(+ Julia) Et si on faisait tradition?!

« Tu sais, tu as le droit d’être une véritable maman poule pour moi. J’aime bien quand tu prends soin de moi » la taquinais-je non sans lui jeter un petit clin d’œil. J’allais me marier et avoir un enfant mais elle gardait toute sa place dans ma vie bien au contraire. J’avais besoin de Julia pour me sentir bien. Elle m’était vitale. Je ne sais pas comment je pouvais réellement expliquer la chose mais oui, j’avais besoin de sa présence pour aller bien, pour me sentir en paix. Elle avait toujours eu le don de m’apaiser, de me faire voir les choses sous un angle totalement différent. Je comptais donc bien profiter de notre tradition pour resserrer nos liens d’amitié si c’était encore possible. « J’espère que tu es toujours partante pour un cours de danse ! Tu sais, je me faisais la réflexion que tu étais importante pour moi Julia. Je veux dire, peut-être que ma vie change, qu’elle file à cent à l’heure mais je n’ai pas envie de perdre ton amitié ni même te voir moins souvent. Je sais que j’aurais des responsabilités de père de famille mais tu restes ma Julia… je tenais juste à ce que tu le saches car c’est important pour moi que tu comprennes que rien ne changera entre nous, tu resteras toujours aussi importante dans mon cœur » me dévoilais-je comme j’avais rarement l’occasion de le faire mais je ne sais pas, je sentais un peu son appréhension, comme si elle s’imaginait que je pourrais la délaisser. Or, il m’était impossible d’en arriver à une telle chose. « Je t’adore Ju’ » soufflais-je tout en la faisant tournoyer la seconde d’après pour la faire rire.

Oui j'avais effectivement Thaïs pour prendre soin de moi mais ce n'était pas la même chose, pas la même attention. Il y avait des choses que je ne dirais jamais à ma femme non pas que je ne veuille pas tout lui dire mais simplement parce qu'elle ne comprendrait pas. Julia et moi avions nos propres délires, notre propre façon de voir la vie mais également un passé commun. Nos familles venaient plus ou moins du même monde et il y avait des choses qu'on confiait plus aisément à sa meilleure amie qu'à sa femme. "Avec Thaïs c'est différent et puis, elle n'a pas le même recul que toi. Je veux dire, même si elle s'inquiète pour moi, elle aura toujours le réflexe de protéger notre couple, notre famille alors que toi, tu ne verras que le Caleb. Je sais pas si je suis clair" grimaçais-je n'ayant jamais été un grand orateur devant l'éternel. Je n'aimais pas parler tout simplement parce que je m'emmêlais rapidement les pinceaux. "Mais promis, si je te fais pleurer, je te consolerai" murmurais-je sur un ton taquin avant d'arrêter de danser et de la serrer dans mes bras. "Promis ma belle, nous deux, c'est pour la vie et puis tu as raison, j'ai trop besoin de toi pour me passer de ta présence ! Bon tu te démerdes pas mal en salsa... Voyons voir si tu te rappelles de ce que je t'avais appris en rock" m'exclamais-je avant de changer de musique et de l'entrainer dans une danse effrénée jusqu'à faire un portée acrobatique qui nous fit tomber sur le canapé. J'éclatais de rire. "Pour les portés, faudra bosser un peu ! Manque de fermeté dans les abdos ma vieille" la provoquais-je avant de lui donner un petite tape sur la cuisse. "On dîne?"

Spoiler:

Julia n’avait pas vraiment compris où je voulais en venir mais en même temps, cela ne m’étonnait pas une seule seconde car j’avais toujours eu des difficultés à me faire comprendre des autres. Mon père se désespérait déjà suffisamment que je ne prenne pas sa relève mais en même temps je ne pensais pas à raison être l’homme de la situation. Je crois que je serais le seul à déclencher une troisième guerre mondiale avec les pays les plus pacifistes. « Non en fait je veux dire, Thaïs ne voit que le compagnon ou le futur père de famille mais des fois, je ne peux pas lui parler de certaines choses. Par exemple, si je me faisais opérer du genou pour en finir une bonne fois pour toute avec mes problèmes, elle pensera aussitôt que c’est bien que je le fasse pendant sa grossesse car ainsi, elle n’aurait pas à me partager avec une autre femme. Des fois j’ai juste besoin de redevenir Caleb, juste moi quoi… et ça, je peux l’être en ta présence enfin, je ne suis pas clair du tout, laissons tomber » lui souriais-je en haussant les épaules. J’allais finir par la perdre dans mes paroles et lui embrouiller la tête alors que ce n’était pas du tout mon intention première. A la place, je préférais danser et essayer de faire un porté avec elle mais nous finassâmes rapidement sur le canapé, complétement écroulés de rire. Mauvaise idée ! On allait se rompre le coup avec nos conneries. Je rigolais davantage en la voyant bouder dans son coin. « Arrête t’es pas grosse du tout mais bon, si tu veux me laisser manger seul tant pis pour toi mais viens pas te plaindre s’il ne te reste plus de raclette après car tu sais combien j’adore en manger quitte à devoir faire un peu plus de sport pour éliminer tout ça » rigolais-je avant de lui tirer la langue.

« Merci de m’avoir compris ! D’habitude, j’ai un mal de chien à faire comprendre aux gens ce que je veux dire à croire que tu as un traducteur dans la tête » plaisantais-je, rassuré de voir que je pouvais compter sur Julia pour réussir à décrypter mon charabia habituel. J’étais vraiment un boulet dans mon genre quand je m’y mettais et la plupart de mes brouilles avec les autres provenaient d’un manque flagrant de communication. Je n’aimais pas parler car je savais que dès que j’ouvrais la gueule, c’était pour me prendre la tête. Les grands discours, les belles paroles, ce n’était pas pour moi bien que ma petite sœur n’arrêtait pas de me dire que je manquais tout simplement de confiance en moi. C’était le cas mais c’est surtout que j’avais l’impression de passer pour un con dès que je l’ouvrais. Les élans de tendresse comme celui que je venais de partager avec elle, étaient rares. Je n’aimais pas m’exprimer sur mes émotions, préférant de loin les garder pour moi en bon introverti que j’étais. A la place, j’aimais déconner même si de prime abord, cela ne pouvait pas trop se voir. En tous les cas, je m’amusais bien en compagnie de Julia et notre tradition de cette année s’annonçait tout aussi réussi que les autres. « Je t’ai vexé ma parole ?! T’inquiète tes cuisses et ton petit cul sont très appétissant et peut-être aurais-je pu me laisser tenter si je n’étais pas autant amoureux de ma Thaïs » rigolais-je en me levant pour aller m’installer à table où tout était prêt. Elle avait vraiment fait du bon boulet ma petite Juju. « Bon ap’ ma grosse » lui dis-je avant d’éclater de rire avant d’ouvrir une bouteille de vin blanc. « Je te sers un verre ? »

« Oui, tu es une des rares à me connaitre réellement » répondis-je même si fondamentalement on ne pouvait pas vraiment connaitre quelqu’un par cœur car est-ce qu’on se connaissait réellement soi-même ?! Voilà que je partais dans un élan de philosophie qui ne me ressemblait guère. A la place, emmerder ma petite Juju était une chose bien plus agréable. « Tu sais, ce n’est pas parce que tu es comme une sœur pour moi, que je n’ai jamais songé à plus mais c’était une autre époque et maintenant, nous sommes bien mieux dans cette relation. Toi et moi, ça n’aurait pas duré, on le sait tous les deux donc y a même pas à discuter sur le sujet… Allez un petit peu plus qu’un fond d’un verre, je ne vais pas boire tout seul et puis, on s’en tape, ce soir on reste au chalet donc au pire, tu auras mal au crâne demain ! » râlais-je avant de lui servir effectivement plus qu’un fond histoire qu’elle m’accompagne. La soirée se passa ainsi dans la bonne humeur avant que nous décidions d’aller nous coucher. Au fond de mon lit, je ne résistais pas à la tentation d’envoyer des sms à Thaïs car elle me manquait réellement. Le lendemain matin, je me levais de bonne heure, le soleil brillait dans le ciel et la neige nous entourait. La journée s’annonçait merveilleuse si bien que je ne résistais pas à prendre un peu de cet or blanc pour me dépêcher de rejoindre la chambre de Julia afin de la réveiller de manière assez brutale. « DEBOUT LA DEDANS !! » m’écriais-je avant de lui étaler la neige sur le visage et d’éclater de rire. « Allez !! On se dépêche, on a une journée de ski qui nous attend ! »