(+ Julia) Et si on faisait tradition?!

Thaïs était partie depuis deux jours pour l’Irlande et je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter pour elle tant elle m’avait semblé perturbée par ce voyage mais son amie était avec elle alors je pouvais être rassuré n’est-ce pas ?! En parlant d’amie et de voyage, je me trouvais présentement devant le coffre de la voiture de location en train de sortir une valise imposante. « Bordel Julia, tu as amené ta garde-robe pour qu’elle soit aussi lourde ? » lui demandais-je avec un sourire moqueur tandis que je déposais le bagage pour sortir ma propre valise. Nous étions tous les deux devant le chalet de mes parents pour faire notre tradition à savoir : une semaine de ski tous les ans. Cela avait commencé ainsi, lors d’une soirée que mes parents avaient donnée dans ce chalet. Nous avions fait connaissance et naturellement, l’année suivante, nous nous étions donnés rendez-vous ainsi que l’année d’après. Cette année restait dans la continuité. « Je suis pas mécontent d’être arrivé, j’en avais raz le bol de la voiture » grommelais-je en respirant de bon cœur l’air pur de la montagne. « Je te propose qu’on s’occupe de faire un brin de ménage et d’allumer le chauffage avant de descendre au village pour faire les courses. Cela te va comme plan de départ ? » lui demandais-je tandis qu’on pénétrait à l’intérieur du chalet. Bon sang qu’il y faisait froid. Cela se sentait que mes parents ne venaient pas souvent. D’ailleurs des draps blancs recouvraient les meubles. En somme, nous avions du boulot pour pouvoir profiter ensuite pleinement de l’endroit.

« Je râle si je veux mademoiselle non mais oh ! » lui dis-je en râlant car on ne changeait pas une équipe qui gagne : je grognais, je râlais, je hurlais parfois mais je ne mordais que rarement ou alors fallait m’avoir cherché pendant un long moment. Là, c’était plus par habitude qu’autre chose car j’étais simplement heureux d’être en vacances loin de Cambridge et des révisions qui s’annonçaient gargantuesques. « Qu’est-ce qu’elle a ma valise ? Elle ne pèse pas lourd, c’est toi qui a la force eh bien d’une femme ! Va falloir muscler tes bras Popeye de bac à sable » la taquinais-je de bon cœur avant de poser les valises à l’intérieur du chalet et de lui proposer qu’on fasse un brin de ménage avant de nous rendre au village se trouvant en contre bas pour faire le stock de provision. « Sans oublier le bonhomme de neige ! Attends, c’est obligé ! Par contre je te vois venir avec ta bataille de neige, tu veux encore m’en faire manger… Tu te rappelles ce qui t’est arrivé l’année dernière ? Si tu veux pas connaitre le même sort Ju’, tu oublies ton régime alimentaire à baise de neige » rigolais-je en me souvenant de comment je l’avais réveillé à base de neige. Pour sûr, elle avait bien hurlé ce matin-là à mon plus grand plaisir. Je considérais bien trop cette femme comme ma meilleure amie pour me priver de l’embêter car c’était bien connu, je me lâchais bien plus en petit comité que devant une foule. Là, nous étions que tous les deux alors pourquoi me priver de la détendre qui s’offrait à moi ? Et puis connaissant Ju’, elle n’allait pas me laisser me morfondre dans mon coin et jouer les ours polaires.

Ce séjour à la neige s’annonçait grandiose et il me hâtait de déposer les valises et de terminer les tâches ingrates pour pouvoir profiter du chalet de mon père. J’avais de la chance, ni mon frère ni ma sœur n’avaient eu l’idée de le réserver du coup, nous avions pu faire notre tradition. L’année prochaine, sûrement inviterais-je ma femme car je ne voyais pas Thaïs autrement qu’à mes côtés et puis, il y aurait certainement notre enfant bien qu’il serait jeune à cette époque. D’ailleurs, peut-être serait-il temps que je dise à Julia que j’allais être père et surtout que j’allais me marier. La dernière fois que nous nous étions vus, nous parlions à peine de Thais. Cela allait lui faire un choc mais tellement de choses s’étaient passées depuis que j’avais l’impression de connaitre ma fiancée depuis des années alors que cela ne faisait que quelques semaines. Certes, cela pouvait paraitre précipité mais je n’avais jamais été aussi sûr de moi. « Attends, c’est presque obligé qu’on se fasse des raclettes et des fondues sans oublier l’éternelle fondue au chocolat. Je sens qu’on va dévaliser l’épicerie du village mais qu’importe, ça fait trop longtemps que je n’en ai pas mangé. Et ouep ils ont tout ce dont on a besoin. Je crois que mon père m’a parlé qu’il avait fait l’acquisition de motos neige. On pourra même se faire une balade ! » lui répondis-je tout en allant chercher un balai pour commencer à balayer la pièce principale.

Oui, tout un panel d’activités s’ouvrait à nous : moto neige, balades en raquette, ski, luge, etc.. Sans compter les bons repas que nous allions pouvoir nous faire : fondue, raclette, et autres joyeusetés du genre. « Ouais je suis sérieux, on risque de ne pas s’ennuyer durant la semaine qui vient, tu vas voir, tu risques même d’être crevée et de demander à rentrer à la maison » lui répondis-je avec un sourire tandis que je me dirigeais vers le placard pour aller chercher les balais et autres ustensiles dont nous aurions besoin pour remettre le chalet en état. Julia en profita pour me demander ce qu’il y avait de neuf dans ma vie. Si elle savait, on en aurait pour des heures et des heures. « Tu es certaine que tu veux tout savoir ? Parce que là, tu en as pour la soirée au minimum mais je vais être gentil et te faire une version résumée. Tu te souviens de ma partenaire de danse ? Eh bien le moins qu’on puisse dire, c’est que tu avais raison, j’en suis tombé follement amoureux et… je l’ai demandé récemment en mariage tout en la mettant en cloque… Mise à part ça, pas grand-chose de nouveau » lâchais-je ma bombe avant de m’appuyer sur le balai et la regarder avec une grimace comique. « Et toi ? » lui retournais-je la question car du temps s’était écoulé depuis nos retrouvailles et elle avait sûrement des choses à me dire. Bon peut-être pas aussi étonnantes que mes révélations mais quand même ! La vie réserve parfois des surprises.

« Je compte t’empêcher de dormir pour voir combien de temps tu vas tenir ma belle alors accroche toi à ta culotte car je vais te faire vivre des vacances à 100 à l’heure, foi de Lowell fêtard. Le voilà ton balai, arrête de râler » répliquais-je aussitôt en lui lançant le balai avant de répondre à sa question suivante sur les nouvelles que j’avais à lui donner. On peut dire qu’elle allait encaisser des nouvelles car non seulement j’allais me marier mais en prime, j’allais fonder une famille. Un détail non négligeable car ma vie était en train de changer. Je n’allais plus pouvoir être aussi disponible et surement notre tradition évoluera. Tout était à construire. Je serrais donc Julia dans mes bras avant de déposer un baiser sur sa joue. « Pour le moment, le mariage est en cours de préparation, nous n’allons pas faire un grand mariage, juste une petite cérémonie intime car Thaïs a envie de porter mon nom avant son accouchement et j’avoue que moi aussi »répondis-je dans un premier temps avant de reprendre. « En fait, je me suis rendu compte que je connaissais son père depuis des années donc ça l’a rassurait quant à l’avenir de sa fille. En fait, c’est tout récent, Thaïs ignorait que Samuel était son père donc ils ont encore leur relation à construire mais ça va… Aux dernières nouvelles, il va devenir papa lui aussi donc je crois que le pauvre va être submergé de bébés autour de lui » terminais-je par dire avant de me détacher d’elle non sans déposer un baiser sur son front. « Allez finissons le ménage… Et puis, le bonheur t’attend peut-être au coin de la rue, ne désespère pas ma belle »