(flashback) Calis + you can't be that cold !

Le pire, c’est que Thaïs éclata aussitôt de rire à la connerie de Caleb, sans en être gênée ou même rougir. Non, elle était à l’aise, mutine, la langue particulièrement pendue, tant et si bien qu’elle aurait pu confier ses plus noirs secrets comme si elle parlait de la pluie et du beau temps. Résolution prochaine : moins boire, même si elle se trouvait dans le désespoir le plus insupportable ! « Mais pas toutes ! Y’en a qui filtrent, elles sont trop malignes… » avoua-t-elle en esquissant une grimace adorable avant d’éclater de rire à nouveau, incapable de s’en empêcher alors que ce que disait Caleb n’était pas foncièrement drôle. Rien n’était grave, surtout pas alors qu’il la serrait doucement contre elle et qu’inconsciemment, la jolie irlandaise profitait de sa douce chaleur… « Bah voui mais je suis sûre qu’ils voudraient ! Puis c’est plus pratique je suis déjà déshabillée après le show. Directement du producteur au consommateur, tu vois ? Mais je peux pas te dire qui c’est le garçon. Il a essayée de me dégoûter et puis si tu lui répètes, je suis foutue. Il voudra plus jamais danser avec moi… tu sais qu’il m’a suppliée ? J’suis nulle, j’ai même po réussi à me dominer ! »

« Ahhh les garces hein ! » m’amusais-je de cette conversation avant qu’elle ne commence à délirer au sujet de ses clients. D’ailleurs, je n’étais pas certain de ne pas avoir envie d’aller leur crever les yeux et je savais que si je commençais à en arriver là, c’est que cette jolie blonde avait définitivement fait péter mes barrières. « T’es en train de parler de m.. de Caleb ? » me repris-je juste à temps car j’avais bien l’impression qu’elle ne calculait pas vraiment qui la tenait contre elle à moins que je me goure et que tout simplement, elle ne parle d’un autre homme. Pourquoi cela me faisait autant chier que cette hypothèse soit possible ?! « Tu sais, il a peut-être essayé de te dégouter pour voir justement si tu serais prête à te battre pour lui ? Il a peut-être tout simplement peur de s’attacher à une autre femme pour la voir partir à la première occasion. Il a tout simplement besoin d’être rassuré aussi enfin je dis ça, je dis rien » marmonnais-je en me traitant de con mais étrangement, c’était plus facile de lui parler maintenant qu’avant.

« Ouais hein ! Va falloir que je sois plus inventive que jamais pour qu’elles me filent plus entre les pattes ! » poursuivit-elle imperturbablement avant de soupirer de désespoir. « C’est bien de lui que je parle… suis foutue d’avance, hein ? Avec son harem là, comment tu veux que j’m’en sorte ? » Thaïs n’était pas idiote, elle se doutait bien que Caleb n’était pas un moine, bien que sa conscience se soit subitement effacée pour ne plus lui faire comprendre que justement, elle serrait l’objet de ses moindres pensées dans ses bras. Sûrement le désespoir qui parlait, comme maintenant où elle se détachait de l’allemand pour mieux s’exclamer, tel un cri du cœur qu’elle ne se permettrait jamais plus une fois sobre : « Mais moi j’ai pas l’intention de partir ! Je lui veux que du bien au contraire ! Je serais prête à tout pour qu’il comprenne qu’il compte pour moi et que je m’inquiète dès que je le sens pas bien… d’accord je ne suis pas le meilleur des choix parce que je ne peux même pas le voir mais j’ai de l’amour à revendre et c’est à lui que je voudrais bien le donner, juste à lui. Mais il me choisira pas… il a trop de peine et je le respecte trop pour lui imposer mes conneries. »

Je secouais la tête, un harem, rien que ça ! Elle y allait un peu fort, je m’étais largement calmé ces derniers temps sur les conquêtes, en fait depuis que je l’avais rencontré, je n’avais plus eu envie ou presque de toucher à une autre. Le presque contenant simplement les rares moments où mes besoins primaires dominaient sur le reste. Je conservais le silence, ne sachant pas quoi dire. Je sentais combien elle était triste de mon refus mais d’un autre côté, je ne savais pas comment faire. J’avais aimé une femme et elle m’avait à la fois rendu cocu mais aussi quitté brutalement à cause des attentats. Je conservais en moi cette colère, cette incapacité à m’expliquer avec Mary. C’était dur de détester une morte d’autant plus lorsque vous l’aviez aimé de son vivant. Je ne voulais plus revivre cela mais Thaïs était bien vivante elle. Vivante et amoureuse de moi. Pouvais-je encore croire en l’amour ?! « Au contraire, je crois qu’il t’a choisi mais que c’est un lâche de première catégorie et qu’il n’ose pas faire le premier pas. Je vais te dire une chose, il s’en tape totalement de ton handicap, tu ne peux peut-être pas voir les choses ou les gens mais tu vois avec le cœur et pour lui, c’est le plus important » bafouillais-je légèrement comme à chaque fois que je parlais de mes sentiments.

Thaïs en tenait tellement une couche qu’elle ne se rendait pas compte qu’elle ouvrait actuellement son cœur au premier intéressé et qu’il lui rendait ses sentiments, d’une certaine façon. Pour le coup, elle se calma tout de suite et eut une expression… émue à l’entente de ses mots. Une partie d’elle espérait plus que tout pouvoir se souvenir de cette conversation le lendemain, une fois que toute trace d’alcool aurait disparut de son organisme. « Il m’a choisi tu crois ? » fit-elle d’une petite voix hésitante, alors que son interlocuteur ne pouvait pas savoir à quel point elle espérait que tout ceci soit vrai. « J’suis pas en train de rêver hein ? Non parce que je voudrais bien m’en souvenir demain… j’aimerais lui faire du bien mais je sais pas du tout comment le prendre. J’ai peur qu’il m’envoie péter parce que je suis maladroite et que des fois je fais l’inverse de ce que je voudrais. Diiis… tu ne voudrais pas me raccompagner j’ai froiiiid… » fit-elle en se frottant énergiquement les bras, littéralement gelée sur place.

« Je ne crois pas, j’en suis sûr ! » rétorquais-je avec l’étrange impression d’assister à cette scène comme un étranger. Je parlais de mes sentiments à la troisième personne comme si je m’exprimais pour un autre. C’était un peu dérangeant mais au combien libérateur car ainsi, je pouvais plus aisément m’exprimer. Je fus touché de la voir si heureuse à la simple mention que je puisse lui retourner ses sentiments. Thaïs était une personne vraie et je m’en voulais de toutes les horreurs que j’avais pu lui balancer ces derniers jours que ce soit avec Jax ou même hier à cause de ce connard de danseur. « Tiens mets déjà ça ! » grognais-je légèrement en lui calant ma veste sur les épaules. Je n’avais jamais froid ou presque, à croire que j’avais le sang gelé de naissance. « Je te raccompagne… » mais pas aux Cabots mais à la Lowell pour plus de sécurité. Alors, bien plus tard, quand je la bordais dans mon lit, je ne pus m’empêcher de déposer un baiser sur son front. « Tâche de faire de beaux rêves ma belle » murmurais-je avant de tirer le fauteuil du bureau pour m’y asseoir bien déterminé à la veiller toute la nuit.

Thaïs offrit un vrai sourire éclatant à l’attention de Caleb vis-à-vis de son aveu, sans même savoir qu’il s’agissait bien de lui et que par conséquent, il venait de lui retourner ses sentiments. Qu’importe, elle voulait garder pour toujours cette pensée à l’intérieur de son cœur et de son esprit tant elle lui paraissait capitale. Mais elle n’eut guère le temps de répondre qu’il lui mettait sa veste sur les épaules pour mieux la raccompagner mais pas à la Cabot House… « Moi j’ai envie que tu dormes avec moi ! » s’exclama-t-elle nature peinture avant de le forcer à se relever du fauteuil, l’allonger avant de se placer sous contre lui, remontant délicatement la couverture sur eux pour qu’ils n’aient pas froid. Thaïs avait toujours été incroyablement tactile mais là, elle caressait doucement le ventre de Caleb, à moitié endormie. « Reste toujours avec moi, ne m’abandonne pas… tu comptes tellement Caleb… » fit-elle avant de s’endormir comme une masse en le serrant tout contre elle, passant sa première nuit paisible depuis des années. Ceci dit, le réveil ne fut pas aussi délicat… « Bordel de putain de merde il est déjà cette heure là ?! Oh la casquette mazette… j’ai dû boire comme une dératée hier soir… » fit-elle sans se rendre compte de la présence de Caleb, commençant à siffloter doucement non sans se dandiner au passage, détachant ses cheveux pour mieux enlever sa robe et ses sous-vêtements comme si elle était seule dans la chambre…

Elle voulait ma mort ou quoi ?! je la désirais et madame voulait que je dorme avec elle sans rien faire ? Elle ne savait pas qu’il ne valait mieux pas taquiner un ours sortant de plusieurs mois d’hibernation ? Pourtant, je la laissais me lever du fauteuil et s’allonger tout contre moi, attrapant simplement cette main caressante dans la mienne avant qu’elle ne cause de trop gros dégât. « Je… fais de beaux rêves chaton » me contentais-je de répondre en déposant un baiser sur son front pour mieux la sentir s’endormir comme une masse dans mes bras. Moi-même, je ne tardais pas à sombrer dans les bras de Morphée jusqu’à être réveillée brutalement. Je détestais me réveiller ainsi mais à peine avais-je ouvert les yeux que j’assistais à un striptease dans les règles de l’Art. « Je retire ce que je viens de penser, j’adore ce genre de réveil… » lâchais-je amusé en ne perdant pas une seule miette du spectacle qu’elle m’offrait. Après tout, faudrait être con… En réalité, j’étais très con de m’être signalé aussi vite mais bon, je n’étais pas un mauvais bougre.

Il s’agissait du rituel du matin de Thaïs : une petite danse pour se réveiller doucement, puis après un déshabillage dans les règles avant de sauter dans la douche. Sauf que là… une voix masculine se fit bientôt entendre dans la pièce, la faisant sursauter tant elle ne s’y attendait pas pour mieux reconnaître… « Caleb ?! Mais qu’est-ce que tu fous ici ?! » s’exclama-t-elle sans même se couvrir tant elle était perturbée. Là, elle lui offrait une magnifique vue sur l’intégralité de son corps nu, une chance que sa longue chevelure blonde ait cachée la totalité des cicatrices sur son corps. « On a dormi dans le même lit ?! Bordel de bordel, minute papillon, il doit forcément y avoir une explication… je ne me souviens de rien, mais il y en a forcément une ! Quoi qui s’est passé exactement ? Je rêverais que tu m’éclaires là ! » Paniquée ? Oh à peine !

« Ce que je fous ici ? Tu es au courant que tu es dans ma chambre à la Lowell ?? » lui répondis-je non sans avoir un sourire des plus niais sur les lèvres car j’avais un peu beaucoup de mal à me concentrer alors qu’elle s’affichait nue dans toute sa splendeur à mon regard. Déjà junior pointait au rendez-vous à ma plus grande consternation. En même temps, pour sa défense, cela faisait un moment qu’il n’avait pas vu de femme aussi désirable qu’elle. « Je ne sais pas si je dois me sentir vexé ou pas que tu ne souviennes même plus de notre folle soirée d’amour avant que je te ramène dans ma chambre et que tu ne t’écroules sur mon lit » mentis-je pour la bonne cause. Je voulais juste la taquiner, elle qui se plaignait souvent de ma froideur, elle allait faire la rencontre du Caleb emmerdeur. Pas sûr qu’elle soit gagnante au change.