(+ Siobban) I need you now...

Thaïs esquissa un petit sourire amusé alors que Sio lui donnait raison : effectivement il viendrait un moment où elles deviendraient vieilles et ridées, mais par chance ce jour n’était pas encore arrivé et elles pouvaient donc profiter pleinement de leurs jeunesses respectives, bien que celles-ci soient parsemées de zones d’ombre, surtout dans le cas de la première blonde, future mariée et enceinte de son premier bébé. « C’est marrant que t’aime le chocolat noir pur mais sans fruits, j’aurais cru le contraire j’sais pas pourquoi… faudrait qu’on se prévoie un voyage en Suisse pour faire le plein de bon chocolat !! »

« Et bien, avec du fruits cela me gêne, j’aime bien avoir uniquement le goût du chocolat en bouche. » Je l’entendais me dire qu’elle voulait faire un voyage dans ce pays, je lui disais : « Oui, on peut y aller, c’est une bonne idée. » J’avais dis cela patiemment, et enlevant mon pull, je passais mes bras sous la couette. Je ne tenais pas à avoir froid et me souvenant que je n’avais pas fermé la porte, je me levais pour le faire.    

« Je t’avoue que comme j’ai le chocolat noir en horreur, que ce soit avec ou sans fruits c’est du pareil au même pour moi ! » s’amusa-t-elle car après tout, tous les goûts sont dans la nature et il faut de tout pour faire un monde. « Ça te dirait un de ces quatre ? Ça attendra bien sûr que j’ai économisé pour ça et, bien évidemment, accouché parce que rapidement je ne pourrais plus prendre l’avion… » informa-t-elle Sio bien que Thaïs se doutait fortement que son amie devait être au courant. C’était de notoriété publique ce genre de choses.

Devant ma porte, j’entendais Thaïs me dire qu’il faudrait donc attendre avant d’y aller. Je souriais parce que je comprenais qu’il n’y avait pas toujours ce que l’on voulait dans la vie. Qu’il était nécessaire parfois de faire des concessions. Revenant par mon lit, je retournais sous la couette pendant que Thaïs se trouvait toujours assise sur le bord. Me calant le long du mur, je lui disais : « Oui, il faudra juste s’organiser, cela peut se faire. »  

Si cela n’avait tenu qu’à elle, sûrement Thaïs se serait-elle laissée tenter par un voyage tout de suite, mais il ne fallait pas se leurrer : rien que le billet d’avion coûtait un bras et bien que la demoiselle ait un emploi très bien payé chez l’ambassadeur d’Irlande à Cambridge puisqu’elle donnait des cours de piano à son fils, un tel voyage restait en dehors de ses moyens. Hélas, la date limite l’empêchant ensuite de prendre l’avion allait vite arriver dans ces conditions. « Crois-moi, je préfèrerais me barrer tout de suite en Suisse pour éviter d’être dans un grand appart seule à en crever » lâcha-t-elle non sans amertume.

« Allez arête. » L’écoutant me dire cela, je passais mes mains derrière ma tête et regardant le plafond, je disais : « Si cela coute trop cher, on pourra toujours faire un arrêt à Paris. » Je préférais éviter le passage de l’appartement. Il était bien pour moi de ne pas le faire sinon, elle risquait une fois de plus de repleurer. Et je ne tenais pas à ce qu’elle le fasse. Oui, je ne voyais pas vraiment quoi lui dire en plus, mais il fallait bien que je trouve une solution.

Thaïs esquissa un petit sourire se voulant encourageant face aux paroles de Sio mais le cœur n’y était qu’à moitié. Toute la situation avec Caleb, sa cure de désintoxication et donc son absence commençait sérieusement à peser sur son moral, à un point qu’elle n’aurait su dire… « Rien que le billet jusqu’à Paris coûte un bras, c’est bien ce qui me retient. Je voudrais trop être riche à millions, ça me simplifierait la vie, tu penses pas ? » ironisa-t-elle histoire de dédramatiser la chose, tentant d’être aussi fidèle que possible à son tempérament profond mais la donne s’avérait difficile, très difficile.

« Mais après tout, être trop riche peut aussi donner pas mal de soucis. » C’est vrai qu’est-ce que l’on pouvait faire lorsqu’on en avait trop d’argent ?! Enfin, il fallait donc faire avec, et pour l’instant, je disais : « Et bien, on prendra le temps qu’il faudra de façon à ce que l’on puisse y aller sans problèmes. » Je prenais donc la suite dans le bon sens, et il ne fallait pas que je me trompe. Mais bon pour l’instant, je patientais le temps que mon amie me réponde.

« Mouais t’as sûrement raison… bon peut-être pas riche à millions mais au moins assez pour me faire plaisir sans compter sou à sou ! Mieux comme ça ? » reprit-elle en pouffant à moitié car dans un cas comme dans l’autre, le jour où elle serait riche, les poules auraient des dents ! Mais Thaïs s’en fichait car d’un autre côté, elle n’épousait pas Caleb pour cela bien au contraire. Elle l’épousait pour l’amour de lui et rien d’autre. « Je sais… ça te fais pas le coup des fois, je veux dire, d’avoir envie de tout plaquer et de filer au bout du monde sans te retourner ? »

« Je trouve qu’il faut avoir juste ce qu’il faut. Pas plus pas moins. » Je continuais donc que pour le moment, il fallait que je me concentre une fois de plus sur la conversation. Je reprenais donc les mots : « Bah en un temps, cela serait sympa, mais de l’autre ne plus voir ma famille me serait un peu pénible. »