(+ Julia) Et si on faisait tradition?!

Je savais que je n’aurais pas du m’emporter de la sorte avec Julia mais des fois, c’était plus fort que moi. J’avais simplement envie de la prendre par les épaules et de la secouer jusqu’à ce que le bon sens ne revienne entre ses deux oreilles. Je l’adorais réellement, là n’était pas le problème mais je n’étais pas très patient comme mec et lui répéter inlassablement les mêmes choses, à la fin, ça finissait par m’agacer. Je pense que c’était justement ça l’amitié, vivre avec les défauts de l’autre mais ne jamais hésiter justement à les pointer. Je n’étais pas en reste d’ailleurs côté défaut car je me trimballais pas mal de casseroles. « Je t’adore aussi mais si tu t’excuses encore une fois, tu boufferas de la neige jusqu’à notre retour, compris ? » lui souriais-je légèrement avant de la tanner pour qu’elle se prenne jusqu’à ce que mon téléphone ne sonne. C’était Thaïs. « T’inquiète, je serais près avant toi ! » lui dis-je rapidement avant de sortir dehors pour discuter tranquillement avec ma petite-amie. Elle me manquait comme un dingue et l’entendre était toujours un pur moment d’apaisement. J’aimais tellement sa voix faut dire !

J’étais toujours au téléphone lorsque Julia sortit et par égard pour ma meilleure amie mais également parce que j’avais réellement envie de surfer, je mis fin à ma conversation non sans embrasser longuement ma petite-amie. « Alors prête ?! » lui demandais-je en attrapant mon snowboard que j’avais laissé dehors contre le mur. J’étais déjà paré, habillé bref, prêt à me rendre aux pistes qui n’étaient qu’à quoi, dix minutes de marche. « On se la joue feignasses et on prend la voiture ou on y va à pieds ? »

Je raccrochais un peu à contre cœur avec Thaïs car c’est fou ce qu’elle me manquait. Je prenais beaucoup de plaisir à faire cette tradition avec Julia car je l’adorais mais elle n’était pas ma petite-amie et comme à chaque fois, lorsqu’une nouvelle relation débutait, on avait envie que d’une chose : être avec l’être aimé. Heureusement, nous avions prévu de nous faire nos petites vacances après pour rattraper le temps perdu. « J’en dis que j’ai la flemme de dégivrer la voiture alors allons-y à pied ! Avec un peu de chance, on tombera sur le créneau de la navette et on pourra y aller en bus » lui dis-je avant de caler mon snowboard sur mon épaule et de marcher à côté de Julia. Durant de longues minutes, je conservais le silence, regardant simplement le paysage. Je n’étais pas un grand bavard devant l’éternel et ce silence n’était pas oppressant bien au contraire. En réalité, j’étais trop perdu dans mes pensées pour tenir une conversation sauf que je terminais par le briser histoire qu’elle ne pense pas que j’évitais de lui parler ou que je lui faisais la gueule. La connaissant, elle serait capable de s’excuser encore une fois pour rien. « Bon, tu veux commencer par quelle piste ? Une bleue pour débuter tranquillement ou on attaque directement par une rouge ?! » lui demandais-je tout en réajustant mon snow sur mon épaule. C’est que ça avait oublié d’être léger cette connerie.

Ouais Julia n’avait pas tort, les retrouvailles n’en seraient que meilleures mais pour le moment, elle me manquait affreusement. En plus, je l’avais senti vraiment pas bien au téléphone à croire que son séjour en Irlande ne se passait pas exactement comme elle le souhaitait. « Oula soit pas pressée de faire un gosse ! Penses à tes études. Avec Thais, on s’est un peu précipités sur la question et maintenant, on est bien emmerdés car on ne pourra bientôt plus danser ensemble et comme on fait un peu danse comme étude… Tu as le temps, profite donc de ton couple mais ouais, c’est une bonne idée. La prochaine fois, on se fera la tradition en couple mais pas sûr qu’on amène notre gosse, ça dépendra de l’âge qu’il aura à ce moment-là » lui répondis-je ne voulant pas qu’elle précipite les choses avec son petit-ami. Elle avait le temps et faire un bébé, c’était pas non plus une affaire anodine. On le voyait bien à notre niveau avec Thaïs.

Nous marchions par la suite silencieusement côté à côte quand je brisais cette quiétude pour lui demander ce qu’elle préférait faire. « En même temps, si tu avais peur d’une piste bleue, je crois que je m’inquiéterai »éclatais-je de rire car la bleue était quand même celle réservée pour les débutants. « Mais ça nous fera toujours un échauffement avant les rouges. Je ne dis pas que je ne me tenterai pas une noire avant la fin de notre semaine de vacances ! »

J’étais heureux d’attendre un enfant avec Thais, là n’était pas la question mais des fois, il m’arrivait de me demander si nous n’avions pas été trop présomptueux. Après tout, nous avions nos études à mener de front et je me demandais si nous serions capables de tout gérer. Il s’agissait là d’interrogations somme toute légitime de la part d’un futur père mais si je devais être entièrement honnête, j’espérais réellement que Julia ne se précipiterait pas. « Ah j’avais cru que tu l’étais déjà ! Raison de plus pour ne pas précipiter les choses… Faut prendre son temps dans la vie » lui dis-je avant de grimacer. « Tu sais, ce n’est pas réellement une erreur. Cet enfant, nous le voulons tous les deux mais j’avoue que pour le coup, je n’avais pas prévu tous les inconvénients de la grossesse » ajoutais-je car je ne voulais pas qu’elle s’imagine des choses comme le fait que je ne voulais plus de cet enfant. Non, je l’aimais déjà et il me tardait d’en connaitre le sexe bien qu’il fallait pour l’heure m’armer de patience.

« Ouais ben évite de te rompre la nuque en faisant la conne sur les pistes. Ton père me tuerait si je te ramènes pas en un seul morceau » plaisantais-je en lâchant mon snowboard par terre, l’enfournant simplement d’un pied pour glisser comme sur une trottinette vers le remonte pente. « Je suis là, me faut pas trois heures pour grimper sur mon snow ! T’es vraiment qu’une râleuse toi » la charriais-je.

"Il est vrai que c'est plus pratique d'avoir le géniteur du gamin à portée de main avant de songer à faire un gosse...En tous les cas, j'espère sincèrement pour toi que tu vas le retrouver et surtout qu'il sera à la hauteur sinon, demande et j'irais lui casser la gueule. Je plaisante pas hein !" lui assurais-je comme tout ami un peu trop protecteur le ferait. Julia méritait de connaître le bonheur dans les bras d'un homme, c'était véritablement une chic fille.

Arrivés sur les pistes, cela ne l'empêcha pas de râler -signe qu'elle était en forme ce matin; comme si j'étais du genre à traîner la patte. Je n'avais pas mis des plombes quand même ! Je levais les yeux au ciel, la rejoignant près du tire-fesse non sans lui demander d'être prudente. Hors de question que son père me tombe dessus. Il serait capable de me coller un procès au cul si elle avait la moindre égratignure. D'ailleurs, je me demandais quel genre de père, je pourrais être. Sûrement un papa poule ! "Ouais, j'imagine que c'est normal ! Allez, je te suis !" lançais-je avant d'attendre mon tour pour être trainé par la remontée mécanique vers le sommet de la piste bleue. C'était vraiment bien pour nous mettre en appétit sinon, je serais directement passé par la rouge pour gagner du temps. Les femmes, fallaient toujours qu'elles y aillent doucement de toute façon. "Bon, on fait la course ou on y va calmos?" lui demandais-je après avoir glissé jusqu'à elle. La course ne serait pas évidente avec tous les gosses mais cela pouvait toujours être jouable.