(flashback) Calis + you can't be that cold !

Cette fois-ci, il ne s’agissait pas d’une simple répétition entre Caleb et elle, où Thaïs devrait composer avec sa retenue et cette froideur dont il faisait si souvent preuve avec elle… aujourd’hui, ils devaient répéter tous deux avec une troupe de danseurs, et étaient coachés par pas moins de trois professionnels de la danse. Une pression supplémentaire se jouait donc sur leurs épaules et fatalement, l’allemand était plus froid qu’il ne l’avait jamais été jusqu’à lors avec elle. Mais Thaïs encaissait, courbant l’échine pour l’heure afin de ne surtout pas se donner en spectacle mais ses différentes grimaces échappées furent bientôt captées par un danseur ami de l’irlandaise… « Hey, un peu d’amabilité, ça fait plaisir quand même Weyss ! » lâcha-t-il sans politesse ni enrobage alors que Thaïs conversait avec un professeur avant de revenir vers le duo sans avoir entendu ce qui s’était précédemment dit. « On peut reprendre la troisième figure ? Monsieur Hudson la trouve un peu fébrile. »

Nous étions en train de nous entrainer avec une troupe pour répéter les chorégraphies pour les examens de cette fin d’années et c’est naturellement que Thais et moi, nous nous mettions en binôme. J’adorais danser avec elle mais aussi sa compagnie bien que je n’arrivais pas à l’exprimer. Je craignais bien trop de me dévoiler à elle, qu’elle comprenne qu’elle ne me laissait pas indifférent. Qu’est-ce que je risquais ? Un vent ou un sautage dessus dans les règles de l’Art. Le problème, c’est que je n’étais prêt ni pour l’un ni pour l’autre et m’entendre une nouvelle fois dire que je manquais d’amabilité… C’était une critique de trop. « Tu sais où tu peux te la foutre ton amabilité ? Occupe-toi de ton cul avant de ramener ta gueule sinon je t’encastre dans le mur sans passer par la case départ » répliquais-je froidement piqué à vif. Merde, je faisais des efforts pour paraitre agréable, je tentais simplement de garder certaines distances pour notre bien à tous les deux. Alors, m’entendre une nouvelle fois critiqué sur ma manière d’être avec cette femme… C’était juste comme agiter un drapeau rouge devant un taureau. « On est pas synchro surtout » lâchais-je sur un ton à la fois polaire et agacé.

Une fois encore, la critique de Caleb fit mouche et Thaïs fronça les sourcils. L’envie de l’envoyer sur les roses était diablement forte mais pour le bien de leur duo, elle s’en empêcha de justesse : autant éviter qu’ils ne se prennent la tête maintenant alors qu’ils devaient encore bosser de très nombreux enchaînements pour leurs examens respectifs. « Heum… c'est-à-dire pas synchrones ? Développe, je ne suis pas dans ta tête, je ne peux pas savoir ce que tu penses » fit-elle remarquer sans brutalité aucune, essayant même de conserver un ton doux et une expression aussi aimable que possible. Bien évidemment, elle ne s’attendait pas à ce que l’un des danseurs, qui avait déjà fait une réflexion à Caleb, revienne aussitôt à la charge, mettant de côté les menaces de l’allemand. « En même temps c’est pas comme si Mister Freeze faisait des efforts pour que vous soyez synchros ! »

J’étais agacé voire carrément en boule car ces derniers temps, j’avais l’impression d’entendre toujours la même rengaine si bien que oui, j’en étais à la fois furieux mais également blessé. Je partais du principe que je n’emmerdais personne tant qu’on ne me faisait pas chier. Certes, j’étais froid mais c’était dans ma façon d’être, je n’allais pas m’excuser d’être ce que je suis sous prétexte que je ne colle pas aux envies d’untel. « On est mauvais tous les deux et je m’inclus dans le lot… Tu ne te laisses pas conduire et je ne suis pas dans le rythme. En gros, on fait de la merde » bougonnais-je avant d’essayer d’endiguer la colère qui montait en moi mais je n’y arrivais tout simplement pas. « Putain ta gueule ou je vais vraiment finir par t’allonger ! Allez, tu es encore un de ses défenseurs qui va me prendre la tête ?! » commençais-je avant de me retourner vers Thais « Tu en as encore beaucoup de ton fan-club ? Non que je sache combien ils sont mais si tu as un problème avec moi, autant me le dire maintenant au lieu qu’on me fasse chier »

Thaïs fronça cette fois les sourcils car sa réponse était à la limite de la décence. Merde, il avait bouffé du lion aujourd’hui ou quoi ?! « Ce n’est pas la peine de m’avaler pour faire valoir ton opinion, tu peux le faire calmement ! » répliqua-t-elle d’un ton particulièrement calme, cherchant sincèrement à dominer la réflexion désobligeante qui chauffait mais une fois qu’il eut envoyé chier son défenseur, ce fut pire que tout. « Hey je n’ai pas de fan club d’accord et s’ils viennent t’emmerder ce n’est pas de mon fait, je ne leur demande rien et je domine très bien mon caractère contrairement à certains alors là c’est toi qui pète un câble et qui m’emmerde justement ! On peut reprendre ou tu as définitivement tes règles monsieur je sais tout mais en fait je ne sais rien ? » lâcha-t-elle d’un ton particulièrement glacial car là, c’était la goutte d’eau faisant déborder la potiche.

« Va chier, je n’ai pas de problème, ce sont les autres qui m’emmerdent. C’est quoi le souci ? Je te bouffe pas dans la main alors ça te fait chier de travers ? J’en ai ras le cul qu’on vienne me prendre la tête à cause de toi : tu ne peux pas être plus gentil, sois moins froid avec elle et blablabla » lâchais-je justement sur un ton froid. C’est vrai, c’était déjà pas agréable de ne jamais être compris dans le bon sens alors se manger des réflexions à cause d’une tierce personne, ce n’était pas des plus agréables. « Si tu as un problème avec moi, tu m’en parles, c’est tout ce que je demande au lieu que tu ailles jouer les pleureuses ! Ouais tu vas me dire que tu leur as rien demandé et bien je t’annonce à scoop : j’ai rien demandé non plus ! » ajoutais-je avant d’aller au fond de la salle pour m’asseoir sur un banc. Je n’avais plus envie de danser alors si elle voulait faire mumuse avec un mec qui lui lécherait les bottes, elle avait toute latitude.

Thaïs leva les yeux au ciel tandis qu’elle s’en prenait plein la tronche pour mieux le sentir s’éloigner. Que nenni, à ses yeux la discussion n’était pas terminée et jusqu’à preuve du contraire, elle ne lui avait pas manqué de respect et entendait qu’il en fasse autant… si toutefois il en était capable. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Que tu réagis comme un con et qu’en plus tu es insultant ? Mais ma parole tu n’as rien demandé mais moi non plus ! Je n’avais pas envie de te faire forcément changer ta façon d’être, mais comprends que j’ai eu besoin de me confier vis-à-vis de mon ressenti à quelqu’un. Tu n’es pas ainsi, très bien, mais tu ne respectes pas davantage MA façon d’être je te signale. Tu veux que j’aille chier ? Parfait, la pleureuse t’emmerde je te signale, je n’ai pas pleurniché mais tu n’étais pas là pour le voir alors dégage tes habitudes de devin parce que tu te plantes sur toute la ligne ! »

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?! Je suis comme ça, ce n’est pas ma faute si tu n’arrives pas à savoir quand je plaisante et quand je suis sérieux. Nous sommes partenaire de danse, j’ai jamais prétendu à autre chose. Je ne te connais pas, tu me connais pas point final. Maintenant, si tu crois que j’apprécie qu’on vienne me prendre la tête pour me dire qu’en gros, je suis un connard insensible qui te martyrise, alors je t’annonce que la réponse est non. Ce n’est peut-être pas ta faute mais je n’ai pas signé pour ça. La seule chose que je demande, c’est de pouvoir danser. Tu sais bien danser, c’est tout ce que je te demande. Qu’est-ce que tu attends de plus de moi bordel ?! » terminais-je par dire avec plus de lassitude qu’autre chose. Je ne la comprenais pas ou plutôt, je ne voulais pas la comprendre car je savais que c’était un jeu dangereux. Je me connaissais pour savoir qu’une femme comme Thaïs représentait bien un danger pour ma santé mentale et pour mon cœur. Or, je refusais de jouer sur ce terrain avec elle. « Tu veux que je fasse quoi ? Que je te fasse des mamours pour que tu te sentes bien dans le partenariat ? On couche ensemble une fois et basta on en parle plus ! »

L’espace de quelques secondes, Thaïs recula face à la diatribe de Caleb parce qu’elle ne savait pas comment la prendre, ni quoi y répondre. Si elle attendait de la douceur de sa part ? Très certainement. L’irlandaise aurait rêvé qu’il la voit de façon différente et non uniquement comme une partenaire de danse sachant se mouvoir et devant rentrer dans un moule. « Mais je n’attends rien bordel !! Je ne peux pas obliger les gens à se la fermer s’ils veulent me défendre, ce n’est pas faute d’avoir insisté pour qu’ils se taisent parce que je savais très bien comment tu réagirais ! » vociféra-t-elle, les mains tremblantes avant qu’il ne l’achève et ne la fasse demeurer bouge bée quelques nouvelles secondes. « C’est fantastique, je viens de passer de partenaire de danse relou à pute, qui dit mieux… si tu n’es pas satisfait sexuellement ne vient pas me le reprocher, je n’ai jamais parlé de ça ! »

« Te défendre ? Mais sérieux, qu’est-ce que je t’ai fait au juste ? C’est parce que je m’intéresse pas à ta vie en dehors de nos entrainements ? Parce que je ne te bave pas dessus dès que je te vois en te léchant la pomme ? Non mais dis-moi, qu’est-ce que j’ai bien pu te faire pour que tu ais besoin d’être défendue ?! » lui demandais-je car je voulais bien comprendre. Jusqu’à ce jour, je ne m’étais jamais pris la tête avec elle : j’arrivais à l’heure, je dansais avec elle et je repartais. Oui, je n’étais pas le roi de la parlotte mais je ne l’étais jamais ou alors en de rares exceptions comme avec Isaline ou Aidan. « Merci, je savais pas que coucher avec moi faisait de toi une pute. Sympa l’image que tu as de moi… Et pour information, sexuellement parlant, je suis très satisfait, tu devrais t’envoyer en l’air plus souvent car si un mec te propose de coucher et que tu penses tout de suite à être une pute, sérieusement, enlève toi le balai du cul ou sors de ton couvent ! »