(+ Ioann) maybe I need you more than you need me...

La colère. Dernièrement, Bambi avait réussi à la maîtriser à peu près du fait qu’elle soit plus souvent de sortie avec Ioann à s’amuser plutôt que sur un ring de boxe, mais il avait fallut qu’elle rentre une heure chez son père pour que tout son boulot de contrôle dégringole, mis à terre K.O. Autant dire que la jeune femme s’épuisait désormais seule contre un sac d’entraînement, la rage au ventre, le souffle court, prête à hurler sa douleur jusqu’à être aphone. Elle n’en ferait rien bien entendu, pas à cette heure de la matinée alors qu’on pouvait l’entendre et la virer de cet endroit somme toute salvateur. Mais Bambi n’en pouvait plus… cette colère, ce genre de crise, cela l’épuisait. A quoi bon rester à Harvard si elle devait se faire constamment rabaisser par son vieux ? « BORDEL ! » s’exclama-t-elle avant de jeter ses gants à la volée sans douceur, ne parvenant même pas à se calmer alors qu’elle frappait de toutes ses forces contre le sac d’entraînement. Décidément, cela ne suffisait pas, tant et si bien qu’elle plaça ses mains désormais dépourvues de gants contre ses cuisses, se penchant en avant en essayant de reprendre une respiration normale. Si seulement c’était si facile… « Respire, respire… » se murmurait-elle à elle-même pour s’encourager.

Bambi n’était définitivement pas d’humeur et sur le coup, en entendant la porte de la salle s’ouvrir, elle plaignit le pauvre fou se rendant sur les lieux car elle était vraiment prête à mordre. Lorsque Ioann la força à se redresser, elle écarquilla grand ses yeux pour mieux soupirer. Son conseil était difficile à avaler et l’envie de l’envoyer bouler s’avérait être forte, bien qu’elle se refusa à s’y adonner réellement. Si jamais elle poussait trop le bouchon, il risquait de repartir par où il était venu et fatalement, Bambi s’en voudrait, c’était l’évidence même. « Je porte pas de gants si je ne veux pas en porter, d’accord ? » lança-t-elle d’un ton aussi calme qu’elle le put, prouvant qu’elle était aussi tendue que la corde d’un arc et qu’il valait mieux éviter de lui courir sur le haricot tout de suite maintenant. « Disons que c’est pas ma journée mais, tu vois, tout de suite j’ai plutôt envie de frapper et surtout pas de parler. J’risque d’être une très mauvaise compagnie, tu ferais mieux de ne pas rester. »

Bambi fronça violemment les sourcils lorsque Ioann répliqua à sa requête, persuadée qu’il n’avait aucune idée d’où il mettait les pieds au juste. Il ne connaissait pas son problème, et ne pouvait pas prédire ses réactions, c’était impossible. La belle blonde avait beau l’adorer, elle le traiterait comme de la merde s’il la cherchait trop, et elle voulait éviter de lui faire mal, de briser leur amitié si importante à ses yeux. « T’es sourd ou tu veux que je te le dise dans une autre langue ? Dégage bordel !! » s’exclama-t-elle, déjà nettement moins marquée par son si précieux contrôle. Ce n’était ni le lieu ni le moment pour lui baver sur les rouleaux hors Ioann tirait sur la corde raide en la provoquant de cette manière. Mais ce fut bien pire quelques minutes plus tard, alors qu’il se mettait en position de défense sous ses yeux ébahis, l’incitant à le frapper pour se soulager. « Mais t’es malade ?! » vociféra-t-elle aussitôt. Non, hors de question qu’elle le frappe juste pour le frapper en espérant que ça la calme ! Ce serait quoi la prochaine étape, dans cette optique ? « T’as pas la lumière à tous les étages, si je cède, je ne vais pas m’arrêter facilement et après je ne pourrais pas arrêter de m’en vouloir alors bordel de putain de merde Ioann DEGAGE ! »

Une fois lancée, même s’il s’agissait de son meilleur ami, d’un amant ou de quelqu’un d’extraordinairement proche d’elle, Bambi ne se contrôlait pas. Pire, elle ne voulait pas se contrôler, plus maintenant. Cette colère parasitait depuis trop longtemps son esprit pour qu’elle ne la laisse pas exploser purement et simplement… elle en avait besoin, point barre. « Je t’emmerde, j’fais ce que je veux aussi ! » lâcha-t-elle rageusement avant de se placer elle-même en position de défense, sans remettre ses gants bien sûr, décidant de faire le jeu de Ioann puisqu’il voulait semble-t-il tenter de se prendre une droite. « Tu me calmeras pas, rêve pas ! » Et pourtant, dieu sait combien elle aurait rêvé qu’il soit en mesure de l’apaiser. Bambi ne demandait que ça, vivre une vie normale, dépourvue de ces crises insupportables lui faisant péter une durite pour un grain de riz. A plusieurs reprises elle s’épuisa à tenter de le frapper sans succès, jusqu’à ce qu’elle n’y parvienne, lui mettant une droite magistrale qui lui provoqua une vive douleur dans le poing. Mais le pire… c’est qu’elle n’était pas calmée pour autant, elle ressentait juste trois fois plus de culpabilité.

« NON ! » s’exclama-t-elle avec virulence, refusant de le frapper une deuxième fois alors qu’il lui était si aisé de voir qu’elle lui avait légèrement fendu la lèvre. Et si elle lui assénait un coup plus violent encore et qu’il frappait son crâne contre le sol ? Et s’il ne s’en remettait pas ? Bien sûr, il s’agissait là de scenarii catastrophes mais Bambi ne pouvait pas se permettre de perdre encore quelqu’un de proche. Elle ne s’en remettrait pas et était justement la première à le savoir. « Je te frappe pas encore, hors de question » répéta-t-elle au cas où il n’ait pas saisit la première fois. De toute manière, Ioann semblait avoir plus d’une corde à son arc pour la pousser à bout, vu qu’il venait juste de la saisir pour mieux plaquer son dos contre son torse. Bambi tremblait comme une feuille morte et se sentait totalement impuissante, non pas seulement parce qu’il la bloquait complètement mais de façon plus générale également. « Tu peux pas comprendre » lâcha-t-elle non sans une grande difficulté, ne pas lui hurler dessus devenant… complexe. « Pourquoi tu fais ça au juste ? T’as rien à y gagner, rien ! »