(+ Julia) Et si on faisait tradition?!

« Alors j’espère sincèrement pour toi que tu es bien accrochée ma belle et que tes batteries sont rechargées à bloc car je compte bien profiter de notre séjour pour m’amuser surtout qu’en rentrant, je vais devoir me taper des semaines de révision et je ne suis pas motivé par avance » rétorquais-je car oui, les fêtes de fin d’années, c’était sympa mais cela annonçait également les révisions pour le début de la nouvelle année. Aussi, faire la fête, m’éclater avec elle, feraient partie du programme de ses prochains jours qu’elle le veuille ou non. Je comptais bien la mettre au pas et la forcer à quitter sa réserve naturelle car même moi, sous mes allures d’homme des cavernes ou d’ours polaire se cachait un fêtard invétéré. La seule chose que j’allais éviter était l’abus d’alcool pour rester maitre de ma conscience. J’allais quand même devenir père dans quelques mois, il fallait bien que je commence à faire attention à mon comportement. « Et fais gaffe avec ton régime alimentaire car je vais te mettre au réveil 100% neige, 100% fraicheur garantie. » rigolais-je doucement. En tout cas, je fus heureux de pouvoir lui faire part de toutes les dernières nouvelles dans ma vie. Il faut dire que la dernière fois que nous nous étions croisés, je n’avais pas vraiment eu de très bonnes nouvelles à lui donner que ce soit mon cocufiage joyeux par mon ancienne fiancée à tout le reste. Aujourd’hui, limite, je me sentais dans la peau d’un autre homme, comme si plus rien ne pouvait m’atteindre. Même mon père semblait s’être fait une raison quant à mon avenir professionnel. Il faut dire que le fait que Stefen commence sincèrement à s’intéresser à la politique internationale n’était pas étranger à ce soudain revirement. « Tu sais très bien que tu auras toujours une place dans ma vie. Etre en couple et parent, ne va pas m’éloigner de mes amis. Certes, ça fera sûrement un tri mais je sais à qui je peux confier mon amitié et tu fais partie de ses personnes-là ! Allez, tu ne finiras pas vieille fille ! Tu sais que tu es belle, intelligente, adorable… sois juste un poil plus patiente » la taquinais-je de bon cœur avant de lui tirer la langue quand elle se mit à me charrier sur le ménage. « De un, je te merde ma belle car je fais déjà la cuisine… Vaut mieux, elle n’est pas très douée dans le domaine mais en même temps, ce n’est pas évident pour elle. De deux… Tu parles beaucoup mais tu ne balaies pas plus !! Au boulot feignasse ! » rigolais-je.

« On verra bien si je ne te fais pas peur ! Et mademoiselle, sachez que je suis toujours sage ! Un Lowell est toujours sage » rétorquais-je tout en sachant qu’avec mon meilleur pote Aidan, on était bien d’accord pour se dire que les gars de notre confrérie passaient souvent pour des gays alors que ce n’était même pas le cas. D’ailleurs, notre président était un séducteur, je l’étais aussi –même si je m’étais rangé des voitures ; sans compter le troisième larron qui, même s’il s’affichait pas publiquement avait un sacré carnet d’adresse de ce côté. Je comprenais néanmoins Julia quand celle-ci me fit part du fait qu’elle déprimait un peu de voir ses amis en couple. « Je sais bien mais faut pas te laisser abattre au pire, provoque ta chance, sors, vois du monde, inscrits toi sur des sites ! » lui conseillais-je avant de donner un dernier coup de balais. Il restait encore pas mal de choses à faire mais pour aujourd’hui, cela serait suffisant. « Va pour une raclette. Tu as besoin que j’aille au village chercher quelque chose ? Tant qu’il ne fait pas encore nuit, je peux toujours faire un aller-retour rapide pour aller nous chercher un peu d’alcool ou même acheter un petit-dej demain, etc. Fais-moi une liste de ce que tu as besoin et toi… Ta mission sera de préparer l’ambiance, la table etc. Tu sais toujours allumer la cheminée ? » lui demandais-je avec un léger sourire taquin. « On a tout le temps pour faire la fête ! »

« Touché ! Mais il faut bien s’amuser dans la vie sinon parole de cynique, ça ne vaut pas le coup. Bon c’est sûr que se murger la gueule comme un Mather, ce n’est pas la joie non plus mais trouver un juste milieu me parait pas une mauvaise idée » haussais-je les épaules. « Ah ouais, tu me trouves trop prévisible ?! C’est un défi que tu me lances ? » répliquais-je tout aussitôt. Julia devrait le savoir pourtant, il valait mieux ne pas me lancer un défi car compétiteur comme je l’étais, je risquais de sauter sur l’occasion pour remporter le challenge. C’était comme la fête, je n’y résistai pas très longtemps bien qu’en règle générale, j’évitais de me mettre minable. Oh, ça m’était déjà arrivé de finir complétement bourré avec Aidan au point de finir dans un karaoké ou de nous amuser à faire un porté en pleine piste de danse mais c’était assez rare et cela allait l’être d’autant plus que j’étais sur le point de marier et de devenir père de famille. « Hey cruella d’enfer, je te signale que faire les courses, ça va pas être une mainte affaire non plus. Qui va se taper les sacs de course à rapatrier jusqu’au chalet hein ? Alors cesse donc de râler. Bon, produit d’hygiène tu as tout ce qu’il te faut ? Et je te promets, tu me sors que tu as besoin de tampon, tu iras te les acheter toi-même ! Sinon il faut de quoi faire la raclette, je pense qu’acheter des bougies et des allumettes peuvent toujours être utiles en cas de panne. Côté boissons, tu veux quelque chose de spécifique ou pas ? » bref, je faisais la liste de nos courses. Autant essayer d’être le plus exhaustive possible afin de ne pas se taper des allers-retours incessant car je voulais pouvoir profiter du plus possible des pistes de skis.

« Je ne suis pas un monstre, je suis un ours, un gros méchant ours mal luné qui va bientôt hiberner durant tout l’hiver ! Et puis je te signale que je fais plus de sport que toi madame la Quincy aka cruella d’enfer. En fait, j’aime bien ce surnom ! Cruella » rigolais-je tandis qu’elle me poussait à aller faire les courses que je fis sans trop d’entrain. D’habitude, c’était mon moment préféré car c’est fou ce que l’on pouvait draguer entre le rayon des conserves et celui des produits laitiers mais hélas, je n’étais plus sur le marché. Parfois, cette insouciance me manquait mais quand je voyais tout ce que m’apportaient Thaïs… Bah il n’y avait pas photo ! C’est donc les bras chargés que je revenais vers le chalet, rentrant avant de m’ébrouer car il avait neigé un peu entre temps. « Je suis de retour ! » m’exclamais-je avant de la retrouver dans la cuisine où elle m’aida à ranger les courses. « Bon, je pense que nous avons tout ce qu’il faut la miss… Qu’est-ce que tu penserais d’un petit cours de danse histoire de se mettre en appétit avant la raclette ! Je te laisse le choix de la danse… Profite, je t’offre une leçon gratos pour que tu puisses briler en boîte de nuit à mon bras… Je vais faire des jaloux et toi des envieuses, elle n’est pas belle la vie ? » lançais-je à la cantonade avec un sourire canaille signe que j’avais bien l’intention de placer ce séjour sous le signe de la déconnade.

Spoiler:

Je m'apprêtais à partir faire les courses quand Julia m'interpella de nouveau. Aussitôt, je lui offrais un sourire. "J'ai quand même le droit de vivre et de voir du monde tu sais ! Alors ça sera avec plaisir pour le sport ma belle" lui répondis-je avant de la saluer d'un petit clin d'œil et de m'engouffrer dehors, remontant le col roulé pour ne pas me chopper la crève à cause de ce vent glacial. Autant dire que je fis exprès de ne pas trainer pour les courses car il n'y avait rien de plus chiant que cette corvée. En même temps, je n'aimais pas la foule alors me taper les clients et autres touristes, non merci. "Hey, je compte bien m'amuser mais aussi veiller sur toi. Je n'ai pas non plus envie que tu te tapes un minable, tu vaux mieux que ça... Pour ce qui est de danser, je m'éclate même tout seul mais je ne serais pas contre te réquisitionner pour quelques danses... Après, j'ai le droit de me faire draguer, la seule chose que je n'ai pas le droit, c'est de céder" rigolais-je en faisant appel à l'ancien Caleb, celui bien plus séducteur qu'il n'y paraissait. J'étais quelqu'un de fidèle, Thaïs n'avait pas à s'en faire mais je n'allais pas arrêter de parler à des inconnues pour autant. Il fallait savoir trouver le juste milieu. "En tout cas tu as fait du bon boulot depuis que je suis parti ! On ne reconnaît même pas le chalet... Allez viens, je vais te donner un cours de salsa" m'exclamais-je en la chopant par la main pour la conduire dans le salon où je me hâtais de mettre de la musique -un morceau idéal bien sûr pour la pratique de cette danse. "Tout est dans le déhanché, tu suis mes pas, ça te va?" lui demandais-je avec amusement.