas mot pour mot de notre conversation, mais j'avais l'intention d'être là pour elle. « Je sais qu'habituellement, les histoires de famille c'est plutôt compliqué, mais si ça te mènes la vie dure, arrête tout ça Bambi. Écoute ton coeur, il faut que tu sois heureuse et non constamment envahi par un sentiment d'appartenance envers ton père... » Je ne savais pas trop comment la consolé, car c'était un sujet plutôt difficile d'approche.

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Abandonner son paternel ? Plus facile à dire qu’à faire. Une pareille chose le tuerait sur place, surtout après la perte de la mère de Bambi, des années plus tôt. Leur famille était encore marquée par ce deuil et même la blonde ne parvenait pas à passer outre… ses nuits se trouvaient encore bercées par des cauchemars où elle voyait sa mère partir, loin, sourde à tout appel lancé par sa fille. « Facile à dire » énonça-t-elle en haussant les épaules, essuyant subitement ses joues comme pour faire semblant que rien de tout ceci n’était arrivé. Bambi était définitivement passée maîtresse dans l’art très noble de faire l’autruche, ça ne faisait pas le moindre doute… « J’suis pas sûre que tu saches ce que c’est que d’être seul. J’veux dire seul à en crever, au point de te dire que limite, t’inscrire sur un site de rencontres est presque une idée que tu pourrais envisager parce que t’as un mal de chien à supporter cette solitude. Si j’le laisse tomber, je me démerde seule ad vitam eternam. Déjà que j’ai pas la cote… toi t’es aimé. Peut-être pas en tant que potentiel amant mais en tant qu’ami si. »

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Déboussoler. Voilà ce qui j'étais en ce moment. Je venais de comprendre pourquoi Bambi s'était forgée un caractère si intense. Elle disait que s'était à cause des autres, mais de ce que je percevais, c'était parce qu'elle n'avait pas confiance en elle. Je pouvais pas croire ce qu'elle me racontais. Elle n'a pas la cote? « De un, avoir la cote ou non n'a aucun rapport dans ce que tu me dis. T'es pas nécessairement obligé d'avoir dix millions d'amis pour te sentir moins seule et pour te sortir de ce merdier? Tu cherches beaucoup trop loin alors qu'à deux pas de toi, t'as un ami fidèle qui serait prêt à remplacer les millions d'autres connards pour te venir en aide.» Je la foudroyai du regard, frustré qu'elle ne remarque pas les efforts que je fournis pour l'aider en ce moment. « De deux, arrête de te comparer à moi. Si tu savais comment j'en ai ma claque d'avoir des amies filles sans pouvoir avoir plus. J'ai l'impression que malgré tout ce que je suis prêt à faire, y'a aucune meuf qui voudra bien de moi comme copain. Alors la solitude, même si je suis constamment entouré de monde, je connais. »

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Certes, il n’y avait pas nécessairement besoin d’avoir dix millions d’amis pour se sentir entouré mais Bambi n’avait, la plupart du temps et en dehors de ses moments avec Ioann bien sûr, pas la possibilité de ne pas crever de solitude. Son tempérament n’aidait pas en la matière, car non seulement elle possédait une fierté insupportable mais en prime elle avait un mal fou à gérer ses crises de colère… le Winthrop en avait eu un aperçu précédemment. « Peut-être parce que j’ai peur que tu me vois autrement » avoua-t-elle d’une voix légèrement plus brisée. S’il apprenait qu’elle avait une double vie et mentait à tout le monde sur ses déplacements à Vegas, comment diable le prendrait-il au juste ? « Tu dis que des conneries Io’… je pourrais te dire que t’as pas cherché suffisamment loin mais jusqu’à preuve du contraire tu m’as proposé une relation de potes avec un petit plus, pas de relation amoureuse. Tu dis que t’en as ta claque mais est-ce que tu as ouvertement proposé la chose à quelqu’un, hein ? On ne peut pas se donner des leçons parce qu’on est pas mieux l’un que l’autre… »

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La voir autrement? Comment pourrais-je la voir autrement? Le pire qu'elle pouvait être, c'est tel un petit animal sans défense selon moi. Peut-être qu'elle cachait bien son jeu, car en vérité, il était vrai que je ne connaissais rien sur ses projets en dehors de nos rencontres. Mis à part cela, je voyais mal Bambi différente. Je l'appréciais comme elle était et son « nouveau » côté plus tendre ne m'effrayais aucunement. Toutes femmes ont se besoin incessant d'être rassurées. Elles ont des sentiments, alors pourquoi dont Bambi ne pourrait-elle pas vivre avec cette personnalité? Que cachait-elle? Je fus choqué lorsqu'elle me remit en pleine tronche le fait que je n'avais pas essayé. Elle n'a aucune idée combien de fois j'ai été rejeté dans le passé. Puis le fait qu'elle évoque notre relation personnelle me rendit perplexe. J'ignore pourquoi, mais son propos m'obligea à sortir une connerie : « Eh bien maintenant que t'en parles, je te le propose. Bambi, est-ce que tu voudrais sortir avec moi? » Évidemment, je m'attendais à une réponse négative, car elle se rendrait compte - comme toutes les autres -, que je suis bien mieux comme un ami que comme un amour. Je croisai les bras sur mon torse avant d'affichai un petit sourire provocateur. « Tu ne pourras pas dire que j'ai pas essayé. »

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« Ouais sauf que tu singes le truc » fit-elle remarquer, légèrement amère. Impossible que Ioann soit sérieux ne serait-ce que trente secondes surtout sur un sujet comme celui-ci. Sûrement avait-il été souvent rejeté par le passé mais Bambi ne voulait pas être considérée comme toutes les autres nénettes ayant joué avec les sentiments du jeune homme. Après tout, ils n’avaient jamais été dans pareille position avant aujourd’hui et au moment où elle lui proposait de faire changer les choses, il faisait quinze bonds en arrière. « Oh ouais, t’as essayé mais ça t’amuse. ‘Fin je veux dire, je te sens pas sérieux une seconde ! T’as sûrement de bonnes raisons mais moi j’appelle pas ça essayer. Viens pas te plaindre après que les nénettes veulent pas de toi comme boyfriend de façon sérieuse ! Là où tu pourrais faire pencher la balance en ta faveur, bah… j’te sens pas là. C’est con hein ? »

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Je perdu mon sourire graduellement, prenant un air de chien battu. Bon je l'admet, j'ai agis comme un crétin alors comme d'habitude, j'ai tout fais foiré. Ses paroles m'amenèrent à penser plus sérieusement. Est-ce que j'aimais Bambi? Je fronçai les sourcils inconsciemment, trouvant cette question beaucoup plus mystérieuse qu'elle ne l'était. C'était tellement nouveau tout notre changement de relation que je ne m'étais jamais arrêté sur ce questionnement. Je n'avais pas vraiment l'intention d'y réfléchir maintenant d'ailleurs, mais bizarrement, toute cette histoire venait de piquer ma curiosité. « Écoute... Je suis désolé je me suis laissé emporter. » Je passai ma main dans mon front, étirant mes cheveux vers l'arrière avant d'inspirer fortement. « Je pense qu'on devrait peut-être se calmer et discuter de tout ça derrière un verre de vin? Ou dans la douche? » Selon moi, se réconcilier avec le sexe est un des meilleurs moyens de sentir bien et apaisé, mais je savais pertinemment que ce serait un refus inévitable. Un gars s'essaye! « Je rigole... » dis-je en me massant la nuque, riant nerveusement pour lui faire comprendre que je blaguais.

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