(+ Siobban) I need you now...

Thaïs poussa un faible soupir. Comment faire entendre raison à Sio ? La donne risquait d’être difficile car une fois qu’elle se mettait en mode maman poule, elle était quasiment impossible à raisonner. « J’ai fais un malaise à cause du stress, il n’a pas porté atteinte à ma vie ! Il ne m’a ni frappée, ni menacée… il a merdé je suis d’accord mais merde Sio, combien de fois on a merdé nous dans nos vies ? Je vais te dire, Caleb m’a plus souvent sauvée de la merde qu’il ne m’a fait de mal. Tu te souviens quand je n’ai pas donné signe de vie pendant trois jours au début de l’année ? J’avais été agressée par un client du Burlesque, où je bossais encore, et bien Caleb est venu me chercher, il m’a emmenée à l’hosto, veillée alors qu’il me connaissait à peine et ramenée ensuite chez moi. Je lui dois énormément tu peux me croire. »

« Hum… » Je prenais donc le temps de ne pas répondre. On avait sans doute merdé plusieurs fois, mais bon, je n’acceptais pas qu’il ne puisse pas être là lorsque ma sœur en avait besoin. Je ne disais rien de plus et donc, tout en essayant de ne pas m’énerver plus, je ne disais pas un seul mot. Il fallait donc que je prenne aussi mes mots comme il le fallait. Tout en me rendant donc que pour la suite, il me faudrait aussi un peu de calme.

Face à la non réponse de Sio, Thaïs changea aussitôt de crèmerie pour se pointer contre le lit de son amie, où elle s’assit pour mieux la prendre dans ses bras. Ce serait sans doute la meilleure des façons de lui faire comprendre la chose. « On en a fait des merdes toi et moi et on a veillé l’une sur l’autre… aujourd’hui, c’est pour me protéger que Caleb est à New York, car je pense qu’il sait qu’au cas où, je peux compter sur toi, sur mon père… que je ne suis pas totalement seule. Sinon il ne serait jamais parti, surtout pas alors que je suis enceinte. Tu comprends ? »

« Bon allez vient, on va être un peu serrée, mais tant pis. » Me faisant de la place pour qu’elle puisse venir, je mettais la couverture sur elle. Ramenant aussi l’autre lit, je mettais la couverture sur la nôtre pour qu’elle puisse ne pas avoir froid. Je lui disais : « Bon allez, passons. » Il fallait donc que je me demandais bien pourquoi est-ce que je passais du lard au cochon en moins de deux secondes. Je m’arrêtais donc que pour le moment de parler et je m’interrogeais sur la réponse à venir.

Ah, Sio lui faisait de la place dans son lit comme au bon vieux temps ! Cela lui faisait tellement plaisir que Thaïs s’en surprit à applaudir littéralement face à sa proposition avant de se glisser précautionneusement sous les couvertures. « J’te rappelle que je dors avec quelqu’un qui prend toute la place, me prends pour une peluche vivante ET prends toute la couverture ! Bon c’est une bouillotte, c’est l’avantage… ça va me rappeler nos soirées pyjamas là ! » plaisanta-t-elle histoire de détendre un brin l’atmosphère tendue par sa confession précédente. « Mais et toi Sio, comment va ta relation avec le pompier ? Histoire de parler de choses plus légères… »

« Là les deux lits sont côté à côté il devrait y avoir de la place et assez de couvertures pour dormir. » Voilà qu’elle partait sur le truc du pompier, je ne voyais pas trop quoi répondre, et je tentais de lui dire : « Et bien, je ne sais pas trop, c’est compliqué… » J’avais dis cela patiemment et donc, pour tenter de continuer sur la lancée : « Tu aurais dû voir ses yeux bleus…. »

« Mais tu sais que je ne bouge quasiment pas pendant la nuit ? Ne t’en fais pas, en théorie on ne devrait pas se foutre des coups ou se marcher dessus ! » éclata-t-elle aussitôt de rire car il fallait dire ce qui est : même à elles deux, elles ne possédaient pas le gabarit de Caleb et conservaient plutôt un gabarit de crevette. Autant être honnête avec soi-même ! « Filoute va ! Des yeux bleus comment ? Comme les miens ou plus clair, plus foncés ? Allez donne-moi des détails t’es trop cachottière j’aime pas ça ! »

« Encore heureux, il ne manquerait plus que tu me mettes hors de mon lit. » Je me demandais bien comment est-ce qu’il fallait que je le prenne et je disais : « Il a des yeux bleus doux et charmants. Plus clair que les tiens, avec une pointe de gris lorsqu’il sourit. Il a aussi des pommettes sur les joues. Il a aussi un visage fin mais on voit qu’il fait du sport, parfois il a le regard dur avec les gens. » Souriant doucement, je sentais qu’à ma voix ma sœur me dirait que j’ai craqué littéralement sur le beau pompier.
 

« En même temps à priori tu es contre le mur, ce serait chaud patate pour te virer de ton lit non ? » ironisa Thaïs car même avec la meilleure volonté du monde, c’était mission impossible. A moins qu’elle veuille balancer Sio par-dessus bord mais même ses petits bras musclés ne risquait pas de le lui permettre à vrai dire. « Et donc ton prince charmant, il est comment côté caractère ? Vous vous entendez bien ? Vous vous voyez souvent ? Tu peux avoir confiance en moi, j’te signale que je suis déjà servie et qu’en prime je ne peux pas regarder le menu quand bien même je serais tentée ! »

« Oui, et je ne compte pas me laisser faire. » J’avais continué donc mon point de vue, et je tentais d’y répondre : « Et bien…Il est drôle, gentil, il a le don de tout faire pour m’aider. On ne se voit pas souvent parce qu’il a pas mal de choses à faire. Je ne sais pas si cela va tenir la route ou pas du tout… »