(flashback) Calis + you can't be that cold !

Thaïs s’était peut-être avancée un peu vite. Pourquoi venait-elle de se confier sur ses propres émotions en présence de Caleb alors qu’il noyait aussitôt le poisson ? Quelle question. C’était un homme, voilà la vérité. Un homme, c’est souvent lâche. Certes, il venait tout de même de resserrer son étreinte autour de sa frêle taille mais l’irlandaise avait quoi qu’il en soit l’impression de se faire rejeter à nouveau. « Je n’aurais pas dû dire ça, c’était stupide de ma part » reprit-elle, désireuse de se rétracter et sûrement aurait-elle fuit à grandes enjambées si seulement elle avait pu mais ce câlin, elle en avait tellement besoin… « Tu peux peut-être survivre mais moi ça risque d’être un peu plus compliqué » reprit-elle non sans s’éloigner de son étreinte, se mordillant la lèvre avec violence avant de soupirer. « Écoute, est-ce que tu peux… juste oublier tout ce que je viens de dire ? Je m’en fous, traite-moi avec froideur, ne me calcule pas, qu’importe… ça vaudra mieux qu’un rejet. » Sa respiration était devenue haletante et Thaïs s’était écartée de quelque part. Elle avait peur. Peur de se planter, peur d’être envoyée sur les roses. Et fatiguée d’avoir tout le temps si peur…

« Arrête de toujours tout prendre ainsi Thais » soupirais-je. Elle était attirée par moi et alors ? Je ne voyais pas où était le mal, ce n’est pas comme si elle était repoussante bien au contraire. En réalité, j’aurais pu tomber plus mal mais la voir paniquer de la sorte, cela me touchait réellement si bien que j’attrapais son poignet pour la ramener contre moi et l’embrasser d’un chaste baiser sur les lèvres. « Il faudrait savoir, tu te plains de ma froideur et après, tu en redemandes… Je n’ai pas l’intention d’oublier, la seule chose que je te demande… S’il te plait, ne tombe pas amoureuse de moi, c’est ma seule demande… c’est même une supplique ! » soupirais-je. Je pouvais survivre à son attirance mais je n’étais pas certain de pouvoir en faire de même si jamais elle était amoureuse de moi. Pour l’heure, il ne s’agissait que d’une bête attirance, cela lui passerait avec le temps. « Je suis pas le meilleur choix que tu ferais. Ce n’est pas un rejet… juste un conseil ! Je suis un ours mal luné les trois quart du temps, je ferais que te faire pleurer, y a mieux comme choix hein ! »

Comment prendre la chose autrement ? Il lui disait blanc pour mieux lui dire noir… merde, c’en était perturbant à la fin et à sa décharge, Thaïs avait tellement peur d’avoir le cœur brisé qu’elle préférait être maudite en esquissant aussitôt plusieurs pas en arrière. « Je le prends comme je le peux… » avoua-t-elle avant de rougir lorsqu’il déposa un frêle baiser contre ses lèvres, la surprenant plus qu’il ne l’aurait jamais surprise. « Heu… techniquement c’est un rejet quand même puisque c’est un peu comme si tu décidais pour moi, non ? Je ne sais pas pourquoi tu agis ainsi mais c’est déjà assez dur de me dire que je suis attirée par quelqu’un qui ne veut pas de moi si en prime de me supplie de ne pas vouloir de toi, je suis censée faire comment ? Surtout que tu n’as pas voulu me laisser partir ! Tu me demandes quelque chose de complexe… puis si tu trouves un meilleur choix je t’en prie, montre moi ! Tu sais combien de phrases cruelles je me suis prise dans la gueule rien que cette année ? Quatre vingt quatorze, j’ai compté. Tu as peut-être une vie sexuelle épanouie mais c’est pas le cas de tout le monde… vais finir par me vendre » ironisa-t-elle en haussant les épaules. C’était à en être désespérée de son propre corps ! Mais techniquement parlant, il la rejetait aussi, au final, même s’il se cachait derrière de belles paroles.

« Alors tu es tombée sur quatre-vingt-quatorze connard plus aveugle que tu ne l’es. Ecoute Thaïs, tu es une femme vraiment belle et désirable et tu me laisses pas le moins du monde indifférent mais je ne pourrais pas me permettre de m’attacher à une autre femme et la perdre… Ecoute, j’ai perdu ma fiancée il y a quelques mois et je crois que je ne suis tout simplement pas prêt à me plonger dans une nouvelle relation. Ce n’est pas toi, tu es adorable et sincèrement il me serait facile de tomber amoureux de toi mais je ne veux pas me servir non plus de toi et te faire miroiter des choses que je ne pourrais peut-être pas te donner » soupirais-je en prenant son visage entre mes mains, caressant ses joues du revers de mes pouces. « Je n’ai pas envie de jouer avec toi, tout simplement mais si tu imagines que je ne te désire pas et bien tu te fous le doigt dans l’œil mais quelque chose de profond ! » repris-je avec un léger sourire avant de déposer un baiser sur son front. Oui, c’était plus sage comme cela… même si je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir attiré par elle comme un aimant.

La seule réponse que put fournir Thaïs, se fut une légère moue ressemblant davantage à une grimace car après tout, que répondre à cela ? Caleb semblait avoir pris sa décision pour eux deux et elle pourrait faire tous les efforts du monde, cela ne servirait vraiment à rien. Par chance, une amie Cabot l’interpella bientôt à l’autre bout du couloir et l’irlandaise en profita pour s’éclipser : cette situation compliquée lui avait retourné le cœur et l’esprit il lui fallait donc digérer. Elle promit cependant à son partenaire d’être à l’heure le lendemain à leur séance prévue le soir mais c’est tout, Thaïs préféra garder ses distances pour le reste et le soir même, c’est dans un bar en solitaire qu’elle se consola. Oh elle ne fut pas sans se prendre la tête avec un mec qui venait de perdre leur concours de beuverie comme un débutant mais s’en dégagea bientôt en vue d’aller prendre le premier taxi qu’elle trouverait. « Ça va être la merde si j’marche, j’vais me faire accoster… remarque si j’peux être raccompagner. Youhouuuuu je suis seule et prête à touuut pour rentreeeer chez moiiiii ! »

Des actes manqués, voilà ce que nous étions et cela me désolait profondément mais c’était sûrement mieux ainsi. Thaïs méritait un homme qui l’aimerait et non une épave sentimentale comme moi. J’étais bien trop instable, bien trop rongé par des secrets inavouables pour être un bon parti. Sur le papier pourtant, je présentais bien : beau, intelligent, riche, romantique à sa manière et protecteur… J’avais presque tout du prince charmant mais voilà, je n’en étais pas un. Aussi, sortir pour oublier la jeune femme me parut une très bonne idée mais le destin s’acharnait à la mettre sur ma route mais là… franchement… Je ne savais pas si je devais en rire ou en pleurer. « Allez-y sans moi, j’ai une blonde en détresse » marmonnais-je « Elle a plutôt l’air bourrée et en chaleur ta blonde » lâcha un de mes amis et je le fusillais sur place. « Ta gueule ! A demain… » rétorquais-je avant de me précipiter vers Thaïs. « Viens, je te ramène ! » lui dis-je sans douceur avant d’attraper son bras pour la tirer jusqu’à ma moto. Que voulez-vous, j’étais la tendresse personnifiée mais en même temps, elle était beurrée comme un petit Lu.

Thaïs chantonnait pour qu’un prince charmant ou à défaut n’importe quel homme intéressé par sa personne veuille bien la ramener à bon port. Alcoolisée comme elle était, la jolie irlandaise n’avait même pas conscience qu’elle soit un appel au viol à elle toute seule… fallait-il qu’elle soit sincèrement désespérée pour agir de la sorte ! « Mais heu ! J’avais peut-être trouvé un intéressé ! Toi tu m’veux pas et tu m’aimes po et pourtant ralala qu’est-ce que t’es sexy c’est trop criminel… » lâcha-t-elle sans se retenir, sans rougir ou même éprouver la plus petite hésitation. Thaïs avait la langue complètement déliée. « Moi j’veux qu’on m’aimeuh !! » reprit-elle, imperturbable, non sans se laisser tirer jusqu’à la moto de Caleb car sa volonté avoisinait le degré zéro. « C’est trop pas juste, toi t’as une nénette à la minute si tu veux ! Pas pour rien que j’ai fais tomber une qui voulait t’offrir des chocolats… bon j’ai eu honte après mais au moins elle t’a po invité ! »

Un appel au viol, voilà ce qu’était Thaïs à ce moment-là, totalement bourrée et offerte au premier crevard qui passait. Heureusement ou malheureusement pour elle, j’étais bien décidé à la ramener à bon port mais ne sachant pas si mes meilleures amies Elia ou Lia se trouvaient à la Cabot cette nuit, je partais du principe qu’il valait peut-être mieux la veiller à la Lowell. Tant pis, elle me ferait un caca nerveux demain au pire. « L’intéressé que tu avais trouvé était un lampadaire… Alors je veux bien te laisser lui rouler la pelle de sa vie mais je suis pas certain qu’il réagisse plus que ça » rétorquais-je un brin amusé de la voir se conduire de la sorte. Elle était tellement adorable même avec 3 grammes d’alcool dans chaque bras. « Tu… Attends, tu es en train de me dire que tu fais le ménage autour de moi ? » lui demandais-je avant d’éclater de rire, décidément, elle ne payait pas de mine cette petite blonde. « Allez viens… Si tu es sage, je te laisserai peut-être faire mumuse avec mes abdos » racontais-je des conneries pour la faire avancer. Fallait bien trouver une carotte hein ! « Dis Thaïs… Tu es amoureuse en ce moment ? » lui demandais-je subitement avant de me traiter de crevard à profiter ainsi de la situation.

« Tu crois que le lampadaire il aurait eu des frissons ? » Okaaaay là elle en tenait définitivement une couche. Mais en même temps, cette pauvre Thaïs était tellement délaissée de tous les côtés que se réfugier à corps perdu dans l’alcool lui était apparut comme l’idée du siècle… sans même se rendre compte que justement, c’était la plus mauvaise idée de toute l’histoire des mauvaises idées. « Pas vraiment le ménage ! Enfin pas trop… enfin presque. Juste six nénettes ! Ou c’était huit ? Je sais plus c’est tout cafouillis dans cerveau de moi ! » s’exclama-t-elle en haussant les épaules, parfaitement nature peinture sans même se rendre compte qu’elle vendait actuellement son âme au diable. Tant pis, il y avait un temps pour tout et celui des regrets n’était pas encore venu. « Alors je veux aussi pouvoir faire des bisouillous à tes abadas ! Sinon s’pas drôle… » Mais Thaïs avançait, marchant à peu près droit à défaut d’avoir un discours vraiment cohérent. « Peut-être… mais je suis un cas désespéré et lui il m’aime po, il me l’a dit. Tu crois que si je couche avec un client au bar je vais me sentir moins seule ? J’suis tentée. »

« Oui, tu as vu, il est même resté tout dur et au garde à vous » tentais-je de garder mon sérieux mais c’était peine perdu car je me marrais déjà de ma propre connerie. Pourquoi arrivions-nous à converser quand elle était bourrée et non lorsqu’elle était sobre ? J’allais finir par croire qu’une part de moi était intimidée par son regard et par ses sentiments. Là, elle était tout simplement adorable, amusante et totalement torchée. « Je comprends mieux pourquoi j’ai un désert affectif en ce moment, en réalité, tu les fais fuir » soupirais-je amusé de la voir réellement prête à tout. Je glissais un bras autour de ses épaules pour l’aider à marcher droit mais aussi pour la tenir contre moi. J’avais besoin de contact avec elle, c’était presque une obsession même si quelques instants plus tard, je me serais collé des baffes pour avoir oser cette question conne. « Tu leur feras tout ce que tu veux ma belle… mais le type dont tu parles, je le connais ? Et de la merde, tu coucheras avec aucun client ! » grognais-je soudainement mû par un excès de jalousie mal placé.